« Lorsque vous êtes venus nous voir, il y a presque un an, vous nous aviez promis que notre fille serait en sécurité dans cette école ! Vous nous aviez donné votre parole, vous vous souvenez ?! »
« Monsieur, je comprends pleinement que cela vous affecte, cependant, je tiens à vous assurer que… »
« M'assurer de quoi ?! Katie avait déjà reçu des menaces à de nombreuses reprises lorsqu'elle menait une scolarité normale ! Nous avions justement accepté qu'elle soit placée dans cet institut pour éviter que cela se reproduise » Le père frappe mon bureau de ses deux mains, me faisant légèrement sursauter au passage. « Ce n'est pas pour qu'un fou furieux qui travaille dans cette école lui fasse du mal ! »
C'est vraiment mal engagé. Cela fait depuis un long moment que j'essaie de dialoguer avec le père de Katie et celui-ci ne souhaite rien entendre et continue à fustiger contre l'intendant de ce manoir. Qui pourrait l'en blâmer ? Pour faire un récapitulatif de la situation, il y avait eu une histoire qui s'est produite fin janvier. Katie, une élève que je connais plutôt bien et que j’étais venu voir à sa résidence pour l'inviter à rejoindre l'institut, aurait eu une altercation avec Scott. La cerise sur le gâteau est que Cyclope aurait menacé l'élève avec sa vision laser. Cette mésaventure, elle l'aurait raconté à Jean et à sa famille juste après. C'est pour cela que le paternel avait décidé de prendre rendez-vous avec le professeur Xavier à la base. Le directeur n'était pas disponible malheureusement et il m'a demandé de prendre le relais au niveau de cette affaire et de parler à Summers par la même occasion. Pour le moment, je dois finir cet entretien épineux et tenter d'apaiser les ardeurs du père autant que faire se peut. C'est pour cela que malgré son geste de colère, je garde mon calme et je tente de désamorcer la situation d'une autre manière.
« Monsieur… S'il y a eu un tel acte de mon collègue, je ne trouve évidemment pas cela normal. Néanmoins, je dois essayer de tirer tout cela au clair et d'avoir le maximum d'informations pour pouvoir trancher avec mon équipe et je vous recontacterais. D'ici là, je vous garantis que celui qui est soupçonné d'avoir menacé Katie ne devra plus l'approcher jusqu'à ce que la vérité soit faite. »
« J'espère bien ! Parce que s'il devait arriver, ne serait-ce que la moindre chose à ma fille, vous en payerez les conséquences : vous, le directeur et toute cette soi-disant école ! »
Bon… Ma phrase ne l'a pas calmé et il se lève de sa chaise pour reprendre ses affaires. Ouvrir la porte du bureau des professeurs et la claquer rapidement derrière lui. Je soupire… Ce côté du travail ne m'avait vraiment pas manqué. Je m'adosse contre mon fauteuil et je me frotte les yeux avec les paumes de mes mains. C'était prévisible qu'il ne se détende pas tout de suite de toute manière et je pense avoir au moins réussi à gagner un peu de temps. D'autant plus que je soupçonne la famille de ne pas véritablement avoir les moyens d'enlever leur fille pour la mettre dans une autre école, ce n'est pas ce qu'ils souhaitent au vu de ses capacités. Ils sont sans doute autant coincés que moi sur cette histoire. Je me lève pour aller ouvrir la porte afin d'observer si le papa était bien parti et c'est purement par hasard que je croise le principal intéressé de cette affaire : Scott Summers semblait passer par là par le fruit du hasard.
« Scott… ? Je peux te parler deux secondes s’il te plaît ? »
D'un geste de la main, je l'invite à me rejoindre dans la salle des professeurs. Cela m'arrange qu'il passe part ici. Cela me permettra de faire d'une pierre deux coups. Le revers de la médaille en revanche, c'est que cette journée va être vraiment longue, je le sens…
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Dernière édition par Ororo Munroe le Dim 25 Fév 2024 - 23:04, édité 1 fois
Another secret of the universe: Sometimes pain was like a storm that came out of nowhere. The clearest summer could end in a downpour. Could end in lightning and thunder.
