Depuis le néolithique, le solstice d’hiver est un moment spécial du cycle annuel pour beaucoup de cultures. Cela inclut les Maîtres des Arts Mystiques. Outre que les origines de l’ordre remontent à cette période, l’Eldritch est lié à la lumière ainsi Kamar-Taj a sa propre version de la fête du Soleil Invaincu. L’UTC indique le solstice d’hiver à 9:30 A.M. ainsi se déroule-t-il à 03:15 P.M. à Katmandou, du fait des 5h45 de décalage horaire. D’ordinaire, cet horaire voit approcher la fin des entrainements aux chorégraphies magiques, à la demie. Ceux-ci ont été annulés pour la journée afin de laisser place aux festivités et aux démonstrations.
La capitale du Népal est une ville relativement chaude. Humide, certes, mais chaude. Le mois de décembre s’accompagne de températures moyennes de 10°C, avec des minimales à 7 et des maximales à 15. C’est aussi le mois où il pleut le moins, malgré un taux d’humidité de 76% environ. Qui, ironiquement, fait sentir la température beaucoup plus basse qu’elle ne l’est réellement. Les jours sont cours, avec environ 6h30 d’ensoleillement, mais c’est toujours ainsi lorsque l’étoile disparait derrière les montagnes. Et l’Himalaya nous entoure, dissimulant tout horizon. Les neiges se trouvent sur les sommets, visibles depuis les toits et les tours d’un Kamar-Taj épargné par la couche blanchâtre. Si les secondes ne sont pas décorées, les premiers servent de témoins aux festivités. Novices, Apprentis et Disciples forment de grands cercles autour d’artistes occupés à faire des démonstrations mystiques et martiales ; s’affrontant en duel ou en groupe sous les encouragements plus ou moins dignes et contenus de leurs pairs. En contre-bas de tout cela, les cours sont décorées de guirlandes aux effigies solaires fabriquées par les volontaires. Sous celles-ci se tiennent les pratiquants plus calmes, assis sur des bancs, des marches ou des paliers pour discuter joyeusement et admirer ceux qui pratiquent des sculptures holographiques ou des danses accompagnées de nuages de brume dorée. Les rires et les discussions sont ceux d’une fête au village, sans rien de péjoratif à cela, et je vois comme j’entends tout le monde alors que je patrouille sur les rebords des toits.
Comme tous, je m’arrête lorsque le gong de Kamar-Taj signale l’heure du Solstice. Je prends la minute pour ressentir à travers moi la chaleur des canalisations lumineuses formant la base de l’art Eldritch. Le sentiment de chaleur, comme lorsque l’on lézarde au soleil, et de connexion à son environnement, comme lorsque l’on médite, m’a toujours été agréable. Tout comme il est parti, le bruit revient dès que la commémoration est terminée. La fête reprend et bat son plein rapidement.
La Cape de Lévitation s’agite derrière moi, son rouge profond contrastant avec le bleu royal de ma robe sans manche et de mon pantalon ainsi que des laçages sur mes avant-bras et sur mes bottes. S’il est moindre, le contraste se retrouve aussi sur ma tunique en denim comme entre les fermoirs d’or de la Cape et les dorés ou les bronzes de l’Œil d’Agamotto, de l’Anneau de Téléportation ou de certaines boucles de mes sept ceintures d’un cuir similaire à celui de mes bottes. Je dirais bien que je me suis coiffé pour l’occasion mais les mèches de mon toupet ont le toupet de s’agiter au même vent que la Cape de Lévitation… dont le col s’agite par intérêt également.
J’ai pu discuter avec Wong et cela m’a fait plaisir mais nous avons tous deux les devoirs de Sorcier Suprême à accomplir ; la partie sociale pour lui, la partie martiale pour moi. J’ai longuement discuté avec Hamir et Minoru du fait, même si le second Maître n’est pas réellement présent. La Gardienne du Sanctuaire d’Hong Kong pense à sa fille, enfuie de par le monde et refusant de lui pardonner. Dans une note plus positive, j’ai félicité le Gardien du Sanctuaire de Londres pour être désormais le doyen des Maîtres des Arts Mystiques. Nos trois sanctuaires ne sont pas sans surveillance et nous restons prêts à y intervenir mais je tenais à ce que nous faisions au moins un passage par les festivités de Kamar-Taj. Pas que cela me fasse plus plaisir qu’à eux mais Minoru doit se rappeler de pourquoi elle a menti tandis qu’Hamir a élevé son fils en ces murs et est particulièrement attachés aux moments communautaires de Kamar-Taj. Quant à moi, il ne faut pas oublier que j’ai fait médecine. Même si je le cache bien présentement. Me détendre vis-à-vis de mon travail est important et je m’y améliore avec le même rythme que mes autres apprentissages.
Les Gardiens ne sont pas les seuls Maîtres des Arts Mystiques à avoir rejoint Kamar-Taj pour ce jour. Il en est venu de partout. La première année, j’avais espéré le retour de Karl afin de le revoir mais c’est un espoir que le temps a balayé. A la place, je cherche des yeux les newyorkais pratiquants, Kayser comme Blackwood, comme celui qui n’a jamais réussi à trouver son équilibre, Drumm cadet.
Un pas après l’autre, j’avance sur les rebords des toits. Mes yeux passent par-dessus les épaules des Maîtres rassemblés en cercles autour des démonstrations martiales, toujours accompagnées de saluts au début et à la fin de l’affrontement, puis se détournent vers les démonstrations artistiques, depuis les sculptures aux danses, et je ne peux me défaire d’un petit sourire content.
Ah, le solstice d'hiver ! Une période particulière et toujours fortement attendue des siens. C'était une opportunité pour réunir une grande majorité si ce n'est presque tous les membres pratiquants les arts mystiques. Cela allait bien au-delà de fêter la création de l'ordre ou de louer la survie de l'astre lumineux. C'était également une chance pour souder et fortifier les liens de cette grande famille. Eris n'en avait raté que lors de son voyage autour du monde pour renforcer son apprentissage. En dehors de ce cas, elle n'en avait jamais raté un seul et il en était de même pour sa fille. Toutes les personnes qu'elle considérait comme sa famille était là bas et Isis les connaissait depuis presque sa naissance. C'était donc un événement très guetté par les deux filles. Un peu avant le début des festivités, Eris avait pris soin de les préparer.
Isis portait une robe blanche simple sans dessin particulier en plus d'un collant de même teinte. Une veste pour la maintenir au chaud de couleur grise complétait le tout. L'avantage de Kamar-Taj, c'est qu'il y faisait beaucoup moins froid qu'à New York pour la période. Il n'y avait donc pas besoin d'y venir en grosse doudoune. La petite portait également une paire de botte de couleur marron et elle avait tenu à utiliser un chouchou de même teinte pour tenir la longue tresse de ses cheveux faite par sa mère. Pour la Blackwood, rien de bien changeant. Elle portait comme souvent une robe noire à noble motif suffisamment adaptée et légère pour un entrainement. En effet, elle ne louperai pour rien au monde une petite démonstration de talent par les combats amicaux organisés pour l'occasion. Felidae, pour sa part, c'était simplement enroulé autour de son cou à sa place habituelle. Il allait être rafraichissant de pouvoir être de nouveau complètement soi-même sans avoir à garder un œil constant sur son environnement ou de faire attention à ne pas révéler leur secret aux yeux du commun des mortels.
