Le Morgan Stanley Building est un gratte-ciel de 209m de haut. Ses 42 étages contiennent toute la place nécessaire au SHIELD pour opérer au sein de l’état de New York. Les premiers d’entre eux forment une base plus large que le reste de la tour. Celle-ci est accessible par des ascenseurs et des escaliers ne se déverrouillant que par des badges d’agent, permettant de savoir qui est passé où à quel moment ; en plus des nombreuses caméras de surveillance présentes et de l’Interface en langage naturelle Stark qui se trouve dans le bâtiment. Les couloirs sont les mêmes : des murs gris éclairés de colonnes de néons et dotés de portes de verre marquées de l’utilité de la pièce sur laquelle elles permettent aux patrouilles d’avoir un visu.
Le premier tier de la tour, au-delà de la base, est dédié au renseignement. Les salles de travail sont de différentes spécialités et sujets mais présentent toutes la même apparence : des rangées d’opérateurs informatiques devant leurs écrans avec, au centre, un passage vers un écran géant occupant tout un mur.
Le second tier de la tour est dédié à la détention. Les fameuses salles de voyeurismes et les cellules disposant de murs capitonnés dissimulant des structures renforcées pour parer aux éventuels pouvoirs de détenus ou interrogés.
Le dernier tier de la tour, le plus haut, est occupé par les agents d’intervention étant de garde. Les dortoirs, les salles de repos et les salles d’exercice sont là pour permettre à tous de se rendre en moins de cinq minutes, préparation incluse, jusqu’au deux derniers étages : le hangar. C’est dans l’une des salles d’exercice à l’odeur forte de l’entretient corporel des agents présents que la porte de verre est poussée par une main gantée.
Le Directeur Fury entre.
La porte se referme derrière le grand homme tout de noir vêtu, depuis les chaussures de ville jusqu’au cache-œil en passant par le pantalon de toile, le col-roulé et le trench-coat. L’œil brun scrute les différentes machines d’exercice et les tapis d’entrainement jusqu’à trouver celui qu’il cherche.
Fury croise les bras et fixe de son seul œil l’agent de niveau 7 Aaron Smith.
Lundi 13 Janvier 2025, après-midi, bureaux du S.H.I.E.L.D.
Les mains fourrés dans les gants de boxe, les coups ne s’arrêtaient plus depuis bientôt plusieurs minutes. Me stoppant pour simplement reprendre un peu mon souffle, mais également pour me repositionner correctement au niveau des jambes, avant de reprendre l’entrainement, ou plutôt le défoulement intensif. Le fait est que j’ai l’esprit ailleurs depuis bientôt quinze jours et que je ne peux plus me permettre d’être autant en vrac au boulot. Les missions ne sont heureusement pas trop périlleuses, mais je ne peux pas dire que je brille par ma loquacité ou même mon humour ces derniers temps.
Non, seulement le boulot, la mission et une fois celle-ci réglée, je rentre, fais mon rapport et passes à la suivante. Je n’étais pas non plus souvent à la maison depuis le jour de l’An puisque je craignais d’une certaine manière de la croiser… Je pourrais tout autant la croiser au travail, mais ces salles d’entrainements sont, je crois, ce qu’il y a de plus sûr pour moi. J’appréhende le moment où je devrais la revoir, le moment où je devrais entamer cette conversation avec elle et avec ses pouvoirs, je ne peux pas vraiment mentir sur des quelconques sentiments que j’ai ou n’ai pas. Et puis, je n’aime clairement pas l’idée de lui mentir… Tout comme je n’aime clairement pas l’idée de l’éviter. Alors, je cogne, comme un bourrin, sur ce fichu punching-ball qui n’a rien demandé, mais qui a le mérite d’être là. Et il n’est d’ailleurs pas le seul à être là. Un silence s’est peu à peu installé dans la salle et même si je suis un des derniers à m’en rendre compte, je ne tarde pas à me stopper, remarquant le regard appuyé du big boss en personne.
Respirant fortement, je me redresse et me dirige vers lui, un regard m’a suffi à comprendre que c’était moi qu’il cherchait… Tout en marchant, j'approche un des gants de ma bouche pour arracher le scratch et retirer le premier, puis le second gant que je place sous le bras en arrivant à sa hauteur :
« Nick… »
J’attends sa réponse de confirmation d’identité et enchaine :
« Qu’est-ce que je peux faire pour vous patron ? »
L’œil de Fury détaille l’agent Smith de la tête aux pieds et des pieds à la tête, s’arrêtant un instant de plus que nécessaire sur la position des jambes et la garde. Le visage reste impassible. Le Directeur du SHIELD fait le silence et le silence se fait alors que les autres agents s’aperçoivent de sa présence.
Fury reste là, bras croisés et regard fixé, jusqu’à ce que son interlocuteur se découvre comme tel. Smith s’interrompt puis tâche de reprendre contenance. Fury est immobile. Fury attend.
« Nick, est déclaré lorsque l’agent de niveau 7 fait finalement face à celui de niveau 10.
- Aaron, est répondu par le Directeur Fury.
- Qu’est-ce que je peux faire pour vous patron ?
- Marcher. »
Fury décroise ses bras et indique la porte d’entrée de la salle en une invitation à s’y rendre. Il entreprend l’avance vers celle-ci au côté de l’agent si ce dernier obtempère.
Ce n’est qu’une fois dans le couloir et à l’abri d’un certain nombre d’oreilles indiscrètes, laissant les éventuelles patrouilles armées ainsi que les caméras de surveillance pour seuls éventuels témoins, que le Directeur reprend la parole sans arrêter de marcher. Ses bras sont croisés dans son dos droit.