C’était la quatrième fois que je faisais le tour du parc. Mes foulées étaient exactement les mêmes et le rythme que j’imprimais ne faisait qu’augmenter. Je ne comptais pas ralentir, tout du moins, pas pour le moment. J’avais pris soin de ne pas porter de lunettes, mais une visière qui cerclait ma tête et donc, ne risquait pas de tomber. La douleur dans mes cuisses commençait à se faire sentir et plus j’avançais, plus je continuais, plus j’avais l’impression que mes jambes gagnaient en poids. Pourtant, je ne ralentissais pas le rythme. C’était dans la tête, tout se passait dans ma tête. Tant que j’en avais la volonté, je pouvais continuer à courir et puis, la psychologue m’avait conseillé cela. Elle m’avait dit que c’était un bon moyen de libérer mon esprit, de faire le vide et de ne penser à rien d’autre qu’au sol et au décor qui défilaient autour de moi. Elle n’avait pas tort. L’entrainement me faisait du bien, je le sentais. Lorsque je courais, mes pensées ne divaguaient plus sur ce passé que j’avais tant de mal à accepter. À cet instant, à mesure que mes pieds heurtaient la terre froide à un rythme soutenu, Alex n’était plus dans mes pensées, mes parents non plus. Jean avait eu raison de me pousser, de me conseiller d’aller sur cette voie, de me faire aider. Pour quelqu’un avec un égo aussi développé que moi, ce n’était pas un choix évident et pourtant, force était de constater que cela me faisait du bien.
Alors que je terminais le cinquième tour, mon souffle se faisait de plus en plus court et je faisais beaucoup plus d’efforts pour respirer, pour chercher l’air frais qui venait brûler mes poumons. J’étais épuisé mais je me sentais étrangement bien. Levé depuis quatre heures du matin, j’avais directement commencé la journée par deux bonnes heures à travailler mon corps sur des machines. Comme toujours, j’avais passé un peu plus de temps sur la nuque et les épaules, ce qui était nécessaire étant donné mon pouvoir. J’avais calqué mes exercices sur ceux des pilotes de formule un ainsi que des pilotes de l’armée de l’air, afin de muscler suffisamment ces deux parties de mon corps pour résister à de nombreux G. Après, j’avais enchainé sur de l’entrainement pur et dur de mon pouvoir. Des exercices de précision, de puissance et de ricochet pendant un peu plus d’une heure. Je faisais cela tous les jours avant de m’atteler –l’après-midi, aux tâches qui m’incombaient en tant qu’intendant de l’Institut. À présent, je terminais le cinquième tour du parc et me dirigeais vers le perron où, comme à son habitude, Roberto m’attendait…à ne rien faire.
« T’arrête jamais, hein hermano ? - Et toi, tu commences quand ? - J’ai pas besoin de tout ça, je suis naturellement doué ! - Non, ‘Berto. Tu as le physique d’une endive et le mental d’un oursin, autant dire que le jour où j’aurais besoin, tu seras le dernier que j’appelerai. - Va te faire foutre Summers, va bien te faire foutre ! - Tu te sens capable de soulever la serviette pour me la passer ? »
En me lançant quelques insultes en espagnol, Roberto ramassa la serviette et me la jeta au visage avant de faire demi-tour et repartir de là où il venait. Un sourire en coin naquit sur mes lèvres alors que je le regardais s’éloigner, alors qu’il m’adressait son plus beau majeur pardessus son épaule. Je passais la serviette dans mes cheveux, sur mon visage afin d’essuyer la sueur qui y perlait et grimpait quatre à quatre les marches du perron afin d’entrer dans le manoir. Roberto était un soutien inconditionnel, un élève de l’Institut qui –même s’il était beaucoup plus jeune que moi (en termes de voyage dans le temps), avait su viser juste lorsque nous nous étions rencontrés la première fois. J’aimais beaucoup ce gamin et contrairement à ce que j’avais pu lui dire, je lui faisais confiance. Serviette autour du cou, je refermais la porte derrière moi et me dirigeais donc à l’étage afin de rejoindre ma chambre, pour prendre une douche bien méritée. Je fis un arrêt dans le couloir, fermais les yeux pour retirer ma visière et chaussais sur mon nez une paire de lunettes en quart rubis que j’avais dans la poche de mon pantalon de jogging. Je glissais la visière à la place et reprenais donc mon chemin.
