Réviser ? Check. Faire le ménage ? Check. Manger ? Check. Glander sur le canapé avec ma mère ? Presquecheck.
Je finis de ranger mes cours, en relisant une dernière fois attentivement les notes que Harpeur a gracieusement recopié pour moi, afin que je complète les miennes qui euh... ont des trous, dirons-nous.
Un léger pic de fatigue m'atteins et je dois résister de toutes mes forces à l'idée d'une petite sieste. Déjà, parce qu'il est 21h. Et aussi parce que ça fait quelques temps que j'ai tendance à cauchemarder dès que je ferme les yeux. La faute à une créature bleue pas trop sympa qui a décidé de m'attaquer quand j'étais vulnérable. Et je ne parle pas de celle qui a une fâcheuse tendance à se métamorphoser, non non. Ma créature à moi a de longues griffes, la téléportation facile et surtout m'a permis de me faire sauver par le seul et unique Docteur Strange. Mi-figue mi-raisin. J'aime pas les raisins donc c'est lui la figue. Bref.
Je rassemble mes pensées en même temps que mes cahiers et les lance dans mon sac. Une bonne chose de faite. Avec un bâillement ostentatoire, je m'étire et me dirige en direction du salon.
- M'man, t'as vu mon téléphone ?
Lui aussi doit avoir des pouvoirs de téléportation. Il me semblait pourtant l'avoir dans mes mains il y a pas moins de dix minutes... Un rapide examen visuel m'apprend que je suis simplement un poisson rouge - ce qui n'est pas une surprise en soi - puisque ledit téléphone m'attend bien gentiment sur le canapé.
- J'ai rien diiiit.
Je fais le tour du canapé pour venir m'asseoir à côté de M'man, lui faisant signe de se décaler, tout en agrémentant mes gesticulations de "Zou, zou". Et finalement, je m'avachis sur le canapé.
Pour une demi-seconde.
Dès lors que mes mains touchent l'assise, des visions m'assaillissent. La vitesse des informations traversant mon cerveau est déroutante, mais un souvenir plus clair que les autres s'impose à moi.
Je tiens la chemise de Charles, je suis proche de lui. Très proche. Brûlante de désir, je l'embrasse passionnément. Ma main glisse sur son torse et...
- AH !
Comme brûlée vive, je saute hors du canapé. D'un pas tout sauf sûr, je titube en arrière avec un regard horrifié en direction du canapé. Trop obnubilée par mes souvenirs, je ne remarque pas la lumière dorée qui s'évanouit lentement de mes avant-bras.
- Charles, je... j'embrassais Charles.
Un haut-le-cœur me prend, en même temps qu'une confusion qui me ferait presque tourner la tête. Comment ça Charles ? Comment ? QUAND ?
- Je... je crois que je vais vomir. Ou m'évanouir. Ou les deux.
Pas besoin de voir mon visage pour savoir que je suis d'une couleur avoisinant une fine couche de neige sur un sapin. Les souvenirs affluent à nouveau alors que je les ressasse involontairement et je ne peux retenir un autre haut-le-cœur.
22 novembre 2024, soirée, Appartement de Lynda et Jessy
La médecin avait eu une longue semaine et dans le fond, elle n’était pas mécontente d’avoir pris son week-end pour se reposer un peu. Le repas de la soirée ne tarderait pas à arriver puisque la mère et la fille avaient décidé de se faire livrer ce soir. Une façon comme une autre de se vider l’esprit et de simplement profiter d’un moment ensemble.
