Comptine d'un autre hiver † Earwen

♱ Comptine d'un autre hiver ♱

Personne à qui dire je t'aime, tout le monde sur qui cracher ma haine. - M.M

Institut Xavier, 24 janvier 2025 – 12 h 30...

      Tout est allé relativement vite depuis que l’on m’avait sorti de la rue, je n’avais même pas eu le temps ou même l'opportunité de recroiser le chemin de Lucky Lucy. Je pensais que lorsque les agents du SHIELD m’avaient annoncé vouloir m’envoyer à l’Institut Xavier, cela allait prendre un certain temps. Je m’étais figurée qu’il y avait tout une paperasse à remplir et à organiser. Ils avaient fait tellement d’examens sur moi dans le simple but de comprendre et de déterminer ma nature, que je me disais que ça allait forcément prendre du temps pour le reste. Je me voyais rencontrer ce Charles Xavier le mois prochain. Quelle fut ma surprise quand ce matin, il était question de quitter l’Avengers Facility pour être justement amenée à l’Institut en question. Ce fut soudain, mais quelque part, assez rassurant... Le professionnalisme et l’efficacité du SHIELD n’étant finalement pas un mythe.    
     La première chose qui me fut accordée en arrivant, c’est un entretient avec l’homme au fauteuil roulant, le professeur Charles Xavier. C’est quand il se présenta et m’expliqua ce qu’était cette école, soi-disant pour surdoué, que j’ai compris la raison même de ma présence ici. Et je comprenais pourquoi le SHIELD songea qu’il était préférable de me confier à cet endroit, plutôt que de suivre ce programme de réinsertion dont avait fait la mention Lucky Lucy. Je n’avais pas beaucoup d’affaires, si ce n’est que le SHIELD m’avait donné le temps de mon séjour, et ce, afin de remplacer l’espèce de torchant que je portais en tant que SDF. Je supposais sans doute que ça aurait été mal vu de me lâcher aux mains de l’Institut dans l’état à laquelle j’avais été extirpée de la rue. Il y avait même une femme qui avait veillé à vérifier que je n’avais pas de poux, c’est dire l’attention qu’ils avaient portée à mon hygiène.

      Une hygiène à laquelle je m’étais habituée, sept ans à la rue, ça vous conditionne à la saleté quelle qu'elle soit et surtout, à des choses bien pire qu’une simple mauvaise hygiène. Aujourd’hui, je me sentais tout de même un peu honteuse. Certes, j'étais propre et dans des vêtements propres, il parait d’ailleurs que ceux que je portais actuellement m'avaient été envoyés par Lucky Lucy, me laissant songer que je lui devais beaucoup à cette femme. Cependant, je me sentais un peu honteuse à côté de tous ces autres adolescents, se démarquant déjà pour la plupart, pas tous, par leur facilité à communiquer entre eux, je me demandais si j’arriverais à être aussi à l'aise que ces derniers. En-tout-cas, je le voulais... J’essayerais. Il n’y avait pas de raison pour que les choses se passent mal, n’est-ce pas ? Au fond, le fait que je n’apportais avec moi que deux ou trois vêtements de rechange, me donnait l’impression d’être bizarre. C’était franchement une pensée stupide qui n’avait pas lieu d’être...
      Mais je ne pouvais m’empêcher de me dire que je n'étais probablement pas assez ‘’cool’’ pour ne serait-ce que m’intégrer parmi eux. Je ne savais même pas parler l'anglais comme il faut, c’était à peine si je ne baragouinais pas un Espagnol potable. Je stressais inutilement et la raison à cela, était que j’allais être placée dans une chambre avec une personne qui habitait déjà les lieux. Je suivais la femme devant moi, si je ne me trompais, elle disait se nommer Phoebe, elle était avec Xavier plus tôt et ce dernier lui avait demandé de me montrer ma chambre où m’attendait justement ma... Première camarade. Alors qu’en m’indiquant ma chambre ou entrer, j’eus une légère hésitation. L’on m’avait promis qu’il n’y aurait aucun problème pulsionnel grâce à la camarade que l’on m’avait choisi, mais je n’arrivais pas à l’envisager mentalement. Et puis... J’avais peur de paraître dérangeante à ses yeux. Devais-je retirer mes lunettes de protection pour paraître plus courtoise, quitte à ne plus rien voir, à cause du jour ?  

