Lynda s'était bel et bien occupée de Charlie, lui offrant une protection et un refuge alors qu'il était dans une bien mauvaise posture. Elle avait tenu le rôle qu'il aurait sans doute tenu s'il n'avait pas été victime du snap de Thanos. Elle l'avait "pris sous son aile"... une belle expression, que Charles trouva bien choisie pour une mutante au surnom d'Angel. Songeant avec tendresse au rôle que les deux adultes avaient eu dans la vie de l'adolescent, Charles commenta d'un trait d'esprit :
« Nous sommes en quelque sorte ses deux Anges Gardiens... »
Puis elle lui parla du refuge, et avant cela lui parla surtout de sa vie. Une existence mouvementée, marquée par la guerre et la mort, mais aussi par la bienveillance et l'espoir. Il observa la photographie avec attention. L'Irak... Oui, il avait eu vent d'une guerre absurde et meurtrière menée là-bas par un précédent président des Etats-Unis. Lorsque Lynda présenta Jack, il fit immédiatement le lien avec le nom du refuge, et eut confirmation par l'émotion qui gagnait la gérante que la fin de l'histoire ne serait pas heureuse. Aussi garda-t-il les yeux baissés sur la photographie, par égard pour Lynda, afin de ne pas la gêner tandis qu'elle se remémorait des souvenirs intimes et probablement traumatisants. Si elle se montrait généreuse en paroles et en actes, il supposait néanmoins qu'elle n'était pas femme à aimer montrer ses faiblesses, et il ne voulait pas la déranger par un regard trop appuyé.
Il ne releva les yeux vers elle que lorsqu'elle commença à évoquer le refuge. Elle ne l'avait pas intégré parce qu'il accueillait des mutants, elle n'était même pas au fait de cette particularité à l'époque. Et c'était grâce à son intervention lors d'un sauvetage d'un ancien combattant humain que les choses avaient évolué, et que les mutants avaient commencé à vivre auprès des humains de manière officielle et non secrète.
Lynda s'occupait du refuge depuis près de huit ans. Elle lui en expliqua les grandes lignes. L'endroit était financé par l'armée, puisque étant officiellement un lieu consacré aux anciens combattants. Les nouveaux membres devaient être amenés par les anciens, qui s'en portaient garants. Un système d'entraide communautaire, et même extra-communautaire, puisque des mutants pouvaient parrainer des humains, et inversement. Quant aux autres règles, elles semblaient simples sur le papier : pas d'alcool, pas de violence, pas de jugement. Tellement simple que cela semblait presque utopiste. Charles eut enfin l'occasion de poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis le début de leur rencontre, la première question qui lui était venue en tête dès que Charlie lui avait parlé de cet endroit.
« Mais comment gérez-vous la cohabitation entre humains et mutants ? Je ne peux pas croire qu'il n'y ait aucun conflit, aucune réticence émanant d'un côté ou de l'autre. Lorsqu'un mutant perd le contrôle de ses pouvoirs comme aujourd'hui, comment réagissent les humains ? Comment parvenez-vous à faire en sorte qu'ils n'aient pas peur de vivre aux côtés des mutants ? Et comment faites-vous pour que les mutants évoluent sereinement, sans crainte d'être mal perçus par les humains ? »
Charles était certes un idéaliste, et il souhaitait plus que tout voir les humains et les mutants vivre ensemble et s'entraider. Mais il venait d'une époque où les mutants, alors inconnus de la majorité, étaient considérés comme des montres de foire, des êtres à craindre ou à éradiquer. Lorsque Lynda lui avait annoncé que toute son unité connaissait sa nature et ses pouvoirs, cela lui avait paru étrange, et il lui avait fallu quelques instants pour prendre du recul et se souvenir qu'elle vivait dans un monde où l'existence des mutants était connue et de moins en moins rejetée... Mais on était encore loin d'une harmonie parfaite.
