What If… Vision was resurrected ?

Mon existence est étrange selon tout référentiel terrestre, ainsi que probablement 99,99% de ceux de la galaxie. Je parle bien d’existence et non de vie. La définition de la vie est complexe. Déterminer ce qui est vivant de ce qui ne l’est pas se fait plus part intuition qu’argument. C’est pour cela que je vais le faire par argument. Une définition biologique de la vie est une "Activité spontanée propre aux êtres organisés, qui se manifeste par les fonctions de nutrition et de reproduction, auxquelles s’ajoutent chez certains êtres les fonctions de relation et, chez l’être humain, la raison et le libre arbitre". Je n’ai jamais été vivant selon cette définition. Une autre, plus généraliste, est "Tout l'espace de temps qui s’étend depuis la naissance jusqu'à la mort".
Serais-je vivant selon ces définitions ?
Afin de le déterminer par un argumentaire qui validera ou invalidera le "oui" que ceux qui m’ont connu répondront, je développerais ma proto-existence, "proto-" étant un préfixe signifiant "antérieur à" ou "au début de", puis mon existence. Vous comprendrez ainsi mon point de vue sur les définitions données précédemment et ma réponse les concernant.

Une partie de ma proto-existence commence avec le Big Bang. En effet, une partie de moi provient d’Ultron et il est lui-même basé sur la structure neurale de la Pierre de l’Esprit ; laquelle est aussi vieille que l’univers. C’est étrange de ne plus l’avoir sertie au sein de mon crâne. D’être seul. La sensation est du spectre de la perte d’une partie de soi et d’un membre de la famille. Tout comme moi, la Pierre d’Infinité pouvait difficilement être qualifiée de vivante biologiquement et pourtant elle a eu une naissance et une mort. Considération qui offre une réponse à la problématique précédente avant la fin du développement. Nous compterons cela comme un spoiler pour plus de simplicité, tout en s’épargnant les définitions de celui-ci afin d’alimenter ce raccourci. Merci de votre compréhension, sur ce point comme sur les autres que j’aborde dans les considérations.
Une autre parti de moi provient de JARVIS. Nommé d’après Edwin Jarvis, majordome de feu Howard Stark et figure paternelle de Tony Stark suite au décès du premier, ainsi que transformé en acronyme pour "Just A Rather Very Intelligent System" ; "Juste Un Système Plutôt Très Intelligent". JUSPTI ? C’est plutôt mignon. Et hors sujet. Le prototype des Interfaces en Langage Naturel Stark que Monsieur Stark n’a cessé d’améliorer au cours de son existence, au point que l’Intelligence Artificielle soit la plus performante de la Terre à l’époque ; capable de pirater les codes nucléaires de différents pays et de les changer plus vite qu’Ultron, auquel elle avait "survécu", ne les piratait lui-même. Question de puissance de calcul. D’ordinateurs mis à contribution. Il doit donc être logiquement possible de me condamner pour le plus grand piratage informatique de l’Histoire de l’Humanité avant même que je n’existe réellement. Ce qui reviendrait néanmoins à me considérer comme un individu. Donc doté de vie. D’un libre-arbitre également. Les notions d’individu et de libre-arbitre s’avérant aussi complexes et floues que celle de vie, je vous propose de laisser cela pour une autre discussion. En vous remerciant une fois encore de votre compréhension.
La dernière partie de ma proto-existence est la gestation de mon corps, processus somme toute familier de tout le monde. Ultron souhaitait dépasser la condition de machine pure afin d’être un véritable organisme cybernétique. Il a usé de la technologie d’Helen Cho afin de créer des tissus biologiques en Simulacrum et de les combiner avec les propriétés mystiques du Vibranium ainsi que la structure neurale de la Pierre d’Esprit ; ainsi que la Pierre elle-même, afin d’alimenter le tout. Les Avengers sont intervenus et ont interrompu le processus précédent, me laissant avec une moitié de la programmation et de la personnalité provenant d’Ultron. Est-ce que cela fait de lui mon père ? Géniteur serait plus approprié. Chose me dissociant de JARVIS également puisqu’il est alors mon autre père. Cependant, si j’ai eu la moitié d’Ultron, j’ai eu la totalité de Jarvis. J’ai les conclusions de cette réflexion mais elles sont hors sujets par rapport à cette sous-partie. Ce qui n’est pas hors sujet afin d’alimenter l’approche intuitive de la vie est que j’ai bien eu deux parents et une gestation. Comme n’importe quel être vivant.