      Je soufflais un bon coup, avant de simplement rentrer... Et à peine avais-je posé mes yeux sur cette autre fille que je fus saisis d’un choc. Elle avait l’apparence d’une humaine, la tenue d’une humaine, mais son odeur m’indiquait qu’elle ne l’était pas ? C’était si étrange... Elle... Elle ne me donnait pas envie de la mordre, bien au contraire. Pourtant, son parfum délicat était très agréable, mais à l’image d’un parfum en bouteille d'une boutique Sephora, ça sentait uniquement bon sans donner envie de boire le contenu. Je la fixais... Immobile... Je savais que je devais dire un truc, me présenter, par exemple. Cependant, j’avais la gorge nouée par l’angoisse.          

Comptine d'un autre hiver

Les cours avaient finit tôt ce jour la et Earwen commençait a préparer ses affaires pour aller passer le week-end dans sa famille, même si elle ne pourrais quitter l'institut que le soir. Elle avait donc du temps libre dans sa chambre et après avoir un peu rassembler ses affaires, elle s'installa sur son bureau et scruta son visage dans un miroir de poche posé sur la table qui lui était destiné dans sa chambre. Un bouton sur son front la fit grimacer, autant de frustration que suite aux picotement désagréable qu'elle ressentait quand elle passait le doigts dessus.

Dans un soupir impatient, elle ne pu s'empêcher de commettre l'inévitable, a savoir, presser l'intrus du bout des doigts pour en évacuer le contenue. C'était dégoutant, elle le savait bien, mais c'était plus fort qu'elle. Ce geste pourtant fortement déconseillé avait quelque chose de particulièrement satisfaisant et provoquait immédiatement un soulagement non négligeable. une mauvaise manie qu'elle partageait honteusement avec bon nombre des jeunes de son âge.

Elle sursauta au moment ou la porte s'ouvrir, tout occupé qu'elle était a se passer du désinfectant sur la zone du non-regretté bouton avec un coton-tige. En désinfectant immédiatement, il n'y avait pas problème, se disait-elle. Une fois la besogne accomplie, elle regarda la jeune femme qui venait d'entrée. La petite nouvelle dont on lui avait parler et avec qui elle avait accepter de partager sa chambre.

"Salut, Tu es Morticia j'imagine? Viens, tu peux prendre le lit d'a coté. Je m'appelle Earwen et je suis heureuse de te rencontrer"

Dit-elle avec douceur, en souriant d'un air accueillant. Elle aussi avait été nouvelle, elle ne savait que trop bien ce que c'était et tenait maintenant a aider la jeune fille a s'intégrer a l'institut.        

@Morticia Montoya

Codage par Libella sur Graphiorum

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Personne à qui dire je t'aime, tout le monde sur qui cracher ma haine. - M.M