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Lynda Mac Taggert Protecteur
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"Chacun est le maître de son destin, c'est à nous de créer les causes du bonheur" - Dalaï Lama
Lynda sourit à la mention d’anges gardiens de la part de Charles. Ce rôle qu’ils avaient tous les deux tenus dans la vie de Charlie. Lynda se demanda alors si d’autres jeunes qu’elle avait pu recueillir durant le snap étaient maintenant arrivés à l’école de Charles. Si elle avait l’occasion un jour de s’y rendre, peut-être verrait-elle des visages familiers.
Lorsqu’elle raconta son histoire, elle se garda bien de dire les circonstances de la mort de Jack. Dans le fond, elle culpabilisait toujours un peu. Charles eut la courtoisie de ne pas la regarder en face à face et il garda le regard vers la photographie. Depuis l’arrivée du mutant, ces deux-là ne se quittaient pas des yeux mais c’était comme s’ils se comprenaient. A cet instant, Charles avait compris qu’elle ne finirait pas son histoire s’il la fixait. Et quand bien même, Lynda n’était pas le genre de femme à se laisser aller au sentiments. Elle avait pris l’habitude de se montrer toujours plus forte pour les autres.
Puis la gérante passa au refuge et à son histoire au sein de celui-ci. Charles retrouva le regard curieux qu’il semblait avoir à son arrivée. L’intérêt qu’un homme tel que lui avait pour le refuge donnait du baume au coeur de la gérante. Elle comprenait qu’elle faisait du bon travail même si bien évidemment tout n’était toujours rose. Il lui demanda comment se passait la cohabitation humains/mutants. Il évoqua les craintes des humains et l’environnement serein des mutants. La série de questions redonna instantanément le sourire à Lynda. Visiblement elle était bavarde et curieuse mais lui aussi. Cette pensée n’était pas une habitude pour Lynda. Elle voyait toujours les hommes de son entourage comme des relations professionnelles ou cordiales mais rarement amicales. Avec Charles c’était sensiblement différent. Il y avait quelque chose chez lui qui l’intriguait et qui la poussait à découvrir qui était cet homme. C’était peut-être aussi une des raisons pour lesquelles elle avait du mal à le quitter des yeux. Avant de lui répondre, elle se tourna en gardant le sourire et tendit la main pour récupérer la photo qu’elle rangea. Avant de s’asseoir à nouveau sur son fauteuil de bureau pour faire face au Professeur. A nouveau et comme souvent depuis leur rencontre, elle croisa son regard bleu et ne le quitta plus.
“C’est loin d’être de tout repos. Mais pourquoi ou comment... ça fonctionne… Il est vrai qu’après des accidents comme celui-ci c’est toujours un peu délicat mais c’est aussi pour ça que les mutants ont une salle à part pour l’utilisation de leurs pouvoirs.”
Lynda réfléchissait en même temps qu’elle parlait comme si c’était la première fois qu’on lui posait ce genre de questions. En même temps, oui c’était la première fois que quelqu’un de l’extérieur avait le droit de s’intéressait au refuge et que Lynda acceptait de répondre à toutes les questions:
“En fait, je ne saurais pas vraiment dire qu’est-ce qui fait que cela fonctionne. Le fait est que les anciens combattants ont suffisamment vus et subit la guerre pour avoir envie d’entrer à nouveau en conflit. Les mutants de leurs côtés vivent dans un monde où les Avengers - qui sont de véritables icônes - sont pour la plupart des mutants également. Les mutants du refuge j’entends. Je ne parle que pour eux car ceux qui choisissent de venir ici sont des mutants qui savent qu’il ne faut pas abuser des pouvoirs qu’ils possèdent, à part dans la salle d’entraînement… … Concernant les humains, je dirais que la plupart d’entre eux ont commis des actes irréversibles comme le meurtre et tout ça au nom de la guerre. Ça détruit une personne de ressentir cette culpabilité. Certains se voient comme des monstres, plus bien affreux que l’image d’un mutant malveillant. Alors ils acceptent la différence des autres. Et il faut savoir aussi que certains des anciens soldats font plus peur que des mutants. Même pire certains mutants ont peurs de certains humains.”