Une fois la petite famille prête, Eris ouvrit sans difficulté de chez eux un portail avec son anneau de téléportation pour arriver directement au sein de Kamar-Taj dans une zone spécialement préparée pour l'évènement. Une trentaine de personnes étaient déjà sur place et encore nombres d'autres arrivaient encore régulièrement. Cette péripétie ne faisait que commencer. La disciple salua dans un premier temps Wong échangeant quelques mots amicaux avant de se mêler à la foule. Il était quelqu'un qu'elle respectait profondément et d'autant plus suite à sa décision d'accueillir sa fille malgré les circonstances particulières de son retour en 2019. Le Sorcier Supreme Docteur Strange ne semblait pas encore présent. Elle profita que Kamar-Taj ne soit pas encore une marée humaine pour retrouver ses sœurs et ses frères pour d'émouvantes retrouvailles. Etant souvent envoyés en mission à droite à gauche ou occupés par diverses affaires, ils pouvaient rarement se retrouver tous ainsi. Isis semblait particulièrement heureuse de revoir toutes les personnes qu'elle considérait comme des tantes et des oncles.
La discussion avait tourné autour de leur vie respective avant d'en venir à la petite. Qu'il était bon de pouvoir se relaxer, en sécurité auprès de ses pairs. Eris avait beaucoup de mal à décoller le sourire de ses lèvres qu'elle n'arborait d'ordinaire que peu et brièvement en public sauf en présence de sa fille. Quelques temps après, plusieurs combats bienveillants avaient été mis en place et la Blackwood ne put résister à un tel appel. Une de ses sœurs de cœur avait pris Isis dans ses bras, se positionnant autour du cercle pour pouvoir observer le combat. Eris se retrouvait à affronter un autre disciple qu'elle avait déjà croisé amicalement parfois même si ce n'était pas allé plus loin. Après s'être incliné l'un envers l'autre, ils s'observèrent longuement se déplaçant en cercle avant que plusieurs utilisations de la magie Eldritch ne se fassent. La Blackwood avait créé plein de petits couteaux de lancer qui se transformaient en papillon une fois le sol atteint ou la cible touchée. Elle invoquait son bouclier inscrit de nombreux cercles complexes pour se défendre quand les rôles s'inversaient. L'affrontement était serein étant plus décoratif et démonstratif que réaliste. Sentir la magie lumineuse en action était toujours un grand plaisir pour la disciple.
Sur la fin, le rythme des échanges s'intensifièrent soudainement sous les acclamations plus ou moins modérées des spectateurs. Eris sourit lorsqu'une petite idée lui vint. Elle profita d'un rebond de sa part pour changer sa forme, quelques paillettes de lumière gênant la vue de son adversaire. Ainsi, quelle ne fut pas la surprise de son concurrent en voyant un tigre finir de bondir sur lui et non plus la femme. Elle s'était assurée de ne lui causer aucun tord dans l'action. Les artéfacts comme les reliques n'avaient pas été interdits sûrement pour un peu plus d'effet spectaculaire. La maitresse des arts mystiques, sous sa forme de tigre, retira son poids de l'homme ainsi que ses pattes de ses épaules alors qu'elle était déclarée victorieuse. Elle offrit un rugissement triomphant, saluant respectueusement par la suite son vis à vis avant de reprendre sa forme humaine. Elle bénissait les arts mystiques que sa relique ne détruisait pas ses vêtements quand elle passait d'une forme à l'autre.
Elle retourna ensuite auprès de sa fille, la récupérant dans ses bras protecteurs et maternels. Cette dernière n'arrêtait pas de babiller, toujours aussi émerveillée de sa forme sauvage. Eris en rit joyeusement tout en embrassant son front alors qu'elle se dirigeait avec quelques-uns de ses compères vers les zones plus calmes de Kamar Taj. Lorsque le gong sonna, comme toute sa famille, Eris s'arrêta, profitant de la minute spéciale annonçant enfin le solstice d'hiver. Elle ferma les yeux, se détendant sous les afflux réconfortants de la chaleur de la lumière des arts mystiques. Isis ne pouvait pas encore le sentir mais Eris avait remarqué que cet instant de silence avait toujours eu un impact particulier sur sa fille. Depuis bébé, elle n'avait jamais pleuré ni fait de bruit à ce moment-là comme si, instinctivement, elle comprenait l'importance de celui-ci. Le fait d'y avoir été continuellement conviée influençait surement son comportement à ce sujet.
Isis fit néanmoins une chose qui pris au dépourvu sa mère. Eris entendit à la fin de la minute, au moment de la reprise des activités, le son limpide et harmonieux des clochettes du temple non loin d'elle. En ouvrant les yeux, elle constata que cela était dû à sa fille. Cette dernière les regardait intensément en plissant ses paupières, souriant à la disciple quand cela fonctionna, le vent créé artificiellement agitant les petites cloches. La mère secoua doucement la tête avant d'embrasser sa joue en la remerciant. Eris s'installa ensuite confortablement sur un des bancs prévus à cet effet, brûlant grâce à quelques flammes de sa création quelques encens autour d'eux. Elle reprit sa discussion avec quelques-uns de ses frères et sœurs, laissant la douce senteur les englober.
Si je devais parler de manière personnelle, je dirais que, de mon vivant, je garde un très bon souvenir des fêtes du solstice d'hiver. En effet, cela permettait de retrouver les membres de l'ordre et de ne pas être confiné à chaque fois dans le sanctuaire de New-York. En revanche, je vois bien que cela n'est pas ton cas petit frère. Tu traînes à enfiler ta tenue de maître des arts mystiques dont le dos est gravé d'un « V ». Tu voulais te concentrer pour la préparation d'une fête de quartier sous le thème de Noël. Malheureusement, pour toi, ton ancien mentor, maître Minoru avait insisté et voulait que tu sois présent pour Kamar-Taj. Elle avait d'ailleurs demandé à maître Hamir de t'ouvrir un portail pour rejoindre les membres de l'ordre. Tu soupires. Tu avais d'ailleurs eu à peine le temps de finir de te préparer que des étincelles apparaissent dans ta chambre en laissant entrevoir ensuite un portail, l'homme qui ne possédait plus qu'une main se trouvait de l'autre côté. Tu viens alors passer ce portail et tu te retrouves en un instant de New-York à Kamar-Taj.