Assise - ou plutôt semi-allongée sur le canapé - Lynda était en train de lire le journal alors que sa fille ne tarderait pas à la rejoindre. Lorsque Jessy lui demanda si son téléphone était dans son secteur, elle referma brièvement le journal pour observer les environs tout en disant :
« Sur le ca… ahah te voilà. »
Lynda sourit aussitôt à sa fille avec malice tout en la regardant faire le tour. Elle s’amuse encore plus de la situation lorsqu’elle la voit lui demander de bouger ses jambes par un geste approximatif des mains, mais qui était tout à fait le genre de Jessy. Un petit rire sur les lèvres d’une mère qui s’efface dès qu’elle repose les yeux sur sa fille dans un état de stase. Si la journée n’avait pas été autant avancée et si la pénombre de la pièce ne l’avait pas aidé, Lynda n’aurait pas vu le halo lumineux qui entoure alors les mains de sa fille :
« Jess ? »
Se redressant d’un coup, elle sursauta lorsque sa fille s’enfuit alors du canapé. La suivant du regard, elle comprit aussitôt ce qu’il était en train de se passer, mais sans comprendre totalement. Fait étrange… Jessy venait de déclencher son pouvoir, visiblement passif, mais sans savoir quel était-il exactement ?
« Qu’est-ce qui se passe Jess’ ? Explique-moi. »
Lynda ne tarda pas à être debout, non loin de sa fille, sans pour autant la toucher, par prévention d’une éventuelle réaction en chaîne. Et puis les paroles prononçaient par Jessy furent comme un électrochoc pour sa mère qui se redressa et s’éloigna d’un pas :
« Mais de quoi est-ce que tu parles ? Comment tu as pu embrasser Charles ? »
Lynda secoua sa tête de gauche à droite avant de se pencher à nouveau en direction de sa fille pour la regarder dans les yeux et de lui parler calmement :
« Avant de me vomir dessus, calme-toi, respire… … »
Lynda inspira et expira en même temps que sa fille pour que celle-ci prenne son rythme avant de reprendre la parole en gardant son calme :
« Qu’est-ce qui vient de se passer ma puce ? Parle-moi, s’il te plaît. »
HRP:
J'ai mis une date qui me semblait intéressante pour ne pas prendre trop de retard par rapport à la Timeline, mais je peux modifier au besoin
Je ne doutais pas une seconde que maman allait être confuse. Déjà parce que je le suis à 100% et qu'on est très souvent sur la même longueur d'onde mais aussi parce ça sonne totalement improbable. Et pourtant, j'en ai la certitude.
J'ai embrassé Charles.
Un autre haut-le-cœur est retenu à grande peine, alors que M'man se penche vers moi pour me dire de me calmer. Et de pas lui vomir dessus, accessoirement. Je ne promets rien.
Je tente de me calmer, malgré la panique qui me prend et essaie de décrire ce que j'ai vu :
- Je... j'étais sur ce canapé. Charles aussi, je... lui tenais la chemise. Et puis...
Un autre haut-le coeur. La neige a fondu et je ne suis plus que sapin maintenant.
- J'ai commencé à l'embrasser et... et... à passer ma main sur son torse et... j'avais envie de lui !
Cette fois-ci je me penche avec ce nouveau haut-de-coeur. On est vraiment pas loin. Dans un couinement adolescent indigné, je dis alors sans réfléchir :
- Je suis lesbienne, M'man !
Euh.
Je regarde ma mère avec des yeux ronds.
- Oui alors ça je te l'avais pas dit mais euh maintenant tu sais. Ahah.
L'envie de vomir s'est trouvée une meilleure amie : mon envie d'encastrer mon crâne contre le mur le plus proche. Heureusement pour moi, cela veut aussi dire qu'une partie de ma nausée a disparu avec la surprise. D'un geste précautionneux, je me redresse. Que dire de plus ? Il n'y a rien à... Ah si, j'ai pas répondu à la question, en fait.
- C'est quand j'ai touché le canapé, j'ai eu une vague d'images... non, de souvenirs que j'ai vécu. Ça allait tellement vite que j'ai même pas calculé la plupart d'entre eux, mais celui-là est resté.
Maintenant que j'y pense, j'étais tellement obnubilée par la vision elle-même que je n'ai pas réalisé qu'avoir des visions n'est pas exactement normal. Oh. Okay, donc je deviens folle en plus. Et c'est même pas la première fois, donc je suis bien atteinte. - Quand le Docteur Strange est venu au refuge, j'ai eu la même chose avec une espèce de créature bizarre qui nous a attaqué.
