You can find magic wherever you look

Trois pas. Demi-tour. Cinq pas. Soupir. Demi-tour. Trois pas. Demi-tour.

Tu sais que tu t’éloignes au fur et à mesure ? Tu devrais plutôt chercher à t’en rapprocher, non ?

Je … euh… T’es sûr que c’est une bonne idée ? Si on se retrouve coincés dedans ? Si ça se passe mal ? S’il me gonfle et se montre trop insupportable ? On en a déjà parlé. Je sais, je sais. Je pourrais toujours partir. On pourra toujours partir. Si c’est un piège ou quelque chose du genre, tu pourras te montrer plus insupportable encore. Oui, je suis douée pour ça. Mais j’apprécierai un peu de soutien de ta part. Tu es assez forte pour ne pas rester coincée quelque part Illyana. Je ne l’étais pas avant. Non, tu ne croyais pas assez en toi, nuance. Hum. J’aime bien cette version, mais j’ai quelque doute à ce sujet malgré tout. Mais je suis moins naïve que lors de ma rencontre avec le docteur Reyes. Et tout vieux con qu’il soit… Non, tais-toi, si tu dis un mot à son sujet, je parle de la cape et de oh combien elle est trop cool. Ah tu vois, ça ne fait pas forcément plaisir !

… Sinon ouais… C’est vrai que les fêtes se sont plutôt bien passées. Enfin, c’était plutôt amusant, et divertissant. Et tu n’étais pas seule pour Noël. Je ne le suis jamais, et tu sais que je m’en fous, des fêtes en plus. Tu as rencontré certains des membres du Sanctuaire. Ouais, ce n’est pas gage de qualité.

Je fixe la porte comme si elle pouvait me donner une réponse. Ce qui en soi n’est potentiellement pas impossible. Peut-être qu’il y a des trucs magiques partout. Ce qui fait partie des + dans ma liste de pour et de contre. Parce que j’ai fait une liste oui. Et il y a beaucoup de contre. Pas objectifs. Mais ils sont bien là.

Tu m’en voudras si je n’entre pas ? … Je lève Lockheed à hauteur de visage. J’aimerais bien une réponse. Non. Mais je trouverais ça dommage que tu n’essaies pas… Malgré tout, ça reste ta décision. Oui et il n’est pas question d’y rester, c’est juste pour… discuter.

Je grimpe les marches, rangeant Lockheed dans ma poche arrière, un peu trop tendue… Un coup d’oeil à la sonnette, à laquelle personne ne pense jamais donc, et je lève la main pour toquer.

…

Tu vas rester le bras en l’air encore longtemps ?

Groumpf… Trois coups secs et je recule d’un pas. Prête à me téléporter au moindre signe négatif oui.

L’entrainement aux chorégraphies liées aux arts mystiques se termine. Les deux heures quotidiennes ne me fatiguent plus tellement mais elles peuvent être difficiles pour les nouveaux apprenants. D’où l’importance des trente minutes de repos qui les suivent avant de repartir pour deux heures d’entrainement au combat ; usant de tous les arts mystiques et de la dimension miroir afin de se préparer en conditions quasi-réelles. Ainsi en va la vie au Sanctuaire de New York et chez la plupart des Disciples et des Apprentis de Kamar-Taj ; même s’il en est de moins pratiquants que les autres, par caractère ou par absence de nécessité lorsque leurs capacités ne proviennent pas de l’entrainement et de la pratique.

« 04pm dans le foyer, rappelle-je en énonçant un fait, non une accusation d’oubli ou un ordre. Prenez votre temps pour récupérer d’ici là. »

Marchant afin de récupérer de mon côté également, je quitte la salle d’exercice. Pousser la porte de bois d’une main couturée de cicatrice me permet d’arriver dans le couloir central du Sanctuaire, face aux portes de verre donnant sur la salle à manger. La Cape de Lévitation vient se poser sur mes épaules, son rouge profond contrastant avec le bleu royal de la robe comme les denims de ma tunique et de mon pantalon. Je laisse la porte se refermer seule derrière moi avant de prendre une grande inspiration nasale. Je résiste à l’envie de faire appel au Sanctuaire mon me transporter dans le Sanctum Sanctorum et tourne vers la droite afin d’aller chercher les escaliers.

Le bas du couloir est occupé par le trio de portes-fenêtres donnant sur trois lieux éloignés. Le Sahara, ouverte afin de laisser passer la chaleur et de chauffer naturellement le Sanctuaire, la forêt du Bassin du Congo, entre-ouverte afin de laisser passer de l’humidité tout en limitant les risques d’intrus insectoïdes, ainsi que les montagnes himalayennes et Kamar-Taj, fermé. J’entreprend de contourner cette partie de la Relique qu’est le Sanctuaire mais celui-ci m’averti que quelqu’un toque à ses portes. Je soupire face au fait qu’il n’y ait personne pour s’attarder sur la sonnette et agir normalement pour entrer. Après, considérant la description qui se forme dans mon imaginaire de la personne qui attend sur le seuil du Sanctuaire, c’est pour une fois fait exprès.

Magik.

Est-ce que je la téléporte à l’intérieur comme je le fais si souvent ? Le Sanctuaire me laisse percevoir une méfiance tendue et je comprends qu’il vaut mieux aborder les choses aussi normalement que la sonnette.

Les doubles portes battantes de bois à la fenêtre couverte d’une fractale rendant impossible de voir l’intérieur s’ouvrent, animées d’une volonté propre. Derrière elles se trouve un grand vestibule. Le sol de bois est couvert de ce même motif, tout comme les papiers peints des murs latéraux et les rideaux qui servent de portes aux deux arches rectangulaires qui les percent. Derrière les portes ouvertes vers l’intérieur se trouvent deux vases de porcelaine de chine posés sur guéridons de bois. Enfin, avant les deux marches qui mènent au foyer, deux chaises attendent sagement.

Le foyer, lui, est un grand hall circulaire. Il s’élève sur deux étages et dispose d’une demi-coupole percée d’un oculus au troisième étage ; puisque le rez-de-chaussée n’existe pas aux USA. La mosaïque fractale du sol contraste avec le bois des escaliers et des murs, étant couverte depuis le centre par un grand escalier central. De part et d’autre de celui-ci se trouvent deux petits salons puis les arches rectangulaires menant au couloir du premier étage, lui aussi central. Au second, la double-porte vitrée qui mène également au couloir est barrée d’une barrière similaire à celle qui fait le garde-fou de la mezzanine au-dessus du vestibule.

Je vois tout cela car j’apparais sur les marches, passant en un instant d’un bout à l’autre de l’étage.

« Bonjour gamin, salue-je sobrement en entreprenant de descendre les marches tout en  détaillant une seconde la tenue de Magik à la recherche de la marionnette Lockheed. Bonjour l’ami. »

Lorsque j’en arrive au bas des escaliers, je garde les bras le long du corps comme la sobriété afin de conclure placidement.