« Maître Hamir… Merci du coup de main. »
Espèce de crétin… Le pire dans tout cela c'est que tu n'avais même pas fait exprès. Cependant, le népalais ne semble pas le prendre mal et se contente silencieusement d'incliner la tête vers toi en signe de respect avant de repartir. Il va vraiment falloir un jour que tu te poses les bonnes questions. Vas-tu être dépendant toute ta vie des autres pour les voyages téléportatifs ou vas-tu changer cela un jour ? Tu arpentes les chemins de la grande bâtisse en fronçant les sourcils. Tu observais les membres de l'ordre qui étaient regroupés vers des spectacles de combats ou de prestidigitations. Tu souhaitais rester en retrait et tu poses ton épaule sur un mur. Tu décides de faire acte de présence, rien de plus. Strange n'avait pas tout à fait tort sur ton comportement d'adolescent pré pubère… Bouder est un exemple typique d'une absence de maturité. Que tu le veuilles ou non, tu fais partie des maîtres des arts mystiques et tu ne pourras pas rester éternellement dans le Lazarus Center à jouer au gérant d'association lambda
« Tu n’as qu’à y aller toi. Je ne te retiens pas… »
Hahah… Très drôle. C'est à mourir de rire, vraiment. Tu sais pertinemment que je ne peux pas me déplacer sans que tu te déplaces. Je vois le monde à travers tes yeux et si tu décides de ne pas bouger ta carcasse, je ne pourrais aller nulle part. Je sais pertinemment à quoi tu penses. Tu te remémores les évènements du 18 novembre et tu te poses encore des questions sur ces types qui ont attaqué l'entrepôt. Tu es sain est sauf et c'est tout ce qui compte pour moi. Estime-toi heureux, de ne pas être à Kamar-Taj en fauteuil roulant ou de ne pas y être du tout d'ailleurs. Ton regard est attiré vers un individu qui marche sur les toits des bâtiments bouddhistes. Ah, j'espérais secrètement que tu ne te rendes pas compte de sa présence. Tu as encore moins envie d'être ici maintenant. Mon digne successeur en tant que gardien du sanctuaire de New-York : maître Strange. Vous avez pourtant eu une discussion lorsque tu t'es présenté à lui. Malheureusement, c'est toujours la même chose. Tu lui en veux toujours autant pour ma mort. Cela me désole au plus haut point.
« Regarde-le… Il a toujours besoin d’être sur son piédestal. De montrer qu’il est au-dessus et supérieur aux autres. »
Arrête de me parler à voix haute, je te l’ai déjà dit. Je sais que tu ne l’apprécies pas. Il n’y a donc pas besoin d’en rajouter. Ton attention est alors attirée vers la sonnerie du gong et c’est comme si le temps semblait s’être arrêté. Tu hausses un sourcil en voyant les membres de l’ordre en légère contemplation sur… Tu ne sais quoi. Sur la magie Eldritch petit-frère et de cette sensation dans la lumière. Tu sais, cette même sensation que tu n’arrives pas à éprouver parce que tu ne sais pas utiliser cet art-mystique ? Oui, tu n’as pas fini de te sentir exclu si tu continues sur cette lancée.
Les fêtes de Kamar-Taj sont plus nombreuses qu’on pourrait le penser. L’ordre des Maîtres des Arts Mystiques est ancien. Presque sept mille ans. Sa culture a connu une évolution similaire à celles des fêtes religieuses datées du paléolithique. Les pratiquants de l’art Eldritch sont liés aux solstices tandis que ceux de l’art Tellurique le sont aux phases de la lune ; étant conséquemment les plus grands organisateurs de soirées, même si tout le monde n’y est pas forcément invité. Les cultes de la fertilité et de la Wicca peuvent avoir des dimensions charnelles voire sexuelles dérangeantes pour les gens de nombreuses cultures ; sans que l’on atteigne les extrêmes de l’Astrum Argentum. Il n’y a guère de culture liée à l’art miroir, même si les plus beaux spectacles peuvent être donné dans cette dimension, ou à l’invocatoire, qui est plus lié aux différents tuteurs et principats des autres arts. J’ignore si les Vaudous ont leurs festivités car ils sont, à l’instar des Telluriques, plutôt secrets. Sans doute le besoin de relation personnelle avec le Loa. L’Eldritch n’a pas ce problème : qu’importe que l’on pratique les Anneaux Ruby de Raggadorr, les Boucliers des Seraphims, les Vents de Watoomb, les Sabres Sacrés des Vishanti ou autre puisque peu d’entre nous n’a jamais rencontré Raggadorr, un Seraphim, Watommb ou l’un des Vishanti. Ils sont les entités à nous avoir enseigné les canalisations il y a bien longtemps et motive le fait que l’art mystique basé sur la lumière soit nommé Eldritch ; l’adjectif utilisé pour décrire une chose d'un autre monde, inquiétante ou étrange. On se rencontre entre nous, c’est déjà pas mal.
Blackwood a sa robe de Maîtresse des Arts Mystiques personnalisée, signifiant son rang de disciple, tandis que sa fille est habillée comme une étrangère mais personne ne lui en voudra. La couleur blanche est un clin d’œil au rang où elle s’initiera un jour, comme sa mère avant elle. Quant à la relique tellurique, elle fait sa vie. Il est difficile de ne pas remarquer l’utilisation de celle-ci lorsque la Disciple se change en tigre pour imposer sa victoire sur un partenaire. Blackwood est puissante dans ce qu’elle sait faire mais guère diversifiée. Je me demande si c’est là une caractéristique inhérente aux mutants mais c’est probablement raciste de ma part. D’autant que Dominique a réussi à se diversifier plus en moins de temps d’apprentissage et possède similaire pouvoir génétique ; pour son plus grand malheur. Les Disciples continuent d’apprendre à l’instar des Apprentis, de toute façon. Ils se débrouillent simplement entre eux ou avec le Sorcier Suprême plutôt que d’être accompagnés dans un apprentissage. L’art appris dépend de ceux connus par le maître et des capacités à apprendre par lui-même de l’élève ; d’où le fait que je sois le meilleur. Deux des meilleurs maîtres possibles ainsi que le fait d’être le meilleur autodidacte imaginable.
Délaissant les Blackwood à la victoire et à la suite de leur festivité, je continue à patrouiller en rebord de toit pour tout voir. Y compris la surprenante présence de moins bon apprenti possible : Jericho Drumm. Je ne vise pas à être insultant avec cette constatation. Son accession au rang de Disciple s’est néanmoins faite par la voie de ses ancêtres, le Vaudou, et il a toujours été incapable de développer l’art enseigné par sa Maître, l’Eldritch. A sa décharge, Minoru n’est pas une bonne professeure. Peut-être même pire que moi. Elle a encore prouvé son impatience et son incapacité à comprendre les besoins de son ancien élève lorsqu’elle a voulu forcer nos présentations et notre coopération, étant contreproductive tant pour celle-ci que pour notre propre relation. Heureusement, les gens me saoulent naturellement avec leur stupidité : un peu plus ou un peu moins ne m’est pas forcément problématique. Après, elle avait fait beaucoup plus. Nous sommes des adultes et nous sommes des rivaux : nous en avons parlé comme des grands et sans grande diplomatie. On verra si elle a compris. Je me demande si elle a forcé Drumm deux à venir, aujourd’hui.
