S'il n'était pas certain de la qualité des plats et boissons proposés en ce lieu, au moins la qualité du service était plus que correcte. Leurs chocolats chauds arrivèrent très rapidement, ainsi que le cookie de Jean. De plus, la serveuse annonça que leur commande leur était offerte, ce qui était un geste de bonté fort appréciable. Charles laisserait tout de même un pourboire généreux, n'étant pas à l'aise avec l'idée de consommer sans rien payer. Il remercia la serveuse mais ne prit cependant pas immédiatement sa tasse en main, car Jean commençait son récit.
Il n'avait rien à redire au fait qu'elle soit sortie tard de l'université. Elle était assez âgée pour être autonome à présent, et prendre du temps pour discuter avec des amis, qui plus est hors de l'Institut, était une bonne chose en soi. Il réagit donc simplement par une moue et un hochement de tête compréhensifs. Le plus important - et le plus préoccupant - restait à venir, et il l'écoutait très attentivement.
L'évocation du "cube de glace" l'intrigua. Était-ce une sorte d'artefact asgardien ? Le professeur ne connaissait pas suffisamment ce peuple pour pouvoir le définir. Mais que cet être très puissant et réputé maléfique soit en mesure de repérer et d'enlever n'importe qui faisait froid dans le dos. Pauvre Jean… Elle avait beau être puissante et dotée d'une grande force morale, elle restait une jeune fille et ce genre d'expérience avait de quoi chambouler n'importe qui.
Tout comme Jean, l'avis de Loki sur ce qu'il avait "en commun" avec Jean déplaisait fortement à Charles. Il n'avait jamais rencontré Loki, mais il avait beaucoup entendu parler de lui. Apprendre qu'il avait ressenti la puissance du Phoenix en Jean n'était clairement pas une bonne nouvelle. Lorsqu'elle laissa une phrase en suspens, sur ce que Loki avait essayé de lui faire, Charles serra ses doigts entre eux avec nervosité, imaginant le pire. La fin de la phrase le soulagea quelque peu, même si la situation globale n'était guère rassurante.
Il resta immobile et silencieux encore quelques instants, attendant la suite de l'histoire, mais Jean semblait attendre également, voulant sans doute connaître son avis et ses premières impressions. Il prit alors la tasse de chocolat en main et en but une petite gorgée. Il fut d'ailleurs agréablement surpris : ce n'était évidemment pas le meilleur chocolat du monde, mais il était tout à fait correct, plus qu'il ne l'avait imaginé en tout cas. Il reposa lentement la tasse et prit la parole, ayant eu le temps de mettre de l'ordre dans ses pensées.
« A ma connaissance, Loki est considéré sur Asgard comme une sorte de magicien, un illusionniste. Il est donc probable que le lieu où il t'ait emmenée n'ait été qu'une illusion, d'où la sensation étrange que tu avais sur cet endroit, ce sentiment de ne pas pouvoir en sortir. Je ne connais pas toute l'étendue de ses pouvoirs, mais s'il a pu percevoir ta puissance latente, il doit également maîtriser une forme de télépathie. »
Pourquoi un être tel que lui pouvait-il avoir besoin de recruter des mutants ? Comptait-il monter une sorte d'armée personnelle ? Quels pouvaient bien être ses projets ? Tout cela n'augurait rien de bon. Il faudrait sans doute qu'il en parle à des personnes en mesure d'enquêter et de potentiellement gérer le problème… Il faudrait qu'il en parle à... Strange… Cette perspective ne le réjouissait guère.
« Comment a-t-il réagi lorsque tu as refusé de te joindre à lui ? »
Il avait besoin de connaître la fin de l'histoire pour pouvoir l'analyser correctement. Il lui paraissait bien étrange que Loki ait laissé partir Jean sans rien tenter de plus qu'une discussion. Y'avait-il eu confrontation, ou usage d'un quelconque pouvoir de l'un ou de l'autre ?
« En famille on n'est jamais seul à posséder son univers, à se posséder ! En famille on est toujours là pour quelqu'un ! » M. Dallaire
La générosité de leur hôtesse lui arrache un sourire emplit de tendresse, apportant un grand réconfort à son coeur quelque peu malmené ; la présence de Charles, en ces murs familiers, finit de lui conférer un sentiment de sécurité suffisant pour qu’elle se sente capable de faire le récit de l’enlèvement dont elle vient tout juste de réchapper.
Elle commence, d’un discours pas vraiment décousu mais qu’on sent hésitant, principalement parce qu’elle tente de mettre de l’ordre dans ses souvenirs, dont les images se bousculent un peu. Bien qu’elle ait fait des progrès en la matière, il semble évident que la jeune mutante est toujours au prisme de ses émotions grandioses, qui ne cessent de la bousculer. Nul doute que Charles pourrait facilement se plonger dans ses pensées pour refaire le fil de la soirée avec davantage d’aisance mais, soucieux du fait qu’elle puisse mettre des mots sur la peur vécue, il la laisse parler sans l’interrompre.