       Les seules autres créatures à sentir quelque chose de non-comestible, m’étaient indubitablement hostiles. J’avais neuf ans, presque dix quand je m’étais faite attaquer par un chien errant. C’était peu de temps après le Snap, livrée à moi-même au danger de la rue. Le chien m’avait perçu comme une menace, c’était donc la peur qui l’avait poussé à mordre et c’était ma peur qui avait provoqué le même geste avec plus de férocité et de force. Apprenant tristement et avec violence, sans doute, que pour survivre, je ne pouvais plus tellement compter sur l’éducation familiale. J’étais une sauvage qui avait délaissé la communication pour des mimiques bestiales, souvent parce qu’il était compris des chiens que la fourrière peinait à ramasser et qui rendaient ma vie assez dure. Voilà qu’après sept ans de démerde et d’emmerde, à grogner plus tôt qu'à émettre des mots élaborés, du jour au lendemain, je me retrouvais loin de tout cela.
     Je ne savais pas quoi dire ou quoi faire, ça me semblait presque nouveau. Pourtant, sept ans auparavant, je vivais avec ma famille, de manière ordinaire. Enfin, pour moi, la vie avec les Montoya était ordinaire, d’autre ne serait sans doute pas d’accord avec cette affirmation, notamment les “Stups”. Du coup, j’allais passer quelques années ici. Mentalement, je devais digérer le fait que j’allais être confronté à ma première expérience à l'école. En écoutant mes frères et ma sœur quand ils parlaient entre eux de leur journée à l’école, je me souvenais que je m’imaginais comment c’était, en me basant aussi sur ce que l’on pouvait apercevoir dans les films et dans les séries. Voilà que maintenant, j’étais moi-même un élève. J’étais effrayée de ne pas être à la hauteur. Surtout, que je devais apprendre à lire et à écrire. Mais j’étais motivée, l’idée même de pouvoir enfin lire me semblait être ici un privilège. Je pourrais enfin comprendre de quoi parlait toutes ses bandes dessinées qui m’avaient permis d’oublier la dureté de la rue.

        La voix de la non-humaine s’éleva avec douceur, elle m’indiqua l’autre lit... D’un simple coup d’œil, je pouvais déjà imaginer le confort de ce dernier. Et puis surtout, il était silencieux... Oui, un lit silencieux, ça me semblait soudainement nouveau. La plupart des lits sur lesquels je dormais dehors, quand j’avais la chance d’en trouver un, était déjà habité de quelques puces de lit et autres insectes, dont les déplacements ininterrompus n’échappaient aucunement à l’Ouïe qui était la mienne. Mais ce lit-là était propre, si bien que je n'osais pas me poser dessus de peur de le salir, oubliant que j’étais moi-même propre grâce à la toilette délicate que j’ai pu avoir au SHIELD. Force de l’habitude, j’imagine. J’approchais alors du lit en question, non son détaché mon regard de ma camarade de chambre. « ... Heureuse... Rencontrer... » Dis-je en la désignant de manière brève et timidement, comme si la pointer du doigt était un crime en soit...  
       J’en avais répété ses deux mots essentiels dans l’espoir qu’elle comprenne que j'étais aussi ravie de la rencontrer. Surtout, extrêmement rassurée de savoir que je ne passerais pas mes nuits avec quelqu’un que j’aurais à chaque instant envie de mordre. Qui honnêtement voudrait avoir à passer sa vie avec un Cheeseburger pour colocataire qu'on n'aurait pas le droit de manger, surtout lorsque la faim commençait à se faire sentir ?            

Comptine d'un autre hiver

Earwen ne connaissait pas grand chose de la vie de sa nouvelle camarade de chambre, elle savait simplement l'esentiel, a savoir, qu'elle sortait d'une situation difficile et qu'elle pouvait avoir du mal a s'exprimer, en tout cas, toutes les information nécessaire pour pouvoir l'accueillir dans les meilleurs conditions possibles. Elle remarqua l'effort de la jeune fille pour tenter de paraitre "normal", l'hésitation de celle ci a prendre possession du lit qui lui était destinée... elle avait du avoir une vie bien difficile.  

"Je suis ravis de te rencontrer moi aussi. Mets toi a l'aise, il y a rien a craindre."