« Bienvenue au Sanctuaire de New York, tous les deux. »

Il n’y a personne. J’ai essayé, je suis venue, mais il n’y a personne, c’est con hein ? J’ai trop froid en plus ! Je resserre mon manteau autour de moi et jette un coup d’oeil au ciel. Tu crois qu’il va neiger ? Encore je veux dire ? J’aimerais bien qu’il y ait de la neige dans le refuge, tu crois que ce serait possible ? Je suis sûre que je peux faire ça, si elles m’aident. Et on pourrait faire des anges dans la neiges, le tout dans un décor digne des enfers selon la plupart des humains. Ce serait drôle. Qu’est-ce que tu racontes ? Ah tu fais exprès de ne pas m’écouter quand ça t’arrange, c’est cool. Tu ne vas pas partir, tu attends depuis moins d’une minute Illyana. C’est hyper long une minute dans ce froid glacial. En plus, pour un peu, des flics vont passer et m’embarquer en pensant que je veux cambrioler ou je ne sais pas quoi. Je doute que des flics s’approchent de cette demeure. Pas faux.

Je sursaute presque alors que les portes s’ouvrent… « toutes seules. » J’en étais sûre ! Une grande inspiration et je fais un premier pas à l’intérieur, mon regard courant du sol en bois au plafond, en passant par les vases. Encore un pas, puis un autre. « Whaou. » Okay, ça m’a échappé, je ne voulais pas, je ne le ferais plus. Mais quand même, ça claque je dois le reconnaître. J’avance jusqu’au milieu du vestibule, le nez levé vers la coupole, et me retourne vivement en entendant une voix. Sa voix.

« Salut. » Je le suis des yeux alors qu’il descend l’escalier. Le pire ? C’est que je me dis qu’il colle super bien à l’ambiance et au lieu en fait, avec son accoutrement trop chelou. Alors que moi je fais office de vilain petit canard pour le coup… C’était déjà le cas à Kamar-taj, c’est vrai. Et ça me dérange pas plus qu’à ce moment-là. Ou qu’à n’importe quel moment d’ailleurs.

« C’est cossu chez vous. » Je continue de regarder autour de nous, détaillant les bibliothèques, les fauteuils, les babioles, la cheminée… « Sérieux, il y a combien de cheminées ici ? » Je me retourne, me figeant un instant en voyant que les portes se sont refermées. Tout va bien Illyana. Respire. Bonne idée. En même temps, il fait super froid, ils ne vont pas laisser ouvert. Le menton relevé, je fais un nouveau demi-tour et m’incline face à notre hôte, dans une révérence qui va devenir un running-gag avec lui. « Merci. Vous avez l’air d’aller bien pour un vieillard, c’est cool ! »

Un instant de flottement et je me dirige vers une des petites tables, mes doigts effleurant les objets qui s’y trouvent. « Si les portes sont magiques, ça veut dire que toute la baraque l’est ? Elle vous parle ? » Mais ce truc-là, ça a pas trop l’air magique. Même si ça doit se revendre cher quand même. Non, toujours pas. Tu n’es pas drôle. Je dévisage Strange. « Je peux ouvrir des portails ici ou je vais me faire électocuter sur place ? Et je peux sortir et revenir, en me téléportant ? »  Tout en parlant, j’attrape une bouteille sur une des desserte, avant de l’ouvrir pour renifler le contenu, puis de la reposer avec une moue.

Je finis par récupérer Lockheed, ma main passant sur sa tête dans un geste de tendresse et d’apaisement, pour moi. « Je ne sais même pas pourquoi je suis là. » Frottant mon nez contre son crâne, je relève les yeux vers l’homme, sans trop savoir ce que j’attends de lui. Ou de ma présence ici.

L’exclamation de surprise voire d’émerveillement me fait tout à la fois sourire et lever les yeux au ciel ; brièvement dans les deux cas. Magik répond à mes salutations avec plus de concision et ça me va. Elle observe et découvre, je la laisse faire pour l’heure. Une marche après l’autre, je m’approche. Un pas après l’autre et une parole après l’autre, vous en faites de même.

Oui, c’est cossu. J’arrive en bas des marches. Quand au nombre de cheminées… une au foyer, une à la cuisine, une à la salle à manger, une à la salle d’entrainement, six à douze dans les chambres selon comment on compte…

« Une douzaine, réponds-je après un instant de remémoration vis-à-vis de l’agencement des lieux et histoire de vous distraire de votre stress face à la fermeture des portes ; chose que vous tentez de faire de vous-même en vous inclinant puisque je dis aux autres de ne pas le faire.

- Merci. Vous avez l’air d’aller bien pour un vieillard, c’est cool !

- Et vous arrivez moins à être faussement à l’aise ici qu’à Kamar-Taj, constate-je simplement alors que vous déviez vers le décor et le mobilier, la mauvaise foi sans doute en renfort comme anticipé.

- Si les portes sont magiques, ça veut dire que toute la baraque l’est ? Elle vous parle ?

- Comme la Cape, oui, confirme-je simplement alors que je m’avance vers vous, bras toujours le long du corps bien qu’ils accompagnent ma marche, avant de vous fixer alors que vous me dévisagez.

- Je peux ouvrir des portails ici ou je vais me faire électrocuter sur place, me demandez-vous en me laissant entre le blasement et l’amusement. Et je peux sortir et revenir, en me téléportant ?

- Si je préviens les autres de ne pas déclencher l’alarme en cas d’apparition de l’énergie des Limbes, dis-je alors que vous ne me regardez plus et me faites remarquer que Dominique a laissé trainer une bouteille de bière ici, oui vous pourrez. »

Un silence alors que vous vous emparez de la peluche représentant l’ami potentiellement imaginaire ; puisque ce mystère n’est pas encore élucidé. Comme beaucoup de choses vous concernant. Même votre identité civile m’est encore inconnue.

Vous ne savez pas pourquoi vous êtes là, voilà qui me fait sourire doucement puis acquiescer. Vous avez eu besoin du soutien de Lockheed pour venir et vous en avez besoin pour rester, n’est-ce pas ? Je ne pense pas, je n’espère pas, qu’il soit la seule raison de votre présence néanmoins. J’ai mes théories et je les garderai pour moi. A vous de découvrir vos raisons, Magik, même si elles sont nombreuses.

« Tant que vous ne me dites pas que je vous ai manqué, provoque-je avec connivence, ou que vous vous êtes faite virée de votre squate. »

Si j’accueilles les autres Maîtres des Arts Mystiques à coup de Dominique, depuis qu’il a réussi à esquiver les présentations avec Jericho Drumm, vous n’en êtes pas une et n’en serez jamais une si votre visite du manoir s’accompli avec lui. Quant à Sophia, elle a besoin de se reposer ; comme d’ordinaire la concernant. Je lui laisse le temps qu’elle ne se laisse pas elle-même. Peut-être la croisera-t-on, peut-être pas. Dans tous les cas, je vais me faire guide et cela commence par tendre une main pour vous présenter le reste de la bâtisse.

« Quitte à faire le déplacement, faisons la visite. »

Mon invitation terminée, j’avance de quelques pas afin de me tenir en biais face à l’arche, sous l’escalier, qui mène au couloir du premier étage.

« Vous avez dans la continuité deux petits salons, la cuisine, la réserve et l’escalier menant au sous-sol, explique-je tranquillement. Inutile de s’y attarder, vous n’aurez l’usage de ces pièces que si vous vous décidez à rester. »

Ce qui est probablement trop tôt, même si vous vous êtes faite virer de là où vous étiez auparavant. Je sais que le centre de Drumm n’est pas le bon lieu, il n’a pas la patience et veut compartimenter deux vies de craintes que l’une ne détruise l’autre, tout comme je sais que les choses pourraient changer rapidement. Ce n’est pas une question d’une demeure cossue. C’est une question de découvrir ce que vous cherchez ; les raisons de votre présence ici.

