Me, I want to walk a little bit taller, me, I want to feel a little bit stronger, me, I want to think a little bit smarter. I just want to be the best -- feat. @Peter Parker
Assis en tailleur à même le sol, je soupirais longuement. Je n’avais même pas pris la peine de remettre des vêtements, j’étais en boxer –ces fameux boxers que Felicia m’avait achetés et, je sortais à contrecœur de cette séance de méditation. Cela faisait quoi ? Une heure, peut-être même un peu plus que mes yeux étaient fermés. Je n’avais pas médité depuis bien longtemps, depuis trop longtemps même. En fait, il y avait tellement de choses que j’avais mises de côté depuis pas mal d’années que j’aurais pu en faire une liste. Pourtant, méditer était une nécessité. Surtout après la raclée que j’avais prise il y avait quelques jours, ici, chez moi.
Nez cassé, pommettes fêlées, lèvres explosées, arcades ouvertes, peut-être même que mes côtes étaient amochées. Cependant, la méditation avait fait son effet. Pas uniquement cette simple séance, mais toutes les autres que je m’étais imposé depuis ce jour fatidique. J’avais tout de même retenu quelques enseignements de ces années d’entrainement auprès de Stick et, la méditation en faisait partie. Parce que cela permettait à mon corps de se reposer, de se régénérer plus rapidement que la normale. Je n’avais plus été capable d’avoir accès à cette paix intérieure depuis…depuis Felicia.
Ouvrant finalement les yeux et mettant ainsi un terme à ma séance, je dirigeais mes sens vers le téléphone dont cette voix robotique sortait. L’appartement était toujours dans un état lamentable car, je n’avais pas vraiment pris le temps de tout nettoyer, de passer après la bataille, de ranger. Il y avait encore du sang par endroit, le mien, celui de l’autre. Douloureux souvenir, quelque part nécessaire à me rappeler cette lamentable erreur. Me penchant sur le côté, j’attrapais le téléphone du bout des doigts et le portais à mon oreille droite.
« Allô ? » « Bonsoir, je suis K.A.R.E.N, vous avez laissé votre numéro de téléphone à un ami commun. Félicitations, vous êtes convié à le rejoindre. » « Qu’est-ce qu… » « J’ai pris la liberté de sécuriser la ligne, ne vous inquiétez pas. » « Euh…d’accord ? » « Magnifique. Le point de rendez-vous est : 374 et 6th Avenue, Wells Fargo Bank. Braquage en cours. » « Attendez, wow. Je… » « Ce message s’autodétruira dans cinq, quatre, non je plaisante. L’araignée sympa du quartier vous attend. »
Je laissais échapper un oh comprenant enfin de quoi il s’agissait alors que la voix de l’IA avait déjà coupé la communication. Enfin, j’avais déduis qu’il s’agissait d’une IA à sa manière de parler, de couper certains mots. Mais une IA qui faisait de l’humour…Je me faisais vieux, il y avait clairement des trucs qui me dépassaient dans ce monde alors, être contacter par une intelligence artificielle et recevoir des indications précises de cette-dernière, ça me perdait complètement. Mais soit, j’avais compris de quoi il s’agissait et j’appréciais ce gamin. Je me relevais et prenais tout de même le temps, les quelques secondes nécessaires à l’étirement de mon corps meurtri. Cela fait, j’attrapais le costume qui maintenant trainait sur une chaise –je n’avais toujours pas racheté de cadenas pour remplacer celui de la malle et, l’enfilais avant de quitter mon appartement, comme toujours dans ces conditions, par l’immense fenêtre.
Sur le chemin, voltigeant de terrasses en toits, je pensais à ce gamin en costume. Je ne l’avais croisé que deux, peut-être trois fois mais j’avais bien accroché…même s’il parlait beaucoup, trop même. Il y avait quelque chose chez lui qui me rappelait à mon humanité, à ce que j’aurais pu être si je n’avais pas traversé toutes ces épreuves. C’était sans aucun doute la seule personne, considérée comme un super-héros, que j’appréciais à sa juste valeur. Parce que quelque part, il était comme un moi. C’était quelqu’un de terrain, quelqu’un qui était proche de la réalité, proche des gens et qui mettait un costume dans le seul but d’aider. Pas pour se faire voir, pas pour véhiculer des valeurs auxquelles il ne croyait pas. J’aimais ce qu’il représentait, j’aimais cette manière qu’avait les gens de le regarder, de se sentir inspirer par ce qu’il faisait. Il y avait ce côté où cela se rapprochait de moi, sauf que lui était beaucoup plus mesuré…comme je l’avais été à une époque, comme j’essayais de l’être depuis Felicia. Tout était une question d’équilibre et ce gamin, cela ne me coûtait rien de le dire, m’inspirait aussi.
Après quelques minutes de trajet pour rejoindre ce fameux point de rendez-vous, qui n’était pas si près que ça de Hell’s Kitchen, mes sens me permirent de le repérer. Il était là, assit sur le rebord d’un toit, les jambes dans le vide entrain d’observer quelque chose en contrebas, ce fameux braquage certainement. Je me réceptionnais sur le toit, amortissant ma chute via une roulade vers l’avant et rangeais mes bâtons à ma cuisse en me redressant, faisant quelques pas pour le rejoindre et manifester ma présence, même si je ne doutais pas qu’il m’ait entendu arriver.