« Scott… ? Je peux te parler deux secondes s’il te plait ? »
Sourcils froncés, je tournais la tête pour croiser le regard d’Ororo qui venait de m’interpeller depuis l’encadrement de la porte de la salle des professeurs. Je restais un court instant immobile, suspicieux même puis, hochais lentement la tête et m’engageais derrière elle dans la pièce, refermant la porte derrière moi.
« ’Ro ? Tu vas me passer un savon, c’est ça ? Parce que là, j’ai clairement l’impression d’être un élève… »
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Ororo Munroe Storm
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Tiens. J'ai l'impression de l'avoir coupé dans ses pensées. L'homme aux lunettes rouges se retourne vers moi en fronçant les sourcils. Je le sens un peu méfiant, mais il ne tarde pas à tout de même accéder à ma demande et à me rejoindre à la salle des professeurs. Il a même la politesse de fermer la porte derrière lui. Un court moment de silence entre nous et il décide ensuite de prendre la parole. Ro', qu'il m'appelle… C'est vrai que c'est ainsi que certains me surnomme. Non pas que cela me dérange, au contraire, je prends même cela comme une marque d'affection, mais je n'ai simplement plus l'habitude qu'on emploie ce surnom depuis mon retour à l'institut Xavier. Il me demande si je vais lui passer un savon comme à un élève du manoir, il en a l'impression en tout cas. Et c'est partiiie… Je n'ai même pas abordé le sujet qu'il commence déjà à me jouer sa pièce de théâtre. C'est ce que je craignais.
« S'il te plaît. Épargne-moi ton soi-disant sentiment de persécution, Calimero. Je ne veux pas t'infantiliser, mais au contraire avoir une discussion entre collègue et surtout entre adultes avec toi. »
Le truc avec Scott, c’est qu’il ne faut pas se laisser marcher sur les pieds. Je le considère comme étant une véritable tête de mule. Non pas qu’il n’est pas sympathique au quotidien. D’ordinaire, j’arrive même à parler avec lui sans problème. Cependant, lorsqu’on lui dit les choses avec franchise, j’ai cette désagréable sensation qu’il se met direct sur la défensive. La preuve étant qu’il a directement commencé à se protéger par la parole alors que je n’avais encore rien dit. Est-ce qu’il sait qu’il a des trucs à se reprocher ? Son attitude me laisse, en tout cas, perplexe. Je viens croiser les bras instinctivement pour moi aussi passer dans une posture de défense. Par où je pourrais commencer avec lui ? Je ne sais pas trop. Mon but n’est pas de directement l’accabler, mais je ne dois pas être trop douillet avec lui. En réalité, je dois simplement m’en tenir aux faits. Rien de plus, rien de moins. Si je commence à chercher des choses incohérentes, je risque de perdre toute crédibilité.
« J’ai eu le père de Katie en rendez-vous, il n’y a même pas dix minutes. Apparemment, tu aurais… » Je soupire. Comment est-ce possible que cette phrase puisse sortir de ma bouche ? « Tu aurais menacé Katie avec ta vision laser. Elle serait terrorisée de ta présence désormais. »
Je l’observe. Je scrute la moindre de ses traits. Ses lunettes cachent un peu ses émotions et ce n’est pas facile de le déchiffrer. C’est un sanguin. Une personne qui a plutôt le sang chaud. Cependant, c’est loin d’être quelqu’un qui ne réfléchit jamais. Bien au contraire. Scott est quelqu’un qui possède un esprit d’analyse et de réflexion remarquable. Le problème, c’est que son tempérament fausse énormément son jugement. C’est triste à dire, mais menacer une élève qui l’aurait énervé n’est pas si étonnant que cela venant de lui. Par contre, c’est clairement la ligne à ne pas franchir. Je lui laisse bien évidemment le bénéfice du doute et la présomption d’innocence, mais s’il a fait ce dont on l’accuse, il a intérêt à avoir une défense en béton armé pour ne pas passer pour quelqu’un d’imprévisible et de dangereux dans l’institut. Et devinez qui doit se taper cette enquête et qui doit prendre le taureau par les cornes ? C’est bibi.