« Suivez-moi, continue-je tout aussi simplement alors que je me remets en marche vers les escaliers afin d’en grimper les marches une à une. Comme vous le sentez peut-être, le Sanctuaire est animé de l’énergie tellurique. C’est là la source de sa "magie", comme les Limbes semblent être la source de la vôtre. »

Mes explications scientifiques sur les courants telluriques restent limitées pour l’heure. L’électricité qui parcourt la croute terrestre peut être canalisée par l’intrication quantique de manière analogue à la lumière, donnant la base des arts telluriques et Eldritch, mais je ne suis pas encore avancé dans mes théories sur comment cette électricité, ou bioélectricité lorsqu’elle est dans le corps humain, permet de communiquer avec les animaux par exemple. La métamorphose me semble plus tirer vers une superposition quantique avec la forme de l’animal occis tandis que la guérison accélérée peut s’expliquer par la sur-présence d’électricité non-nocive permette d’accélérer le processus de cascade de protéine débutant la cicatrisation puis les charges électriques des enzymes afin que l’accélération perdure. Ce ne sont que des théories. Pour le manoir néanmoins, cela évite d’avoir à payer des factures d’électricité.

Au sommet de l’escalier se trouvent une grande double-porte vitrée derrière une barrière identique à celle du garde-fou de la mezzanine qui entoure le foyer. C’est avec un parfait naturel que je contourne ladite barrière pour atteindre puis franchir ladite porte, arrivant et menant dans un long couloir centra éclairé par des lumières murales comme à travers de nouvelles portes vitrées situées à notre gauche ; sachant que la lumière naturelle ne devrait pouvoir arriver de ce côté, puisqu’il est mitoyen avec le bâtiment voisin.

« La salle à manger et son antichambre à gauche, explique-je alors que je continue de marcher. La salle d’entrainement à droite. »

Elle a aussi une antichambre mais c’est moins perceptible ou usité comme tel. De plus, si Sophia et Dominique ont correctement fermé les portes de bois, il est impossible de voir l’intérieur de cette pièce ; vide, la plupart du temps. Outre l’étrangeté de ce décor sensément impossible selon notre position dans l’espace, c’est au fond du couloir que se trouve le plus improbable ; lequel éclaire tout autant que le foyer, d’ailleurs.

Chaque pas nous approche de cette rotonde donnant sur trois extérieurs différents. Un souffle chaud s’échappe de la porte de droite, ouverte sur un désert, et un souffle humide s’infiltre de la porte de gauche, entrouverte sur une forêt tropicale. Seule la porte du milieu est fermée, sa vitre laissant voir les montagnes himalayennes. A droite de chacune de ses portes-fenêtres à double battant se trouve un cercle runique de la taille d’une main, qu’il est possible de tourner pour faire changer le point de liaison de la fenêtre sur le monde.

Sans rien dire afin de cultiver le mystère et votre intérêt sur le point "magique" le plus évident, je m’arrête simplement pour vous laisser le regarder… voire le toucher, cela ne me surprendrait en rien. Vous n’allez pas avoir le bon sens de le faire avec le passager clos, n’est-ce pas jeune fille ?

Je devrais me vexer d’être aussi transparente ? N’importe qui verrait que je suis nerveuse en vérité. Et j’ai tout à fait conscience qu’il agit avec moi un peu comme on le ferait face à un animal sauvage que l’on craint d’effrayer. Ou peut-être agit-il toujours de la sorte, lentement et avec circonspection. Je ne sais pas trop quoi en penser pour être tout à fait honnête. J’aime bien, l’idée de faire peur ou de… Pas forcément d’impressionner, même si c’est cool, mais de bousculer les gens. D’un autre côté, je doute qu’il puisse être impressionné ou désarçonné par quoi que ce soit. Et puis, si je suis là, c’est – outre l’insistance de Lockheed – que j’ai potentiellement, un peu, peut-être, envie de voir ce que ça pourrait donner… « Il y avait beaucoup de monde à Kamar-Taj. Je ne passais pas plus inaperçue, mais c’était plus facile de ne pas être vue, paradoxalement. » Je hausse une épaule. « Et je n’avais jamais été au Tibet. » Ça n’explique ou ne justifie rien, mais sans doute l’excitation de voyager si loin a-t-elle aidé à faire passer le reste.

Comme la Cape. Je me penche d’ailleurs un peu pour lui faire coucou, sans attendre de réponse de sa part. Elle est aussi reloue que son proprio, ça je j’ai bien compris. Même si j’ai eu le droit à un au revoir l’autre fois. Je lève de nouveau le regard vers le plafond, l’escalier et les murs, mes yeux sans doute un peu trop brillants. Une maison magique. Avec trop de cheminées. Ça vaudrait presque notre refuge.

Et ce n’est pas du tout innocemment que je pose les questions suivantes. Évidemment, rien ne me dit qu’il dira la vérité, mais… au moins je demande. « Les autres ? Les autres sorciers ? Ce n’est pas la maison qui… gère les intrusions ?… Et donc là… Je peux sortir ? Et revenir ? » Encore une fois, rien ne me dit que ce qui est valable maintenant le serait plus tard, mais peut-être que ça me rassurerait un peu. Illogique mais pas totalement insensé d’après moi.

Quant à la raison de ma venue, Lockheed pourait sûrement dire que j’ai été habitué à ne plus être seule, à avoir des gens sur qui compter, et qui comptaient potentiellement pour moi, et que j’aimerais sans doute retrouver un peu de cette confiance et de ces relations. Ce serait ridicule et saugrenu. De mon côté, je pourrais évidemment dire que je suis curieuse. Intéressée. Attirée.  Par sa magie. Par sa proposition. Par la Cape. Par… ce qu’il représente. Ce qu’il pourrait m’offrir. Et putain, qu’est-ce que ça craint !

Je ricane à réponse, secouant vaguement la tête. « Aucun risque. J’ai mis des jours à faire partir votre empreinte des Limbes. Et non, figurez-vous que j’ai toujours mon squate. Je crois. » Il faut dire que j’évite de croiser les responsables et autres animateurs du centre en question.

Je l’observe un instant et finis par hocher la tête en avançant d’un pas, puis d’un autre. Un coup d’oeil dans le couloir avant de lui emboîter le pas. Est-ce que je sens quelque chose ? Je n’en sais rien. Je sens ma magie, mes Limbes, je sens que je peux y avoir accès et ça m’est suffisant pour le moment. « L’énergie de la Terre c’est ça ? C’est de là que vous tirez votre magie aussi ? » Et moi, je pourrais y avoir accès aussi ? Je serais encore plus forte, ce serait hyper classe. Pour cela, il faudrait accepter de l’écouter et de suivre des cours. Beurk, des cours. Je roule des yeux, sans rien ajouter à haute voix pour autant.

Je le suis sagement, notant les informations qu’il me donne, observant à chaque porte entrouverte que l’on croise. On est d’accord que l’agencement et la taille du couloir ne colle pas du tout avec l’extérieur hein ? Il semblerait en effet que le Sanctuaire ne réponde aucunement aux lois connues de la physique… ou qu’il existe dans un espace différent. Magique ouais. Comme le sac de Mary Poppins ou les tentes des sorciers.

