Ce RP fait suite à un plaidoyer de @Matthew M. Murdock qui sera posté prochainement. Je me permets de le citer dans cette Note afin que le lecteur puisse comprendre malgré l’ellipse dans la chronologie de Wanda.
Matthew M. Murdock a écrit:
« On dit que la mémoire collective s’altère après quatre-vingt ans, que passé ce délai, l’être humain commence à oublier son Histoire, ses faits marquants. Dans le cas de Wanda Maximoff, notre mémoire s’est effacée après seulement deux ans. Je crois que nous avons été trop prompts à désapprendre ce que cette femme a sacrifié pour cette Humanité. Cette même Humanité qui, aujourd’hui, voudrait tant la voir terminer ses jours dans une cellule. Je crois que les jugements d’une masse ne devraient pas altérer la nature même de ce que doit être la Justice. Je crois même que nous devrions essayer de comprendre pourquoi cette femme a agi ainsi. Quelles étaient les motivations de Wanda Maximoff ? Je m’interroge même sur son absence aujourd’hui, je m’interroge sur le fait qu’elle ne puisse pas avoir accès à son propre procès. Est-ce que nous l’avons déshumanisée à ce point ? Elle ne serait donc qu’une vulgaire bête de foire ? Un monstre que l’on cache ? Vous savez, je l’ai rencontrée. Elle n’est pas si effrayante que cela, je l’ai même trouvé plutôt douce, prévenante. Peut-être même touchante. Bien sûr, je ne vois pas les choses comme vous tous, c’est simple, je ne les vois pas. Disons que ma condition m’oblige à voir le monde différemment, à aborder celles et ceux que vous qualifiez de monstres d’une manière différente. Mais ne dit-on pas que la Justice est aveugle ? Pourtant, j’ai l’intime conviction que ce procès est celui du peuple et la justice n’est jamais aussi brutale que lorsque le peuple l’exerce lui-même.
Alors, savez-vous qui est Wanda Maximoff ? Évitons d’être si hâtifs à la juger sans même avoir chercher à la connaitre, à comprendre ce qui l’a forgée. Sachez que cette femme a vécu les pires horreurs dans sa jeunesse, qu’elle a été un cobaye d’HYDRA, qu’elle a été manipulée, disséquée, modifiée, abusée… Est-ce que cela a empêché les Avengers de lui faire confiance ? Ne s’est-elle pas rangée du côté de la liberté, du côté des justes lors de cette crise intestine liée aux accords de Sokovie ? Avons-nous oublié que cette femme a perdu son frère ? Avons-nous négligé le fait qu’elle ait vu mourir les gens qu’elle aimait ? Wanda Maximoff a été accueilli dans une famille, les Avengers, que nous avons tous vénérée, louée. Pourtant aujourd’hui, nous ne voulons plus d’elle. Moi, je crois aux secondes chances. Je crois fermement que les gens peuvent changer, que le pire d’entre nous peut devenir meilleur. N’est-ce pas le cas de Tony Stark ? N’a-t-il pas semé la mort dans le monde avant de changer ? Avant de se sacrifier pour nous ? Nonobstant, nous avons été en mesure de pardonner ses fautes à Iron Man. Pourquoi ne le ferions-nous pas avec Wanda ? Bien sûr qu’elle a fauté, bien sûr qu’elle s’est écartée du droit chemin, bien sûr qu’elle n’aurait tout simplement jamais dû. Mais c’est notre rôle, notre mission de l’aider, pas de l’accabler.
Vous savez, cette femme n’a jamais vraiment été libérée de ce qu’elle a subi. Comme nous l’aurions tous fait, comme nous le faisons tous, elle n’a fait qu’enterrer ce qui lui faisait mal pour continuer à avancer. N’est-ce pas là notre objectif à tous ? Avancer, continuer coûte que coûte ? Si demain, n’importe lequel d’entre nous se retrouvait dans la même situation que Wanda Maximoff, qui pourrait se regarder dans un miroir et dire, j’aurais fait autrement. Aucun d’entre nous, personne sur cette terre ne serait en mesure de vivre avec ce qu’elle a vécu.