Drumm deux qui me regarde en contrebas, n’étant pas intéressé par les duels sur les toits mais patrouillant au sein des jardins et des démonstrations non-violentes. Cela lui correspond bien. Je n’ai pas grande idée de la quantité de pratiquants de l’art vaudou au sein de Kamar-Taj et des Maîtres des Arts Mystiques. Quand on est habitué à des entités Eldritch qui ont enseignés leurs pouvoirs à nos ancêtres dans un lointain passé, c’est compréhensible que de devoir inféoder sa propre personne à des divinités Vaudous soit rébarbatif. Cela ne m’empêche pas de saluer de Disciple de la tête, quelques temps après le signal du solstice.
Je reprends ma patrouille ensuite et suis libre de redécouvrir que Blackwood s’en est elle-aussi allée aux jardins. Je fais un pas dans le vide et la Cape de Lévitation s’écarte derrière moi pour me faire léviter jusqu’au sol. Je m’approche du groupe de discussion venu se réchauffer autour des flammes pyrokinétiques sans la moindre gêne. Les participants se connaissent déjà et n’ont pas besoin de moi pour discuter ; pour ne pas dire que je mets un terme à cela lorsque j’arrive. Pas besoin d’un mot, juste ma présence. J’ignore si chaque artiste mystique de ce groupe préfère Wong et me considère comme indigne du titre de Sorcier Suprême mais, heureusement, cela m’indiffère au plus haut point. Tout comme je me fous qu’ils s’inclinent ou non devant moi, comme le veut la tradition.
« Maîtres, les salue-je tous avec un acquiescement, mes bras le long du corps, indifféremment de s’ils sont Disciples ou Apprentis ; puisque Maître est un titre honorifique plus qu’un rang dans l’Ordre. Je vais me permettre de vous emprunter Maître Blackwood. »
C’est dit en regardant la concernée mais ce n’est pas dit comme une question. Ni comme un ordre. C’est juste un fait.
« Blackwood, dis-je lorsqu’il est question de considérer la Blackwood junior à son tour. Elle peut venir ou peu rester ici. »
C’est à sa mère que je donne l’indifférente information. Je ne m’explique pas plus avant et je pars en marchant simplement. Le pas est volontairement plus lent que ma norme, afin de facilité que la ou les Blackwood(s) ne me rejoigne(nt), et le regard est déjà retourné à la recherche de la raison de mon intervention. Avec une centaine de personnes dans les jardins, et au moins tout autant sur les toits, retrouver Drumm deux est plus une question de temps que de talent. Je préfère miser sur le second, néanmoins, afin d’y arriver plus vite.
« Maître Drumm, interpelle-je le moment venu avant de le rejoindre puis de faire un pas sur le côté pour désigner l’accompagnatrice qui m’intéresse. Voici Maître Blackwood. Maître Blackwood, maître Drumm. »
Deux des Maîtres des Arts Mystiques newyorkais faisant sa vie ailleurs qu’au Sanctuaire mais allant probablement être amenés à se côtoyer pour le défendre.
« Vous me donnerez-vous disponibilités hebdomadaires afin que de pouvoir venir au Sanctuaire de New York vous entrainer ensemble. »
Là-encore, ce n’est pas une question. J’énonce une intention tout en m’assurant que, s’ils se connaissent déjà, ils ne voient pas l’autre utilité de ses présentations. Leur situation au sein de Kamar-Taj est quelque peu ironique : Drumm vient d’une lignée de Maître des Arts Mystiques et n’a pas l’air à son aise ici tandis que Blackwood est de première génération mais est parfaitement dans son environnement. Evidemment, quand on regarde l’histoire d’un homme ayant voulu fuir l’héritage familial et y revenant par deuil comme colère en opposition à celle d’une orpheline ayant grandit ici et ne s’étant jamais vraiment éloigné de cette famille d’adoption, tout est logique. Reste à faire adopter Drumm deux avec moins de connerie que n’en ferait Minoru. J’insiste sur le "moins de connerie", pas le "plus de diplomatie". Quoi que : je n’ai pas énoncé le fait que l’entrainement se ferait avec moi aussi. Cela compte comme de la diplomatie.
Qu’est-ce que je fais ici ? J’ai faim. Tu crois qu’il va y avoir à manger ? Ou c’est une cérémonie façon moine tibétain, triste et ennuyeuse ? Bon, ça n’y ressemble pas trop, ils ont tous l’air trop contents d’être là, c’en est presque louche.
Je ne comprends pas trop pourquoi Strange m’a proposé de venir. Enfin si, sans doute pour que j’accepte officiellement et pour de bon de faire partie de sa secte. Ça avait l’air important pour lui cette soirée. Pour eux ? Visiblement oui. Perso, je sais pourquoi je suis là, je n’ai jamais visité le Népal, c’était l’occasion ou jamais, n’est-ce pas ? Même si je ne connais personne en dehors du vieil arnaqueur. Sorcier Suprême. C’est pareil. Je n’ai même pas rencontré les autres sorciers de New York et je me retrouve perdue au milieu d’inconnus.
Il te suffirait d’aller leur parler.
Je pourrais m’esquiver et aller faire un tour aux alentours. Visiter. Explorer. On est au Népal quand même, c’est pour ça que je suis ici après tout. Tu crois que je pourrais arriver en haut de l’Himalaya ? Ça doit être incroyable là-haut. Ou pas, j’ai entendu dire que ça ressemblait à une déchetterie à ciel ouvert avec tous ces abrutis qui laissent tout sur place. Raison de plus pour ne pas aimer les humains. Katmandou, on peut aller faire un tour à Katmandou pendant qu’ils sont tous occupés ici !
IOu tu pourras demander demain, histoire d’être accompagnée de quelqu’un qui connaisse le coin, et le népali. Pour ne pas créer un incident diplomatique.
Rabat-joie. Un coup d’oeil en contrebas, sur tous ces sorciers et apprentis qui discutent, plaisantent, s’entraînent. Les guirlandes et lampions éclairent les bâtiments, et je dois avouer que c’est plutôt réussi. C’est joli. Je passe d’un point d’observation à un autre, Lockheed toujours niché contre moi, m‘intéressant un peu plus aux différents combats qui ont lieux. Et je dois reconnaître que certains savent se battre. Et… Oh. Rahne est petite joueuse avec son gros chien. Tu crois qu’on battrait la tigresse ? Pas sans la blesser réellement. C’est interdit ?
Illyana.