« Salut gamin. », fis-je en me rapprochant de lui et en me postant à ses côtés, debout. « Flemme d’y aller seul ? », demandais-je en tournant la tête dans sa direction comme si cela m’avait permis de mieux le voir. Pendant ce temps, je braquais mes sens sur la banque en contrebas afin de déterminer clairement ce qu’il s’y passait. « Juste, la prochaine fois, appelle-moi directement. Ton truc là, Karen, c’était vraiment bizarre… ».
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Perché sur le rebord de l’immeuble, les genoux repliés comme à mon habitude, j’observe en silence depuis plusieurs minutes déjà. Ouais, ouais, je fais ça sans bouger, sans même avoir déjà le besoin de remuer dans tous les sens. Pour un peu, ça relèverait presque de l’exploit. Mais faut dire que je suis hyper concentré là. A essayer de comprendre les roulements entre les gardes qui se passent le relai, à calculer combien ils sont, à mesure les risques. Ce genre de trucs quand je suis pas juste en train de courser des malfrats dans la rue et qui demandent un minimum de préparation pour éviter d’en rajouter une couche niveau dégâts.
Je pourrais probablement me débrouiller tout seul. Surement même. Je pourrais même faire appel à Avenger. Je suis sûr qu’il y en aurait bien un qui traine dans le coin et qui aurait rien de mieux à faire. Bon, façon de parler hein, je sais qu’ils sont toujours tous super occupés. Mais je sais, je saurais pas expliquer exactement pourquoi, quand je pense à demander un coup de main à quelqu’un ici, en plein cœur de ma ville, c’est pas leur nom qui me vient en premier.
Je finis par m’assoir complètement, plissant des yeux pour aviser de ce qui se passe dans la banque. La dernière fois, c’était avec Raven. Et j’étais client. Je vais finir par croire que j’ai un peu la poisse quand même. Ou que je dois définitivement pas approcher d’une banque, ça marche aussi. Franchement, je m’en plaindrais pas à la réflexion.
Hum.
Bref.
« T’as fait passer le message K.A.R.E.N ? » Un grésillement inhabituel et je tapote sur mon oreille. « Oui M. Parker. Notre invité sera là dans quelques minutes à peine. » Un large sourire – qui laisse K.A.R.E.N de marbre, évidemment. « Ah, cool ! » Pourquoi lui ? Pourquoi Dardevil ? Je suis sûr que certains diraient que c’est parce que j’ai envie de fréquentations un peu moins… propres sur elles. Je saurais pas vraiment l’expliquer, mais j’ai eu un super bon feeling les quelques fois où j’ai pu croiser sa route. Une espèce de confiance naturelle, qui m’a pris aux tripes et dont j’ai même pas essayé de me défaire. Et donc, la raison au final ? Franchement, j’en sais rien. Peut-être le fait qu’on œuvre tous les deux pour notre quartier, au plus près des gens qui comptent vraiment. Et c’est quelque chose d’important pour moi.
Je sens la présence de Dardevil sans même avoir à tourner la tête et, à sa question, j’ai un haussement d’épaules. « Salut ! Biiin… je me dis que vu le matos, je risque d’avoir un peu chaud aux fesses. » Et de me faire engueuler par May ou MJ si je rentre encore abîmé. Ce qui pourrait être plus que probable. « Et j’avais peur que tu t’ennuies ! C’est important de faire de l’exercice. » Au reste, j’ai un rire. « C’était un test pour voir son degré de prise d’initiatives. Est-ce qu’elle a fait des blagues ou pas ? » Ouais, c’est important pour la suite de mes tests, je vous assure.
Je finis par me relever d’un bond, frottant mes deux mains. « Les flics vont pas tarder. Mais on a trois ou quatre minutes de battement, ça bouchonne à mort à cette heure-ci. J’imagine que c’est aussi pour ça qu’ils ont choisi ce créneau pour leur casse. Je me demande par où ils vont se tirer donc. Ils ont au moins 12. Armes lourdes. Ils sont là pour le coffre. J’ai visionné les caméras de surveillance, y a deux camions qui sont passés ce matin. Autant dire qu’on est pas sur de la coïncidence. Ou alors ces mecs devraient jouer au loto. » Même si c’est pas de bol que j’ai été alerté par un voisin qui les a vus arriver. « Alors, tu me files un coup de main ? » J’ajoute, sautillant sur place. « Allez steuplééé ! » Très mature Peter. Vraiment. La grande classe. Comme ça, au cas où il avait pas tilté que je suis un gamin, il aura plus beaucoup de doutes à ce sujet.