Lynda sourit au souvenir de certaines situations et expliqua l’un d’eux à Charles:
“Une fois, dans la salle de sport il y avait un ancien combattants qui montrait des passes à un mutant sur le ring de boxe. Une bouteille a éclaté dans le bar, résonnant dans tout le bâtiment. L’homme a eut peur, il a revécu un traumatisme et à littéralement perdu la tête, hurlant et cognant sur tout le monde humains et mutants. Le mutant en a eu tellement peur qu’il a eut du mal à s’en remettre et cela n’était pas dû aux pouvoirs de qui que ce soit.”
Lynda jeta à un œil au reste de la pièce avant de revenir vers Charles. Comme si elle cherchait ses mots:
“Après je doute que ce type d’entente fonctionne partout. A l’hôpital où je travaille, ce n’est pas du tout la même ambiance et les mutants ne sont pas perçus pareil. Parfois je suis regardée de travers par d’autres médecins alors que mon pouvoir est de soigner les gens tout comme mon métier. Les humains sont envieux des mutants, car ils savent que les mutants sont plus forts. Cela ne changeras pas comme ça même si j’ai bon espoir. Un jour, nous y arriverons….”
Lynda fut un peu gênée mais elle se repris doucement en baissant les yeux :
“C’est peut-être un peu idéaliste de penser ainsi mais j’aime à croire que ma fille qui n’as pas pouvoir puisse vivre dans un monde où humains et mutants arrivent à vivre en harmonie.”
Lorsqu'il vit le sourire de Lynda en réaction à ses questions, il se rendit compte qu'à son tour il se laissait emporter par son enthousiasme et son désir d'en savoir plus sur elle. Sur son refuge. Tout comme à une époque, il avait été ravi de se rendre compte qu'il n'était pas le seul mutant, il était aujourd'hui enchanté de constater qu'il n'était pas le seul à rêver d'une harmonie entre mutants et humains, et à tenter des actions concrètes dans cet objectif.
Le projet de Lynda était loin d'être simple, et elle mit un peu de temps à expliquer pourquoi cela fonctionnait. Elle fit un parallèle assez juste entre les anciens combattants et les mutants, qui avaient plus en commun qu'on ne l'aurait pensé de prime abord. Sur le plan psychologique et social, ces deux catégories d'êtres se ressemblaient et pouvaient se comprendre. Associez à cela le fait que les membres du refuge étaient triés sur le volet et sélectionnés pour leur aptitude à cohabiter selon des règles précises et connues à l'avance, et l'expérience devenait possible.
Tout comme lui, elle aspirait à un monde meilleur sans se bercer d'illusions pour autant. Elle était consciente que le système mis en place dans son refuge ne pouvait pas fonctionner partout, ni avec tout le monde. Même avec son don si bénéfique et pacifiste, elle était mal jugée, jalousée par les humains. Elle termina en évoquant son idéal, un monde où mutants et humains pourraient vivre en harmonie.
« Nous partageons le même idéal, Lynda. C'est... Il n'y a pas de mot pour dire à quel point je suis heureux... de faire votre connaissance. »
Lorsqu'elle avait évoqué sa fille, soulignant le fait qu'elle n'avait pas de pouvoirs, Charles avait froncé les sourcils, intrigué. Cela n'avait duré qu'un instant, et il s'était reprit aussitôt, gardant pour lui ses observations. Toujours est-il que Lynda faisait tout cela en partie pour elle. Ce qui le fit réfléchir aux raisons qui l'avaient poussé, lui, à fonder son école pour mutants, et à rêver d'un monde où les mutants seraient parfaitement intégrés.
« Votre fille... C'est en partie pour elle que vous faites cela... »
Songeur, il termina son verre avant de se lancer à son tour dans des explications très personnelles, estimant devoir lui aussi parler de sa vie pour pouvoir parler de son projet.
