Brave new world

Je soufflais, remontais mes épaules dans un geste de roulement pour les échauffer. J’agitais ensuite mes bras de part et d’autre de mon corps, secouant les mains même si c’était inutile. Je sautillais quelques secondes sur place, balançant ma tête de gauche à droite pour étirer les muscles de mon cou. C’était excessivement cool à voir lorsque j’utilisais mon pouvoir, mais physiquement, c’était épuisant. La force qu’avait le rayon de concussion qui sortait de mes yeux équivalait à plusieurs G, il fallait donc que je muscle régulièrement mon cou, ma nuque, que je les entretienne pour supporter cette puissance.
Fin prêt, yeux fermés, je retirais mes lunettes et les gardais précieusement en main. Aveuglément, je postais ma gauche en avant, prenant fermement appuis sur la gauche, en retrait alors que je positionnais mon corps en avant, pour mieux amortir ce qui allait suivre.

J’ouvris les yeux. Le rayon jaillit faisant exploser la pièce dans une lumière rouge sang. Le trait d’énergie pure alla s’écraser contre la plaque métallique que j’avais précédemment placée au milieu de la pièce, dans un bruit sourd. Dessus, la force de ce rayon de concussion crépitait littéralement en étincelles blanchâtres. Dix secondes, vingt secondes, trente secondes et plus encore, il fallait que je tienne, que je teste et entraine ma résistance. Je pouvais déjà sentir les muscles de ma nuque se tendre, s’échauffer alors que je forçais dessus pour maintenir ma tête, pour garder ce trait horizontal et ne pas perdre le contrôle.
J’avais les bras écartés, poing serrés et je commençais déjà à lutter, grogner alors que la minute approchait. En face de moi, apparaissant à travers toute la puissance de cette énergie pure, la plaque ne cédait pas. Logique, elle faisait environ dix centimètres d’épaisseur et le rayon n’était pas concentré en un point précis. L’objectif était simplement de tester la puissance, ma résistance, de m’entrainer encore et toujours.

Après presque deux minutes passées ainsi, je m’écroulais tout bonnement, vidé. J’avais fini par purger mon corps de toute cette énergie que m’apportaient les particules environnantes. Je chaussais à nouveau mes lunettes et restais quelques instants au sol, à observer cette plaque métallique. Elle était toujours là, intacte. Parfait, cela signifiait que je pourrais recommencer ce soir, demain et tous les autres jours. Ma montre bipa, le timing était parfait, comme toujours avec moi qui aimais tout avoir sous contrôle. Je rejoignais donc le garage, grimpais dans ma voiture et partais –en trombes, en direction du centre-ville.

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Brooklyn pour être précis. À la vitesse où j’avais roulé, il me fallut moins d’une heure pour rejoindre ma destination. Le plus contraignant fut de trouver une place de stationnement dans cette ville qui ne ressemblait en rien à ce que j’avais connu. J’avais clairement d’autres problèmes à gérer que ma frustration, mon énervement face à la circulation cet après-midi ou face au fait que je ne trouvais pas de place. Intérieurement, je bouillais mais me retenais de sortir de mon véhicule, de klaxonner ou d’insulter toutes ces personnes qui défilaient sous mes yeux.
Après quelques minutes à tourner ainsi dans le quartier, à passer et repasser devant ce café où j’avais rendez-vous, je trouvais finalement une place. Heureusement, car mon agacement atteignait son pic et je menaçais de dégoupiller, tant j’avais horreur de n’avoir aucun contrôle sur la situation et surtout d’arriver en retard.

Sortant de la voiture, je remontais le col de ma veste aviateur afin de protéger mon cou du froid ambiant. Fourrant les mains dans mes poches, je fis quelques pas dans la rue, bondée, beaucoup trop vivante et bruyante pour moi et pénétrais dans ce café, où ce fameux rendez-vous m’attendait déjà. Impossible de le manquer, même si je voyais le monde comme personne à travers ces lunettes en rubis-quartz, je ne pouvais pas le manquer. C’était le seul…le seul quoi ? Je n’arrivais pas à me faire à cette vision, à ce que j’avais sous les yeux. Même quand il était venu me chercher pour Jean, j’avais eu du mal. Ça me dépassait, totalement.