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Mes sens étaient focalisés sur ce qui se déroulait en contrebas et plus précisément à l’intérieur de la banque. La pénombre commençait à gagner la ville, le soleil était couché depuis un moment et la nuit tombait, c’était certainement mon moment préféré. À cette heure, il y avait une certaine notion de calme que je ne trouvais pas dans la journée et ce, même si le trafic plusieurs mètres en-dessous de nous était tout de même assez intense. J’aimais ce moment, parce qu’il y avait moins de discussions, moins de cris, moins de bruits de pas et surtout, il y avait beaucoup moins de cœurs qui battaient dans cette cacophonie que moi seul pouvait entendre. Alors, je pouvais pleinement me concentré sur cette banque et ce braquage en cours. En étendant mes sens, en me focalisant sur les courants électriques qui parcouraient les murs, j’arrivais à parfaitement voir ce qui se passait dans le bâtiment. Les types –au nombre de douze, étaient suffisamment malins pour s’attaquer à l’établissement quelques minutes avant la fermeture, il y avait donc moins de civils à l’intérieur. J’en comptais neuf au total, entre les employés et les deux seuls que je jugeais être les derniers clients. Ce qui m’interpellait le plus, c’était l’armement des braqueurs. Fusils d’assaut de qualité militaire, fusils à pompe, gilets pare-balles et chacun portait même une arme de poing. Tout ça pour quelques milliers de dollars, ils avaient certainement plus cher sur eux en équipement que ce qu’il y avait dans ce coffre.
« Hell’s Kitchen me donne suffisamment de travail, je m’ennuies rarement…et je fais de l’exercice, ça se voit non ? Si tu parles des traces sur mon visage, j’ai eu quelques jours difficiles, ok ? Je te souhaite te tenir autant le rythme quand tu auras mon âge… »
L’entrevue avec l’ex de Milena avait laissé quelques traces et malgré les nombreuses séances de méditation, mon visage était encore quelque peu marqué des coups que j’avais reçus. J’avais aussi encore mal aux côtes et ma peau y était encore violacée, heureusement, avec le costume cela ne se voyait pas. L’important était que j’allais mieux, autant sur le plan physique que mental et pour cette dernière partie, c’était uniquement dû à une femme. Une femme merveilleuse qui m’avait arraché à la léthargie dans laquelle je m’étais plongé et, si les dernières fois où Spiderman m’avait croisé j’avais été peu loquace, fermé ou possiblement sec dans ma manière de parler, aujourd’hui était un autre jour.
« Je crois que tu peux être rassuré sur son degré de prise d’initiative…j’ai eu le droit à la blague de l’autodestruction style Mission Impossible. Très drôle. »
J’avais dit cela dans un haussement de sourcils avant de me tourner vers le gamin qui venait de se relever d’un bond agile, avec une facilité déconcertante. Gamin ? Alors. Ce n’était évidemment pas la première fois que nos chemins se croisaient et ce n’était donc pas la première fois que je pouvais entendre les battements de son cœur. Son rythme, sa vitesse et la précision des pulsations m’avaient permis de déterminer qu’il devait avoir aux alentours de vingt ans. Son attitude, sa voix et ses mouvements m’indiquaient exactement la même chose. Gamin ? Je plissais légèrement le nez car ce gamin devait avoir le même âge que Felicia, cette fameuse femme, ce fameux phare dans les ténèbres qui m’habitaient. Et cette noirceur, cette éternelle douleur et ce sentiment de solitude qui étaient profondément ancrés en moi, elle était après les repousser juste avec sa présence et cette chaleur, cette douceur qu’elle m’apportait. Felicia et Spiderman avaient quasiment le même âge, cette révélation était…dérangeante ? Je sortais de mes pensées à l’écoute du topo qu’il était après me faire.
« Mh ? Pas mal, j’ai le même état des lieux. Comme tu dis, il y a trop de circulation. Leur véhicule doit être garé à l’arrière du bâtiment, pour partir par les petites rues. Le mieux serait de les cueillir à la sortie, vu leur équipement, on risquerait d’avoir des victimes en les prenant à l’intérieur. »
Je fronçais les sourcils une seconde alors que Spiderman sautillait, presque entrain de me supplier de me joindre à lui. Un sourire amusé naquit sur mes lèvres. Ouais, j’aimais vraiment bien ce gamin. Comme tout un chacun, il devait certainement avoir sa petite part d’ombre, des traumas passés qui avaient laissé des traces, qui lui avaient permis de se forger et de devenir ce qu’il était aujourd’hui, et pourtant, il y avait quelque chose chez lui –et je n’avais pas peur de le dire, qui m’attendrissait. Il me rappelait ce que j’avais un jour été et ce que j’aurais pu rester si la vie n’avait pas décidé de me plaquer au sol, de me battre et m’amocher jusqu’à ce que je change assez pour avoir la force de me relever. Toujours au bord du toit, je me tournais complètement et lançais, juste avant de me laisser choir dans le vide.