Dit-elle avec un sourire accueillant. Elle devait faire preuve de bienveillance et de patience aussi peut être, car la demoiselle semblait craintive. Avait-elle peur de faire du mal, comme elle même avait cette crainte en arrivant a l'institut? En tout cas, si tel était le cas, Earwen était parfaitement placée pour la comprendre. C'est pourquoi, elle était bien décider a tout faire pour la mettre l'aise. Ressortant sa tablette tactile de son sac, Earwen pianota dessus pendant un instant puis sortit une petite enceinte sans fil qu'elle posa sur le bureau, avant de reprendre la parole:

"Je ne rentre chez moi qu'en fin d'après midi, tu seras seul dans la chambre ce week end, mais je reviens lundi. En attendant on a un peu de temps libre. Tu aimes quoi comme musique?"

La jeune fille pensait en effet que mettre un fond musicale aiderai la petite nouvelle a se sentir en confiance, mais ne connaissant pas les gouts de celle ci, elle préférait la laisser choisir.

@Morticia Montoya

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Personne à qui dire je t'aime, tout le monde sur qui cracher ma haine. - M.M

       Il n’y avait rien à craindre, annonça Earwen et c’était sans doute vrai. Ce n’était pas tant une quelconque forme de menace que je craignais ici, c’était plus le fait d’être incapable de m’adapter. En soit, ce n’était pas une peur si absurde que ça. J’ai passé mon temps à adopter des comportements en adéquation avec celle des humains, parce que la manière dont je vivais, me poussait à les chasser ou à éviter tout attachement. À Contrario, les bêtes me semblaient mieux comprendre ma situation que moi la leur. Me conduire comme une bête m’avait permis de gagner en liberté et de faire fi des règles sociales, même de celles qui constituaient nos lois. Le retour au cadre était en lui-même, intimidant. Ceci amplifié par un sentiment mineur de vouloir bien faire les choses. Parce que j’étais tout de même plus que consciente de l’effort qui avait été mise en place pour me permettre de retrouver une vie presque ordinaire, malgré ma bestialité, ma sauvagerie et manque de civilité.

Mais ici, dans cette institution spécialisée, je n’étais pas plus dangereuse qu’un autre. C’était, paradoxalement rassurant. Pourtant, c’était aussi ce qui était un peu effrayant. Puisqu’en imaginant que je parvienne à accepter ma vie ici, je n’avais pas la garantie de pouvoir m’intégrer aux autres malgré qu'il était normal de croiser d'autre cas à part. C’était pourtant un sentiment que je trouvais bête et je ne comprenais pas pourquoi aujourd’hui, elle prenait autant de place dans mon cœur. Est-ce que j’étais timide ? Je n’en avais véritablement pas l’impression, mais j’étais finalement bien mal placé pour savoir et comprendre ce que je ressentais vraiment. Ma camarade, Earwen, reprit la parole pour m’annoncer que j’allais passer mon week-end seul. Il était vrai que le vendredi annonçait le début du Week, je devais me souvenir de ces choses à nouveau.

Elle rajouta qu’elle avait un peu de temps libre, amorçant une question sur laquelle je n’étais pas forcément à l’aise. Mais forte heureusement, pas complètement ignare pour autant. Je ne savais pas ce que les jeunes de mon âge écoutaient, n'ayant été bercée que par les musiques de mon pauvre père, en plus ce que de ce qu'écoutaient les Junkies dont je squattais de temps en temps les résidences  « Bandolero... Don Omar. » Dis-je avant de m’asseoir enfin sur le lit, il était tout doux et confortable. « Musique... Moi... Aime. »             

Comptine d'un autre hiver

La jeune fille ne semblait pas vraiment a son aise, sans doute parce que tout comme beaucoup de jeune ayant vécut des choses difficiles, elle craignait de ne pas s'adapter. C'est pourquoi, Earwen avait penser a mettre un peu de musique pour installer un climat de confiance. C'est donc tout naturellement qu'elle sortit le nécessaire, laissant a la petite nouvelle le choix du morceau. « Bandolero... Don Omar. » Earwen n'avait aucune idée de ce que c'était, ne connaissant ni le titre, ni l'artiste en question, mais une recherche rapide lui permit de tomber dessus. La chanson fut jouée après quelques instants d'attente, subissant un peu les quelques caprices de la connexion de l'institut avant de démarrer pour de bon.

après quelques instants d'écoute, Earwen eu un sourire. Ce n'était pas ce qu'elle avait l'habitude d'écouter et ne connaissant pas vraiment ce style, elle n'aurait sans doute pas été le chercher par elle même. C'était toujours intéressant de découvrir des gouts nouveaux.