« Hey ! », lançais-je simplement en le rejoignant alors que je sentais déjà certains regards peser sur moi. « Je…désolé, j’ai pas l’habitude de…enfin, tu vois. », balbutiais-je, espérant qu’il comprenne de quoi je voulais parler car je me voyais mal l’expliquer. « Merci…merci d’avoir accepté de venir. C’est cool. », dis-je sur le même ton en prenant place en face de lui.      

Non vraiment, j’avais vu beaucoup de choses dans ma vie, enfin, je pensais avoir vu beaucoup de choses. Dans le passé, à ma véritable époque, j’avais vu des choses qui dépassaient l’entendement et pourtant, mon cerveau avait réussi à analyser les informations afin de me les faire comprendre. Même lorsque j’avais été transporté dans cette nouvelle époque, j’avais réussi à comprendre. Je m’étais simplement accroché à ce que je connaissais pour arriver à avancer car quoi que je dise, il fallait avouer que la marche avait été un peu haute pour moi. J’avais eu du mal à m’accoutumer à ce monde parce que…parce que ce n’était pas celui que je connaissais et j’avais besoin de point de repère, j’avais besoin d’éléments concrets pour comprendre comment les choses fonctionnaient. J’avais un esprit cartésien, j’avais juste besoin de rationalité, de logique pour m’accrocher.

Donc je n’y arrivais pas et c’était gênant, parce que mon comportement devait lui paraitre insultant, déplacé. Déjà la première fois que je l’avais rencontré, lorsqu’il était venu me chercher pour Jean, je ne m’en étais pas remis. Un raton-laveur qui parle et là…là en plus, à côté de lui, il y avait cet arbuste qui me fixait avec ses grands yeux noirs dans lesquels je pouvais presque voir mon reflet.
J’avais bien conscience que ma manière d’agir n’était pas la bonne, que cette sensation de malaise devait se lire sur mon visage. Le…l’arbre ? N’en avait rien à faire. Il m’avait à peine regardé quelques secondes avant de ramener toute sa concentration à la boite de jeu vidéo qu’il tenait entre ses pattes ? Mains ? Branches ?

« Pas l'habitude de boire un verre avec une peluche vivante de l'espace?  Et bien va falloir t'y faire, j'ai pas les moyen de changer ma trogne.
- J’aurais plutôt dit raton-laveur mais…pardon, je ne veux pas me montrer insultant.
- Je s’appelle Groot.
- Qu…hein ?
- Je s’appelle Groot.
- Je m'appelle Scott.»

J’avais quitté Rocket un instant des yeux alors que…Groot donc ? M’avait brièvement adressé ce qui devait être la parole. Mes yeux étaient écarquillés derrières ces éternelles lunettes aux verres rouges. J’étais complètement largué, à la ramasse la plus totale et bordel j’avais horreur de ça, ce sentiment de n’avoir aucun contrôle sur les choses, sur ce que je subissais avait le don de m’énerver, de me faire sortir de moi. Pourtant, dans cette situation face à eux, face à Rocket qui avait été l’allié d’un jour, il y avait quand même un côté amusant à la situation.

« Dis le si on t'ennuie. T'aura tout le temps de découvrir le jeu une fois au vaisseau, tu pourras t'enfermer dans ta chambre pour le reste de la journée, alors maintenant, range le avant de te le faire piquer à l'arrachée.
- Tu comprends ce qu’il dit ? Et il comprend ce qu’on lui dit ? Je…il m’a dit son nom c’est ça ? »

Je regardais à nouveau Groot qui rangeait le jeu vidéo à la manière d’un gamin vexé par la remarque d’un parent. Hochant machinalement la tête alors que mon cerveau traitait avec difficulté toutes ces informations, je m’asseyais face à Rocket alors que le serveur approchait. Pour ma part et en tant que gamin d’Anchorage, je commandais une Alaskan, fierté de l’état dans lequel j’étais né. Alors que le type s’éloignait je posais mes coudes sur la table et joignais mes mains.