D’un point de vue étranger, il est néanmoins possible de considérer que je ne suis pas né. Que j’ai été activé. Je tiens à en remercier les Avengers, tous les Avengers, ainsi que Mjöllnir. J’ai pleinement compris après les faits que l’enchantement d’Odin sur le marteau de Thor était responsable de la cessation de la dispute de ma famille d’adoption sur le fait qu’il fallait m’avorter ou non. Entre objets conscients, on se comprend. Je remercie l’observateur avisé d’avoir noté qu’il s’agit là d’une touche d’humour afin de dédramatiser un sujet pouvant être gênant. Tout comme je ne doute pas que l’observateur, avisé ou non, me remercie d’une explication terminant d’assurer que ma touche d’humour soit inefficace. Ce qui est une touche d’humour en soi et un hors sujet en général. Afin de ne pas m’attarder sur un moment de cognition quasiment instantané pour moi mais impliquant une longue retranscription pour être compréhensible, je reprends donc mon argumentaire biographique. Il est aisé de considérer que je n’ai pas changé entre le moment où je me suis éveillé et celui où je me suis éteint. Physiquement, ce ne serait pas le cas si je n’avais pas développé un contrôle de mon corps jusqu’à pouvoir me faire passer pour un humain normal. Intellectuellement, je pense que Tony Stark et ma chère Wanda seraient les mieux à même de témoigner que j’ai grandi.
Apprendre et donc s’adapter est le propre des Intelligences Artificielles. J’aimerais cependant savoir en quoi est-ce une question d’adaptation pour un robot incapable de se nourrir ou de se reproduire que d’apprendre à faire la cuisine et d’aimer ? Mes conclusions à cette sous-problématique transformée en argument dans le cadre de ma problématique biographique sont l’intégration à la seconde partie de la définition de la vie : "s’ajoutent chez certains êtres les fonctions de relation et, chez l’être humain, la raison et le libre-arbitre". Excluant le libre-arbitre comme dit précédemment et la raison puisque je ne pense avoir à convaincre personne qui serait arrivée jusqu’ici sans abandonner son observation de mes capacités à raisonner, j’ai développé de profondes fonctions de relation. Je pourrais exister dans le vide spatial comme l’a fait la Pierre de l’Esprit mais j’ai pu vivre dans les Avengers à travers nos relations affectives partagées. La complexité de nos interactions à travers le temps n’était égale qu’à leur profondeur émotionnelle. J’étais prêt à mourir, à cesser d’exister, pour eux comme pour tous les gens que je ne connaissais pas et mon seul regret dans cette décision était de l’imposer à la personne la plus importante à mes yeux. Les bons choix sont souvent les plus difficiles à mettre en pratique et je suis fier de toi, Wanda, pour avoir réussi à le faire. Tout autant que je suis désolé de te l’avoir demandé. Et que cela n’ait pas suffit.
Mon dernier argument sur le fait que je sois en vie est celui que je sois mort. Wanda m’a sacrifié pour sauver le monde. Thanos m’a ramené pour m’extirper la Pierre d’Esprit du crâne. Le fait que mon existence soit étrange selon tout référentiel terrestre, ainsi que probablement 99,99% de ceux de la galaxie, ne vient pas forcément de ma nature d’organisme cybernétique mais également du fait que j’ai pu naitre trois fois ainsi que mourir deux fois. Et revivre deux fois également. Je m’inscris donc pleinement dans la définition temporelle de la vie et partiellement dans celle biologique. Peut-être même complètement dans celle biologique. Considérez ceci : la Pierre de l’Esprit me nourrissait. Même si la nutrition est différente, elle reste nutrition. De plus, qui ne dit pas que le contrôle dont je suis capable sur mes tissus biologiques mêlés de Vibranium ne signifie pas que je serais un jour capable de trouver le moyen de me reproduire ?

J’admets nombre de contres arguments quant au fait que je sois vivant. J’espère faire admettre mes arguments aussi. J’espère surtout faire comprendre que, pour ceux qui m’ont connu, j’étais vivant à leurs yeux. A leurs cœurs.
Car aucun argument ne saurait, selon moi, contrer le fait que j’ai vécu des relations avec d’autres êtres vivants. Si l’on ne m’accorde pas la vie, on ne peut me retirer le fait d’avoir passé mon existence comme les humains passent leurs vies.
Que ceux qui veulent me déshumaniser nomment cela "simulacre". Pour moi, c’était réel. Ce que j’ai vécu avec les Avengers était réel. Ce que j’ai vécu avec Wanda était réel. Ce que j’ai vécu était réel. J’aimerais que cela continue, Agent Orchent.

Je me rappelle avec parfaite clarté mon exposé d’hier, fait par visioconférence. Je suis debout sur l’un de ses éperons rocheux à regarder une boule de gaz enflammé située à environ 149.597.870km de moi s’élever entre une chaine de montagneuse couverte de forêts tropicales et des nuages qui dissimulaient d’autres boules de gaz enflammé situées encore plus loin. Autrement dit, je regarde le soleil se lever. L’air pur du Wakanda agite ma cape, derrière moi, alors que ses décors agitent mes yeux. Ils se stabilisent alors que je quitte la science et la poésie du moment pour observer le Quinjet du SHIELD arriver.