Wanda a été déséquilibrée et le cadre proposé par les Avengers, bien que nécessaire, n’a jamais été suffisant à la pleine maitrise de ses capacités. C’est un fait. On ne donne pas une arme à un soldat sans entrainement. On ne fait pas opérer un chirurgien sans formation. Malgré cela, nous nous sommes tous réjouis de la voir se battre pour nous, sacrifier ce qu’elle aimait pour nous sans jamais, sans une seule fois nous demander : qu’est-ce que cela fait d’être Wanda Maximoff ? Je peux vous donner un élément de réponse. Être Wanda Maximoff c’est vivre dans la souffrance perpétuelle, être Wanda Maximoff c’est exister en étant habitée par la peur de mal faire, par la terreur de blesser. Être Wanda Maximoff c’est s’accrocher aux miettes de l’existence même, en espérant que demain sera meilleur. Sauf que pour cette femme, demain n’a jamais été un jour meilleur et aujourd’hui, aujourd’hui c’est à nous de statuer, si nous sommes en capacités de lui offrir cette chance.
Je crois que nous en sommes capables. Fixons ensemble les limites de la tolérance, admettons que parfois, la clémence vaut mieux que la justice. Je ne vous demande pas d’avoir pitié de ma cliente, je vous demande seulement de vous montrer justes et que les décisions qui soient prises dans ce tribunal ne soient pas le manifestement d’un quelconque courroux. Prenez en compte le passé de cette femme, voyez le tableau de sa vie comme une œuvre dans son ensemble et interprétez cette œuvre à la manière d’Albert Camus, demandez-vous, questionnez-vous : Que serait la justice sans la chance du bonheur ? Sommes-nous en mesure d’offrir cette chance à Wanda Maximoff ? J’ose croire que oui. J’ose croire que ma cliente est en quête d’une rédemption certaine, qu’elle ne demande qu’à être aidée, accompagnée afin de devenir une meilleure version d’elle-même. J’ose croire que cette femme qui s’est battue pour nous, qui a risqué sa vie pour nous, doit, mérite d’être à son tour sauver.
Wanda Maximoff s’est rendue d’elle-même aux autorités, elle a demandé d’elle-même à être mise en captivité, n’est-ce pas là une preuve de sa bonne foi ? De son besoin de changement ? N’avons-nous pas les moyens, à travers le SHIELD de la soutenir ? Et si demain, une nouvelle menace planait au-dessus de nos têtes, ne serions-nous pas fiers d’avoir cette femme à nos côtés ? Je crois que Wanda Maximoff doit nous inspirer dans nos quêtes personnelles d’améliorations. Je crois que notre rôle est de tendre la main à cette femme, tout comme elle a pris la nôtre par le passé afin de nous arracher à la léthargie provoquée par le Snap. Nous nous battons tous contre nos propres démons et paradoxalement, nous souhaitons les garder au plus profond de notre âme. Nous souhaitons les masquer et paraitre dignes, bons. Nous désirons tous inspirer ceux qui nous entourent, nous exigeons tous d’être les porteurs d’espoirs de nos proches, de nos amis, de nos familles. Alors laissons une chance à Wanda Maximoff de revenir parmi nous, offrons lui la possibilité de porter nos espoirs et que nos enfants lèvent les yeux vers elle et espèrent… »
Free the Witch
Mardi 18 février 2025 09:13am
Un coup de téléphone a été passé le soir précédent. Un rendez-vous a été pris. Il vient de se terminer.
Une chaussure de ville en cuir d’un noir impeccablement poli, comme si elle sortait de sa boite, foule le sol du Raft au seuil du bureau de son Directeur. Au-dessus d’elle, au niveau de la cheville, un pantalon de toile noire impeccablement repassé s’élève sous un long trench-coat de la même couleur. Il s’en va jusqu’à enserrer un col roulé tout aussi noire, légèrement plus que la peau de l’homme qui porte cette tenue comme ses gants et son cache-œil.
Les tensions de l’US Army et l’USMS avec le SHIELD sont vieilles. Le Directeur Fury y a contribué lorsqu’il a interdit au général Thaddeus Ross de continuer à poursuivre Bruce Banner et a dû faire face à la prise en galon du Secrétaire d’Etat Thaddeus Ross, dont la nouvelle position comme la disparition du SHIELD avaient facilité les politiques anti-surhumains ; qu’il s’agisse des Accords de Sokovie ou de la création du Raft, prison inhumaine s’il en est mais n’ayant pas à s’embarrasser des droits de l’homme puisque les êtres aux pouvoirs surhumains ne correspondaient pas à cette catégorie.