"Je connaissais pas, mais j'aime bien."

Le rythme donnait envie de se déhancher, mais la jeune fille préférait s'abstenir, n'ayant pas vraiment une grâce naturelle. A ses propres yeux, elle était plutôt empotée et aussi raide qu'un piqué. Elle restait donc assis sur sa chaise, se contentant de marquer légèrement la mesure par de discrets mouvements de tête.
@Morticia Montoya

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Personne à qui dire je t'aime, tout le monde sur qui cracher ma haine. - M.M

       Je ne connaissais rien de la fille en face de moi, je ne savais même pas qui serait mon colocataire, ou plutôt ma partenaire de chambre, jusqu’à il y a quelques secondes, en franchissant les portes de la chambre commune. Mais je devais reconnaître qu’elle m’aidait énormément à me mettre à l’aise, ou à me sentir confortable. Notamment en prenant la parole en premier et désormais en proposant quelque chose de très familier. Entendre de nouveau Bandolero, fit naître en moi une quiétude bienvenue. Mais aussi, un profond sentiment de nostalgie. Je me revoyais justement à mes sept ans, observant mon père travailler sur sa voiture, les mains dans le moteur, pleines de suie, la musique tournant en fond. Un moment tout ce qu’il y a de plus banal, mais qui pour moi, était tout ce que j’avais et ce qui me suffisait, étant donné que je ne pouvais pas sortir dehors ou aller à l’école à cause de ma santé.

Oui, à l’époque, l’on croyait que mon problème était une question de santé. Que l’anémie était dû une pathologie ou autre maladie du sang que l’on ne comprenait pas. Époque de l’ignorance et époque de l'innocence à laquelle j’aimerais revenir. Que j’aimerais oublier la vérité, dure et cruelle concernant mon corps. Aujourd’hui, je sais que la maladie, n’était aucunement une maladie. Que l’anémie était finalement qu’une forme de carence provoquée par la faim, mais une faim que j’ignorais à l’époque. Une faim qui devenue ma réalité depuis que j’ai grandi, depuis que je n’étais plus assistée par l’intraveineuse me forçant à rester à domicile, à ne participer à aucune activité scolaire ou extra-scolaire. Quelle ironie, le vampirisme m’offrait la liberté que l’intraveineuse me privait, mais elle faisait de moi quelque chose de terrible en échange.

La voix de ma camarade me sortit de mes pensées. Elle aimait apparemment cette musique que j'écoutais finalement principalement durant mon enfance. « Toi... écouter... Quoi ? » Demandais-je en retour dans un principe de poursuivre l’échange ?              

Comptine d'un autre hiver

De part son éducation, Earwen été habituée depuis son plus jeune âge a être une hôte agréable et acceuillante pour les invités de la famille. Aujaurd'hui, c'est cette éducation qui lui permettait de mettre a l'aise sa nouvelle camarade de chambrée, notament en lui faisant écouter une musique qu'elle aimait. La chanson en question, Earwen la découvrait et même si elle n'était pas familière de ce style musicale, elle se laissa emporter par son rythme.

« Toi... écouter... Quoi ? »La question de la jeune fille lui fit tourner la tête dans sa direction, avec un petit temps de réflexion. En matière de musique, Earwen n'allait pas vraiment dans l'originalité par rapports aux jeunes de son âge, sauf peut être sur un point en particulier.

"En général, je me contente de ce qui passe a la radio.. et j'aime bien écouter de classique aussi, quand j'ai besoin d'étudier."