Mais le fond du couloir attire mon attention et je m’en approche sans chercher à cacher ma curiosité. Ou ma fascination. Je détaille du regard les trois portes et leur paysage. On pourrait croire à des écrans géants, allumés sur quelques horizons aussi incroyables que réalistes, si ce n’était la chaleur et l’humidité qui s’en dégagent. On peut s’y rendre tu crois ? Ça marche vraiment ? Ce ne serait pas étonnant. Ça, c’est TROP cool ! « Ce sont des… téléportations directes ? Des portails de téléportation ? En continue ? Comment elles fonctionnent ? On peut changer les destinations ? » Je ne jette qu’un brève regard au sorcier avant de me rapprocher des portes. Celle du milieu, je connais. « C’est Kamar-Taj ? » Je frôle la vitre des doigts. Si je l’ouvre, on se bouffe une avalanche ? Une rafale de vent à nous geler sur place ? Ce serait amusant. C’est tentant. Mais je me tourne vers celle laissant apercevoir des dunes de sable que l’on devine brûlant, au ciel d’un bleu tellement lumineux qu’il éblouit et où l’on distingue au loin… des chameaux ? Je n’ai jamais vu de chameaux. Ni été dans un désert. Je tends la main en souriant. « ça marche pour tout le monde ? C’est où ? On peut y aller ? » Question rhétorique s’il en est étant donné que ma main passe, suivie du reste de mon corps.

Et whaouh ! Ptain il fait tellement chaud ! « T’as vu ça ? T’as vu où on est ?! »

J’ouvre un portail, laissant le petit dragon prendre son envol et admirer le désert avec moi. Je lève le nez vers le soleil. Je devrais pouvoir faire ça. Aller aussi loin. Aller n’importe où. « Il y a des trucs dans le coin ? Un Sanctuaire ou je ne sais pas quoi ? » Non je n’ai pas vérifié avant qu’il m’avait suivi, ni même si je pouvais faire demi-tour, c’est évident non ?

Les explications que vous me donnez raisonnent comme un "il y avait plus de monde donc j’avais plus à faire de l’esbrouffe, là vous êtes tout seul donc c’est plus dur". A loisir : j’ai déjà gagné notre première joute verbale et je ne doute pas le faire de s’il en est une nouvelle aujourd’hui. Il me faut simplement ne pas vous faire fuir en m’exprimant comme vous le faites d’ordinaire. Avec de la mauvaise foi ? C’est de la mauvaise fois que d’ajouter que vous n’aviez jamais été au Tibet.

« Ce qui n’a pas changé puisque Kamar-Taj est au Népal. »

Je ne blâme en rien une ignorance que le système scolaire, sous réserve que vous ne soyez pas déscolarisée, n’aurait pas pour but de compenser. Je raille cependant, oui. Avec nonchalance d’ailleurs. J’ai presqu’autant de talent dans ce domaine que la Cape qui ne réagit nullement à la salutation manuelle.

La crainte s’alimente elle-même et les réponses aux questions entrainent, comme il se doit, toujours plus de questions. J’acquiesce simplement afin qu’un mot tu répondes avec simplicité à cinq questions énoncées. Il n’est pas question pour moi de parler des protocoles défensifs des Maîtres des Arts Mystiques. Il est néanmoins question de rassurer. Nous avons peut-être dépassé la provocation défensive la dernière fois et, si tel est le cas, j’ai intérêt à ne pas être contreproductif avec mon appréciation de celle-ci. Ce que la provocation suivante n’a pas l’air de déclencher d’ailleurs :

« Aucun risque, me répondez-vous face au fait que vous ne me direz pas que je vous ai manqué, m’amenant un ricanement appréciateur à mon tour. J’ai mis des jours à faire partir votre empreinte des Limbes. »

Je considère un instant les moyens que vous avez de "faire le ménage" au sein de l’autre monde. Ainsi que le fait que je ne sois pas le seul à m’y rendre. Que vous perceviez les empreintes des gens au sein des Limbes est un point positif : cela limite les risques de découvertes déplaisantes. Pour moi, en tout cas. Quant à la croyance que vous ayez toujours votre squatte, je vous accorde un regard dubitatif. Ni plus, ni moins. La précision était belle mais il ne s’agirait pas de s’arrêter à cela. C’est donc ainsi que cela se finit.

Comme anticipé, l’aspect magique vous intéresse bien plus que les pièces où j’énonce clairement qu’il est inutile de s’attarder. J’espère que le message d’hospitalité n’est pas passé inaperçu mais c’est encore quelque chose que je saurais à l’avenir ; non maintenant.

« L’énergie de la Terre c’est ça ? C’est de là que vous tirez votre magie aussi ?

- C’est cela, réponds-je simplement à la première question avant de m’attaquer à la seconde. Les Arts Mystiques sont des arts martiaux internes, focalisés sur les aspects mentaux, spirituels et énergétiques. Certains enseignent à canaliser des énergies externes, comme la lumière ou l’électricité terrestre, tandis que d’autres se focalisent sur des énergies internes, comme l’activité neuro-électrique de notre cerveau ; notre esprit. »  

Si Magik dépend réellement d’une forme de "magie", de la capacité naturelle d’un corps à canaliser l’énergie des Limbes, d’autres pourraient développer les mêmes pouvoirs qu’elle. La mutation peut être l’équivalent inné voire renforcé de la pratique d’un art mystique, comme c’est le cas pour les télépathes et la manipulation de "l’énergie psychique" ; l’oscillation électromagnétique émise par le cerveau et que j’appelais précédemment activité neuro-électrique car c’est plus aisé à imaginer.

Le Manoir n’est pas le TARDIS : il n’est pas plus grand à l’intérieur qu’à l’extérieur. Il est aisé de penser cela du fait des fenêtres à notre gauche qui devraient donner dans le bâtiment voisin ; à l’intérieur de celui-ci. La réponse se trouve en bout de couloir avec la Rotonde des Passages et je baisse le visage avec un petit sourire satisfait à votre réaction la concernant.

« Oui, confirme-je à l’évocation de portails de téléportation. Les trous-de-ver ont été stabilisés dans les cadres et les cercles runiques permettent de transporter les Passages en d’autres endroits. Le déplacement instantané est l’une des capacités du Sanctuaire de New York.

- C’est Kamar-Taj ?

- En effet. »

Je serre les poings à défaut de me mordre la langue à vous voir approcher vos doigts de la vitre mais je ne dis rien. La Rotonde des Passagers est une plaie pour le ménage, si l’on peut éviter d’avoir des traces de doigts à l’intérieur c’est apprécié. Néanmoins, c’est un détail dont je m’abstiens. Il ne faudrait pas gâcher votre émerveillement pour une tâche que Dominique pourra effectuer ; je n’impose pas le ménage à Sophia tant qu’elle mène ses doubles journées.

« Ça marche pour tout le monde, m’interrogez-vous alors que votre main s’en va vers la chaleur et la lumière et que mes pas reprennent pour me mener à votre côté. C’est où ? On peut y aller ?