Je demandais juste. La fête qui bat son plein stoppe soudainement et tout le monde se fait silencieux au coup de gong. Ah. Le Solstice. La Magie. Une moue de ma part alors qu’ils semblent tous, ou presque, se ressourcer pour un truc que je ne sens même pas. Mon regard s’arrête sur un homme qui semble autant à son aise que moi. Je dirais bien que ça me rassure quelque part, de ne pas être la seule à me sentir à l’ouest
Tu n’as même pas fait l’effort de revêtir la tenue officielle.
Quelle horreur. Bien sur que non je ne vais pas mettre ça. J’ai l’habitude d’être différente et d’être regardée de travers, je m’en remettrais va. N’empêche, on peut difficilement faire mieux comme imposture. J’ai de quoi être fière d’être là alors que je ne suis pas apprentie… Okay, peut-être que je le suis devenue en acceptant de venir. Mais je suis curieuse, je n’y peux rien ! Et c’est moche un peu. De ne pas sentir leur truc de magie quand on s’appelle Magik. C’est vexant. Si j’arrive à m’en servir, je n’aurais peut-être pas besoin de tous leurs accessoires là. Fais semblant d’y croire au moins ! Tu crois qu’ils ont une pièce avec des reliques comme au sanctuaire de New-York ?
Tu sais que tu n’as sans doute même pas le droit d’être ici.
Ici ? Ah, sur le toit. Le vieux se baladait bien dessus tout à l’heure, on l’a vu tous les deux, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas ! Je ne pèse pas bien lourd, je ne vais pas passer à travers les tuiles.
Je me téléporte dans l’ombre d’un bâtiment, évitant d’attirer trop l’attention, et je fais quelques pas. Tu crois que c’est par où ?
Logic will get you from A to B. Magic will take you everywhere.
Bien entendu, j'aurais dû m'en douter. Tu continues sur cette lancée de ne voir personne et de ne pas approcher tes autres compagnons de l'ordre. Tu es vraiment désespérant comme garçon, tu le sais ? Selon-toi : au plus vite cela se passera, au plus vite tu rentreras. Tu espères encaisser la fête, témoigner simplement de ta présence et rentrer rapidement. Malheureusement, cela ne se passera pas comme tu l'aurais souhaité. Le docteur descend de son perchoir pour rejoindre la foule un peu plus en bas. Tu le perds de vue et tu te replonges dans tes pensées avec moi. Si tu veux mon avis sur la question, je dirais que tout vous oppose toi et lui. D'un côté nous avons un génie des arts mystiques. Capable de retenir les plus complexes des sortilèges et de créer des plans capables de terrasser le plus puissant des adversaires. De l'autre, nous avons toi. Un bokor qui est incapable d'approcher les autres magies, qui n'a jamais eu réellement envie d'embrasser la cause des disciples d'Agamotto et qui a dû s'exercer à compenser son manque de talent par les arts vaudous et par le contrat que les Loas lui proposaient. Comment pouvez-vous avoir cette même vision du monde et comment pouvez-vous avoir les mêmes valeurs ?
Ah. Le sorcier suprême s’approche de toi et il semble être accompagné.
Sa posture t'énerve. Non. Sa simple présence t'hérisse les poils. Tu viens d'ailleurs claquer la langue sous ton palet en le voyant. Tu pensais qu'il allait t'esquiver et/ou qu'il n'allait même pas remarquer ta présence aussi. Sa majesté a pourtant d'autres choses à faire, non ? Tu devrais arrêter de faire des fixettes sur lui. D'avoir des aprioris sur cette personne. Il vient simplement te voir. Te présente un maître que tu n'avais jamais vu auparavant, Blackwood. Il te demande tes disponibilités pour participer à un entraînement. Son type de langage ne semble jamais exprimer une demande, mais un souhait que tu devras exécuter sans le moindre choix. Qu'il est irritant pour toi… Cependant, aurais-tu oublié la discussion que vous aviez eu ? Que tu aurais toujours cette notion de devoir et de collaboration envers lui ? Dois-je vraiment te le rappeler à chaque fois ? Oui, tu te demandes parfois qui est le plus énervant entre lui et moi. Je te répondrais simplement que nous avons une tâche commune avec ce Strange. Une tâche qui est reliée entre la vie est la mort. Celle de te faire évoluer et de t'accepter toi-même dans ce monde.
« Maître Blackwood… Heureux de vous rencontrer. » Un sourire et un regard poli pour la magicienne qui se change alors en un regard froid et un visage crispé pour le magicien. « Str… Docteur. J'espère que vous passez un agréable moment. Je serais forcément disponible. De toute manière, je suis à votre disposition à n'importe quel moment, non ? »
Tu n'es pas doué dans l'Eldritch. En revanche, s'il y a une chose dont tu es, à la surprise générale, très compètent, c'est dans l'art de l'ironie et dans les piques dissimulées. La disciple pouvait aisément comprendre qu'il y avait de l'eau dans le gaz. Je n'aurais pas voulu que tu lui annonces cela de cette manière, mais bon. Tu venais d'accepter son offre. Non pas par gaité de cœur, mais par souplesse. Même si celle-ci ne se voyait pas aux premiers abords. Ton attention se focalisa alors sur les toits de Kamar-Taj et à ta grande surprise, tu apercevais une silhouette. Hein ? Le propriétaire de la cape de lévitation était pourtant le seul à marcher sur les hauteurs du bâtiment. Tu plisses les yeux dans un premier temps et un sourire sarcastique se dessine sur ton visage. Cette silhouette, tu ne la connais pas. En revanche, tu es bien tenté par le souhait de dévier l'attention du docteur sur cette personne. Selon tes propres pensés : plus loin il sera de toi et mieux ce sera. Tu pointes alors du doigt cette silhouette féminine.
« Et elle ? Vous comptez l’inviter à cet entraînement ? »
Arrête tes gamineries, petit-frère… Je vois clair dans ton jeu. Tu souhaites tester le sorcier suprême et ébranler son calme et sa sérénité naturelle avec des lames cachées dans ton ironie. Il va vraiment falloir apaiser ta rancune envers cet homme.
Drumm deux réussit à faire les présentations avec un effort aussi intense qu’il se veut poli. C’est sans aucune surprise que je le regarde mais je fais l’effort de ne pas sourire face à l’adolescent ayant dépassé la trentaine. Reste que si le fait de faire les présentations en personne l’amène à transférer la dépréciation qu’il a de moi sur les personnes que je lui présente… disons qu’on va avoir un problème. Qu’il me déteste à loisir du fait de ses problèmes personnels mais qu’il ne rende pas cela contagieux. D’un autre côté, il a effectivement fait l’effort d’être poli alors qu’il m’offre un regard glacé ; je reconnais l’effort. Il est encourageant. Du fait de la différence qu’il y a avec celui qui n’est pas fait pour moi.
Sauf que.
Sauf qu’il fait l’effort de politesse pour moi aussi. Cette fois, je suis surpris. Je n’en attendais pas et plisse ensuite les paupières face à ce que cela signifie. Peut-être est-ce moi mais il n’a pas l’air ironique lorsqu’il est question de l’espoir que "je passe un agréable moment". Ce n’est pas particulièrement le cas mais il n’est pas désagréable non plus. Satisfaisant, dira-t-on. Et pas parce que Drumm deux fait l’effort ; ça, c’est plutôt impressionnant. Quand au fait qu’il sera "forcément disponible", j’ai un sourire en coin. Impossible de le retenir.