« Mais je suis sûr et certaine qu'il ne s'est rien passé. Qu'il s'agit là d'un malentendu et que tu n'as jamais voulu la menacer en toute âme et conscience ! Alors ? Tu n'aurais pas quelque chose à me dire sur tout ça ? »
Qu'il ne fasse pas l'erreur de me mentir. C'est ce qui me mettrait le plus en pétard, je pense. Là, j'suis zen. Je garde mon calme comme je peux et tente de garder une certaine posture professionnelle malgré la légère familiarité de mes propos. Par contre, qu'il ne fasse pas la bêtise de vouloir me mentir…
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Dernière édition par Ororo Munroe le Dim 10 Mar 2024 - 20:46, édité 1 fois
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« S'il te plaît. Épargne-moi ton soi-disant sentiment de persécution, Calimero. Je ne veux pas t'infantiliser, mais au contraire avoir une discussion entre collègue et surtout entre adultes avec toi. »
La main toujours sur la poignée de porte, je restais immobile, choqué par le ton employé par Ororo. Derrière mes lunettes rouges, mes yeux étaient écarquillés, mes sourcils remontés et probablement que la surprise pouvait se lire sur mon visage. La bouche entrouverte, interdit pendant plusieurs secondes. Je fixais la jeune femme, son dos tout du moins et au fur et à mesure que le temps s’écoulait, je commençais lentement à comprendre de quoi il s’agissait. Ororo n’était pas du genre à passer par quatre chemins lorsqu’elle avait quelque chose à dire, la ligne droite semblait être la meilleure solution et peu importe les dégâts. En gros, elle n’était pas là pour me ménager et elle devait avoir compris comment je fonctionnais, raison pour laquelle elle attaquait en premier. Bouche enfin fermée une fois la surprise passée, je passais la langue sur mes dents en grimaçant et relâchais finalement la poignée de la porte en faisant quelques pas dans la pièce. Je notais qu’elle croisait les bras dans une posture qui se voulait certainement défensive et j’en arrivais à la conclusion qu’il s’agissait plus ou moins d’un procès organisé contre moi, par rapport à mes agissements il y a de ça quelques jours.
« Ok. »
Répondis-je simplement à cette mise en bouche. Je progressais un peu plus dans le bureau de la jeune femme afin de venir appuyer mon arrière train contre la table, croisant à mon tour les bras sur mon torse. Fermé ? À peine. Pourtant, cette fois je ne maintenais pas le contact visuel et fixais un point que moi seul pouvait voir, quelque part au niveau du sol. L’orgueil…J’en avais à revendre et cette histoire avec Katie touchait en plein dedans. Pourquoi ? Parce que je n’arrivais pas à me sortir de cette connerie que j’avais fait, de cette réaction beaucoup trop…beaucoup trop.
« J’ai eu le père de Katie en rendez-vous, il n’y a même pas dix minutes. Apparemment, tu aurais… - Ca pour une surprise… - Tu aurais menacé Katie avec ta vision laser. Elle serait terrorisée de ta présence désormais. - Terrorisée ? Carrément… »
Je ne cherchais pas à minimiser les faits, loin de là. Je n’avais toujours pas relevé la tête et pourtant je la secouais, quelque peu dépassé par la ligne de défense qu’avait employée Katie. Visiblement, elle était prête à tout pour me faire quitter l’Institut…et donc m’éloigner de Jean. Le bref échange que j’avais eu avec Katie m’amenait donc à me justifier pour un malheureux geste, quelque chose que je n’aurais jamais osé faire et pourtant, l’étudiante semblait avoir un vrai don pour la comédie…on aurait presque pu lui filer l’Oscar de la meilleure actrice dans un rôle dramatique. Terrorisée…Un fin sourire, dépité, naquit sur mes lèvres alors que je relevais finalement le menton pour croiser le regard d’Ororo.