« Je n'ai pas d'enfants, mais j'ai une petite sœur. Enfin... Ce n'est pas vraiment ma sœur, je l'ai recueillie lorsqu'elle était petite, et nous avons grandi ensemble. Elle a une mutation particulière et difficile à cacher, sa peau est naturellement bleue... Elle peut dissimuler cette apparence, mais elle n'a jamais aimé avoir à se cacher pour être acceptée. Je pense que j'ai fondé mon Institut en partie pour elle, enfin, pour les personnes comme elle. Les mutants ne devraient pas avoir à se cacher, ils ne devraient pas avoir à craindre de vivre normalement, au milieu des humains. Mon école accueille les jeunes mutants qui ne savent pas comment contrôler leurs pouvoirs, qui se sentent perdus, rejetés par la société. Nous leur offrons une éducation, nous les aidons à grandir, à apprendre à gérer et contrôler les effets de leur mutation, et nous les accompagnons dans leur réinsertion dans la société humaine. Mais c'est plus facile pour certains que pour d'autres. Je fais partie des privilégiés, je peux aisément masquer ma nature et évoluer dans le monde humain sans risque. Mais d'autres sont stigmatisés dès l'enfance, rejetés, abandonnés, considérés comme des abominations, des erreurs de la nature. Et à trop se faire traiter de monstre, on finit par se persuader qu'on en est un... »
Sentant qu'il était en train de s'enliser peu à peu dans une vision trop pessimiste du monde, qui était certes réelle pour certains mais qu'il se refusait à accepter, il retrouva le sourire et poursuivit son plaidoyer :
« Mais je suis persuadé qu'on peut leur montrer une autre voie. Tout comme vous je garde espoir. Et tant que des êtres comme vous et moi évoluerons dans ce monde pour répandre ces idées de paix et d'union, notre idéal pourra être plus qu'une simple conception de la pensée, ce rêve d'harmonie pourra se concrétiser. »
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Lynda Mac Taggert Protecteur
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"Chacun est le maître de son destin, c'est à nous de créer les causes du bonheur" - Dalaï Lama
Charles semblait la comprendre. C’était peut-être la première fois que Lynda s’exprimait sur ses projets, ses envies, ses idéaux et elle avait trouvé en face quelqu’un qui semblait saisir ce qu’elle voulait partager, mieux Charles semblait avoir les mêmes envies et le même but dans la vie, ce qui ne pouvait que d’autant plus réjouir la gérante du refuge. Charles expliqua alors qu’en effet, il avait le même idéal, le même point de vue. A ces mots, Lynda ne put réprimer son sourire. Trouver quelqu’un qui la comprendre mais qui pense la même chose, c’était pour elle inespéré. Charles était “heureux” d’avoir fait la connaissance de Lynda mais il ne se rendait pas compte à quel point elle également était ravie de cette rencontre:
“C’est un réel plaisir partagé Charles.”
Comme gênée par ses mot, elle reprit une gorgée de whisky avant d’écouter Charles qui a son tour lui parla de sa vie personnelle. Elle nota au passage qu’il n’avait pas d’enfants. Pourquoi faisait-elle attention à ce genre de détails... Lui faisait avant tout cela pour sa sœur - de cœur - qui avait une mutation sensiblement délicate à vivre. Avoir la peau naturellement bleue ne devait pas être facile à vivre tous les jours et surtout difficile de se sentir intégrer dans la société.
Lynda acquiesçai à chaque mot prononcés par Charles. Elle était entièrement d’accord avec lui. Les mutants ne devrait pas avoir honte de ce qu’ils sont et surtout ils ne devraient pas se sentir obligé de se cacher. Lynda faisait son possible pour que ses réfugiés -qu’ils soient humains ou mutants- se sentent bien entre ces murs. Mais ce n’était pas toujours évident et elle en avait bien conscience. Cependant la fin du discours de Charles lui redonna un léger sourire. Tout comme elle, il restait optimiste et il gardait l’espoir qu’un jour tous les mutants puissent être enfin acceptés dans le monde. Le sourire aux lèvres, elle regarda Charles du coin de l’oeil et songea au fait qu’ils avaient réellement la même façon de penser.