Le fameux cube de glace, qui a permis à Loki de les téléporter dans cet endroit si mystérieux où ils semblaient couper du monde, ne semble pas évoquer quoique ce soit à Charles, et elle ne peut s’empêcher de s’en sentir un peu frustrée. Elle ignore pourquoi l’objet a ainsi marqué son esprit, mais tâche de ne pas trop s’y attarder, puisque ce n’est sûrement pas le plus important dans cette affaire.
Tandis qu’elle garde le silence, attendant que son père prenne la parole à son tour, Jean glisse ses mains autour de sa tasse fumante pour réchauffer ses paumes et ses doigts endoloris par le froid, sans quitter son mentor des yeux. « A ma connaissance, Loki est considéré sur Asgard comme une sorte de magicien, un illusionniste. Il est donc probable que le lieu où il t'ait emmenée n'ait été qu'une illusion, d'où la sensation étrange que tu avais sur cet endroit, ce sentiment de ne pas pouvoir en sortir. » Elle hoche inconsciemment son menton de haut en bas, ne pouvant le contredire et n’ayant aucune raison de le faire : l’idée proposée par Charles est tout à fait logique, même si elle s’étonne de ne pas avoir pu déceler le mirage. Peut-être que la peur l’en a empêchée ? « Je ne connais pas toute l'étendue de ses pouvoirs, mais s'il a pu percevoir ta puissance latente, il doit également maîtriser une forme de télépathie. » « Il a eu peur, quand j’ai utilisé la télépathie, justement. » Dit-elle à la suite, comme si les paroles de Charles avaient réveillé cette vérité.
Remontant son coude sur la table, elle appuie sa paume contre sa mâchoire en soupirant, se décidant enfin à prendre un morceau de son cookie et de l’apporter à ses lèvres, se disant que cela ne pourrait que lui faire du bien. « Comment a-t-il réagi lorsque tu as refusé de te joindre à lui ? » Elle fronce légèrement les sourcils en disant, sans l’ombre d’un doute puisque ce pan de leur entrevue est tout à fait clair dans son esprit : « Il m’a dit que j’allais le regretter. Ce n’était pas une menace, je te rassure, mais il m’a dit que je finirais par réaliser qu’il m’avait tendue la main et que c’était une erreur de la refuser. » Formulé ainsi, on pourrait presque croire qu’il avait eu un élan de bienveillance à son égard mais… rien n’est bienveillant chez Loki. Tout n’est qu’intérêt. « Il m’a dit que les gens comme… nous » Comprendre ici : Loki et Jean. « …Font peur aux autres et que la peur mène au rejet et à l’exclusion. » Elle hausse ses épaules en prenant une fine inspiration, se sentant presque bête d’avoir pensé, en sa compagnie, qu’il avait dû beaucoup souffrir pour raisonner de la sorte. « Il m’a libérée quand je me suis invitée dans son esprit ; je crois qu’il n’a pas trop apprécié… » Elle se permet un petit sourire, qui n’est pas franchement amusé mais qui ne manque pas de fierté ; malgré la peur, elle a su rester calme et trouver la faille du Dieu pour l’oblige à la libérer. Il l’a appelée la bombe vivante durant leur conversation… visiblement, il a eu peur que la bombe lui explose à la figure.
THE FIRE FINDS A HOME IN ME ᭸ clipped wings, I was a broken thing, had a voice but I could not sing. there's a scream inside that we are frightened,we hold on so tight, we cannot deny, eats us alive, oh it eats us alive. there's a scream inside that we are frightened, I’ll shout it out like a bird set free.
La réponse de Jean, lorsque Charles évoqua les pouvoirs supposés de Loki, fit lever un sourcil intrigué au professeur. Elle avait donc utilisé la télépathie avec lui… contre lui ? Il était néanmoins surprenant que l'asgardien en ait eu peur. A moins qu'il se soit attendu à ce qu'il soit aisé de manipuler une jeune femme à l'apparence timide et gentille, et qu'il se soit rendu compte que ce n'était pas si simple que cela.
Loki avait tout de même tenté de la manipuler, en évoquant la potentielle erreur qu'elle commettait en refusant un allié tel que lui. Les rumeurs disaient qu'il était d'une grande arrogance, et il semblerait qu'elles étaient fondées. Il avait également tenté de jouer sur la peur de la différence, ce qui fit doucement sourire Charles qui commenta :
« Bien sûr. Nous le savons bien. Mais nous savons également, toi et moi, que l'on peut soigner cette peur par l'éducation, par la connaissance de l'autre, et ainsi changer cette peur de l'inconnu en tolérance et en acceptation. Loki a bien mal choisi sa cible. »
Jean partageait les idéaux de Charles, elle rêvait tout comme lui d'une harmonie entre les humains et les mutants. Ce n'était pas le discours étriqué et alarmiste d'un illusionniste d'un autre monde qui suffirait à la faire changer d'avis. Au contraire, il était probable que cela la motive à continuer encore plus à prêcher la tolérance et l'harmonie entre les espèces.