« Alors, quoi de nouveau ?
- Eh…Je…j’avais une demande un peu particulière par rapport…par rapport à Jean. J’ai cru comprendre que vous étiez plutôt proche enfin, amicalement parlant je veux dire et il y a quelques temps, quand tu es venu me chercher à l’Institut, quand on l’a aidé, j’ai fait une connerie…une énorme connerie. »

Je marquais un temps d’arrêt en me remémorant douloureusement les propos que j’avais tenu à Jean, sur ses pouvoirs sur le danger qu’elle représentait…et sur le fait que tout cela n’avait été qu’un mensonge de ma part pour l’éloigner de moi. Je plissais le nez, fronçais les sourcils et après avoir un court instant quitté Rocket des yeux, je revenais à lui en m’éclaircissant la gorge.

« Je ne sais pas même si tu pourras m’aider en fait. Je l’ai plaquée, je lui ai dit qu’il fallait qu’on arrête parce que ce qu’elle avait fait me faisait peur…c’est con hein ? C’était juste que j’ai transposé certaines choses de mon passé sur elle et ça m’a fait flipper, j’ai eu peur de la perdre comme…comme mon frère, par exemple. Et…et je sais pas comment m’y prendre pour recoller les morceaux… »      

Je grimaçais face à la réponse de Rocket, face à sa réaction même. J’avais clairement manqué de tact et j’avais touché un point sensible, son apparence. Je n’étais pourtant pas le type de mec à m’arrêter là-dessus, ni à juger même, ce n’était absolument pas mon genre. Mais je l’avais fait, mes propos avaient dépassés mes pensées, parce que cela faisait un moment que je n’étais pas à l’aise, bien avant de rentrer dans ce café. Je pinçais les lèvres, hochait machinalement la tête après ses explications, face à cette manière sèche et sans appel qu’il avait eu de me répondre. Moi que l’on appelait vulgairement Cyclope, je n’avais pas vraiment mon mot à dire concernant ces-dites apparences, parce qu’il s’agissait là d’un surnom que je n’appréciais pas forcément mais qui me collait à la peau.

« Ouais, c'est assez... réducteur. On me traite pas de Raton-laveur. J'ai rien à voir avec eux, ok?
- Je comprends, désolé.
- Il disait juste bonjour.
- Oh…bonjour alors ?
- Je comprends tout ce qu'il dit et lui, il comprend très bien ce qui se dit autour de lui. Il est heureux de te connaitre.
- Et bien…hum, plaisir partagé ? C’est une première pour moi de parler à…ouais, plaisir partagé. »

De parler à un arbre allais-je dire, sauf que cette fois, j’avais été en mesure de retenir mes propos. J’avais failli fauter une fois de plus et certainement dire des choses qui auraient déplus à Groot, qui aurait pu potentiellement le blesser, toucher son égo comme je l’avais précédemment fait avec Rocket.
Vint alors le sujet que je souhaitais aborder, Jean. J’expliquais sans trop entrer dans les détails que j’étais venu ici chercher conseil, que j’avais clairement déconné et que je ne savais pas comment me sortir de cette impasse. Et plus j’avançais, plus j’en disais, plus j’avais l’impression que tout cela était inutile. J’en venais même à me demander ce que je faisais ici et surtout, pourquoi est-ce que j’étais après demander à Rocket de m’aider alors…alors qu’on ne se connaissait presque pas. Le pire, c’était qu’il m’écoutait, qu’il montrait un certain intérêt à ce que j’étais entrain de lui raconter, même si son expression trahissait clairement qu’il semblait un peu largué sur le sujet…ce qui était on ne peut plus compréhensible.

« Ouais, c'était pas le meilleur plan du monde, mais je pense que tu l'as déja comprit. L’ennui, c'est que je vois pas trop en quoi je peux t'aider.
- Eh…c’est exactement ce que j’étais entrain de me dire… »

Et pourtant je continuais sur ma lancée, même si parler de cette décision me faisait mal. Je me revoyais encore face à elle, je me rappelais parfaitement de la manière dont je lui avais parlé, de l’attitude que j’avais eu à cet instant précis. J’avais été froid, distant et j’avais totalement manqué de compassion…ce qui était paradoxale étant donné les sentiments que j’avais pour Jean. Cependant, j’avais été au bout des choses et je lui avais menti, je lui avais dit que j’avais peur d’elle, de ce qu’elle pourrait devenir et je l’avais lamentablement repoussé.