« Toujours accepter les mains tendues, petit. C’est la plus belle leçon qu’on m’ait appris. »
La chute ne dura que deux, peut-être trois secondes grand maximum. Suffisamment longtemps en tout cas pour que je me remémore le discours de Felicia avant de dégainer mes bâtons et de déclencher le système de grappin qui alla se planter dans la façade de l’immeuble d’en face. Je me balançais ainsi à plusieurs mètres au-dessus de la rue en ayant parfaitement conscience que Spiderman m’avait emboité le pas et faisait la même chose, à sa manière évidemment. Si j’avais un jour pensé être fluide et précis dans ma gestuelle, ce n’était rien comparé à lui. Je désactivais le système d’accroche du grappin et, profitant de l’inertie de mouvement, je me lançais dans une vrille sur moi-même afin de réduire mon envergure et de passer dans le passage étroit qui séparait la banque du bâtiment voisin. Je me rattrapais enfin en effectuant une roulade sur le bout d’une terrasse, bondissait ensuite sur un escalier de secours et me projetait de ce-dernier avant de retomber –avec fracas, sur le toit de la seule et unique camionnette qui était garée à l’arrière du bâtiment. Au moment où l’araignée me rejoignait, l’issue de secours s’ouvrait laissant apparaitre les premiers hommes cagoulés…surpris par ce comité d’accueil.
« Manière douce. », dis-je en désignant Spiderman aux hommes à l’aide de l’un de mes bâtons. « Manière forte. », ajoutais-je en tapotant l’autre bâton contre le double D sur mon torse.
J’affichais brièvement un air confus auquel s’ajouta un mouvement de recul, presque de surprise, digne des plus grands acteurs de cinéma. Je me retournais alors vers Spiderman en gardant mes sens focalisés sur les hommes.
« Ca fait trop good cop, bad cop, non ? »
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J’avoue, il me rend passablement curieux. Pour autant, je me sens encore trop… intimidé – comme quoi tout arrive – pour oser lui poser plus de questions. Sur lui. Sur ce qu’il peut être en dehors du costume qu’il porte. Oh, je suis sûr que si je lançais mes IA à ses trousses, je trouverais des trucs intéressants. Je pourrais même challenger Ned dessus qui se ferait un malin plaisir de trouver des infos improbables le concernant. Mais je me dis que lui demander directement ce serait quand même mieux non ? Rapport à la confiance, tout ça. Et puis, c’est pas rien de savoir qu’un autre héros est jamais loin, à protéger son quartier comme je protège le mien. « Faut que je te fasse des compliments sur tes muscles et tout là ? Je me rends pas compte. » Soufflé d’un ton malicieux, avant de reprendre, avec la même légèreté. « Mais t’as quel âge pour me dire ça ? » Ouais, il me rend curieux, j’avoue. Et puis j’avoue, j’essaie même pas de nier que je suis jeune, ce serait ridicule et pas très crédible. Surtout que je suis à peu près certain qu’il a déjà pu piger dans quelle tranche d’âge je suis. Perso, étant particulièrement nul à ce genre d’exercice, je préfère éviter de m’avancer – et de risquer de froisser les gens donc
« Tu t’amuses bien ouais on dirait. Ca fait pas trop mal quand même ? » Brève œillade lancée dans sa direction, alors que j’attends tout de même confirmation qu’il va assez bien pour m’accompagner. Je m’en voudrais d’aggraver les choses ouais. Je lève un pouce quand il me répond rapport à K.A.R.E.N et je souffle, enthousiaste. « Ah ouais ? Trop bien ! J’ai testé un nouveau programme avec elle, je voulais voir si ça pouvait marcher. Vu qu’en général, elle est pas super… réceptive quand je propose des nouveaux trucs. » Okay, ça sonnait moins bizarre dans ma tête. Et je continue, comme si de rien était. « Tu sais que Tony avait mis un contrôle parental au début ? Pour pas que j’ai accès à tout ! Comme si j’étais un gamin incapable de me retenir de toucher à tout. » Bon, il avait ptet pas entièrement tort, je veux bien l’admettre. « Cte galère pour le contourner, c’était l’horreur ! » Heureusement que Ned était là quand même.
Du reste, je me focalise de nouveau sur la mission du jour. Et j’ai un temps, songeur. « Tu trouves pas par contre toi aussi qu’il y a… trop de monde ? Surtout vu la taille de la banque. Je me demande s’il y a pas autre chose que juste du fric dans les coffres. » Ce serait pas surprenant, mais du coup, ça va demander de fouiner un peu quand on les aura arrêtés. « Va pour la sortie alors. » Et, forcément, j’ai un temps d’arrêt à sa réponse. Qui me plait, vu que ça colle parfaitement à ma façon de fonctionner.
Je me perche de nouveau sur le rebord, surtout pour le voir bondir sur le bâtiment voisin. Et je murmure pour moi-même, non sans un sourire. « Pas mal… pas mal du tout. » J’attends pas plus pour le suivre, bondissant alors que je lance une toile pour m’accrocher sur le bord du bâtiment, prenant appui sur un cadre de fenêtre pour garer mon élan et finir par atterrir souplement juste à côté de Dardevil. J’observe les hommes qui sortent, agitant une main pour les saluer quand mon comparse me désigne. Avant de souffler dans sa direction, songeur. « Tu crois qu’un jour je pourrais faire le bad cop ? Ou alors tu penses que je serais vraiment pas crédible dans ce rôle ? » Bon, j’ai déjà une vague idée de la réponse à laquelle je vais avoir droit. Tout en parlant, ma petite antenne s’agite et je me contente de tendre une main pour balancer une toile et désarmer le type qui nous braquait déjà. Même pas le temps de discuter, si c’est pas scandaleux quand même ?