Charles eut un autre sourire lorsqu'elle expliqua qu'elle s'était "invitée dans son esprit" et qu'il n'avait "pas trop apprécié". Bien. Elle était en mesure de se défendre, même contre un être aussi puissant que Loki, et c'était rassurant. Charles partageait la fierté qu'il lut dans le regard de sa fille adoptive. Elle s'en était très bien sortie, à l'évidence.
« L'incident est donc clos, et c'est heureux. Mais si Loki cherche à recruter des mutants puissants, je pense qu'il faut en informer certaines personnes… Tu pourrais me passer une feuille et un stylo s'il-te-plaît ? »
Il désigna le sac de cours de Jean, qui devait en toute logique contenir ce dont il avait besoin pour rédiger une lettre. La personne la mieux placée à contacter était malheureusement le docteur Strange, et Charles n'avait aucune envie de revoir cet odieux individu. Mais il pouvait lui déposer une lettre à son adresse… qu'il ne connaissait pas, d'ailleurs. Mais Jean devait la connaître, puisque le sorcier l'avait recueillie.
« Nous ferons un petit détour sur le trajet du retour pour déposer un courrier à Strange. Tu sais où se trouve son sanctuaire ? »
« En famille on n'est jamais seul à posséder son univers, à se posséder ! En famille on est toujours là pour quelqu'un ! » M. Dallaire
Le récit achevé, Jean se sent délestée d’un poids ; c’est même assez curieux de constater à quel point la parole est libératrice. Elle porte toujours le souvenir en elle, les images sont toujours présentes dans son esprit et n’ont pas été coupées en deux parce qu’elle a verbalement partagé le moment avec Charles, mais elle a l’impression d’être plus légère et, surtout, plus apaisée. Ou alors est-ce la présence grandement réconfortante de son père ?
Toujours est-il que ce dernier fait preuve d’une grande écoute, et qu’elle le remercie silencieusement d’un sourire emplit de tendresse. Il dit vrai : on ne peut combattre la peur par la violence, mais plutôt par l’éducation et l’acceptation de l’autre ; voici le discours tenu auprès de Loki mais, sans l’effet escompté. Rien de surprenant puisque le Dieu de la Malice a passé des centaines d’années à vivre dans ce spectre d’isolement et de malignité, alors ce ne sont pas les paroles d’une mortelle de vingt ans qui peuvent le faire vaciller. Et, l’inverse est aussi vrai. Malgré toutes ses tentatives, il n’a pas réussi à faire plier la jeune femme élevée par Charles Xavier. « Non, en effet… Il faut croire que j’a été à la bonne école. » Surtout, à la bonne école de la vie. Celle de la tolérance, de l’ouverture d’esprit, de l’accueil inconditionnel de l’autre, et de l’amour.
Mais si l’histoire connaît une issue favorable pour la rouquine, il n’en demeure pas moins que cet enlèvement relève les sombres dessins de l’Ase ; il cherche à recruter des mutants, oui, mais dans quel but ? Charles se pose la même question, et lui demande une feuille et un stylo. Buvant une gorgée de son chocolat chaud, elle repose calmement sa tasse pour sortir l’un et l’autre d’une pochette contenue dans son sac de cours. Une fois en possession de ses deux réclamations, Charles rédige une lettre qui, dit-il, doit être déposée à l’adresse de Strange. Pourquoi lui ? Pourquoi ne pas s’occuper eux-mêmes de Loki ? La question traverse son esprit mais elle fait confiance à Charles et à son jugement ; s’il croit bon d’impliquer le Sorcier Suprême, alors, ils feront le détour. « Oui, ce n’est pas très loin d’ici. » dit-elle calmement en lui adressant un fin sourire, avant de terminer rapidement sa boisson ainsi que sa pâtisserie. Lorsque Charles lui signale qu’il a également terminé avec son propre breuvage, elle salue leur hôtesse d’un signe de la main avant de ressortir en compagnie de son père, pour rejoindre son véhicule sur le parking de l’université.
Tous deux prennent la route non pas en direction du Manoir, mais du Sanctuaire, devant lequel la voiture interrompt son chemin ; Jean s’extirpe alors du véhicule avec la fameuse lettre à déposer, avant de revenir à la place conducteur une fois sa mission accomplie. Toute fière de conduire son père — puisque c’est la première fois, Jean s’applique tout particulièrement dans sa manière de mener la voiture, et c’est en toute sécurité qu’ils regagnent le Manoir, à une heure avancée de la nuit. La fatigue peut peut-être se lire sur leurs traits mais, dans leurs coeurs, brillent une étincelle doucereuse : celle de la famille.
HRP:
Voici ma conclusion ! Merci pour ce rp.
THE FIRE FINDS A HOME IN ME ᭸ clipped wings, I was a broken thing, had a voice but I could not sing. there's a scream inside that we are frightened,we hold on so tight, we cannot deny, eats us alive, oh it eats us alive. there's a scream inside that we are frightened, I’ll shout it out like a bird set free.
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