Et elle reconnaissait parfaitement qu'elle avait peut être besoin de découvrir d'autres styles un peu plus originaux, histoire d'élargir sa culture musicale assez limitée. Quand on était ado, on écoutait la plupart du temps ce que nos amis écoutaient, sans chercher a se démarquer. Puis on discutait potin de star, tournant autour des mêmes chanteurs et chanteuses. Cela faisait un sujet de discussion comme un autre, même si il n'était pas des plus enrichissant, il fallait l'avouer.

"Il y a d'autres morceaux qui te feraient plaisir a écouter? J'y connais pas grand chose en vrais."

En effet, la jeune fille était plutôt portée sur les sciences que sur la musique, n'ayant pas vraiment la fibre artistique.  Peut être que Morticia allait lui permettre d'élargir ses horizons?
@Morticia Montoya

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Personne à qui dire je t'aime, tout le monde sur qui cracher ma haine. - M.M

       C’était un peu étrange comme situation... La nouvelle arrivante qui rencontra sa nouvelle camarade de classe, ici de chambrée, et fit sa connaissance comme si de rien n’était. Là à discuter de musique dans la plus ordinaire des conversations, mais les choses ne pouvaient pas être si ordinaire. Cette illusion de normalité ne brisait pas ce que je savais au fond, le fait que la civilité n’enlevait rien à la bestialité qui se tapissait au fond de mon cœur plusieurs fois tourmenté. Dire que j’étais une “machine” à tuer, n’était quelque part pas si fantastique ou si cliché que ça, le propos même de ma condition embrassait parfaitement l'horreur qu'encadrait le terme “machine à tuer” chez moi. Puisqu’il était purement véridique, que la faim traînait toujours cette sensation de n’être jamais complètement repu. Que dire lorsque mon cœur s’emballait à chaque fois que l’odeur humaine s’accompagnait du parfum de la sueur, ou celle de l’adrénaline ou pire encore, de l’effluve souvent impardonnable de l'hémoglobine ?
          Dès la naissance, j’avais été condamnée à une vie de prédation, c’était une vérité qui, chez moi, était immuable même si je me donnais un semblant de vie humaine. Combien d’année cela m’avait pris pour accepter que le corps qui était le mien, dans sa fragilité précaire, sa survie dépendait de la substance rouge qui faisait battre les cœurs, autrement, je dépérissais. J’avais arrêté de me voiler la face, j’avais arrêté de rêver d'une miraculeuse solution qui jamais ne vint. Voilà qu’aujourd’hui, du jour au lendemain, je passais de ce trou froid qu’était de cette ruelle emplie de vice et de solitude, à l’enchantement d’une chambre pourvu d’un chauffage fonctionnel et d’une agréable camarade. Mais pas une camarade comme les autres, car celle-ci ne dégageait aucune odeur qui pouvait particulièrement éveiller mes instincts primaires. Que la vie puisse ainsi être si aisé, me laissait évidemment perplexe.