“Vous m'ôtez les mots de la bouche Charles. Nous pensons et nous visons la même chose. A force d’y croire, nous y arriverons. Et j’ai bon espoir que nous ne sommes pas les seuls à avoir cet idéal.”
Ne pouvant pas détacher son regard de Charles, ils restèrent l’un et l’autre silencieux quelques instants avant d’être interrompu par un léger bruit sonore. Le téléphone de Lynda. Doucement elle le sortit de la poche arrière de son pantalon pour en lire la notification. Un de ses collègues de travail lui demandait si elle était occupée pour la soirée. Elle lut le message en silence avant de répondre -un léger sourire aux lèvres- qu’elle n’était pas disponible tout en parlant doucement à Charles:
“Navrée, un collègue de l'hôpital qui pense que je n’ai pas compris son manège, surtout aujourd’hui.”
Elle songea au fait que Charles venait d’une autre époque et ajouta en riant:
“Les hommes de nos jours ne sont plus les gentlemans de votre époque Charles.”
Elle mis son portable en silencieux et reporta son attention sur son invité, devenant plus curieuse sur sa vie personnelle.
“Vous arrivez à vous familiariser à notre époque? Les technologies? la société?”
Charles avait mis du temps à comprendre la détresse de Raven. Il avait été aveuglé par ses idéaux, et ne percevait pas les problèmes que la mutation pouvait engendrer. Tout ce qu'il venait de dire à Lynda, sur sa propre condition privilégiée, et sur les mutants qui étaient forcés de se cacher et qui le vivaient comme un traumatisme, il ne l'aurait pas dit il y a vingt ans. Mais lui aussi avait évolué depuis, bien qu'il conserve ses espoirs.
Lynda avait raison. Ils ne devaient pas être les seuls à partager cet idéal. De plus en plus de mutants émergeaient dans la société, et depuis que leur existence était connue, de plus en plus d'humains tendaient à les accepter. Il était en fin de compte logique que des initiatives comme la sienne ou celle de Lynda voient le jour. S'ils parvenaient à s'associer, ils pourraient œuvrer ensemble pour bâtir ce monde meilleur...
La sonnerie de téléphone le sortit de ses rêveries. Il attendit poliment qu'elle réponde au message qu'elle avait reçu. Les portables étaient devenus indissociables des gens aujourd'hui, le professeur devait lutter pour que ses élèves les plus âgés ne passent pas leur temps accrochés à leurs téléphones et leurs tablettes. Le monde avait évolué si vite... il était difficile de dire si c'était un bien ou un mal.
Il comprit aux explications de Lynda qu'elle était célibataire, puisque courtisée par un collègue. Rien d'étonnant, elle était une belle femme, avec de grandes qualités. Ce qui était surprenant, c'était justement qu'elle soit libre. Mais sans doute que comme lui, elle se consacrait d'abord à sa cause, et à sa famille. Les paroles de Wanda lui revinrent à l'esprit, et il eut un sourire en coin. Il faudrait qu'il l'appelle dans la soirée...
Lynda lui demanda justement comment il se familiarisait avec leur époque moderne, aussi bien au niveau des avancées technologique que sociales. Charles eut un petit rire en pensant au téléphone du troisième âge qu'on avait dû lui offrir au départ pour qu'il se familiarise avec les portables, et aux heures passées à tenter de percer les mystères de la navigation sur "l'internet".