« Mais je suis sûr et certaine qu'il ne s'est rien passé. Qu'il s'agit là d'un malentendu et que tu n'as jamais voulu la menacer en toute âme et conscience ! Alors ? Tu n'aurais pas quelque chose à me dire sur tout ça ? - Je l’ai menacé. Est-ce que je serais passé à l’acte pour autant ? Non. Si elle me pense capable d’aller aussi loin, peut-être qu’il faudrait qu’elle revoit son positionnement. »
Là, c’était bon, j’étais officiellement sur la défensive et je me sentais clairement acculé contre un mur. Le sourire qui était apparu sur mes lèvres avait disparu, mon expression s’était fermée et je continuais à fixer Ororo, cherchant quelque part à déterminer ce qu’elle croyait dans cette histoire…qui elle croyait. Ce qui me dérangeait -une fois de plus, dans cette histoire c’était que cela me ramenait à Jean…et est-ce que j’avais envie de faire un déballage de mes sentiments, de dire à Ororo que j’étais paumé et que j’avais réagi avec Katie comme l’aurait fait un animal blessé ? Non. Je secouais une nouvelle fois la tête en levant les yeux au ciel et laissais échapper un long soupire avant de reprendre la parole.
« J’aurais pas dû agir comme ça, j’en ai conscience. Katie m’a menacé, j’ai surréagi, point final. C’est marrant…c’est marrant parce que j’avais promis à Jean d’aller voir cette gamine et de m’excuser. Et je le fais…pour que ce que ça me rapporte, j’aurais peut-être mieux fait de rien faire… »
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Ororo Munroe Storm
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Il est surpris de mon ton plutôt sec. Il devait pourtant s'y attendre. Je devais tenir cela de ma mère et peut-être un peu de mon admiration pour Raven. Je n'aimais pas les faux-semblants, les petites piques cachées sous une couche d'ironie et les problèmes qui étaient mis sous le tapis par des non-dits. À défaut de totalement comprendre ma réaction, il semble l'accepter ou en tout cas il fait avec. Il fait quelques pas dans le bureau des professeurs et se positionne de manière à être en face de moi, fessier contre la table et les bras croisés. Il m'avoue ensuite qu'il a bel et bien menacé la jeune Katie, mais qu'il ne serait jamais passé à l'acte. Alors, premièrement… Encore heureux ! Deuxièmement, est-ce qu'il s'est rendu compte qu'il avait totalement quitté sa posture d'intendant de l'institut avec cette bêtise ? Le problème n'est pas qu'il aurait pu aller jusqu'au bout de ses menaces ou non, le problème est qu'il a fait ses menaces, insinuants ainsi qu'il aurait pu passer à l'acte. C'est le but d'une mise en garde musclée après tout.
« Oh et bien tu m'en vois rassuré, alors si ce n'était qu'une menace sans conséquence et bien, c'est bon, il n'y a pas de souci ! » Je lève les yeux au ciel en soupirant. « Non mais tu t'entends ?! J'espère bien que tu n'aurais rien fait, cela n'enlève pas que concrètement un salarié du manoir vient de menacer une élève ! »
La posture professionnelle est l'une des choses les plus importantes dans le monde du travail. L'homme aux lunettes rouges est jeune, un peu plus jeune que moi malgré la faille spatio-temporelle que l'on a subie tous les deux. Cependant, il doit avoir conscience qu'il n'est plus un simple élève et qu'il doit se comporter autrement. Néanmoins, je m'adoucis un peu en le voyant avouer ses fautes. Il est loin d'être bête et a parfaitement conscience qu'il a fait quelque chose de mal. Il aurait même présenté ses excuses à Katie en lui demandant de ne rien dire et elle n'aurait pas tenu ses engagements. Tiens donc ? Est-ce que Katie en aurait aussi profité pour l'enfoncer ou est-ce qu'elle n'a pas pu garder ça pour elle et qu'elle s'est tout simplement protégée en parlant de ses problèmes ? De toute manière, je compte l'interroger pour avoir toutes les versions possibles. Pour le moment, je dois calmer le jeu… Si je continue à acculer Summers il va totalement se braquer et je n'aurais pas les réponses que je souhaite avoir.