J'avais déjà mentionné ça à ma mère, mais sans mentionner la vision que j'avais totalement zappé, la chose bleue étant légèrement plus traumatisante.
Mais je ne comprends pas, quel est le point commun entre la créature et le canapé ? L'idée que le Docteur ait pu transformer la créature en mobilier me traverse brièvement l'esprit, mais je la rejette presque aussitôt - je le connais ce canapé. J'ai vécu plein de trucs cools dessus. Alors pourquoi s'est-il transformé en mon pire ennemi ?
Avec un regard tout aussi perdu, je fais un truc on ne peut plus commun à la maison. Je demande à ma mère de m'expliquer ce qui se passe.
- Tu comprends ce que ça veut dire M'man ? Est-ce que je deviens folle ? Si j'avais embrassé Charles, je m'en souviendrais, non ?
Aaaaah, pourquoi est-ce que j'ai dit ça, moi ? La nausée revient au galop et je me penche à nouveau. Plus j'essaie de repousser les images dans mon esprit et plus elles reviennent en boucle. C'est d'ailleurs vainement que je tente de me rappeler d'autres éléments que j'aurais vu, puisque tout ce qui me vient à l'esprit, c'est un mélange de sensations, d'images et de bruits.
22 novembre 2024, soirée, Appartement de Lynda et Jessy
L’image de son compagnon et amant avec sa fille lui vint aussitôt à l’esprit lorsque sa fille lui donna des détails éventuels sur ce qu’il avait pu se produire dans son esprit, mais les détails étaient les mêmes que lorsque Charles était venu à l’appartement passer la soirée avec Lynda. Fronçant un sourcil, elle ne put se retenir d’être quelque peu dégoutée de l’image de sa fille et celui qu’elle aimait, cependant ni Jessy, ni Charles n’auraient pu faire une telle chose. Cela, Lynda en avait la certitude.
« C’est impossible… »
Cela n’a pas pu se produire. Lynda n’était pas certaine que cela soit un profond déni ou bien une confiance aveugle en ses proches, mais dans les deux cas, elle ne pouvait pas croiser ou même envisager une telle chose. Jessy n’avait pas pu embrasser Charles et l’inverse l’aurait grandement étonné.
Lynda ouvrit la bouche pour parler à nouveau, mais Jessy reprit aussitôt la parole pour énoncer ses préférences comme si c’était une évidence. Aussitôt, Lynda referma la bouche et se contenta d’avoir un léger sourire. Loin d’être moqueur, il était plutôt empli d’une certaine fierté que sa fille ose enfin lui en parler. Comme si elle avait toujours su, Lynda posait alors un regard plus doux sur Jessy :
« Je sais… »
Maintenant, elle était certaine oui, mais elle le savait, elle s’en doutait bien avant que Jessy le lui dise. Parce qu’elle est une mère et qu’une mère sait où plutôt devine ce genre de choses. Mais le plus important était encore à découvrir, c’était bien évidemment les détails de ce pouvoir naissant et bien entendu non-contrôler. Cependant, comme si Jessy avait mis de l’ordre dans ses idées et compris le sujet principal et important, elle commença à expliquer ce qu’elle avait vu et vécu.
Lynda comprit soudainement le pouvoir de sa fille. Elle percevait les souvenirs… Mais pas que les siens visiblement puisque celui qu’elle avait vécu, c'était celui de Lynda avec Charles. Et puis avant que la médecin ne puisse réagir, Jessy reprit la parole en parlant de Strange et d’une créature au refuge.