« Et bien, de mon temps, nous étions à la pointe de la technologie... Par exemple, dans les années 70, nous avions mis au point un système permettant de hacker les caméras du Pentagone. Et nous avions élaboré de nombreux accessoires de pointe pour favoriser l'utilisation de certains pouvoirs chaotiques... »
Sans parler bien sûr du Cerebro, une machine révolutionnaire que tous les gouvernements et services secrets du monde auraient voulu acquérir s'ils en avaient appris l'existence. Mais Charles gardait cette carte dans sa manche pour le moment, songeant déjà qu'il lui montrerait le Cerebro lorsqu'il lui ferait visiter son école.
« Mais le monde a évolué si vite... La robotique, les nano-technologies, la téléphonie mobile, internet... C'est à la fois fascinant et effrayant, et il m'a fallu du temps pour m'y adapter. Et bien que je ne remette pas en cause l'efficacité et les progrès de la science dans bien des domaines, je reste par certains aspects un irréductible nostalgique. Je n'échangerais pas un seul de mes vieux bouquins contre tous leurs livres électroniques. »
Il désigna du regard la bibliothèque de Lynda, certain qu'elle le comprendrait sur ce point. Les bibliothèques personnelles devenaient une rareté, surtout sur le lieu de travail. Encore un point qu'ils avaient en commun...
« Quant à la société, elle évolue aussi... Il y a de plus en plus de mutants... Des super-héros... Des invasions extra-terrestres... Ce siècle témoigne de grandes avancées dans l'histoire de l'Humanité, et en révélera encore d'autres. »
Un nouveau bruit technologique se fit entendre dans le bureau, provenant d'un bracelet que Charles portait au poignet. En quelques mois, il était passé du vieux portable pour grand-père à la montre connectée. Adressant un sourire complice à Lynda, il consulta à son tour le message qu'il avait reçu, message qui le laissa un brin perplexe. Il resta fixé dessus quelques instants, un sourire crispé sur les lèvres, semblant chercher à comprendre quelque chose qui lui échappait, puis il releva le regard vers Lynda, sans répondre au message, la mine légèrement déçue.
« Excusez-moi. Hum... Je vais devoir bientôt vous laisser, mais j'aimerais beaucoup vous faire visiter mon école un de ces jours, si vous le voulez bien ? »
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Lynda Mac Taggert Protecteur
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Lynda s’était montrée curieuse en demandant si la changement d’époque n’avait pas eu un impact trop troublant pour Charles. Ce dernier eut un petit rire, sans doute qu’il repensait à quelques anecdotes. Il lui parla des années 70 et du fait qu’ils étaient à la pointe de la technologie de l’époque. Lynda ne put réprimer un sourire lorsqu’il évoqua le Pentagone. Cet endroit tellement bien protégé, l’on disait qu’il était impénétrable. Visiblement dans les seventies ce n’était pas le cas. Lynda l’écoutait avec attention mais avait le regard perdu dans le vague. Il avait raison, le monde évoluait tellement vite. C’était parfois difficile de tout suivre alors pour lui qui débarquait carrément d’une autre époque, le passage ne devait pas être si évident. Cependant lorsque Charles mentionna son amour des livres. Lynda reposa les yeux sur lui et la bibliothèque en souriant. Ravie d’apprendre qu’il était aussi passionnée qu’elle sur le sujet :
“Les livres sont une mine d’or. Pour rien au monde je ne les laisserais. J’adore lire même si je n’ai pas énormément de temps… Juste le plaisir de lire quelques pages de temps en temps. Dire que j’en ai encore d’autres chez moi…”
Lynda eut un petit rire avant de laisser Charles reprendre sur la société actuelle. Là encore il avait raison. Elle ne pouvait qu'acquiescer ses paroles. Mais avant qu’elle puisse lui répondre, ce fut à son tour de recevoir un message et Lynda fut ravie de voir qu’il s’était bien habitué aux technologies puisqu’il avait une montre connectée. De nombreuses fois, Jessy lui avait dit d’en prendre une mais elle avait encore du mal à se faire à l’idée. Lynda échangea un sourire avec Charles avant de remarquer qu’il semblait troublé. Lynda fronça légèrement les sourcils :
“Tout va bien?”