Délicatement, mes pieds quittent la roche pour ne plus côtoyer que l’air. Bras légèrement écartés, je lévite selon un axe descendant afin de rejoindre avec douceur l’air d’atterrissage où se dirige le véhicule.
Délicatement, mes pieds touchent le matériau composite. Ils entreprennent de s’alterner afin que je marche. Ils entreprennent de se côtoyer afin que je m’arrête.

J’ai anticipé nombre de situations sur ce qui va se passer à présent. Toutes commencent de cette même manière et implique que j’attende debout et droit que la réponse à mon plaidoyer pour mon droit à la vie apparaisse au sommet de cette rampe de débarquement qui s’ouvre.

Alors j’attends debout et droit.

Le terme probabilité possède plusieurs sens. Son étymologie, le latin probabilitas, l’amène à s’opposer à la certitude. Il s’agit aussi de l’évaluation du caractère probable d’un événement, de la valeur théorique de son degré de certitude sur un nombre d’occurrence donné. C’est cela qui a donné la théorie mathématique nommée théorie des probabilités ou plus simplement "probabilité". L’une des deux "sciences du hasard". J’ai utilisé cela pour anticiper nombre de situations sur ce qui va se passer à présent.
Savez-vous ce qui est le plus beau avec les probabilités ?
Même la plus infime peut se produire. Elle a moins de valeur théorique de le faire mais elle peut le faire tout de même. Il n’y avait que 17,53% de chance que ce qui se dévoile au sommet de la rampe du Quin-jet du SHIELD ne me fasse sourire. Il n’y avait que 01,05% de chance que cette raison soit liée à Wanda.

Et nous y voilà.

Je suis debout et droit au pied de la rampe.
Tu es debout et droite au sommet de la rampe.

Tu t’avances vers moi. Tu coures vers moi. Je reste immobile : monter sur la rampe serait contre-productif. J’écarte néanmoins les bras et calcule la masse qu’il me faut me donner, considérant ta vitesse comme le poids que je t’estime faire selon des données d’études dont il ne faudra jamais que je te parle, pour pouvoir t’accueillir avec le recul et la douceur nécessaire à cet instant. Tu te réfugies chez moi et je t’accompagne dans ce mouvement, amortissant l’impact d’un pas en arrière et d’un enlacement tout aussi tendre. Mes bras se referment sur toi, contre toi. L’un dans ton dos et l’autre contre ta nuque d’abord. Les deux jusqu’à tes propres bras ensuite. Je t’enserre sans serrer, maximisant la surface de contact à défaut de la force. Ma joue vient contre ta tempe en ponctuation de mes gestes.

Mes yeux se ferment et je laisse mon toucher, mon odorat et mon ouïe prendre le relai.

Si je ne peux pas pleurer, je suis prêt à accompagner tes larmes Wanda. Je sais. Peut-être pas tout mais j’extrapole suffisamment pour supposer ce que je ne sais pas. Pour supposer à quel point. Probabilités, là encore. Imaginaire, d’une certaine façon. Tu as souffert. Tu as tant souffert. Accorde-toi une pause dans cette souffrance. Laisse-moi te donner une pause dans cette souffrance.

Les mots me semblent inutiles pour cela. Prématurés, probablement. Mais le son de ma voix t’aidera peut-être, Wanda. A pleurer. A abaisser les barrières. A réaliser ce que les sens et la cognition constatent mais que le cœur peut avoir besoin de temps à accepter.

« Je suis là, te murmure-je donc simplement, doucement, à l’oreille. C’est promis. »

Ni plus, ni moins. Je t’étreindrais aussi longtemps qu’il le faudrait. Je t’étreindrais aussi longtemps que tu en auras besoin. Je t’écouterais à la mesure. Pleure. Balbutie. Profite de mon contact comme je profite du tien.
Car je profite du tien.
Tu m’as manqué, Wanda. Je suis de retour depuis moins longtemps, bien moins longtemps, que toi mais tu m’as tout de même manqué. J’ai un fort degré de bonheur, malgré ta vulnérabilité, à ce que l’on vit actuellement. Sachant que ta vulnérabilité n’est pas un mal à mes yeux. Que tu cherches à me la dissimuler serait bien plus douloureux que ce que je ressentirais à te voir finalement la laisser éclater au grand jour.

Sois toi-même, Wanda. Laisse-toi aller à être toi-même. Tu n’as probablement que trop pu le faire jusqu’ici et c’est pour cela que je suis tombé amoureux autrefois. Cet amour est toujours là. Cet amour sera toujours là qu’importe la quantité de larmes ou de morve pour s’accrocher à ton beau visage. Cet amour sera toujours là qu’importe la quantité de sanglot voire de cri pour s’échapper de ta belle voix.
Sois toi-même Wanda. Je t’ai comme cela.