« C’était donc ça… »
Lynda avait eu vent d’un souci qui a été produit au refuge sans que tous les détails ne lui soit fourni puisqu’il n’y avait pas eu de fuite ni de blessés. Lynda n’avait donc pas poursuivit et avait laissé Luther et Soraya gérer le souci. Cependant, si elle avait entendu des échos comme quoi Strange était présent, elle n’avait pas eu – et n’avait pas demandé – plus de détails, sachant peut-être intérieurement qu’il pouvait gérer l’affaire. Il fallait dire que ces derniers temps, Lynda démontrait de plus en plus de signe de fatigue et d’épuisement. Elle n’avait donc pas le choix de déléguer et de moins de se préoccupait de certaines tâches qui pouvaient être gérés par d’autres, même s’il s’agissait du refuge. Lynda se rendit alors compte qu’elle était perdue dans ses pensées, dans ses réflexions et ce n’est que lorsque Jessy s’est à nouveau adressé à elle qu’elle a renoué le contact visuel avec sa fille. Déglutissant avec lenteur, elle se redressa et se rassit sur le bord de la table basse tout en parlant naturellement de ce qu’elle en concluait :
« Tu n’es pas folle… Ma fille, tu es une mutante… il n'y a pas d’autres explications… Et c’est une bonne chose à mon sens… »
Relevant les yeux, elle croisa à nouveau le regard de sa fille qui cherchait explications et réconfort.
« Le souvenir que tu as vu n’est pas le tien, mais le mien, ici même sur ce canapé… Alors oui, je sais que c’est dérangeant que tu aies vu ça, mais c’était lorsque Charles est venu me voir courant mai. »
C’est un souvenir que Lynda chérissait depuis qu’elle avait rencontré Charles. Outre leur première nuit, c’était également un moment de paix dans leurs vies actives et parfois tourmentées et Lynda et Charles avaient pu, l’espace d’une soirée, se sentir profondément bien et en sécurité.
« Je ne sais pas exactement ce que tu as vu, perçu, ou même comment tu l’as ressenti, mais en te posant sur le canapé, tu m’as touché également. Du coup, il y a dû avoir une réaction qui a fait que tu as vu un de mes souvenirs ici même sur ce canapé. »
Lynda tendit sa main à Jessy. Elle ignorait si son pouvoir était toujours « actif » mais qu’importe. En cet instant, Jessy avait besoin du réconfort de sa mère et de réponses :
« Si tu le souhaites ma puce, l’on pourra aller à l’institut. Tu auras plus de réponses sur ta mutation. »
Comment ça "je sais" ? Qu'est ce qui m'a grillé ? Mon groupe de lesbiennes ? Mon incapacité à m'empecher de baver devant Stephanie Beatriz ? Le soutien-gorge de Ava ?
Et moi qui me croyait discrète... Par contre, même malade, je note l'expression de M'man. Même si je ne doutais pas vraiment de sa réaction, le poids léger sur mes épaules est remplacé par une sensation de chaleur qui se répand en moi - de la gratitude.
Mais bien vite, je retourne à ma nausée provoquée par des images auxquelles je n'ai pas envie de penser. M'man, pendant ce temps, semble comprendre quelque chose vis à vis de ma rencontre avec la créature que je ne saisis pas moi-même. J'ai pourtant retourné l'histoire dans ma tête un nombre incalculable de fois et rien à faire. Qu'a-t-elle pu deviner ?
Il faut une autre intervention de ma part et un teint qui part franchement sur du vert olive pour qu'elle m'en fasse part.
Mutante ? Hein ? Oh. Hein ? Son souvenir ? OH.
Les explications fusent alors que j'en suis encore au stade du choc de la révélation. Je suis une mutante. Comme M'man. J'ai la sensation de m'être faite arnaquer sur le pouvoir, mais ce n'est pas ce qui compte. Je suis mutante.
Maman me tend sa main, mais je ne la prends pas. Non, à la place je lui saute au cou pour un câlin. Exit la nausée, aussi vite qu'elle est arrivée. Elle doit faire place à quelque chose de bien plus important et omniprésent : du bonheur. J'ai toujours rêvé d'être une mutante et voilà que mes pouvoirs se déclarent six ans après la date limite !