- Il suffit de tourner le cercle pour changer la position, explique-je en désignant l’objet à droite de la porte tout en demandant mentalement au Sanctuaire de fermer la fenêtre. C’est dans le Sahara égyptien mais on va éviter de perturber les locaux avec une fenêtre volante. Je vous laisse chercher la nouvelle destination… »

Et je me dis qu’il va falloir allumer une cheminée ou deux. Le souvenir de la première fois que j’ai manipulé la Rotonde des Passages est clairement terni par le combat qui a suivi et le fait que je l’ai cassée afin d’y survivre. Ce qui est mieux que ce que le frère ainé Drumm a réussi à faire même si je n’avais pas les compétences pour le sauver. L’utilisation de la Pierre du Temps l’aurait permis mais s’eut été un nouveau crime comme la réalité, du point de vue des Maîtres des Arts Mystiques, ainsi m’en suis-je abstenu. Comme pour l’Ancienne, nous avons observé les rites funéraires à Kamar-Taj et, pour Daniel Drumm, à Port-aux-Princes.

Ma main retombe et mes narines expriment l’étendue de mon soupire alors que la Rotonde des Passages se referme derrière une Magik qui ne m’a pas écouté et est allée se balader sur un autre continent. Non Stephen, ne cède pas à la tentation de changer tout de même la fenêtre d’emplacement parce que la gamine qui l’a traversée peut se téléporter jusqu’à toi. Même si c’est très tentant.

Je rouvre la fenêtre à la main alors qu’un portail sur les Limbes permet à Lockheed de venir faire la découverte d’un nouveau lieu, très apprécié en hiver afin de chauffer.

« Le Sanctuaire est guidé par les courants telluriques majeurs, explique-je en haussant la voix pour être entendu. Il y a des anciens temples égyptiens dans le coin, à ma connaissance. Je n’ai jamais exploré la région mais le tourisme attendra. »

Ce n’est pas tellement une demande, plus l’énoncé d’un fait.

J’ouvre la bouche pour la refermer aussitôt. Le Nepali est le langage du Nepal, pas du Tibet. Ah ouais, on en avait parlé c’est vrai. Je hausse les épaules. « C’est pareil, je n’y étais jamais allée non plus. » Et puis, c’est dans le même coin, je suis sûre que c’est exactement pareil. Et non, je ne vais pas me vexer pour si peu, je ne suis pas si susceptible que ça. Pas sur ce genre de domaine… sujet… chose en tout cas. Pas plus que je ne me vexe de la non-réaction de la Cape. Un peu déçue oui, mais j’ai bien capté que c’était une Cape magique aussi classe que reloue.

J’en viens rapidement au sujet principal, enfin à celui qui m’importe le plus dans l’immédiat. Je le dévisage quelques secondes, avant de me téléporter sur le toit de l’immeuble voisin, inspirant profondément l’air pollué de la ville. Libres. Okay. On est toujours entiers. On ne le sera peut-être pas en y retournant. Ce que je fais évidemment aussitôt, réapparaissant à l’endroit exact où je me tenais juste avant, sans rien ajouter. Je me suis suffisamment expliqué, je ne vais pas me justifier non plus. Peut-être que je retenterai en cours de route qui sait.

On passe rapidement sur les Limbes et mon euh logement actuel dans un des centres pour ados du coin, et il entreprend de me faire visiter les lieux.Par politesse ? Je ricanerais presque à cette idée, même s’il doit avoir un certain… degré de pédagogie. C’est ça le terme hein ? Ouais, c’est ça. Enfin bref, avec les maîtres et apprentis que j’ai vu, il doit bien être obligé. Pour m’appâter ? J’en doute. Pour continuer de me jauger ? Possible. Peut-être qu’il aime juste expliquer tout et n’importe quoi, pour partager son savoir, et blablabla. Ouais, ça, il aime bien s’écouter parler aussi.

« Des arts martiaux… créant de la magie ? » Non mais j’ai saisi l’idée, je trouve ça amusant, c’est tout. « Donc d’après vous, je canaliserai l’énergie des Limbes, une énergie externe, pour mes téléportations et le reste. » Je lui jette un coup d’oeil. « Mais ça pourrait tout aussi bien être mon esprit qui a réussi à créer mes Limbes, avec mon activité neuro-electrique comme vous dites. Non ? » Je continue d’observer autour de nous, haussant les épaules comme si cela n’avait guère d’importance. Et c’est le cas, il pourra bien dire ou penser ce qu’il veut, ça ne changera pas cette certitude. Mes Limbes.

On arrive au bout du couloir et j’oublie momentanément toutes ces considérations, bien trop fascinée par ce qui s’offre à moi à travers ces trois portails. Plutôt ironique venant d’une téléporteuse j’en conviens. Mais je n’ai jamais rien vu de tel. « C’est incroyable. » Des trous-de-ver ? Je croyais que personne ne savait ce que c’était, ou du moins de quoi c’était fait, ou de comment… Lockheed s’apprête à répondre, mais je secoue la tête. Laisse-tomber, je pigerai que dalle. Et je l’écoute quand il m’explique comment changer la destination, mais ça ne m’intéresse pas trop pour le moment. Le sahara égyptien c’est cool, je n’ai pas envie d’une nouvelle destination.

Et c’est aussi rapide et aussi efficace que mes téléportations. Je fais venir Lockheed en soufflant un rire, le nez toujours levé vers le soleil. Je vais sans doute être aveugle pendant dix minutes après ça. Je me retourne néanmoins, une main en visière, alors que le vieux reprend la parole. Ah, c’est pour ça que sa voix était étouffée. « Vous n’êtes pas curieux ? Vous y êtes déjà allé ? » Je me rapproche, mes pieds s’enfonçant dans le sable trop chaud et trop clair, qui s’infiltre à l’intérieur de mes chaussures. Ouais, bon, ça va me gaver aussi. « Y a les pyramides et tout non ? Enfin les temples déjà, ça doit être trop beau ! » Je pourrais trop me faufiler dedans en plus ! Et te retrouver téléporté dans la pierre? « Euh non, je ferais attention en me téléportant assez loin. » … Faut que je regarde l’épaisseur des murs, c’est une bonne idée.

Je repasse le portail et me secoue, mettant possiblement un peu de sable autour de moi, avant de récupérer mon ami ailé. Je cligne des yeux pour me réhabituer à la luminosité. « On pourra y retourner ? Visiter ? Tout le monde a besoin de vacances vous savez ! » Ou moi toute seule ? Pas sûre d’avoir le droit. Tu n’auras le droit à rien si tu ne fais pas partie du Sanctuaire jeune fille. Je perds un peu de mon enthousiasme alors que je fixe à nouveau le docteur. « Vous avez d’autres objets aussi classe ? » Une hésitation avant que je ne roule des yeux en soupirant. « Ou des choses que je devrais savoir ? » Ça ne veut absolument pas dire que je vais revenir, ou que je veuille faire partie de tout ce cirque, mais… Que je sache au moins à quoi m’en tenir. Je prends des renseignements c’est tout.

J’écoute la pointe de mauvaise foi, au fait que le Tibet et le Népal "c’est pareil" car vous n’y êtes jamais allée, avec un petit sourire amusé. Malgré vos efforts dans le domaine, je reste bien plus efficace et vous restez bien plus réactive lorsqu’il s’agit de railler. L’expérience.