« De toute manière, je suis à votre disposition à n'importe quel moment, non ? »
Là, ça s’est le Drumm deux dont je me souviens.
« Vous pouvez toujours m’envoyer chier, rappelle-je en haussant les épaules, nonchalant. Tant que c’est juste un exercice et non une véritable alerte. Sauf si vous voulez que je vous raie des gens sur qui je peux compter en cas de problème. »
Ce n’était peut-être pas le moment de faire cette proposition : toute sincère qu’elle soit, proposer à Drumm deux d’être mis à part est quand même contreproductif quand le but est de l’intégrer à la future équipe de défense du Sanctuaire de New York. Je suis globalement prêt à le laisser faire sa vie de son côté, après tout il ne peut pas se téléporter en cas de besoin, mais c’est sans doute me tirer une balle dans le pied que de le faire auprès d’une personne avec qui je voulais qu’il puisse travailler. Blackwood n’est pas aussi à l’aise dans le conflit que moi et je suppose que Blackwood junior y comprendra encore moins. Sachant que les choses ne font que commencer.
« Et elle, reprend-t-il en désignant les rebords des toits où sont pratiqués les entrainements à l’Eldritch et actuellement les duels de démonstration. Vous comptez l’inviter à cet entraînement ? »
Je me tourne pour voir de qui il s’agit, m’attendant presque à voir Kayser, mais c’est bien Magik qui s’y tient. Et dans toute sa splendeur : elle fait tache à ne pas avoir ne serait-ce qu’une tenue appropriée. Ce qui ne m’étonne en rien. Je sais déjà qu’elle est trop conflictuelle pour les Disciples se trouvant à Kamar-Taj. Je sais aussi qu’elle ne vient pas ici pour guérir de ses blessures ou trouver l’équilibre en pratiquant un art mystique. J’anticipais cependant qu’elle passe les fêtes seules avec Lockheed et j’espère qu’elle trouvera un peu de réconfort à avoir été invitée ici. Elle est déjà venue, c’est bien.
Et elle se retéléporte je-ne-sais-où.
« En effet, réponds-je à Drumm deux alors que ma main gauche s’en va à mes ceintures pour récupérer l’Anneau de Téléportation. Et même à trouver soutien chez vous ou moi, selon ses préférences. »
Drumm deux offre le plus clair de son temps à son centre d’aide social ; centre qui pourrait faire beaucoup de bien à Magik si elle accepte de s’y rendre. Ai-je besoin d’expliquer la situation auprès du Maître du Vaudou ? Peut-être que cela lui ferait gagner du temps. Peut-être même qu’il m’écouterait, considérant l’effort qu’il a fait précédemment.
« Elle est mineure isolée… et connectée aux Limbes, dis-je, m’abstenant de la traduction "elle est paumée et potentiellement puissante". Mutante selon moi. Magique selon elle. Les deux ne sont pas exclusifs. »
Je parle tout en prenant la posture de canalisation d’un Portail de Téléportation. Je me concentre sur Magik et l’ouvre sous ses pieds, faisant apparaitre un cercle d’étincelle à l’horizontal juste devant moi histoire de l’amener à nous rejoindre par effet de gravité.
« Bonjour gamin, la salue-je avec une connivence provocatrice. Content que vous vous soyez joint à nous. »
Double sens pour une joute verbale qui est bien moins froide qu’avec Drumm deux ; et envers laquelle j’ai plus d’attente mais je m’attends moins à être surpris.
« L’ami va nous rejoindre ? »
Le gamin, l’ami et le vieux con. A-t-elle oublié ? Je l’ignore. Néanmoins, je suppose qu’elle n’aura pas oublié les milkshakes. Il y a beaucoup de choses à manger et à boire ici mais elles sont plutôt traditionnelles. Je ne pense pas trouver ce type de boisson, du fait.
« Magik, voici Maître Drumm et Maître Blackwood, présente-je en désignant de la main. Maîtres, voici Magik et, peut-être, Lockheed. »
Les gens oublient souvent l’existence de la Cape, lorsqu’ils ne se focalisent pas dessus car ça arrive aussi voire même souvent, mais je n’en ferais pas de même pour le dragon. D’autant qu’il est souvent le Gemini Cricket de Magik, d’après mon expérience. Magik dont je ne connais toujours pas le véritable nom mais nous verrons bien le temps qu’il lui faudra avant qu’elle ne me le dévoile. Son rythme, pas le mien, et l’appeler "gamin" me convient.
Hum. Ça ne ressemble pas trop à une salle des trophées. Ou des reliques. Je suis sûre que n’importe quelle babiole ici peut se revendre assez chère si on sait à qui s’adresser… Tu es étrangement silencieux. Pourquoi perdrais-je mon temps à essayer de te dissuader de quelque chose que tu n'as aucune intention de faire? Gnagnagna. De toute façon, il doit y avoir un millier de sécurités et alarmes antivol, ça ne sert à rien. Je me tourne vers une des fenêtres, me demandant vaguement quoi faire de mon temps. Manger, c'est bien manger.
J’ai tout juste le temps de froncer les sourcils en voyant le cercle apparaître sous mes pieds que je tombe dedans – ou que je suis téléportée pour être précise. Heureusement que j’ai l’habitude de me réceptionner, j’aurais été encore plus mécontente sinon. Je me redresse, sourcils froncés et mine revêche, pour affronter le regard de trois personnes. Dont le grand sorcier suprême protecteur incroyable de la Terre. Un rapide coup d’oeil à l’horizon, comme pour m’assurer que ce n’est pas un piège ou un genre de punition parce que je trainais là où il ne faut pas, et je reporte mon attention sur lui. Evidemment que c’est lui, qui d’autre ?
Je le pointe du doigt. « Ne refaites plus jamais ça. » Je ne menace même pas de lui couper les doigts avant de l’envoyer dans les Limbes, je suis extrêmement diplomate il faut le signaler. « Merci de m’avoir laissé le choix, ça me touche vraiment. » Ton et sourire aussi faux l’un que l’autre, mais c’est de bonne guerre. Je réajuste ma veste et avise un peu plus longuement les deux autres personnes – sorciers ? - présents. Ah. Le blasé et la tigresse. Su-per. Mon regard se fait davantage méfiant qu’en colère. « Nous rejoindre pourquoi ? »
Dans quoi je me suis encore fourrée ? Je n’ai rien fait de mal pourtant. Je crois n’avoir offensée personne, pas volontairement du moins, je n’ai rien dérobé et je n’ai forcé l’entrée d’aucune salle. Je suis irréprochable.