Fanfaronne, je ne peux m'empêcher de passer en mode taquinage :
- Il va falloir que tu me dises quels meubles je dois éviter, hein.
Ne plus pouvoir s'installer dans la canapé va être problématique. Espérons qu'ils m'ont laissé une chaise au moins.
- Et je veux bien aller à l'institut. Ce sera l'occasion d'embêter Charles aussi.
Avec modération bien entendu. Il fait évidemment parti de la famille pour moi, mais nous n'avons pas encore trop eu l'occasion de développer notre relation copain de ma mère/fille, donc je vais éviter de lui faire peur tout de suite.
Mais là tout de suite j'ai d'autres questions. Plein, en fait.
- Est-ce que tu as vu quelque chose quand j'ai utilisé mon pouvoir ? Parce que de mon côté j'ai juste l'impression d'avoir mis ma main sur un fil électrique sauf qu'à la place de l'électricité, c'est des souvenirs... D'ailleurs, c'est normal qu'on ait pas le même pouvoir ? Je pensais que j'aurais une sorte de variante du tien.
Me connaissant, ça aurait été une variante nulle. Genre "peut soigner uniquement la nuit" ou quelque chose comme ça.
- Je crois que je ne vais pas arriver à fermer l'oeil de la nuit.
Et pourtant, il n'y a pas une once de regret dans ma voix. Que de la joie et un sourire géant.
22 novembre 2024, soirée, Appartement de Lynda et Jessy
Élever un enfant est une tâche bien ardue pour des parents. Alors pour une personne seule, c’est encore plus compliqué par moments. Lynda avait toujours eut cette peur au ventre de mal faire les choses, de ne pas être suffisamment ferme pour que sa fille ne fasse pas de bêtises sans pour autant être trop laxiste afin de lui laisser une certaine marge de liberté. Mais ce qui avait inquiété la jeune mère qu’elle était depuis que sa fille était née, c’était la tolérance. Une part d’elle savait que sa fille serait différente. De par sa potentielle mutation de prime abord, mais également de par un instinct maternel qui lui avait laissé penser que Jessy serait unique. Bien rapidement, elle avait songé à son genre ou même son orientation sexuelle et si Lynda n’avait pas d’a priori sur le sujet, elle ne voulait pas que sa fille pense qu’elle puisse en avoir. De ce fait, elle avait toujours fait en sorte de se montrer à l’écoute et bienveillante, comme elle l’avait toujours été à vrai dire, mais encore davantage avec sa fille adorée.
Alors, entendre que sa fille était lesbienne n’était finalement pas vraiment surprenant, mais Lynda ne s’était jamais aventurée sur le sujet, se disant intérieurement que sa fille le lui dirait lorsqu’elle serait prête. Et visiblement, c'était pour aujourd’hui. Lorsque Jessy ne répliqua pas davantage, Lynda n’entama pas non plus le sujet. Il y avait d’ores et déjà beaucoup à faire avec les révélations qui suivraient, comme la mutation qui venait de se déclencher par exemple, ou alors le fait qu’elle avait eu accès à des souvenirs qui appartenaient à Lynda et Charles seulement.
Il lui fallait des explications et Lynda ne tarda pas à garder le suspens plus longtemps. Non, elle expliqua à sa fille son ressenti, mais surtout ce qu’elle pensait qu’il venait de se produire, car pour elle sa fille venait simplement de devenir ce dont elle avait toujours rêvé. D’aussi loin dont Lynda puisse se souvenir, Jessy avait toujours eu cette envie d’avoir des pouvoirs et si au fur et à mesure des années, cet espoir diminuait, les émotions ressenties cette année eurent raison de son gêne qui se développa.
Lynda espérait juste que Jessy n’aurait pas peur de ses propres pouvoirs, mais avec l’école de Charles, il n’y avait pas de raisons. Elle savait que sa fille serait entourée. Lorsqu’elle vit sa fille reprendre l’humour, elle sourit généreusement à celle-ci.