Elle eut en quelque sorte sa réponse dans la foulée. Visiblement non car il allait devoir partir. Lynda compris alors que ce petit moment d’échange et de complicité touchait à sa fin. Mais les mots de Charles eurent le mérite de lui redonner le sourire. Il voulait la revoir et cette fois-ci à son école. Lynda acquiesça doucement et répondit avec joie:
“Cela serait un réel plaisir de pouvoir à nouveau échanger avec vous.”
Quelqu’un frappa à la porte du bureau. Lynda eut le réflexe de se redresser et de mettre la bouteille dans un tiroir en répondant à la personne d’entrer. Cependant, elle soupira doucement en voyant sa fille Jessy ouvrir la porte. L’adolescente entra doucement en demandant si elle ne les dérangeait pas. Lynda sourit et répondit doucement :
“Viens, je n’ai pas vraiment fait les présentations. Charles voici ma fille Jessy. Jessy, le professeur Charles Xavier. - Ravie de vous rencontrer.” répondit Jessy en faisant néanmoins un signe de la main timide.
Lynda n’avait que rarement vu sa fille autant intimidée. Elle préféra détourner la conversation:
“Tu voulais quelque chose? - Oui beaucoup des réfugiés sont partis… saint valentin oblige….” Lynda leva les yeux au ciel. La mention de cette fête. Pourtant aujourd’hui elle avait fait la rencontre d’une personne qui avait su la captivé comme peu d’homme avaient réussis à le faire par le passé. Un coup d’oeil complice à Charles avant de revenir sur sa fille “Et? - Ben je voulais rentrer à l’appart' .. - Pas seule… - Mais ‘man ... - Charles me disait qu’il allait partir, je rentre avec toi… Avec ce que l’on raconte dans les journaux, je préfère venir te chercher… - D’accord…. Je t’attends en bas.”
Jessy fit un signe à Charles pour lui dire au revoir et sortit en silence. Lynda eut un petit rire en se tournant vers Charles :
“Normalement, elle est bien plus bavarde que ça je vous rassure. Je pense que ce soir, je vais avoir le droit à un véritable interrogatoire.”
Lynda rangea grossièrement ses affaires, dont la bouteille de whisky qu’elle mit dans le carton consacré à ses recherches. Elle pourrait le ramener chez elle maintenant. Elle prit une carte de visite vierge et y nota son numéro de téléphone personnel. Mais avant de partir elle se tourna vers Charles et en s’asseyant sur son bureau elle lui demanda:
“Charles? dernière question... avez-vous lu dans mon esprit?”
Lynda attendit doucement la réponse avant de chercher ses mots quelques instants. Elle s’approcha du fauteuil de Charles et s’accroupit pour être à sa hauteur. Plongeant son regard dans le sien elle parla calmement :
“Je suis quelqu’un de sincère et d’honnête. Après la conversation d’aujourd’hui, je n’ai rien à vous cacher, Charles. Par la suite, demandez-moi directement, peu importe la question, je préférerai.”
Lynda eut un sourire doux et chaleureux comme à son habitude. Elle regarda Charles avec tendresse avant d’ajouter avec douceur en lui tendant la carte de visite :
“J’ai beaucoup apprécié ce moment.”
Puis Lynda se relevant doucement et tous les deux quittèrent le bureau de la gérante - qu’elle ferma derrière eux. Une fois en bas, Lynda posa le carton avec les affaires de sa fille avant de se tourner une dernière fois vers Charles :
“A bientôt Charles. Je vous laisse le soin de m'appeler.”
Charles avait vu juste en supposant que Lynda était une amoureuse des livres, tout comme lui. Il songea que lors de la visite de l'Institut, il lui montrerait sa collection personnelle, ainsi que la grande bibliothèque du rez-de-chaussée, digne de toute bibliothèque universitaire qui se respecte. Elle devrait lui plaire.