L’expérience de téléportation que vous faites me laisse plus perplexe. Vous ai-je suffisamment vexée pour que vous partiez ? Non : vous revenez rapidement. Les choses continuent donc comme prévu sans que je commente ce test.

Je m’abstiens aussi de commenter la perplexité amusée dont vous faites preuves : "Des arts martiaux… créant de la magie ?". C’est pour cela que la "magie" est pour moi moins magique que la mutation : que chaque corps humain soit capable d’interactions quantiques avec son environnement me semble plus facile à expliquer que le fait qu’un unique gène crée des pouvoirs aléatoires différents à chaque individu au lieu d’une trisomie.

« Donc d’après vous, je canaliserai l’énergie des Limbes, une énergie externe, pour mes téléportations et le reste, m’interrogez-vous du regard en m’amenant à acquiescer pour confirmer. Mais ça pourrait tout aussi bien être mon esprit qui a réussi à créer mes Limbes, avec mon activité neuro-électrique comme vous dites. Non ?

- Pas en l’état actuel de mes connaissances, explique-je sereinement sans dissimuler le fait qu’il soit vaste mais qu’il soit incomplet. Il y a une espèce extraterrestre capable de cela et l'un d'eux a déjà pris forme humaine. Corrigez-moi si je me trompe mais vous êtes née sur Terre, non dans les Limbes, n'est-ce pas ? Ici, s’il existe une mutante capable de manipuler la réalité, elle est loin d’être capable de créer un monde entier. »

Et heureusement pour nous, considérant ses troubles mentaux. Je ne pense pas que Wanda ou Willow auraient amenées la destruction du monde si elles avaient pu le faire. Il n’en reste pas moins qu’être capable de créer un monde est un pouvoir qui n’est, en l’état actuel de mes connaissances, qu’accessible aux Célestes. Wanda et Willow sont partiellement corrompues par la Sombremprise de l’une des quatre entités planétaires de la Terre dont la puissance reste donc logiquement inférieure à un Céleste ; même si c’est là pure spéculation. Je ne pense pas qu’aucune créature sur Terre soit capable de survivre à un tel affrontement et je ferais tout pour l’empêcher de se produire. Ce n’est pas un problème que les Avengers pourraient résoudre : si la force brute seule est nécessaire, c’est à eux de jouer. S’il faut s’arranger avec les forces de la nature et du cosmos, c’est à moi. Et aux Maîtres des Arts Mystiques, puisque j’essaie de les décentraliser.

Finirez-vous par en être une ? Je regarde votre émerveillement comme je contemple cette éventualité. Puis vous me rappelez qui vous êtes, vous dont je ne connais même pas le vrai nom.

« Je suis curieux mais je dois être prudent. Les temples sont des endroits ayant servi de lien entre le peuple égyptien et les membres de la race extraterrestre de l’Ennéade. Je ne m’y rendrais pas si je n’ai pas l’intention de le renouer. »

Je sais comment les Ennéades fonctionnent dans les grandes lignes. Un avatar humain, comme Black Panther pour Bastet, se charge d’exercer leurs volontés et intérêts sur Terre ; s’il y a lieu. A l’exception de la déesse-chat suscitée, les Ennéades n’ont guère plus d’intérêt pour notre planète… même si l’implication dans le Snap et le Blip a pu faire changer cela. Ils agissent à l’échelle individuelle cependant et non à l’échelle civilisationnelle. Tant mieux pour moi.

« Les pyramides sont des tombeaux, explique-je calmement après un instant d’hésitation dû à une déclaration prudente mais ne me semblant pas destinée à ma personne. Elles n’ont pas grand intérêt. »

Même si je ne pense pas qu’il y ait encore des dangers comme le mutant En Sabah Nur enfouis dans l’une d’elles. Je me demande si la montée en puissance de ce mutant n’est pas liée au déclin d’intérêt des Ennéades pour la Terre. Les informations sur le sujet sont plus difficiles à trouver que celles concernant les Asgardiens et leur conquête de Midgard ; lesquelles ont été révisées par Odin lorsqu’il a décidé de cesser d’être un conquérant galactique et qu’il est plutôt devenu un protecteur, y laissant au passage sa fille ainée qui voulait continuer d’apporter mort et destruction.

Le sable égyptien quitte mes bottes pour s’en aller sur le sol du Sanctuaire lorsque la Cape de Lévitation m’y dépose à nouveau. Je constate la situation avec une inspiration blasée puis secoue simplement mes chausses alors que la téléporteuse qui m’accompagne continue ses enfantillages ; sans rien de négatif à cela.

« On pourra y retourner ? Visiter ? Tout le monde a besoin de vacances vous savez ! »

Je ne peux m’empêcher un pouffement à la conclusion. Mes pensées s’évadent ensuite à Raven et à Haïti, pour la journée que nous y avons passée et l’expression de cette même thèse. Mon sourire est aussi énigmatique que doux. Jusqu’à ce que la curiosité aussi enfantine que précédemment ne me rattrape. Ai-je des objets aussi classe ? Mon sourire devient mystérieux et je me dirige vers l’escalier dont les deux bras de fer à cheval sont de part et d’autre de la Rotonde.

« Ou des choses que je devrais savoir ? »

Voilà qui m’interrompt et me fait lever un sourcil interrogatif alors que je me retourne partiellement vers vous. Je dirais un bon quart.

« J’ai d’autres choses, oui, acquiesce-je simplement. Peut-être pas aussi classes, cependant. Quand à ce que vous devriez savoir… »

J’hausse une épaule.

« Tout dépendra de ce que vous déciderez. »

Je me retourne et entreprends de marcher vers l’étage supérieur tout en continuant de parler.

« Vous savez que je peux vous aider. Vous savez que je suis prêt à le faire. Vous voulez savoir le prix ? »

Les deux escaliers en fer à cheval se rejoignent pour donner sur un couloir, miroir du précédent dans le fait qu’il traverse également le manoir en son centre. Le mobilier est toujours cossu tandis que la lumière artificielle se voit compléter non-plus par des portes de verre mais par des fenêtres aux extrémités ; incluant celle qui accompagne l’escalier que nous venons de franchir. Toutes les portes sont de bois et la présentation est aussi simple qu’accompagnée de sous-entendus.

« Voici un étage principalement consacré aux chambres, explique-je brièvement alors que je m’avance dans le couloir jusqu’au puits de lumière identique aux deux étages au-dessous mais n’allant pas jusqu’à celui au-dessus. Elles sont quatre et il n’y en a qu’une d’occupée. Mon autre apprentie ne vit pas ici. »

La croisera-t-on ? J’ignore où elle se trouve actuellement mais ce n’est pas impossible. Le Sanctum est grand mais pas si grand. Il nous reste encore un étage à faire et l’escalier droit s’élance au-dessus de l’atrium pour y monter. De l’éclairage naturel en provient mais il est filtré par un complexe vitrail qu’il n’est pas encore possible de voir.