« Ahah, non, mais il ne s’est rien passé dans les pièces de vie… Même le canapé, il n’y a eu que des câlins… »
Même si c’était dit sur le ton de l’humour, Lynda tenait à être claire avec sa fille, ce n’était pas parce qu’elle fréquentait quelqu’un qu’elle allait avoir un comportement déplacé. Cependant, d’une certaine manière, elle était soulagée que sa fille veuille bien aller à l’Institut. Là-bas, la mère qu’elle était serait rassurée que sa fille soit entre de bonnes mains et protégée qui plus est. Elle hocha simplement la tête à sa fille en silence et se nota mentalement dans sa tête de contacter Charles dans la soirée pour lui en faire part.
Et puis les questions arrivèrent. Elles étaient légitimes, mais nombreuses… Lynda n’eut pas le temps de réponses que Jessy en posait d’ores et déjà une autre. Lentement, elle leva la main pour faire signe à sa fille de se calmer en souriant :
« Oulà tout doux… Alors euh… j’ai vu une lumière, mais c’était assez léger… au niveau de tes mains. C’est parce qu’il fait assez sombre, sinon je n’aurais probablement pas fait attention… »
Elle lui montra le canapé d’un geste de la main.
« Maintenant que je ne suis plus assise, dessus, quand tu le touches, tu as une autre… vision ? »
Et puis alors que Lynda observait sa fille, elle ajouta d’autres connaissances :
« De ce que je sais, c'est le gêne de la mutation qui se transmet parfois d’une génération à l’autre, mais pas forcément le pouvoir. Celui-ci est propre à toi, c’est lui qui te rend unique. »
Naturellement, elle pencha la tête et ajouta avec bienveillance et une pointe de malice :
« Même si à mes yeux, tu es d’ores et déjà unique puisque tu es ma fille. »
Riant lentement à sa boutade sur la veillée nocturne qui se préparait. Lynda eut soudain une idée.
« Dis, tu sais, dans mon bureau, j'ai pas mal de vieux objets, peut-être qu’on peut essayer de déclencher ton pouvoir à nouveau, juste toutes les deux pour voir ce que ça donne… Enfin, c'est seulement si tu en as envie ? Sinon l’on peut simplement se regarder un film ou autre… »
HRP:
Je pense que l’on arrive sur une fin tranquilou, l’on va pouvoir faire le RP avec Charles/Lynda/Jessy pour les pouvoirs si cela te tente ?
Rien dans les pièces de vie, rien sur le canapé. Message reçu cheffe. Pas touche au lit.
Les réponses à mes questions commencent à arriver et, déjà, je ne peux contenir mon excitation. Mes mains font de la lumière ? C'est pas très discret... donc trop bien !
Je regarde avec un grand sourire niais mes deux mains, comme si elles allaient soudainement s'allumer d'elle-même. M'man me suggère de toucher le canapé pour vérifier mais je ne peux m'empêcher de ressentir une certaine appréhension. Alors, en retenant ma respiration, je ferme les yeux et je pose ma main sur le canapé. Et rien. Sinon ce serait trop facile, j'imagine.
- Rien du tout. Je pense que c'est aléatoire...
Ça aurait du sens : je n'ai pas eu de vision entre ma rencontre avec Strange et celle de ce soir.
Ma bouche forme un "Oh", silencieux, alors que j'écoute les explications de M'man sur nos différences de pouvoirs. C'est marrant, je m'étais toujours imaginée que j'aurais un don similaire au sien ou quelque chose de badass, à la Thor. Mais comme le dit si bien ma chère mère, mon pouvoir est unique. A sa remarque mielleuse, je ne peux m'empêcher de lâcher un :
- Pffffft...
Avant de lui sauter encore une fois au cou pour un câlin. Je suis contente d'avoir pu réellement découvrir mes pouvoirs en sa présence. Impossible d'imaginer quelqu'un avec qui j'aurais plus aimé partager ce moment - ce qui en dit long, puisque techniquement je l'ai déjà fait avec Strange !