Les tensions de l’US Army et l’USMS avec le SHIELD sont vives. La collaboration entre le Raft, dirigé par les premiers, et le SHIELD s’en assure. Souvent, les Agents du SHIELD et leurs alliés Avengers viennent dans la propriété du Ministère de l’Armée et de celui de la Justice comme s’ils étaient chez eux. Parfois, c’est le Raft lui-même qui réclame leur aide. Fury est intervenue une fois dans ce cadre : il fallait engueuler Wanda Maximoff. Aujourd’hui, il revient pour elle.
Les portes de l’ascenseur s’ouvrent sur l’étage octogonal. Sept cellules légèrement surélevées entourent la cour centrale. Chaque cellule est identique. Une première pièce "à vivre" où une baie vitrée barreaudée laisse toute visibilité sur un lit à gauche et un tabouret devant un passe-plat pouvant servir de table à droite. Au centre du mur du fond de cette cellule se trouve une porte sur la seconde pièce. La seconde partie. Une petite salle de bain incluant douche, toilettes et évier. Toute la cellule est pensée pour être amovible et pouvoir être larguée au cœur de l’océan si le détenu devient une menace et que les mécanismes d’éjections sont enclenchés. La noyade se chargera d’éviter l’évasion.
L’œil de Fury se pose sur une seule cellule.
Une seule vitre.
Une seule silhouette.
« J’imagine que vos gardiens vous ont donnée la bonne nouvelle hier soir, raisonne sa voix dans le niveau de confinement alors que le Directeur du SHIELD entreprend de rejoindre la baie vitrée de la cellule, les deux gardes le flanquant restant à distance. Les jurés représentant le peuple des Etats-Unis d’Amérique ont parlé. »
Arrivé face à la vitre, Fury réunit ses bras dans son dos bien droit.
« Vous êtes en liberté conditionnelle, mademoiselle Maximoff. »
18 février 2025, matin, Cellule de Wanda & Willow Maximoff
Bientôt un mois que l’avocat aussi mystérieux qu’étrange était passé au Raft et qu’il avait ravivé l’espoir en Wanda et Willow. Un espoir qui avait pris la forme d’une chandelle luisant dans le noir et qui s’éteignait progressivement au fur et à mesure des jours passés dans cet endroit. Mais chacune des visites de Clint et de ses amis avaient le don de raviver la flamme et enfin la visite de Matthew Murdock qui avait eu le mérite de voir les choses avancer. Avoir un avocat, c’est avoir un droit pour se défendre, un droit à être entendue et potentiellement comprise. Et cet espoir avait ravivé la flamme comme jamais mais depuis un mois bientôt, plus rien. Pas de visites, pas de nouvelles, des gardiens silencieux et potentiellement encore plus médisants et froids, limite mécontents de quelque chose que les sorcières n’arrivaient pas à comprendre.
Alors Wanda s’était faite discrète, parlant peu avec elle-même ou même lorsqu’elle s’adressait à Willow, invisible aux yeux des gardes. Elle mangeait malgré tout pour garder des forces, et obéissait sans la moindre remarque ou autre ne voulant pas les énerver davantage. Willow, quant à elle, avait arrêté les visites du Raft via le plan astral. Non pas qu’elle avait peur de quelconques représailles mais plutôt qu’elle voulait respecter le plan de Wanda qui était de se tenir à carreaux pour ne pas énerver davantage les gardiens de mauvais poils. Et puis, comme Clint l’avait demandé il y a quelques mois de cela, il fallait qu’elles s’accrochent. Peut-être que l’arrivée au bout du tunnel serait pour bientôt. Enfin c’était plus un ressenti qu’une certitude, puisqu’elles n’avaient aucunes nouvelles du monde extérieur pour déterminer ce qu’il advenait de leur sort.
Mais ce matin, l’air semblait comme différent, plus électrique, plus chargé en animosité de la part des gardiens. Le plateau du petit déjeuner lui avait été envoyé et elle avait dû user de ses pouvoirs pour ne pas le voir s’éparpiller sur le sol de sa cellule. Cependant, elle avait ensuite mangé en silence avant de prendre ou plutôt reprendre pour la 286ème fois la lecture du roman qu’elle avait eu en main. Dire qu’elle le connaissait par cœur était un euphémisme désormais.
Lorsque des bruits de pas et de la porte se firent entendre, Wanda releva cependant les yeux, puis ne tarda pas à se mettre sur ses jambes alors qu’elle apercevait le grand patron du S.H.I.E.L.D. dans l’entrée de la cellule. Elle fronça les sourcils d’incompréhension à la première phrase de Nick Fury, penchant légèrement la tête puisqu’elle ne voyait pas du tout où il voulait en venir.