       Pourquoi diable avais-je autant souffert ? Si finalement d’un claquement de doigts, tout pouvait être résolu. C’était même triste de constater que ma vie, n’était peut-être qu'une vie parmi tant d'autre à laquelle on n'accordait pas souvent un droit de regard. Combien de pauvre type avait été si salement abandonné à la misère de la rue et combien d’entre eux avaient-ils eu le malheureux de croiser l’enfant incontrôlable que j'étais il y a plusieurs années auparavant ? Mort sans reconnaissance, brisé par un monstre nocturne insatiable. Je ne pouvais pas faire comme si mon passé était derrière moi, comme si tout ira bien dans un avenir proche. J’avais le sang de bien des innocents sur les mains, je voyais encore leur visage hanté mes rêves les plus sombres quand j’étais en mesure de m’endormir. Un privilège que mon corps ne m’accordait qu’en de rares cas. Je ne pouvais pas faire comme si j’étais humaine.
         Quand ironiquement, sans doute, la solution pour éviter un drame, c’était de me placer avec une non-humaine dans la chambrée. C’était un geste profondément avenant et touchant de la part de Charles Xavier, mais qui justement, rappelait qu’on ne pouvait pas me faire confiance à cent pour cent. Et je comprenais. Je ne me faisais pas non plus confiance, prudente à chaque battement de cœur que j’entendais, chaque parfum que je ressentais, alerte quant à mes propres faiblesses physique. La vie était cruelle, sa nature impardonnable et j’étais une part de cette nature, parfois incohérente et absurde. Curiosité de l’existence qui doit malgré tout apprendre à être ordinaire. Je rêve d'une humanité que je n’ai fait qu’observer de loin, finalement sans jamais vraiment la comprendre. Mon regard se relève quand une question me fut directement adressée, m’intiment à m’exprimer de nouveau.

       Mais comme elle, j’étais loin de connaître énormément de chose. La seule musique qui m’était revenue, me venait de ma vie auprès de ma famille et seulement parce qu’elle était marquée de moments agréables à mes yeux. Pour autant, il y avait tout de même quelque chose que je connaissais. Je l’avais découvert en écoutant un homme jouer du piano. Oui. Il m’arrivait d’escalader des remparts et les façades, pour observer des gens à leur insu... Non pas que j’étais très au fait de ce qui était bien ou mal de faire quand j’avais terminé dans la rue avant même d'avoir atteint l'âge de dix ans. Toujours est-il qu'il jouait souvent de cette musique, je l’ai entendu une fois dire que celle-ci se nommait : « Idea 22. » Qui était le nom de l’artiste, ça, je l’ignorais, je n’étais même pas certaine qu'elle puisse retrouver le morceau juste avec ça. En tout cas, c’était l’une de ces mélodies qui avait tendance à créer une étrange nostalgie...
       Je fixais ma camarade un instant et je ne pus m’empêcher de poser la question. « Pourquoi... Odeur... Toi... Différent ? »              

Comptine d'un autre hiver

Earwen ne pouvait pas vraiment s'imaginer par ou était passé sa nouvelle camarade, ni ce qu'elle avait pu vivre dans son enfance. Elle ignorait tout des tourments et des combat de celle ci, qui au fond la dépassait, puisque de son coté, elle avait profiter d'une enfance heureuse et épanouissante.

La mélancolie visible de Morticia semblait en dire long sur son vécut, qui ne devait pas être tout rose, loin de la. Elle méritait de sentir qu'elle avait sa place a l'institut et c'était la mission que se donnait Earwen a partir de maintenant.

"Je vais te laisser mon numéro, comme ca tu pourra m'appeler pendent le Week end. C'est toujours un peu perturbant les premiers temps, donc si tu as besoin de discuter un peu, hésite pas, je suis facilement joignable et je répond vite aux messages. Tu as un téléphone? Sinon je vais voire si je peux t'en ramener un ancien a moi lundi qui est toujours fonctionnel."

Et au moment ou la jeune fille demanda a sa camarade et potentiellement nouvelle amie ce qu'elle aimait d'autre comme musique, ce fut un nouveau titre inconnu qui fut jouer sur l'enceinte, rappelant sans doute des souvenirs heureux a Morticia. Celle ci lui posa alors une question qui avait de quoi surprendre et l'aurait probablement mis mal a l'aise si elle n'avait pas été plus ou moins mise au courent de la situation de la jeune fille:

"Je crois que c'est du a mes origines. Mon père est humain mais ma mère vient d'un autre monde. Je ne suis pas mutante, mais demi elfe. Habituellement j'en parle pas trop, mais entre nous c'est pas pareille, j'ai cru comprendre que tu était un peu différente toi aussi et c'est pour ca qu'on nous a mit ensemble."
@Morticia Montoya

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