« Et bien... Tu peux déjà t'excuser et...
- Je s'appelle Groot !
- Oui voilà, ça aussi. Lui dire que t'as pas peur d'elle et lui prouver que tu lui fais confiance.
- Ouais…Je préférerais limite me battre contre elle, j’aurais peut-être plus de chance d’y arriver… »

Une nouvelle grimace barra mon visage alors que j’attrapais la bière que le serveur venait de déposer devant moi pour en boire une longue gorgée. C’était peut-être une question d’égo, un peu tout du moins, même si j’avais bien conscience qu’il était nécessaire d’aller la voir et d’avoir une discussion franche et honnête avec elle.

« C'est le cas n'est-ce pas ?  Tu lui fais confiance ? Parce que si c'est pas le cas, désolé pour toi mais c'est foutu d'avance. »

Voilà la raison pour laquelle j’étais venu demander conseil à Rocket. Parce qu’il ne mâchait pas ses mots, parce qu’il disait les choses clairement, sans détour et peu importe si ce n’était pas ce que je voulais entendre. C’était ce que je devais entendre et cela faisait la différence, suffisamment tout du moins pour que mon cerveau capte où il voulait en venir, me fasse comprendre que si je ne faisais pas ce premier pas, oui, c’était foutu. Aux côtés de Rocket, Groot hocha la tête en me fixant, comme s’il avait souhaité appuyer les propos de son comparse.

« Bien sûr ! L’inverse par contre, après ce que j’ai fait…j’en doute. J’ai juste eu peur, pas d’elle mais…je sais pas comment dire ça en fait. Je crois que j’ai eu peur que…que quelque chose se passe avec elle, que quelque chose de mauvais se passe et…et que je la perde comme j’ai perdu mon frère…Je crois que c’est ça qui a fait que j’ai réagi comme ça. »

Je marquais une courte pause en secouant négativement la tête alors que des souvenirs d’Alex assaillaient mon esprit. Mes doigts se serrèrent autour de ma bière, que je portais bien rapidement à mes lèvres pour en boire une nouvelle gorgée…comme pour trouver un peu de courage dans le faible taux d’alcool.

« C’est bizarre, hein ? On se connait à peine et je te vois comme la seule personne capable de m’aider…Même moi j’en reviens pas, parce que ça me ressemble pas. Je suis pas le genre de type à quémander, à…à je sais pas, merde. Mais c’est Jean…c’est toujours Jean, c’est tout le temps Jean… »      

« T'as de la chance. Quand j'ai fait mes début comme chasseur de prime, il y en a qui se sont fait grillé au blaster pour moins que ça !
- Rassurant…
- Je blague, t'en fais pas. Même à l'époque, j'avais pas la gâchette aussi facile. Quoi que, ça dépends pour qui, mais c'est de l'histoire ancienne.
- Rassurant ? »

Le sourire était revenu sur mon visage alors que la main ? La patte ? De Rocket venait tapoter sur mon avant-bras, un geste amical qui fit que mon sourire s’étira. Je ne pouvais pas le cacher, être rassuré, avoir ce genre de discussion et ce simple geste me faisait du bien. J’avais peu d’amis, trop peu même, probablement parce que je ne m’attardais pas assez sur les autres, peut-être parce que j’étais trop centré sur moi-même ou tout simplement parce que la seule chose qui occupait mon esprit, c’était Jean. Alors ce geste plein d’empathie quand bien même il était encore trop tôt pour qualifier Rocket d’ami, était plus qu’apprécié.

« C’est un colosse floral.
- Oh…c’est, c’est plutôt beau comme terme.
- Je s’appelle Groot !
- Je…je suppose qu’il dit qu’il est flatté ? »

Ouais, pas si évident que ça de déchiffrer les intonations de voix de Groot, surtout lorsqu’on était un néophyte comme moi. Sur ce coup pourtant, je pensais ne pas me tromper mais étant donné que j’étais parfaitement incapable de comprendre quoi que ce soit à ce que ce colosse floral racontait, autant dire que la marge d’erreur était énorme.