Lorsqu’il poursuit et fait les présentation, un sourire goguenard illumine mon visage, sans totalement faire disparaître mon air renfrogné. « Je ne les appelerais pas plus Maître que vous. » Je regarde Lockheed. « Ils s’appellent Maître entre eux ? Ça doit être super chiant. » Je les regarde à nouveau. « Vous l’appelez Sorcier Suprême et vous lui obéissez ? » Illyana. « C’est un plaisir de vous rencontrer… Et de pouvoir vous éviter à l’avenir. » Lockheed, tout peluche soit-il actuellement, tourne la tête vers eux. « Et il est toujours avec moi. » Il le sait pertinement, je précise pour les autres. Je penche la tête sur le côté, offrant à la Cape mon premier vrai sourire. « Salut ! Contente de te revoir ! » Oui, c’était gratuit. Ce qui n’empêche que je suis contente de la voir pour de vrai.
Ne te fais pas plus têtue que tu ne l’es. … Soit moins têtue que tu ne l’es d’ordinaire.
« On pourrait juste s’en aller, mais non, évidemment que non. » Quelques mots, un courant d’air, une ouverture au-dessus de nous et une révérence de ma part à l'intention de Strange. « Le vieux con est-il satisfait ? »
Logic will get you from A to B. Magic will take you everywhere.
Dernière édition par Illyana Raspoutine le Mar 20 Fév - 15:09, édité 1 fois
Tu lèves les yeux au ciel lorsque le sorcier suprême t'annonce que tu pouvais toujours l'envoyer balader. Si tant est bien sûr qu'il s'agit là d'un simple entraînement et non d'une véritable situation de défense. Tu aimerais véritablement qu'il te raie de sa liste et pas simplement de sa liste des personnes sur qui compter en cas de problème, mais surtout sur celle de son entourage tout court. Il est énervant pour toi qu'il réponde à tes provocations en te laissant simplement le choix. Arrête un peu. De toute manière, il semble t'énerver de base et il s'agit simplement d'une question de maturité. C'est pour cela que tu avais bien tenté de le déstabiliser en parlant de la silhouette qui n'abordait pas le tenu traditionnel des disciples ou des apprentis. Malheureusement, pour toi, il confirme tes dires en souhaitant qu'elle puisse trouver refuge chez toi ou chez les maîtres. Comment ça chez toi ? Est-ce qu'il parle du Lazarus Center ?
« J’espère que c’est une plaisanterie ? Vous n’insinuez tout de même pas que je vais accueillir une parfaite inconnue dans mon cen... »
« Elle est mineure isolée… et connectée aux Limbes, Mutante selon moi. Magique selon elle. Les deux ne sont pas exclusifs. »
« Le fait qu'elle soit mineure isolée ne change rien ! Je souhaiterais que vous puissiez comprendre mon vœu de ne pas impliquer mon association dans le civil avec l'ordre. Cela me prend déjà du temps et de l'énergie de faire en sorte que mes collègues ne remarquent pas mes activités mystiques sans que vous ajoutiez votre grain de sel. »
Détends-toi… C'est sans doute toi qui prends ses insinuations pour argent comptant et de plus, sous ton irritation tu avais presque oublié la présence de maître Blackwood et tu étais encore en train de te donner en spectacle. Tu soupires et tu laisses le soin à Strange de téléporter la nouvelle arrivante directement dans la conversation. Les limbes… Tes connaissances sont limitées au sujet de cette dimension. Évidemment, tu n'as pas fait tes devoirs. Lorsqu'elle se réceptionne, l'échange entre elle et le sorcier suprême te semble lunaire. Tu ne comprends rien aux références qu'ils sont en train de se dire et je dois l'avouer… Moi non plus… Il l'appelle gamin et lui demande si l'ami va vous rejoindre. Elle lui interdit de la téléporter de nouveau, puis le remercie du choix laissé et affirme qu'elle ne vous nommera pas plus maître que lui. Pour ne rien arranger elle est en train de parler à une peluche. Elle pose ensuite la question afin de savoir si vous devez l'appeler sorcier suprême ou non. Tu lui souris et tu t'avances d'un pas et tu lui tends la main en signe de politesse.
« Il s’agit d’une marque de respect oui. Cependant, nous l’appelons également maître Strange. » Tu sais très bien qu’il n’aime pas cette appellation.
« C’est un plaisir de vous rencontrer… »
« Enchanté Magik, le plaisir est parta… »
« Et de pouvoir vous éviter à l’avenir. »
Tu t'arrêtes soudainement dans ton geste. D'ordinaire, tu es plutôt patient avec les adolescents qui n'ont pas de référent dans la vie et sont par conséquent en manque d'éducation. Néanmoins, elle vient de te prendre au dépourvu et tu abaisses ta main en écarquillant un sourcil de manière circonspect. Tu regardes ensuite le docteur en grimaçant et tu te recules à nouveau. Elle affirme que l'ami, le dénommé « Lockheed » est toujours avec elle et salue la cape de lévitation. Alors, tu pourras dire autant que tu veux qu'elle a un grain, mais je te rappelle que tu parles à la voix antérieure de ton défunt grand-frère. Du coup, si j'étais à ta place je tournerais sept fois ma langue dans ma bouche. Dans tous les cas, cela confirme que tu ne souhaites pas du tout accueillir cette fille au Lazarus. Pourtant, n'est-ce pas le but de ton centre d'aide ? De venir en aide aux autres et surtout à ceux qui sont perdus dans la vie ? Elle demande à sa peluche de savoir si elle peut s'en aller et traite le grand maître de l'ordre de « vieux con ».
« Et bien… Je vois que vous savez vous entourer. » Dis-tu en te tournant vers Strange « L’exercice que vous allez nous proposer sera haut en couleur, j’ai déjà hâte d’y être. »
Je t'ai pourtant dit de freiner sur l'ironie et les provocations. La pauvre Blackwood doit être totalement perdu dans ce bourbier. C'est la seule qui me paraît un tant soit peu calme et saine d'esprit dans cette conversation. Si j'avais une bouche, j'aurais déjà soupiré mille fois.
Jericho est aussi ravi qu’anticipé face à mon annonce concernant Magik. Il n’attend même pas mes explications pour essayer de me contredire et je l’interromps donc à son tour pour les faire, quitte à le contredire lui. Était-ce une plaisanterie ? Non. Des possibilités. Etais-je en train d’insinuer ? Non. D’envisager.
« Le fait qu'elle soit mineure isolée ne change rien, s’exclame-t-il en me surprenant, laissant entrevoir une connaissance temporairement lacunaire vis-à-vis de son travail secondaire. Je souhaiterais que vous puissiez comprendre mon vœu de ne pas impliquer mon association dans le civil avec l'Ordre. »
Mon visage se referme alors que je considère l’information manquante. Oh, j’entends bien la tentative de mener une double-vie et le gaspillage d’énergie que cela représente pour Drumm deux mais les choses changent du fait de ce vœu jusqu’à lors inconnu. Soit, je cesse d’envisager la possibilité qu’il puisse m’aider sur cette affaire ; tout comme je suis prêt à le faire vis-à-vis de la protection du Sanctuaire. Il n’est pas dans mon intention de forcer ; ni lui ni Magik. Enfin, pas plus que nécessaire et surtout productif : et d’une Magik téléportée, une !