Et maintenant, revenons-en au reste de la soirée. M'man propose un atelier découverte de pouvoirs, et bien que je m'apprête tout d'abord à dire oui, je me ressaisis rapidement. - Mmm, si ça ne te dérange pas M'man, je crois que je préférerais regarder un film. Ce n'est pas que je n'aime pas mon pouvoir, mais j'aimerais juste éviter de gâcher la bonne humeur ambiante en tombant sur des souvenirs désagréables... Promis, on se fait une session comme ça sous peu, d'accord ?
C'est en repensant aux souvenirs de la créature bleue que je suis revenue sur ma décision. Il est tout à fait possible qu'en touchant ces objets je tombe sur un souvenir douloureux lié à leur utilisation, des bribes de M'man pendant la guerre ou même simplement les souvenirs d'une mauvaise personne. Et j'ai déjà eu assez d'émotions pour aujourd'hui, je crois...
... c'est donc évidemment pour ça que je choisis une comédie romantique. Boom. Il y a de la logique et de la raison en moi, promis. Je ne sais juste pas où.
Je prends donc le DVD de "How to lose a guy in 10 Days" avant de demander à ma mère si le choix lui convient : - Je crois pas avoir vu celui-là, ça te tente ?
Si c'est dans sa collection, c'est forcément que c'est un grand crû. Même si il a cinq ans de plus que moi.
22 novembre 2024, soirée, Appartement de Lynda et Jessy
Passer un moment avec sa fille était tout ce qu’il y avait de plus précieux pour Lynda mais avoir la possibilité de découvrir véritablement ses pouvoirs avec elle était une douce récompense que la mère qu’elle était apprécia sans problème. Pour autant, elle se devait d’être rassurante et compréhensive avec sa fille. Si bien qu’elle évoqua doucement la possibilité de reprendre leur soirée entre filles en proposant à Jessy d’essayer à nouveau le canapé.
Pas de vision fortuite et imprévue, parfait. Mère et fille devraient apprendre à gérer ce genre de nouveauté, mais surtout Lynda compris qu’elle devrait être d’autant plus présente pour sa fille maintenant que cette dernière devait avoir un suivi et un accompagnement pour l’apprentissage de ses pouvoirs. Se voulant rassurante, elle évoqua combien Jessy était unique et importante aux yeux de sa mère. Elle fut alors prise d’assaut par sa fille qui lui sauta au cou et Lynda eut aussitôt ce réflexe d’accueillir sa fille dans ses bras et de l’envelopper pour embrasser sa chevelure brune.
« Je t’aime ma puce. »
L’instant ne dura pas si longtemps, mais suffisamment pour que Lynda comprenne qu’aucune autre vision ne viendrait les perturber, ce qui l’encouragea à resserrer un peu plus son étreinte sur sa fille. Puis, une fois l’instant émotion passé, Lynda se hasarda à proposer une idée de soirée que sa fille refusa doucement. Bien entendu, la mère ne fut pas offusquée de ce refus qui était tout à fait compréhensible, mais une petite voix dans son esprit lui rappela alors qu’elle devrait faire attention à ce que sa fille ne prenne pas peur de ses propres pouvoirs. Il fallait apprendre à les maîtriser pour en retirer toute peur éventuelle. Un simple sourire compréhensif et Lynda croisa le regard de sa fille :
« Ne t’en fais pas, quand tu seras prête, je serais là. J’essayerai de trouver des objets différents. »
Aussitôt l’idée de retrouver des peluches de quand Jessy était petite lui vint à l’idée entre d’autres objets qui pourraient lui apporter différents souvenirs. S’installant toutes les deux devant une comédie romantique, Lynda laissa le choix à sa fille et toutes les deux s’accordèrent une soirée calme et posée, bien méritée après ce tumulte d’émotions. Cependant, Lynda ne tarda pas malgré tout à prendre son téléphone pour échanger quelques messages avec Charles, pour partager cette nouvelle avec un homme qui saurait trouver les mots, elle en était convaincue.
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