« Les Avengers ont pris leur indépendance de l’Initiative Avengers et du SHIELD. Stark Industries est leur maison-mère mais notre coopération les amène à agir comme des "super agents". Notre réelle élite. »
Le Directeur Fury énonce des faits qu’il est aisé de constater, que ce soit via les missions communes ou au regard des interactions entre le SHIELD et les Maître des Arts Mystiques ou les X-Men. Les coopérations avec les magiciens comme les mutants sont ponctuelles tandis que la méfiance reste présente. Les Avengers partagent leur base, leurs technologies et les missions du SHIELD. L’agent Clint Barton est présent dans les deux hiérarchies.
« Vous avez atteint l’expérience de mener une équipe, c’est vrai. Cela ne change pas que les Avengers ont besoin de capacités comme les vôtres. »
Dans l’équilibre des forces, les Avengers sont les seuls à ne pas disposer de téléporteurs ou de télépathes. Les Plus Grands Héros de la Terre sont objectivement les plus faibles de la trinité de ses protecteurs. C’est stratégiquement intéressant, puisque les menaces se prépareront contre eux par méconnaissance des autres forces plus secrètes, mais cela n’empêche pas qu’il soit désirable de pouvoir les déployer rapidement.
Bras croisés dans son dos droit, Fury n’arrête pas sa marche même après avoir posé la question fatidique :
« Avez-vous réfléchi à votre candidature ? »
Il ne s’agit pas d’abandonner le SHIELD mais bien d’avoir la double casquette, comme Clint Barton. C’était affaire courante lors de la première incarnation du SHIELD : Clint Barton, Natasha Romanoff et Steve Rogers étaient respectivement agents de niveau 7, 6 et 6, tandis que Tony Stark et Bruce Banner étaient consultants. Seul Thor, l’extraterrestre, était réellement indépendant. Injoignable, jusqu’à ce qu’il s’établisse sur Terre. Ce qui est une situation similaire à l’actuelle, d’ailleurs.
Il est possible de faire le tour de l’étage sans avoir à emprunter ascenseur ou escalier. S’il est besoin d’une discussion, elle sera faite ainsi. Sinon, il suffira à l’agent Smith de rebrousser chemin une fois sa réponse donnée ; quel qu’elle soit.
Lundi 13 Janvier 2025, après-midi, bureaux du S.H.I.E.L.D.
Quand le patron débarque à un endroit, il en impose tellement qu’un simple suffit à se faire comprendre et alors qu’il est entré dans la salle de sport, je comprends que c’est moi qu’il veut voir. Je ne tarde pas à me diriger vers lui sans même prendre mes affaires car je sais que cela sera surement bref. Tous les échanges avec lui sont brefs.
Une simple confirmation d’identité et je lui demande ce que je peux faire. La réponse est claire, marcher. Je m’exécute et me dirige vers le couloir pour marcher et sans doute parler… Je glisse une main dans ma poche pour éteindre mon téléphone, par soucis de discrétion, l’on n’est jamais trop prudent. Et je me tiens à la hauteur du big boss, attendant le vrai sujet de sa venue. Le premier mot me laisse entendre un sujet que j’ai déjà entendu… les Avengers.
Je regarde devant moi tout en l’écoutant attentivement, je n’ai pas de blague à faire ou même le sourire aux lèvres. Non, je reste sérieux. Je hoche la tête sur ce qu’il énonce puisque tout est vrai, ce sont des faits, non là une interrogation…
La suite me fait serrer la mâchoire. Les Avengers auraient besoin de mes capacités. Mais je ne suis qu’un agent de terrain doublé d’une mutation. Je pense que c’est la mutation qui est nécessaire au groupe de super-héros mais pour moi je suis et je reste un agent de terrain.
« L’on parle de mes capacités d’agent du S.H.I.E.L.D. ou de ma mutation de téléportation ? »
La question me semble nécessaire pour la suite et pourtant je sais qu’il ne s’arrête pas là. Mais si lui continue de marcher après avoir évoquer ma candidature, je dois admettre que je mets un temps d’arrêt avant de reprendre la marche pour me remettre à sa hauteur tout en cherchant mes mots :
« Pour être franc, lorsque l’agent Orchent l’a évoqué dans une conversation banale, je l’ai pris sur le ton de la plaisanterie. Blague que j’ai répété à Barton qui m’a évoqué que ce n’était pas si stupide que cela… Mais je ne me considère pas comme un héros. Patron, j’suis un agent de terrain, niveau 7 certes, mais je reste un agent de terrain. Je suis loin du niveau de Barton où même de Romanoff de son vivant… Si les Avengers ont besoin de ma mutation, pourquoi pas les aider mais j’aimerais rester un agent du S.H.I.E.L.D.. Barton est désormais plus Avengers que S.H.I.E.L.D. à mon sens, j’aimerais plutôt l’inverse. Les évènements des Avengers pour me mettre en avant, très peu pour moi. Cependant, les aider et les soutenir au besoin, j’en serai honoré. »
Bordel, finalement j’en avais des choses à dire. A la vérité, j’ai parlé sans trop cogiter ou même réfléchir avant de parler, j’ai dit ce que j’avais à l’esprit avec honnêteté et sans véritable filtre. L’on poursuivait notre marche d’un pas assez lent. J’avais comme l’impression que même si la conversation pourrait être brève, elle pourrait tout autant devenir profondément intéressante et approfondie.
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