Magik est aussi ravie qu’anticipé face à ma téléportation surprise et je saupoudre donc cela de notre conflit habituel. Il lui faut un instant pour observer son environnement et je la laisse faire, ne levant les sourcils que lorsqu’elle me pointe d’un doigt accusateur. Ne refaire jamais cela ? Aucune réponse puisque c’est une promesse que je ne tiendrais pas or je ne fais pas ce genre de choses. Être remercié de lui avoir laissé le choix, cela la touche beaucoup ? Je pouffe avec sincérité.
Les choses se font comme elles doivent se faire et Magik tâche d’être aussi présentable qu’elle ne le veut pas : sa provocation vestimentaire ne signifie pas qu’elle sera en laissé-allé non plus. La provocation est quelque chose d’actif, la négligence de passif. Le gamin provoque, il ne néglige pas.
« Je ne les appellerais pas plus Maître que vous, est une déclaration appuyant mon propos : elle ne se contente pas de le faire, elle énonce qu’elle ne le fera pas ; chose qui ne me gêne en rien, je préfère être appelé Docteur. Ils s’appellent Maître entre eux ? »
C’est la première fois que je vois la marionnette à l’effigie de Lockheed et, moyennant mon accord que le fait de s’appeler Maître entre nous est chiant surtout lorsqu’on considère que cela va à l’encontre de l’humilité qu’y est sensée accompagner le rang de Disciple, cela me pose un sérieux souci. La peluche précède-t-elle le dragon et est-elle responsable de sa création ? Si oui, la possibilité de créer ex-nihilo des êtres vivants ferait effectivement de Magik un démiurge ; et la rendrait plus puissante que n’importe quel humain m’ayant été donné de rencontrer, exceptions faites des télépathes s’ils peuvent la soumettre et de Maximoff qui est quasi-omnipotente via le Darkhold et sa corruption démoniaque.
« Vous l’appelez Sorcier Suprême et vous lui obéissez, est une belle provocation mais qui pourrait être un peu affinée pour rebondir sur son propos précédent ; par exemple en disant "vous vous appelez maîtres entre vous et du coup vous l’appelez comment si vous lui obéissez ?".
- Il s’agit d’une marque de respect oui, confirme un Drumm deux en excluant la seconde partie de la question, précisément celle se voulant provoquante. Cependant, nous l’appelons également maître Strange. »
Bien joué. J’accorde un regard amusé à Drumm deux, avant de considérer que c’est peut-être le plus vexant pour lui. Tant pis : il rencontre sa rivale au niveau "adolescent emmerdant la figure paternelle de la famille d’adoption".
« C’est un plaisir de vous rencontrer…
- Enchanté Magik, le plaisir est parta…
- Et de pouvoir vous éviter à l’avenir. »
Je retiens un pouffement cette fois alors que les présentations ont suffi à expliquer à tout le monde que l’adolescente n’arrivera jamais à se faire une place à Kamar-Taj mais qu’elle est effectivement en grand besoin d’aide ; je ne doute pas que Drumm deux puisse le voir. Reste cette histoire de peluche, qui nous regarde comme si elle avait une volonté propre ; chose démontrant un talent de marionnettiste. Si je devais compter les points, je dirais que la main et l’expression de Drumm deux signifient un 0 face au 1 de Magik et de sa marionnette dressée.
La tentative d’achèvement de Drumm deux, et de ma personne même si c’est trop simple pour réellement marcher, se fait avec le seul véritable contentement tourné vers la Cape. Fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis : la relique ne bouge pas. Pour ma part, je tourne le regard vers Drumm deux. Oui, j’ai mon apprentie en toute chose : emmerdement inclus et mis en avant.
« On pourrait juste s’en aller, mais non, évidemment que non, demande-t-elle à l’incarnation "physique" du dragon avant d’ouvrir un portail sur les Limbes au-dessus de nous ; lequel ne manque pas d’attirer l’attention de tout le monde et de les préparer au combat. Le vieux con est-il satisfait ?
- Et bien, déclare Drumm deux en faisant comme si la situation n’était pas un danger avec une assurance que j’apprécie pleinement et partage histoire de détendre tout les témoins. Je vois que vous savez vous entourer.
- Le vieux con est satisfait, acquiesce-je à Magik avant de me tourner vers Drumm. Evidemment : vous pensiez être le plus immature ? »
Double provocation par simple proposition. On se fait plaisir.
« L’exercice que vous allez nous proposer sera haut en couleur, j’ai déjà hâte d’y être.
- J’espère bien que le gamin y sera également, dis-je en un sarcasme non-ironique comme en tournant le regard à défaut du visage vers Magik, ne serait-ce que pour retrouver ce fort esprit de camaraderie. »
Levant ensuite le visage vers les limbes, je cherche à y apercevoir Lockheed ; qu’arrive-t-il s’il se présente sur le même monde que la marionnette ? Est-ce elle qui va se convertir en créature vivante du fait de l’énergie des Limbes ? Il y a énormément de questions répondre présentement. Heureusement, la réaction tranquille de Maître Drumm et de moi-même détend les témoins de cette intrusion inhabituelle et esthétiquement inconnue : il n’y a aucun danger. Chacun peut repartir à la festivité.
« Puisque vous ne vous en allez pas, reprends-je à destination de Magik, quel est l’utilité de votre portail ? »
J’écoute la réponse avant de me tourner vers Drumm deux.
« Avez-vous une préférence en matière de milkshake ? Outre qu’on ne crache pas dedans, bien évidemment. »
Accueil
Si je devais parler de manière personnelle, je dirais que, de mon vivant, je garde un très bon souvenir des fêtes du solstice d'hiver. En effet, cela permettait de retrouver les membres de l'ordre et de ne pas être confiné à chaque fois dans le sanctuaire de New-York. En revanche, je vois bien que cela n'est pas ton cas petit frère. Tu traînes à enfiler ta tenue de maître des arts mystiques dont le dos est gravé d'un « V ». Tu voulais te concentrer pour la préparation d'une fête de quartier sous le thème de Noël. Malheureusement, pour toi, ton ancien mentor, maître Minoru avait insisté et voulait que tu sois présent pour Kamar-Taj. Elle avait d'ailleurs demandé à maître Hamir de t'ouvrir un portail pour rejoindre les membres de l'ordre. Tu soupires. Tu avais d'ailleurs eu à peine le temps de finir de te préparer que des étincelles apparaissent dans ta chambre en laissant entrevoir ensuite un portail, l'homme qui ne possédait plus qu'une main se trouvait de l'autre côté. Tu viens alors passer ce portail et tu te retrouves en un instant de New-York à Kamar-Taj. 