« Si mon aide vous permet de ne pas être un danger pour les autres, je vous la fournirais. Si elle vous permet de vous épanouir en plus de cela, c’est tant mieux. Si elle vous inspire à aider les autres ou à m’aider moi dans mon aide et ma tâche de protection de notre monde, c’est parfait. Dans tous les cas, c’est votre choix. »

Il porte bien son nom quand même. Quoi que Professeur aurait été encore plus adapté que Docteur.  Oui, il était docteur, je sais, il y tient, comme si c’était la seule chose qui le définissait. Ce que je trouve un peu triste d’ailleurs. Mais, pour en revenir au sujet, j’ai rarement vu plus professoral et… pas ennuyeux non, pas tant pour le coup, mais il a cette arrogance qu’on imagine toujours chez les profs et autres ayant obtenus plus de diplomes que je n’ai lu de livres…  avec ce léger, très léger, égo surdimensionné. Qui est sans doute en partie justifié j’en conviens. Il n’est pas si condescendant je trouve. Et il reconnaît ne pas tout connaître. Ce qui ne rend pas mes observations fausses pour autant.

« Je ne peux pas être née dans les Limbes, étant donné que je les ai créées. » Quoi qu’il en dise. Et ça ne veut rien dire, que je sois humaine ou non, ça ne change rien. « Je suis née en Russie. Et je fais partie de la famille de Raspoutine si vous voulez tout savoir. Le seul et unique ouais. » Je fronce un peu les sourcils et penche la tête sur le côté. « Vous connaissez une mutante capable de manipuler la réalité. Pourquoi serait-il impossible à une autre de créer un monde entier ? » Je le fixe de mes grands yeux innocents avec mon air le plus angélique possible. « Les gens pensent toujours que quelque chose est impossible tant que quelqu’un ne l’a pas fait. Peut-être que mon pouvoir est supérieur à ce que vous connaissez. Peut-être que je suis plus puissante que cette autre mutante, ou qu’un être semi-divin allez savoir. Il faut bien une première à tout. » Un haussement d’épaules. « Peut-être que les seules limites existantes réellement sont celles que l’on s’impose. » Tu as lu ça dans un gâteau chinois ? Possible. Ou dans un de ces mantras quotidiens à la con. Mais ça sonne bien ! Et puis, encore une fois, ce n’est pas faux pour autant.

Et en parlant de premières fois, non seulement je mets les pieds en Egypte, je vois le Sahara, en passant par un trou-de-ver. C’est fun ! Plus fun que doc rabat-joie. « L’Ennéade ? Il y a vraiment des extra-terrestres qui  ont aidé à construire les pyramides ? Comme dans Stargate ? Vous croyez qu’on peut encore les contacter ?… Vous savez que j’ai encore plus envie d’aller voir dans un temple du coup ? » C’est un peu le principe de dire de ne pas toucher à quelque chose, tu as FORCEMENT envie d’y toucher. « Qui dit tombeau dit momie ! Elles doivent s’emmerder, je suis sûre que ça me ferait plaisir qu’on vienne me voir après dix mille ans. » Ce n’est pas si vieux Illyana. Tu chipotes. Le sable doit bien avoir cet âge-là en tout cas. Non ? Vache, c’est fou ce que s’infiltre partout.

Je me fige une seconde, haussant un sourcil, en l’entendant rire. Enfin non, même pas. Pouffer, il pouffe. Parce que j’ai parlé de vacances ? Tu crois qu’il prend des vacances ? Ce serait trop bizarre. Tu viens pourtant de dire que tout le monde avait besoin de vacances. Certes. Vache, il sait sourire. T’as compris ce que je voulais dire.

Il se dirige vers l’escalier, s’arrête et se tourne vers moi. T’as vu ? Je suis trop douée pour attirer son attention. Le talent. Une moue de ma part alors que j’approuve néanmoins. Entre la Cape et les portes, ça peut être difficile de faire mieux. Je laisse néanmoins filer un pseudo grognement quand il continue.

« Laissez-moi deviner. L’exploration de mes Limbes ? Mon soutien inconditionnel ? Et je n’ai jamais dit avoir besoin d’aide. » Je me suis possiblement un peu renfrognée à cette phrase. Trop pour que ça ne me vexe pas… ce qui est ridicule. Un vague coup d’oeil aux portes des chambres, qui ont l’air super grandes. « Celle occupée, c’est la vôtre ? Ou il y a une autre personne qui vit ici ?… Votre premier apprenti du coup ? C’est super grand pour deux personnes. Pourquoi elle ne vit pas ici, votre autre apprentie ? » ça veut dire qu’on ne croiserait pas grand-monde en vivant ici, c’est plutôt une bonne chose. Ah… Le silence, ou l’absence de répartie du dragon, qui suit cette pensée est encore pire que la pensée elle-même. Ça craint si j’y pense aussi naturellement toute seule. Pour la peine, je me focalise sur l’escalier qui mène à l’étage supérieur, non sans me mordiller nerveusement l’intérieur des joues.

Je m’arrête pour le fixer. « Vous ne savez même pas qui je suis, d’où je viens, ou ce que j’ai pu faire. Pourquoi vous voudriez m’aider ? Pour sauver le monde de ce que je pourrais faire ? Ou être ? » Une mutante capable de créer des mondes et un dragon du coup ? J’avoue que ça claque comme pouvoirs. Toujours est-il que je détourne le regard. « En quoi vous pourriez m’aider à ne pas être un danger ? J’ai déjà un dragon en guise de conscience, je n’ai pas besoin d’un vieux con en plus. » Un coup d’oeil à la peluche. Quand c’est toi, c’est cool, j’aime bien hein, ne te vexe pas. Je ne le prends absolument pas mal. Je passerai mon temps à être vexé si c’était le cas. T’abuse ! « Protéger le monde entier, c’est un peu narcissiquement démesuré, même pour vous. » Un silence. «  Vous pensez que je pourrais apprendre à maîtriser votre magie en plus de la mienne ? Et devenir encore plus puissante ? » Ce n’était pas forcément la meilleure question à poser, mais ça compte.

« Et je n’ai pas besoin de vous pour aider… essayer d’aider… apprendre à essayer d’aider. » Super convaincant, continue comme ça. Je soupire, reprenant sur le même ton indifférent. « La dernière fois qu’on a dit vouloir m’aider, je me suis retrouvée enfermée. Ça ne s’est pas très bien terminé. » Une grimace, puis un sourire. « Y a quoi là-haut ? »

Vous ne pouvez pas être née dans les Limbes, étant donné que vous les avez créées ? J’ai un petit sourire en coin à cela étant donné que c’est précisément ainsi que c’est passé le précédent sur lequel je me base pour poser la question. Oui, j’envisage que, si vous êtes réellement un démiurge, le corps que j’ai en face de moi ne soit qu’une création de plus dans laquelle vous ayez transféré votre conscience ; comme Ego le faisait. Les explications sur la Russie et l’appartenance à la famille d’un mystique à l’appétit sexuel démesuré m’effacent le rictus. J’acquiesce sobrement.

« Vous connaissez une mutante capable de manipuler la réalité. Pourquoi serait-il impossible à une autre de créer un monde entier ?

- L’échelle, réponds-je simplement.