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J’avais donc essayé. Essayé d’être plus mesuré dans ma manière d’agir, parce que j’étais entrain d’amorcer un changement sur ma propre vie, sur ce que je faisais et surtout, comment je le faisais. Pourquoi ? Parce qu’il y avait Felicia et qu’elle m’avait ouvert sur les yeux sur beaucoup de choses, parce qu’elle m’avait adouci. Je sentais bien que quelque chose en moi était différent, que j’étais plus serein et surtout, que je n’étais pas sans cesse guidé par la rage, par la colère. Ce fameux diable qui résidant en chaque Murdock avait perdu du terrain et il semblait continuer à reculer, à se faire plus discret, mois présent. Si il y a quelques temps j’étais encore totalement possédé par cette rage que j’éprouvais envers ce monde, face à tout ce que j’avais pu subir, tout semblait soudainement différent. Le monde tel que je le voyais n’était plus entouré de toutes ces flammes et chaque sortie nocturne n’était plus une excuse pour vider la noirceur qui m’habitait. À mes côtés, alors que j’avais fait cet effort de laisser une chance à ces braqueurs, j’entendis Spiderman décocher l’une de ses toiles et celle-ci désarma aussitôt l’un des hommes. Ce gosse avait vraiment de la ressource. J’avais senti la tension dans les muscles de ce type, j’avais vu avant qu’il ne bouge qu’il s’apprêtait à braquer son arme sur l’un de nous et pourtant le gamin avait été beaucoup plus rapide que moi. Sous le masque, mon nez se plissa subrepticement, comme si j’avais été vexé par ce temps de réaction qui dépassait largement le mien.
« La manière forte donc. »
Poussant sur mes jambes, je bondissais dans les airs en me retournant à mi-chemin pour lancer l’un des bâtons contre la camionnette. Ce-dernier rebondit contre le métal, puis contre le sol et alla frappa l’un des hommes au visage avant de revenir dans ma main. Pendant ce temps, je terminais ma manœuvre et atterrissais juste derrière les braqueurs, bloquant ainsi la porte par laquelle ils venaient de sortir. Je fauchais le premier à ma droite d’un violent demi-cercle effectué avec ma jambe tout en me relevant et allais le plaquer au sol d’un coup de bâton au plexus, tout aussi violent. L’homme retomba lourdement au sol en expirant l’air contenu dans ses poumons dans un cri étouffé par le masque qu’il portait. Terminant de me redresser, j’esquivais un coup de crosse que j’avais senti par déplacement d’air à ma droite, attrapait l’arme par le canon, l’arrachais des mains de son porteur et le repoussais d’un puissant coup de pied –toujours dans le plexus, qui le fit reculer de plusieurs pas.
« Honnêtement ? Je ne veux pas te vexer, mais je pense que le bad cop, c’est clairement pas dans tes cordes.
Non, pas du tout dans ses cordes. Ce gosse était une crème et quand bien même il portait un costume de héros, possédait des pouvoirs qui dépassaient l’entendement, il n’avait pas l’étoffe de jouer un tel rôle. Et ce n’était pas nécessaire, parce qu’il était fondamentalement bon, il n’avait pas besoin de changer pour être meilleur. Je le voyais déjà comme le meilleur d’entre nous, le meilleur de tous ceux qui portaient un costume. Il avait toute sa vie devant lui, devrait certainement faire des choix beaucoup plus difficile que d’arrêter quelques braqueurs. J’admirais ce gosse, vraiment et je refusais qu’il s’éloigne de la voie qu’il avait choisie. Malgré son jeune âge, ce qu’il faisait était noble et il le faisait de la meilleure des manières possibles, parce qu’il ne semblait pas avoir oublié d’où il venait, il était toujours là pour les gens normaux, les personnes du quotidien, pour ces quartiers qui étaient trop souvent oubliés par ceux qui se revendiquaient comme des héros. J’esquivais un coup de poing en pivotant habilement sur moi-même et sans prendre le temps de chercher une autre méthode, j’attrapais mon agresseur par le col, le rapprochais en tirant sur mon bras et lui flanquais un coup de boule qui fit salement craquer son nez. Il tituba et je l’envoyais au sol en plaquant mon pied derrière sa nuque afin d’accompagner son mouvement, plus rapidement, plus violement. L’un des hommes parvint à se faufiler, à grimper dans la camionnette et à démarrer le moteur. Je grognais car, concentré sur cette vision, je n’avais pas anticipé la crosse qui venait de percuter mes côtes. J’éloignais le braqueur d’un coup de coude au visage et envoyais un bâton de toutes mes forces. Celui-ci brisa la vitre de la camionnette et alla se ficher dans le volant, le bloquant totalement. Je balançais alors le second bâton au visage du conducteur qui tomba mollement sur le côté. Je me retournais alors pour reprendre le combat…et remarquais que les derniers hommes étaient soit au sol, soit plaqués contre les murs, entoilés. Sous le masque, je haussais les sourcils, impressionné et me dirigeais vers la camionnette pour récupérer mes armes.