« Je crains de ne pas comprendre… »
Mais fort heureusement, il ne tarda pas à reprendre la parole alors qu’il se trouvait désormais en face d’elle. Wanda tenait toujours en main son livre qu’elle avait progressivement refermé, mais sans le poser pour autant. Le terme de jurés lui avait à nouveau mis la puce à l’oreille pour le sujet qui concernait alors sa présence ici, mais potentiellement également le terme de bonne nouvelle. Wanda resta cependant interdite, attendant des paroles plus claires qui ne tardèrent pas à arriver jusqu’à ses oreilles sans qu’elle n’en comprenne le sens dans la seconde. Elle resta comme figée, bouche bée.
*Est-ce qu’il a bien dit ce qu’il vient de dire ?*
*Il a dit liberté conditionnelle !*
*Liberté ?*
*Conditionnelle… Demandes les conditions…*
Wanda remarqua alors qu’elle était toujours bouche bée, silencieuse… Elle ferma la bouche une première fois en déglutissant avec difficulté et ferma les yeux quelques secondes avant de prendre enfin la parole :
« Liberté conditionnelle ? Je vais sortir d’ici ? »
Le fait de trouver Maximoff avec un livre en main laisse comprendre qu’elle passe la plupart de son temps à lire.
Le fait que Maximoff fronce les sourcils à l’introduction du Directeur du SHIELD laisse comprendre sa réponse à une question qui n’est nullement posée.
Fury s’immobilise devant la vitre sans rien exprimer. Même lorsque son interlocutrice exprime oralement l’incompréhension qu’il a lu précédemment. Sa phrase suivante met un terme au suspens. Elle démarre la surprise. Le choc.
Le Directeur du SHIELD attend que les deux émotions passent et que les deux attentions reviennent. Cela commence par clore les lèvres afin de réfléchir à ce qui sera dit lorsqu’elles seront de nouveau ouvertes.
Deux questions sont formulées. Puis une troisième.
« Sous quelles conditions ?
- Surveillance approfondie du SHIELD, répond immédiatement son Directeur, bras le long du corps et fixant son interlocutrice de son seul œil. Nous allons vous loger et nous vous remercions de ne rien court-circuiter. »
Une pause alors que Fury avance légèrement son œil en une question aussi muette que rhétorique.
« Suivis hebdomadaires au sein des bureaux de Manhattan. Médical, psychiatrique et par un agent de probation. Ça vous occupera une matinée par semaine. Votre psychiatre sera le Docteur Jeremy Emerson et votre tuteur l’Agent Aaron Smith. »
Une nouvelle pause pour laisser le temps d’assimiler les données avant que Fury ne lève sa main droite et ne montre son index en un avertissement.
« Dernier point : ni vous ni votre alter-égo ne consultez les pages du Darkhold et vous ne laissez personne le faire, insiste Fury en désignant de l’index une fois qu’il a fini d’avertir. Nous ne voulons pas que le Primordial créateur des enfers ne vous corrompe plus qu’il ne l’a déjà fait ; ou ne le fasse de quiconque d’autre. »
Le bras du Directeur du SHIELD redescend le long de son corps et de son cache-poussière.
« Et si vous avez des envies de le consulter ou d’utiliser ses pouvoirs, précise-t-il en insistant sur l’évidence de la réaction à avoir, parlez-en immédiatement. »
Il ne prend pas la peine de dire de ne pas le faire. Ou de signaler que le SHIELD avait transmis à Steve Rogers un dossier contenant l’existence des Pierres d’Infinité, de Thanos et de Mephisto dès son recrutement pour l’Initiative Avenger en 2012. Le SHIELD savait beaucoup de choses et aurait été d’une aide précieuse si l’Hydra ne l’avait pas phagocyté et que Steve Rogers n’avait pas choisi de le faire s’écrouler, forçant Fury à tout reconstruire tandis qu’Hill s’assurait que la privatisation de la sécurité mondiale se passe bien. Chose effective jusqu’à ce que les Nations Unies ne décident d’essayer de la nationaliser à nouveau avec les Accords de Sokovie.
« Est-ce que cela vous semble faisable, questionne le Directeur du SHIELD en regardant de son seul œil celui de gauche de Wanda puis celui de droite, pour toutes les deux ? »