Elle n'eut pas le temps de commenter ses remarques sur les technologies et l'évolution du monde, à cause de l'interruption téléphonique. Lorsqu'elle lui demanda si tout allait bien, il eut un geste désinvolte signifiant qu'il n'y avait pas à s'inquiéter, et il expliqua brièvement :
« Oui, un message de ma sœur... »
Elle accepta avec plaisir l'invitation de Charles, ce qui le ravit au plus haut point. Il était impatient de lui faire découvrir son univers, et tout ce qu'il accomplissait. De plus, il fallait bien qu'il se l'avoue, il n'était pas encore parti qu'il avait déjà hâte de la revoir, d'échanger de nouveau avec cette femme fascinante. L'on frappa de nouveau à la porte, et cette fois ce fut la fille de Lynda qui entra. Elle se montra timide et réservée, et Charles resta donc à distance, répondant poliment.
« Enchanté Jessy. »
Tandis que mère et fille échangeaient sur leurs plans pour la soirée, Charles en profita pour sonder l'aura de l'adolescente plus en profondeur. Il put ainsi avoir confirmation de ce qu'il supposait à son sujet : la jeune fille avait bien le gène X comme sa mère, mais son potentiel mutant ne s'était pas encore activé. Sans doute n'avait-elle pas subi de choc émotionnel suffisant pour cela. Jessy finit par sortir du bureau, laissant le professeur songeur. Aurait-elle des pouvoirs similaires à ceux de sa mère ? Seul l'avenir le leur révélerait.
Lorsque Lynda expliqua qu'elle aurait sans doute le droit à un interrogatoire plus tard, Charles eut un petit rire, en songeant que lui aussi, s'il en parlait à Raven. Peut-être d'ailleurs qu'il ne lui en parlerait pas. Du moins, pas tout de suite. Par contre, il appellerait Wanda. Et il imaginait déjà ce qu'elle allait lui dire... Un léger sourire rêveur aux lèvres, il attendit patiemment que Lynda ait terminé de préparer ses affaires. Il n'était pas pressé de partir. Mais lorsqu'elle lui posa la question suivante, son sourire s'effaça. Il n'hésita pas longtemps, se décidant à lui répondre honnêtement, arborant tout de même une mine coupable.
« Et bien, je dois vous avouer que oui... Mais uniquement au tout début, lorsque vous avez semblé surprise en me voyant... Je ne me montre que rarement intrusif, mais je ne peux m'empêcher parfois d'être curieux... »
Elle s'avança vers lui. Il redoutait sa réaction. Allait-elle lui en vouloir ? Il ne voulait surtout pas qu'elle soit fâchée après lui, ou pire, déçue. Elle s'accroupit devant lui pour se mettre à sa hauteur, il retint malgré lui son souffle, suspendu à sa réponse. Ce fut une réponse calme et douce, elle lui expliqua simplement qu'elle n'avait rien à lui cacher, et qu'elle préférerait à l'avenir qu'il lui pose directement ses questions. Il se retint de pousser un soupir de soulagement, et lui répondit en lui rendant son sourire :
« Bien sûr. »
Elle lui tendit une carte avec un numéro de téléphone portable. Il la prit et la rangea immédiatement dans son portefeuille, bien à l'abri. Lorsqu'elle le regarda avec tendresse et lui dit qu'elle avait beaucoup apprécié ce moment, il sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine, et fut incapable de répondre. Ils descendirent ensemble jusqu'à l'entrée du bâtiment où Jessy les attendait. Il était temps de se séparer. Charles se tourna vers Lynda alors qu'elle lui annonçait attendre son appel.
« Je le ferai, sans faute. Merci pour ce délicieux moment Lynda. Bonne soirée à vous. Au revoir Jessy. »
Il se rendit à sa voiture, le cœur léger, l'esprit empli de belles pensées d'espoir. Une fois installé au volant, il sortit la carte de Lynda et observa le numéro de téléphone avec un sourire affectueux. Un bien délicieux moment, en effet...
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