« Ouais, t’avais vraiment pas besoin de moi pour gérer ces types… »
Je secouais la tête en prenant conscience que si j’avais été seul contre ces hommes, j’aurais certainement mis plus de temps et pris plus de coups qu’avec un allié comme lui. Tendant la main à l’intérieur de la camionnette, je récupérais mes deux bâtons et les glissais dans la poche le long de ma cuisse droite.
« Néanmoins, j’accorde qu’on devrait faire ça plus souvent. Je ne suis pas vraiment du genre à faire équipe, mais je dois avouer que c’était…cool. Tu veux boire une bière ? Enfin, si t’as l’âge pour évidemment… »
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C’est pas la première fois qu’on bosse tous les deux et j’ai un sentiment un peu étrange le concernant. Comme si on se connaissait à la fois super bien et pas du tout. Comme s’il arrivait à me cerner bien mieux que d’autres sans rien savoir de moi. C’est peut-être aussi pour ça que je l’ai appelé lui sans vraiment me poser de questions. Parce qu’il m’intrigue, en plus d’être à même de me filer un sacré coup de main. Et puis, c’est bien de fréquenter des gens qui me permettent d’avoir une autre vision des choses. Je pense que Tony aurait apprécié que je me cantonne pas aux Avengers, surtout après tout ce qui a pu se passer. Non pas que je leur fasse pas confiance hein, juste que ouais, j’ai pas envie de fermer mon esprit au reste. Aux autres façons de bosser. Tout ça.
Bref… je pense que je me prends un peu trop la tête, j’en suis bien conscient. Enfin, on va se focaliser sur la mission du jour hein d’autant que, pendant qu’on discute, y a déjà un type qui a l’air de vouloir décider à notre place de la méthode à suivre. Un haussement d’épaules en réponse à Dardevil quand il confirme que ça va être la manière forte. « Biiiin… ils nous laissent pas d’autres options hein. »
Et, comme à chaque fois qu’on intervient tous les deux de concert, je suis admiratif devant ses réflexes et sa rapidité. Pourtant, ça me connait. Je m’arrête même un moment, alors que je viens de lancer une toile pour plaquer un des braqueurs contre le mur, pour le regarder faire. « Oooh c’est classe comme mouvement ça ! » Une grimace, alors que j’entends le coup de pied heurter le plexus de l’autre type. « Outch… ça, ça doit faire mal. » Ca doit couper le souffle, au sens premier du terme.
Une moue à sa remarque, alors que ça me renvoie forcément à de nombreux échanges que j’ai pu avoir depuis quelques mois. Sur le fait que je suis définitivement du côté des gentils avec tout ce que ça implique. Mais du coup, je sais pas vraiment comment le prendre en fait. Jusqu’où je serais capable d’aller si besoin ? Est-ce que ça pourrait me limiter pour protéger eux que j’aime ? Un froncement de sourcils avant de me laisser tomber au sol, esquivant sans difficulté la crosse braqueur qui a vaguement tenté de m’avoir par surprise – je suppose en tout cas – alors que j’essaie de calculer le nombre d’assaillants restant. Ils sont un peu plus nombreux que je l’avais supposé, mais heureusement, mon comparse est tout aussi efficace que moi.
Les secondes, les minutes s’enchainent, alors que je me prends quand même quelques coups. Je vais encore avoir des bleus demain matin. Nouvelle toile lancée et le type vole sur plusieurs mètres avant d’être plaqué contre le mur. Et je bondis sur le réverbère, attrapant celui qui était juste en-dessous, l’enroulant dans ma toile pour en faire un cocon dont il pourra pas se défaire. Quelques armes sont aussi engluées dans mes filets et j’ai un sourire satisfait quand je finis par aviser la scène et par voir que Dardevil a fini le boulot sans problème. A sa remarque, j’avise la scène, pas convaincu. « Franchement ? Ils étaient quand même nombreux. Et j’aime pas les armes à feu. C’est toujours plus compliqué qu’on l’imagine à gérer. On était pas trop de deux je trouve. » Je vais quand même pas lui dire que je suis juste content de pas avoir eu à bosser tout seul quand même non ? Ce serait un peu pathétique. Beaucoup. Hem.
Sauf qu’au reste, j’ai du mal à rester stoïque. « Ah ouais ? T’as trouvé ça cool ? » Okay, trop d’enthousiasme dans ma voix là. Tu crains Peter. Je toussote, essayant de modeler un peu ma voix pour qu’elle ait l’air un peu plus… rauque ? Adulte ?
… ridicule.
Hum. J’en étais où ? Ah ouais. Je toussote donc. « Ouais, c’était sympa. Je bosse pas souvent en duo non plus, mais on a une bonne dynamique. » J’ai une hésitation, avant de reprendre, avisant une nouvelle fois les types qu’on a mis KO. « Tu crois vraiment que je pourrais pas faire le bad cop ? » Ouais, ouais, ça me travaille un peu. Et je continue, sur un autre ton. « K.A.R.E.N. Préviens la police. Dis-leur que les braqueurs sont neutralisés mais qu’ils avaient un équipement inhabituel. » Je m’accroupis, attrapant une des armes. « Ils étaient vachement bien armés ouais. » Je prends quelques photos, laissant mon IA chercher des similitudes avant de continuer, un ton plus bas. « Je… si on prend mon année de naissance, j’ai l’âge ! » Ouais, okay, je suis pas super crédible. « Mais je… avec le snap… tu vois quoi. Ce serait cool pourtant. Une bière. » Je veux dire, j’ai déjà bu hein. Une vague pensée à la soirée d’Halloween chez Lucky, dont j’ai pas particulièrement envie de me vanter. En fait, j’ai envie de me cacher un peu là.