« Bon… C'est déjà une bonne chose de t'être excusé. Je veux que tu comprennes que mon but n'est pas de prendre le parti de Katie ou du tiens. Je veux juste connaître tous les tenants et les aboutissants. Le professeur Xavier est très occupé en ce moment et il m'a chargé de faire la lumière dans cette histoire. » Je décroise les bras pour les mettre dans mes poches, signe que je suis un peu moins sur la défensive. « Franchement, à choisir… J'aurais préféré ne pas avoir à faire cette discussion avec toi et à avoir une conversation plus légère, mais malheureusement, on en est là. »
En temps normal, il n'y a pas tellement d'animosité entre nous… Du moins, c'est ce que je crois. Nous nous sommes brièvement affrontés par le passé lorsque j'étais sous la coupe d'Apocalypse, mais après, il ne m'a jamais vraiment tenu rigueur sur ça, du moins c'est ce que je crois. On a toujours plus ou moins entretenus de bons rapports et c'est pour cela qu'il a dû être stupéfait de ma réaction lorsqu'il est passé en mode défense face à moi. C'est un moment difficile à passer pour ma part. D'un côté, je n'ai vraiment pas envie de me fâcher avec lui et d'un autre côté, je dois me montrer intransigeante dans cette affaire. Pour l'instant, il faut que je continue à creuser et à essayer de dénicher le maximum d'information pour placer les pièces du puzzle correctement. Je viens alors lui poser une autre question qui semble évidente : les raisons de sa colère.
« Et qu'est-ce qu'elle t'a dit pour te mettre autant à cran au juste ? Vous parliez de quoi ? » Ah, sans doute que j'ai tort, mais j'ai l'impression que la question ne l'emballe pas et que c'est personnel. « Scott… Il faut que je sache, j'ai besoin d'avoir le maximum d'information pour pouvoir débloquer ce problème. »
J’appréhende sa réponse. S’il se referme sur lui-même, il y aura forcément des précisions que je ne vais pas avoir. Je ne cherche plus à être dans la confrontation avec lui, cela n’augurerait rien de bon pour la suite du dialogue. Je veux simplement savoir la vérité.
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C’était toujours la même chose, dès que ça allait à peu près bien, dès que j’allais un peu de l’avant, je me prenais un retour de bâton phénoménal et je reculais de plusieurs pas. J’avais laissé l’histoire avec Katie de côté, parce que j’avais pris sur moi. J’avais été la voir, j’avais discuté avec elle et je lui avais même présenté des excuses. Bon Dieu que cela m’avait fait au cœur, que cela avait dur pour mon égo de lui avouer que j’étais en tort, que je n’aurais pas dû agir de la sorte…que je n’aurais pas dû la menacer. Elle avait accepté mes excuses sans dire un mot de plus, j’aurais dû me douter qu’elle avait préparé quelque chose. Katie ne voulait plus que je m’approche de Jean, elle était prête à tout pour la protéger. Avait-elle tort ? Non, malheureusement.