« C'est une très mauvaise idée... D'une, ça ne ferait que la blesser encore plus, de deux, ça serait totalement injustifié, et de trois, c'est ok de foutre une baigne a ses amis, mais uniquement si c'est mérité, ce qui n'est pas le cas ici.
- Je sais…je sais, c’était une image, pour dire à quel point je suis pas vraiment doué avec les mots, surtout quand il s’agit de parler de ce qu’il se passe là-dedans. »

Avouais-je en tapotant ma tempe du bout de l’index. J’expliquais alors à Rocket de quoi il en retournait et surtout, la raison qui m’avait poussé à agir de la sorte : Alex. Je n’arrivais pas à me sortir de la tête que je ne reverrais plus jamais mon frère, que depuis ce jour fatidique, tout était terminé, qu’il était bel et bien mort. C’était trop dur à réaliser, je n’avais pas eu le temps d’assimiler les événements et aujourd’hui, après toutes années, il m’était toujours impossible de franchir le pas de l’acceptation. Raison pour laquelle à l’évocation d’Alex, mes doigts se crispaient un peu plus autour du verre.

« Ouais, mais Jean, c'est pas ton frère. Je sais pas ce qu'il s'est passé pour lui et ça me concerne pas, mais à mon avis, ça n'a strictement rien à voir avec Jean. Tu l'as pas encore perdu elle. Elle a peut-être juste besoin de temps. Tu lui as parlé de ça au moins ? L'histoire avec ton frère je veux dire. Ça lui permettrait au moins de connaitre ton point de vue en sachant que c'est pas elle le problème. Et arrête un peu d'agresser ce pauvre verre, il y est pour rien lui !
- Désolé, ça me…ça me tend. Normalement, j’agis pas comme ça…même si je suis pas le type le plus réfléchi qui existe, ça me ressemble pas. J’ai pas encore eu l’occasion de lui parler…enfin si, plusieurs fois, mais j’ai l’impression qu’elle me fuit…Je crois que même si elle fait celle qui s’est relevée après ce que j’ai fait, c’est pas le cas. Elle m’en veut et c’est sa manière de me le faire payer. »

J’avais essayé plusieurs fois d’aller voir Jean, de l’aborder de lui parler mais à chaque fois que j’entrais dans une pièce, elle en sortait. À chaque fois que je m’approchais un peu trop près d’elle, elle s’éloignait un peu plus. Tout le principe qui nous unissait était inversé, nous qui étions censé être des aimants qui s’attiraient irrémédiablement, ne faisions que nous repousser…et c’était ma faute.

« Bien sûr que c'est toujours Jean. Même quand elle a vrillé et manqué de me tuer, elle s'est stoppée juste à temps. Elle n'a jamais vraiment disparu. Même si elle n'avait pas le contrôle, je reste certain qu'elle faisait tout pour nous protéger avec le peu de moyen qu'elle avait à ce moment-là. Je ne peux pas lui parler à ta place, mais je peux au moins te conseiller de te confier à elle comme tu t'es confié à moi. Elle comprendra j'en suis sûr.
- Je sais…je sais…C’est juste que moi j’ai transposé ce que j’ai vécu avec mon frère, j’ai cru…j’ai cru que la même chose allait se reproduire et…et c’est pas à toi que je dois dire ça mais à elle. »

Dis-je avec un sourire en coin, un peu plus relâché, montrant une certaine forme d’amusement quant au fait que je venais de réaliser que ces propos devaient être à l’adresse de Jean et non de Rocket. Je hochais doucement la tête avant de reprendre une gorgée de bière.

« C’est dingue…je serais capable d’affronter n’importe quoi mais elle…juste le fait d’avoir le courage d’aller lui parler, ça me fait défaut. J’ai peur qu’elle me rejette, j’ai peur de ne pas arriver à recoller les morceaux, j’ai peur…je sais pas. Je crois qu’en fait, j’ai juste peur de la perdre une bonne fois pour toute en empirant les choses avec mes explications… »