- Les gens pensent toujours que quelque chose est impossible tant que quelqu’un ne l’a pas fait, est une déclaration qui ne me fait nullement sourire tant elle est vraie ; et problématique. Peut-être que mon pouvoir est supérieur à ce que vous connaissez. »

J’ignore jusqu’où s’étend le fantasme d’adolescence et nos ignorances à tous les deux. J’ai affronté des êtres capables de détruire des mondes entiers ou d’effacer la moitié de toute vie dans l’univers. Je connais l’existence du Tribunal Vivant et de Celui-au-Dessus-des-Autres. Nul pouvoir ne les rivalise à ma connaissance et à mon espérance ; sans quoi notre multivers pourrait être condamné. Néanmoins, je vois également l’échelle que vous imaginez. L’échelle humaine. Peut-être êtes-vous la plus puissante mutante de ce monde. Je ne vous le souhaite pas. Peut-être êtes-vous la plus puissante magicienne de ce monde. Je ne vous le souhaite pas non plus. Si c’était le cas, il semblerait logique que les forces qui tâchent de s’approprier les puissants mutants ou les puissants mystiques soient à l’œuvre, que ce soit visiblement ou en coulisse. Cela me fait prendre une inspiration pleine d’appréhension.

« J’irais savoir, confirme-je avec tranquillité lorsqu’il est question que vous soyez plus puissante que "cette autre mutante, ou qu’un être semi-divin allez savoir". Essayez de créer par votre esprit d’autres Capes de Lévitation au sein des Limbes. Si vous modulez réellement la matière et créez la vie, cela ne devrait pas être compliqué. »

Vexant pour la Cape qui me met une tarte à ce sujet malgré sa connaissance de mon absence de croyance à ce sujet, aussi. Je baisse le regard sur le col rougeoyant qui ne reste tout de même sur mes épaules. Les limites morales sont celles que l’on s’impose. Pas les limites physiques. Néanmoins, je vois bien la crise d’adolescence dans ce genre de phrase : refuser l’autorité, qu’elle soit des adultes ou des lois de l’univers.

Le sujet étant clos, on en revient aux divinités extraterrestres. Et à la crise d’adolescence face à l’autorité. Je reste mystérieux face à l’implication des Ennéades dans la construction des pyramides ; celles-ci ne sont pas des lieux de culte mais des tombeaux ainsi est-il seulement le génie humain à remercier pour leur existence. Quant à Stargate… la comparaison n’est pas fausse.

« Les divinités égyptiennes ne sont pas des vers, réponds-je donc lorsque j’ai le temps d’en placer une face à l’excitation de la jeunesse, mais elles s’invitent en effet dans le corps d’humains pour en faire leurs avatars. A moins que vous espériez l’expérience, je vous déconseille d’essayer de les contacter. Quant aux momies… elles n’ont pas dix mille ans et elles sont mortes. Laissons-les ainsi. »

Je conclus par un soupir. Puis il est question de vacances tout court et non de faire des vacances aux momies. De rire. De quitter le second étage pour monter au troisième. Du prix de mon aide. "L’exploration des Limbes" ? C’est en cours depuis pratiquement un millénaire, je dirais. Et j’ai demandé la permission de le faire la dernière fois. Donc non. "Le soutien inconditionnel" ? Non plus. Quant au fait que vous n’ayez "jamais dit avoir besoin d’aide", je continue ma marche. A vous de suivre ou d’être laissée derrière, mademoiselle Raspoutine.

Vous le faites.

Que la chambre occupée soit la mienne ne me fait pas répondre immédiatement : vous n’avez pas fini de parler. Vous arrivez même à trouver les propres réponses à vos questions une fois que vous avez fini d’analyser mes mots.

« C’est super grand pour deux personnes, est là-encore un point qui obtient mon accord. Pourquoi elle ne vit pas ici, votre autre apprentie ?

- Parce qu’elle n’en a pas besoin. »

Ce n’est pas plus compliqué que cela. La notion de besoin. Pas de demande. Tout comme vous n’avez jamais demandé à être aidée.

Vous vous arrêtez. Je m’arrête. Je me tourne de biais vers vous. Vers le fait que je ne sache même pas qui vous êtes. D’où vous venez. Ce que vous avez pu faire. C’est vrai. Pourquoi voudrais-je vous aider ? Vous trouvez des réponses toute seule, Magik. Vous trouvez les réponses que vous craignez. C’est ce que vous me dites lorsque vous détournez le regard après m’avoir dit des choses déjà énoncées.

« En quoi vous pourriez m’aider à ne pas être un danger, est une question qui m’amène à me tourner complètement pour vous faire pleinement face, stoïque. J’ai déjà un dragon en guise de conscience, je n’ai pas besoin d’un vieux con en plus. »

Allez jusqu’au bout du chemin, mademoiselle Raspoutine. J’attends.

« Protéger le monde entier, c’est un peu narcissiquement démesuré, même pour vous. »

Je penche le visage et lève les sourcils en une question muette.

« Vous pensez que je pourrais apprendre à maîtriser votre magie en plus de la mienne ? Et devenir encore plus puissante ? »

Mon expression interrogatrice se fane pour de la tristesse. Il est donc question de pouvoir, chez vous. Reste à savoir pourquoi faire.

« Et je n’ai pas besoin de vous pour aider… essayer d’aider… apprendre à essayer d’aider. »

Face aux hésitations et à la réalisation progressive, je m’adoucis. Vous n’avez pas besoin de moi pour vous contredire sur ce fait. Vous le savez. Et je compatis.

« La dernière fois qu’on a dit vouloir m’aider, je me suis retrouvée enfermée. Ça ne s’est pas très bien terminé. »

La tristesse revient mais la compassion reste. Face à votre grimace, je m’apprête à répondre. Face à votre fuite, je me tais. Vous n’êtes pas prête. Cela arrive, néanmoins.

« Le Sanctum Sanctorum, réponds-je en me tournant vers l’escalier menant au quatrième étage. Le Saint des Saints. La salle des Reliques. Et mes appartements pour veiller sur elles comme sur ce lieu. »

Un instant, nous sommes dans le couloir du troisième étage à regarder l’escalier droit.
Le suivant, nous sommes sur le pallier du quatrième étage à regarder l’escalier droit.

Nous nous sommes téléportés jusqu’à son sommet. En levant les yeux, vous pourrez voire au-delà du garde-fou de l’escalier des coffres, des piédestaux et des armoires vitrées contenant toutes sortes d’objets anciens. Des casques, des amphores et des vases, des assiettes et des gobelets, des armes et des armures, un chaudron, des météores, des choses plus étranges encore.

Sur notre droite, une arche carrée ouvre sur un salon privé précède un bureau accompagné de bibliothèques.
Sur notre gauche, similaire ouverture donne sur une chambre accompagnée d’une salle de bain.
Au sol comme au plafond et sur les murs comme sur les baies vitrées des pièces, les motifs fractals sont partout.
Derrière nous, une grande vitre ronde est marquée du symbole des Maîtres des Arts Mystiques, à l’instar de l’œil qui pend sur mon buste.

« Vous savez qui je suis, reprends-je en avançant sur la petite marche au pied du vitrail avant de me retourner vers vous. Lorsque vous serez prête à me dire qui vous êtes, ou ce que vous avez pu faire, vous le ferez. J’ignore comment c’est passé votre dernière fois. Vous savez que, ici, vous ne serez pas enfermée. »

Je n’ai pas besoin d’une pierre d’infinité pour me projeter dans l’avenir et imaginer comment les choses se finiront. Oui, ça sera peut-être mal. Néanmoins, cela pourrait aussi bien se terminer. Contrairement à vous, Magik, je ne me limite pas à vos craintes. L’espoir.