« Oh, et bien, tu m’en vois rassurée, alors si ce n’était qu’une menace sans conséquence et bien, c’est bon, il n’y a pas de souci ! - Épargne-moi tes sarcasmes, ‘Ro… - Non mais tu t’entends ?! J’espère bien que tu n’aurais rien fait, cela n’enlève pas que concrètement un salarié du manoir vient de menacer une élève ! - Mieux, beaucoup mieux… »
Ironique, sarcastique…résolu à assumer les conséquences de mes actes. À vrai dire, c’était dans la continuité de ce que j’avais toujours vécu depuis que j’étais gosse, alors je n’étais pas vraiment surpris du traitement que me réservait Ororo. Après tout j’avais l’habitude d’encaisser, de courber l’échine en attendant que l’orage passe. C’était ma force et une fois de plus, j’en faisais la démonstration. J’acceptais ce rôle que prenait Ororo sans broncher en me disant que quelque part, c’était moi qui aurait dû être sa place, plutôt que d’être relégué comme le larbin de l’Institut. J’avais tellement mieux à offrir que d’être le majordome de tous ces gamins mais visiblement, tout le monde était satisfait que Scott Summers soit au placard. Alors, si elle devait m’annoncer qu’une décision serait prise, que je devrais quitter l’Institut et ne plus y revenir, je l’accepterais avec un certain relâchement.
« Bon…C’est déjà une bonne chose de t’être excusé. Je veux que tu comprennes que mon but n’est pas de prendre le parti de Katie, ou le tiens. Je veux juste connaitre tous les tenants et les aboutissants. Le professeur Xavier est très occupé en ce moment et il m’a chargé de faire la lumière dans cette histoire. - Ouais. Je comprends. - Franchement, à choisir…J’aurais préféré ne pas avoir à faire cette discussion avec toi et à avoir une conversation plus légère, mais malheureusement on en est là. - Ouais et moi, j’aurais préféré rester là-bas. Mais on en est là. »
Là-bas, l’époque d’où je venais vraiment, pas ce monde dans lequel je n’arrivais à m’adapter. Là-bas, quand Scott Summers avait encore une réelle utilité aux X-Men, quand il était important et qu’on le respectait, pas comme aujourd’hui. Là-bas, quand mon frère était encore vivant, avant que les choses ne basculent. Toujours appuyé contre la table, je jetais un bref coup d’œil à Ororo en comprenant très bien que nous n’en avions pas fini et qu’elle allait continuer à creuser.
« Et qu’est-ce qu’elle t’a dit pour te mettre autant à cran au juste ? Vous parliez de quoi ? - On a pas fini ? - Scott…Il faut que je sache, j’ai besoin le maximum d’information pour pouvoir débloquer ce problème. - Tu ne vas pas me lâcher hein ? »
Je passais une main sur mon visage, mes lèvres s’étant étirées en un sourire navré alors que je laissais échapper un profond soupir. Non visiblement, elle n’allait pas lâcher l’affaire et si je venais à quitter ce bureau sans lui donner les réponses qu’elle attendait, les choses se passeraient sans doute mal pour moi…Eh, c’était tentant.
« Jean. J’allais voir Jean. »
Je posais mes mains de part et d’autre de mes cuisses et me hissais sur le bureau afin de m’asseoir dessus. Fixant un court instant le sol afin de choisir soigneusement mes mots pour expliquer au mieux la situation, je relevais finalement la tête pour planter mon regard rougeoyant dans celui de la jeune femme.
« Katie a juste voulu la défendre, me prévenir que si je lui faisais du mal, elle s’occuperait de moi…Normal, c’est sa pote. Sauf que quand les choses tournent autour de Jean, je sais pas…j’ai tendance à perdre plus facilement le contrôle. Bref, c’est pas le sujet. Maintenant que tu sais tout, je peux y aller ? »
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Ororo Munroe Storm
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J'ai échoué… J'ai été trop agressive avec lui dès le début et là, il vient définitivement de se braquer. Le professeur Xavier aurait su trouver les mots juste lui. Il n'aurait pas acculé Scott comme je venais de le faire et il aurait pris la chose de manière beaucoup plus pédagogue. Je me suis précipité et à force de me montrer inflexible sans raison gardée, j'en paye le prix. Il coupe mes phrases avec de petits commentaires d'agacements. J'ai bien tenté d'adoucir la chose en me montrant plus conciliante, mais il était trop tard. En même temps, je ne pouvais pas laisser passer un tel acte envers une élève ! C'est lui qui a menacé Katie, pas moi ! Je ne vois pas pourquoi je suis en train de me porter en fautive de cet entretien ! Et en même temps… Je n'avais pas tous les tenants et les aboutissants et j'ai manqué de tact et d'esprit d'analyse émotionnelle. Moi qui croyais que c'était l'une de mes forces. Il singe ma phrase en expliquant qu'il aurait préféré rester là-bas.