Me, I want to walk a little bit taller, me, I want to feel a little bit stronger, me, I want to think a little bit smarter. I just want to be the best -- feat. @Peter Parker
Tout avait changé depuis Felicia. J’avais par exemple abordé ce combat d’une manière différente. Avant elle, avant tout ce qu’elle était en mesure de m’apporter, j’aurais été beaucoup plus…radical. Quand bien même ces braqueurs n’avaient aucune chance face à moi, cela aurait été pire si je les avais affrontés plusieurs semaines auparavant. J’aurais certainement cédé à cette rage que j’avais en moi, à ce besoin viscéral d’expulser ce que je gardais de plus sombre. J’aurais frappé, et encore frappé, jusqu’à ce que plus personne ne soit debout et que mes poings baignent dans le sang de ces pauvres types. J’aurais une fois de plus été l’ombre de ce que j’avais un jour été et finalement, j’aurais continué sur un chemin qui m’aurait éloigné d’elle. Ce qui n’était plus envisageable, plus du tout. Impossible même. Avec elle, j’avais enfin trouvé cet équilibre qui m’était nécessaire et même s’il y avait cette différence d’âge entre nous, même si elle était beaucoup plus jeune, il n’y avait plus aucun doute sur le fait que c’était elle. Elle et personne d’autre.
En enchainant les mouvements, les esquives et les coups –maitrisés pour une fois, je gardais un œil sur le gamin. Et bon Dieu qu’il était agile. J’avais l’impression de vieillir à chaque seconde qui défilait, de prendre un an –voir plus, à chaque fois qu’il se débarrassait, avec une aisance hors du commun, d’un braqueur. C’était impressionnant, beau à voir et cela me confortait clairement dans mon idée que j’aimais vraiment ce gosse. Sa manière de faire était remarquable et quand bien même il prenait le temps de complimenter ma manière de faire, je ne lui arrivais pas à la cheville. Ce gosse était un exemple de maitrise, de techniques et la façon dont il mettait les types hors d’état de nuire, me montrait à quel point, même dans mes jeunes années, je n’avais jamais eu ce niveau. Ce qui m’interpellait le plus, c’était qu’en me concentrant sur lui, en percevant les battements de son cœur, j’avais remarqué que son rythme n’avait pas bougé d’un iota. Quand moi, je sortais de ce combat avec le souffle court, le cœur lancé plus vite qu’à l’accoutumée, il apparaissait calme, détendu, serein et pas le moins du monde impacté parce que nous venions de faire. Je n’étais pas épuisé ni à bout de force, mais je sentais bien que mon corps ne répondait plus, ne récupérait plus comme avant. Surtout depuis que je me maitrisais et que je contrôlais ce démon qui ne demandait qu’à sortir.
« Mmh…Franchement ? Tu n’avais pas besoin de moi, mais j’apprécie le geste. »
Dis-je en m’appuyant un court instant contre la camionnette, avant de me redresser pour poser une main sur ma nuque et tendre mon cou de droite à gauche, afin de permettre à mes muscles de relâcher. Ce que je fis également avec mes bras, puis mes hanches en pivotant sur d’un côté, puis de l’autre. Cela fait, je relevais la tête en concentrant mes sens sur le gamin, afin de de voir sa silhouette apparaitre dans ce monde en flammes.
« Aucun commentaire sur ce que tu viens de voir, on en reparlera quand t’auras mon âge. »
Le ton employé avait été sec, menaçant mais totalement contredit par le sourire amusé qui venait barrer mon visage. Usant de mes sens, je m’assurais que tous les types étaient bien inconscients avant de revenir à Spiderman.
« Oui, c’était cool. Peut-être même qu’on devrait faire ça plus souvent. »
Pour autant, j’ignorais volontairement sa nouvelle question concernant son potentiel rôle de bad cop. Je gardais le sujet pour plus tard. Alors qu’il faisait appel à son IA pour prévenir les forces de police, je m’éloignais de quelques pas en reprenant mes bâtons entre les mains. Dos à lui, je tournais légèrement la tête sur le côté lorsqu’il m’annonçait que oui –après une hésitation, il était suffisamment âgé pour boire une bière. Un sourire en coin naquit sur mes lèvres, le grappin alla se prendre dans un escalier de secours et avant de m’élancer dans les airs, je lui intimais de me suivre d’un mouvement silencieux du menton.
