[Terminé] Existence

C’est la première fois qu’elles reçoivent du courrier à l’Institut.
C’est la première fois qu’elles reçoivent du courrier par courtier.

Le courrier est une enveloppe cartonnée A5.
Le courtier a un accent anglais.

Pour récupérer le premier, le second veut absolument la présentation d’une pièce d’identité et la signature d’une des destinataires : Phoebe Cuckoo, Irma Cuckoo ou Céleste Cuckoo.

C’est Phoebe la première informée, ses missions d’interface et de secrétariat l’amenant déjà à s’occuper du courrier en l’absence d’un gardien.

Le courtier n’a pas eu l’air surpris de sa forme adamantine, à défaut d’être à son aise avec. Il ne s’attarde pas au sein de l’Institut non plus. Alors qu’elle franchit le hall en direction du bureau du directeur Xavier, la forme adamantine vêtue comme à son habitude passe son index biominéral sous le scellé. Elle le pince du pouce. Elle l’arrache puis place la bande au sein de l’enveloppe, comme un marque page. Enveloppe qu’elle ouvre ensuite pour regarder à l’intérieur.

Ses ballerines s’immobilisent côte-à-côte. La forme adamantine se tient au milieu du hall de l’Institut. Après un instant à luire, Phoebe se tient au milieu du hall de l’Institut. Son visage se contracte alors qu’elle retient les larmes mais elle a à parler.

Deux étages plus haut, Sophie et Esmé sortent de la consultation du téléphone et de la tablette commune alors que l’esprit de leur sœur rejoint la ruche. Elles savent instantanément ce qu’elle veut leur dire. Ce qu’elle vient de découvrir. Cela presse le cœur entre la joie et la tristesse. Cela soulage également.

Phoebe quitte la connexion, reprenant la forme adamantine. Sophie se lève de son matelas tandis qu’Esmé se réinstalle sur le sien.

Je te laisse aller le chercher, lui signale-t-elle. J’y vais immédiatement, lui répond-telle.

Après avoir changé pour adopter la forme adamantine, Sophie troque son col roulé de sport pour l’une des chemises blanches accompagnant les tailleurs traditionnels. Elle s’en va ensuite à la recherche de chaussures nu-pieds et trouve les sandales à talons hauts.

« Céleste va bouder si tu le fais, signale Esmé, l’observant par-dessus la tablette où sa vidéo est en pause.

- Vivement que l’on reçoive la commande vestimentaire, énonce avec apathie la forme adamantine avant de redevenir Sophie et d’inspirer un grand coup. Aller… il n’y a pas de raison que je croise quelqu’un. »

Tu pourrais juste attendre que quelqu’un d’autre les remontes. Comme toi ? Exactement. Monsieur le Directeur voudra surement nous voir. Je serais présente à travers toi. Donc j’ai raison. Donc t’as raison. Donc je fais comme prévu.

Après avoir attachées les sandales à ses pieds, Sophie encaisse sa gorge qui se serre et se redresse pour aller vers la porte. Elle réajuste ses cheveux et son expression victorienne, afin de limiter la casse, avant de franchir la porte. Elle avance dignement dans le couloir, ayant appris télépathiquement l’usage des talons haut sur conseil de ses sœurs. L’absence de personnes dans les couloirs nous fait hésiter à aller jusqu’au bureau de Mindee pour lui partager la nouvelle mais l’absence de connaissance de son horaire par absence de connexion avec elle lui fait s’en abstenir après quelques instants de marche à échanger avec Esmé. Mieux vaut ne pas prendre le risque de déranger ou d’utiliser la télélocalisation pour vérifier s’il y a quelqu’un dans le placard que les trois autres nomment bureau. Les trois autres sont devenues complaisantes avec leurs capacités télépathiques suite à leur éloignement du World. On ne doit pas évoluer ainsi.

Lorsqu’elle arrive aux escaliers, notre impliquée change d’avis et s’en revient sur ses pas pour aller toquer au seul bureau de cet étage. La voix qui lui dit d’entrer est adamantine et la forme dont elle provient attend en regardant dans le vide, debout à côté du long bureau qui se trouve au centre de cette pièce étroite.

« Que fais-tu ici, demande simplement la forme adamantine de Mindee.

- Le problème du droit de séjour avance, déclare doucement Sophie en terminant d’ouvrir la porte et avant d’acquiescer pour confirmer une question qu’elle anticipe. Père nous a envoyé nos cartes d’identité et des passeports. On va pouvoir demander un visa.

- C’est génial, déclare la forme adamantine avec entrain, ponctuant ses mots d’un sourire et d’un acquiescement.

- Tu deviens meilleure à feindre les émotions, admet Sophie avant d’hausser une épaule, mais je sais ce qu’on est. »

Belle polysémie, complète Esmé avec sarcasme. Je sais, confirme Sophie avec amertume.

« Je vais rejoindre Phoebe et voir ce que Monsieur Xavier souhaite faire de nous. »

Le hochement de tête est sobre, tant du côté de la forme adamantine que de nos impliquées.

Tâche de faire bonne figure. Je ferais de mon mieux Esmé.