« Tu veux parler de notre époque ? C'était dur à vivre pour tout le monde… Je suis navré que cela t'ait autant perturbé et je suis sincère. Mais, sache que l'on a tous et toutes été affectés par ce grand changement. On ne peut plus revenir en arrière. Désormais, il faut avancer. »
Si je devais imager. Je dirais que je suis dans une barque et que j'ai sorti les rames pour pagayer, autant que faire se peut, dans cet entretien. Je tente de lui faire dire les raisons de cette soudaine montée de colère. Cependant, j'ai vu au premier coup d'œil qu'il ne voulait pas en parler. Il fait mine de s'étonner que le dialogue ne soit pas terminé et est à la limite du respect envers moi en m'affirmant que je ne voudrais pas le lâcher. Bon sang… Ce n'est pas la question ! Je tente juste d'exécuter le travail du mieux que je peux ! Je lui aie pourtant dit que ce n'était pas personnel envers lui alors pourquoi il fait preuve d'un tel mépris envers moi ? Parce que je ne l'ai pas mis dans de bonnes conditions pour ce dialogue. Oui peut-être… C'est sûrement ça. Quoiqu'il en soit, il finit par lâcher le morceau et ce qu'il me dit me fait presque manquer un battement. J'écarquille les yeux de surprise lorsque je l'entends prononcer ce nom.
« Je… Jean ? »
Attends, attend, attend… J'ai loupé un épisode-là ? Je croyais que c'était terminé entre lui et la rouquine. Est-ce qu'il a des sentiments pour elle ? Ce serait logique. Est-ce que c'est réciproque ? Je ne sais pas… C'est vrai que tout s'éclaircit désormais. Katie tient la jeune Grey en haute estime et arbore une relation très protectrice envers elle. Il m'explique qu'elle souhaite défendre la télékinesiste et lui affirmer qu'il avait surréagi d'instinct. En effet, lorsqu'il s'agit de l'étudiante à la chevelure orangée, il perd plus facilement pied. Il va vraiment falloir que j'aille voir l'élève qui a été menacé et lui expliquer qu'elle n'a pas à se mêler des affaires personnelles des autres. Il demande à pouvoir partir. Bon… Je ne pourrais plus en tirer grand-chose du garçon et je ne vais pas m'entêter à parler avec lui. Il pourrait débloquer à tout moment et la situation risque de s'envenimer plus qu'autre chose. Je dois offrir une solution de secours et le libérer.
« Je vois… Pour le moment, je souhaiterais que tu prennes tes distances avec Katie. Tu ne lui parles plus et tu n’interagis plus avec elle jusqu’à ce que les choses s’apaisent. J’irais la voir pour lui toucher deux mots sur son comportement envers toi et je lui dirais la même chose. Comme ça, chacun aura la paix. Je jonglerais avec les parents aussi, pour calmer la situation. » Je le contourne pour venir m’asseoir sur mon siège et devant mon bureau. « Je tiens à t’informer que je devrais faire un rapport d’incident concernant cette histoire, pour la suite des événements, ce n’est plus de mon ressort. » Je regarde mon ordinateur, pensive. « Tu peux disposer Scott. Merci de ta franchise. »
C'était court, mais ça m'a épuisé. Je ne lui adresse même pas un regard, comprenant qu'il y avait peut-être de la rancune envers moi. Je vais simplement faire ce que j'ai à faire. Une chose est certaine, c'est que j'aurais vraiment voulu parler avec Summers de choses bien plus légère, mais on en est là…
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