▬▬▬
Plusieurs minutes plus tard, j’avais guidé le meilleur d’entre nous à travers la ville pour rejoindre mon appartement. Comme je m’en doutais, il n’avait absolument pas peiné à me suivre et si un instant, l’envie d’imprimer un rythme plus soutenu m’avait traversé l’esprit pour le tester, je n’en avais rien fait. Il n’aurait pas peiné à me suivre, c’était sûr. J’atterrissais donc sur le rebord de la grande baie vitrée et poussait cette-dernière qui n’était jamais verrouillée. Entrant dans l’appartement, je l’invitais de nouveau à me suivre d’un mouvement de la tête. Je contournais le canapé-lit, jetais mes gants sur la table basse et prenais aussitôt la direction de la cuisine. Je sortais ensuite deux bières du réfrigérateur et les décapsulais habilement, l’une contre l’autre. Puis, je revenais près du gosse, lui en tendais une et m’écartais de quelques pas. Sans un mot, je m’appuyais contre le dossier du canapé et de ma main libre, retirais mon masque en le laissant tomber sur l’assise. Je relevais alors mon visage, fixant le gamin de mes yeux vides, brumeux. Un léger sourire naquit sur mon visage et je lui tendais alors la main.
« Matt. Matt Murdock. Je crois, je suis même convaincu que je peux te faire confiance. Ne prends pas ça comme une invitation d’accord ? Je ne t’oblige pas à faire la même, je sais combien c’est important de garder une identité secrète…pour ceux, pour celles que l’on aime. Si tu veux garder ton masque, tu peux…Même si, techniquement, il faudra que tu le relève un peu pour boire…
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SOMETIMES, HOME IS A PERSON, NOT A PLACE
Show me you love me, you know I get scared. I'm not just broken, i'm beyond repair. Tell me you need me, you know I get scared. Make me forget that. Somethin' 'bout your fingertips, they calm me down, i need you like oxygen
Quand je le vois en action, face à ces types, y a environ 10 000 questions qui me viennent. Sur où il a appris ce genre de trucs par exemple. Parce que clairement, y a une maitrise que je suis loin d’avoir. Je suis bien conscient que j’ai beaucoup d’heures d’entrainement pour arriver à son niveau et que je pourrais pas toujours compter sur mes compétences naturelles. Ca m’a déjà joué des tours et je sais que ça pourrait arriver sans que je pige ce qui se passe.
Et je me demande s’il pourrait me filer quelques trucs à l’occasion, même si je suis bien conscient que ça me ferait – encore – passer pour un fanboy. Pas comme si c’était pas récurrent chez moi hein. Je réprime un soupir à cette pensée, préférant me focaliser sur la fin de notre combat, histoire de pas passer pour un touriste, j’ai quand même un minimum d’amour-propre. Alors ouais, forcément, quand il redit que j’avais pas vraiment besoin de lui, je me sens quand même flatté. Et je toussote, histoire de garder un semblant de contenance. Avant de me marrer au reste de ses paroles. « Promis, je garde tout ce qui me vient pour moi alors. »
Au reste, je me sens sautiller sur place sans même réussir à me retenir. « Mais oui ! C’est cool ! Et bosser en équipe, je trouve ça… » Je vais pas encore dire cool quand même, ça donnerait l’impression que j’ai un langage limité. Alors que bon, c’est pas le cas quand même. « … constructif ! » Ouais, bien joué Peter ! « Je veux dire, on peut apprendre l’un de l’autre et tout et… enfin j’veux pas dire que t’as des trucs à apprendre hein ! » Eeet c’était tellement bien parti pourtant. Mais c’est la chute. En espérant vaguement qu’il va pas me prendre pour un crétin, je le suis pour cette fameuse bière. Un peu nerveux ? Ouais, possible.
Je le suis, curieux, me demandant quand même où on va atterrir. Et j’ai quand même une hésitation alors que, clairement, on se retrouve dans un appartement. Le sien ? C’est fort possible. « K.A.R.E.N ? » Soufflé à mi-voix, alors qu’elle commence la recherche du proprio. Mauvais réflexe, mais comme ça, on m’accusera ptet plus de faire confiance les yeux fermés. Même si c’est un peu tard, j’avoue.
Je reste sur le pas de la… vitre. Ca se dit ça ? Je sais pas trop. Bref, c’est pas le sujet. Je suis juste en train d’analyser mon environnement instinctivement, inspirant calmement alors que ma petite antenne s’agite pas le moins du monde. Et je bats des cils quand il enlève son masque, alors que K.A.R.E.N fait écho à ses paroles en me donnant le nom de la personne qui vit là. Je sais pas ce qui me surprend le plus au final. Son regard brumeux ou sa main tendue. « Je… » Un temps de latence, alors que des mauvais souvenirs se bousculent dans mon esprit, m’inspirant plus à la défiance qu’à une autre réaction. Mais je peux pas. Je sais pas faire. J’ai beau savoir que je suis capable de me planter comme pas permis, ça m’empêche pas de vouloir faire confiance aux gens. Surtout quand j’ai déjà pu bosser avec et que mon instinct me souffle que j’ai raison. Ouais, ouais, lui aussi, il s’est déjà planté. « … Peter. Je m’appelle Peter Parker. » Tout en parlant, je lui serre la main et j’enlève mon masque. « C’est important de faire confiance aussi. » Soufflé d’un ton plus assuré que je l’aurais cru. Et j’ajoute, avec une grimace. « La dernière fois que j’ai bu, j’ai fini malade dans les toilettes. » Quoi ? C’était pas le moment ? J’en sais trop rien.
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