[Terminé] Ce n'est pas ce que vous croyez...

Songer à l’idée que je devenais dépendante des autres pour me cacher m’étais de plus en plus insupportable mais en même temps, il me fallait bien disparaitre pour prendre le temps de comprendre ce qu’il était en train de m’arriver. J’étais dans une sorte de transition comme me l’avait expliqué Barnes … Bucky… Je me sentais totalement perdue mais d’après lui c’était normal et tout à fait compréhensible. Cela n’empêchait pas les cauchemars de me réveiller en hurlant et les envies de meurtre chaque fois que je croisais un ennemi d’Hydra. Au moins l’endroit où je me trouvais était bien loin de tout repère de super-héros ainsi j’avais acquis un certain apaisement en quelque sorte.

Remy LeBeau m’avait accueilli à bras ouvert lorsque j’avais débarqué au Big Deal Casino en lui demandant un refuge. Je ne me voyais pas partir au sein du S.H.I.E.L.D. comme me l’avait proposé Bucky. Je ne pouvais pas rester chez lui après l’attaque d’Hydra avec Loki…  Je ne pouvais pas non plus retourner chez moi. J’imaginais sans mal ma petite chambre sous les toits totalement mise à sac par Hydra… Charlie n’était plus là, je n’étais plus là-bas et même si j’avais l’impression d’avoir respecté la promesse faite à Rocket de revenir, j’avais toujours cette pensée dans mon esprit qui me hurlait que ma place n’était pas ici… Je faisais constamment taire ces voix dans mon esprit qui me faisait au final plus de mal que de bien. Peut-être que le Wakanda serait ma solution comme me l’avait mentionné Bucky mais pour l’heure, je n’étais prête à rien, ni à rester et me battre, ni à partir et me reconstruire. Alors j’avais choisi l’option numéro trois, celle qui me convenait bien pour l’instant, me cacher et me faire toute petite pour être oubliée.

C’est comme ça que je me suis retrouvée dans cet appartement immense avec un homme marié qui était présent pour moi et qui surtout prenait soin à ce que je ne manque de rien. Passé du temps avec Remy, même si les conversations n’étaient pas des plus nombreuses, m’avait fait du bien dans le sens où, à ses côtés, je n’avais pas l’impression d’être le monstre forgé par Hydra pour devenir une arme. Non, dans cet endroit d’apparence calme, je me sentais peut-être un peu plus en paix mais aussi et surtout en sécurité.

Après une nuit de cauchemars comme cela en devenait une habitude, j’avais pris mon petit-déjeuner avec Remy qui m’informait qu’il serait absent toute la matinée pour son travail d’une part et le fait de rapporter quelques courses d’autre part, notamment des vêtements pour moi. Je me sentais profondément inutile mais en même temps, il m’était quasi impossible de mettre le nez dehors au risque de tomber sur un ennemi potentiel ou même de vriller totalement sur des inconnus. Après son départ, j’avais alors pris une longue douche chaude avant de me vêtir d’une de ses chemises et d’un de mes derniers pantalons. Les pieds nus, les cheveux ondulés et encore humide sur le dos, j’avais alors lancé la musique dans le salon pour … me défouler… Dansant les yeux fermés et sautillant dans tous les sens je n’avais pas entendu la porte d’entrée s’ouvrir. Ce ne fut que lorsque je me retournais que je me stoppais net devant une femme, blonde qui ne semblait pas vraiment ravie de me voir ici…

Avoir un moment pour moi et songer à mon avenir aussi trouble et incertain soit-il me faisait peur. Alors j’avais mis la musique et je m’étais accordé un instant. Rien qu’un instant sans penser à quoi que ce soit. J’avais songé à ce que Remy rentre mais je pensais vraiment avoir un temps pour décompresser et ne plus avoir de poids lourd sur le cœur. Quelle ne fut pas ma surprise de me savoir observée… Je me stoppais net dans mon élan, dévisageant cette femme que je savais être la femme de Remy. La musique tournait encore mais je ne mis pas longtemps à me décaler pour l’éteindre avant de me tourner à nouveau vers Bella Donna.

Une femme splendide que je ne connaissais pas personnellement mais dont Remy m’avait confirmé être très épris. La froideur de ses mots pour m’interpeler me donna quelques frissons :

« Je… Remy n’est pas là. »

J’imagine fort bien qu’elle l’avait d’ores et déjà compris mais ma langue avait parlé sans que je ne m’en rende vraiment compte. Lorsqu’elle insinua que j’avais fait quelque chose avec Remy, aussitôt mon regard se teinta de surprise, ma bouche s’entrouvrit et je levais les mains devant moi en signe de paix :

« Ah mais non … Ce n’est pas ce que vous croyez… »

Je me raclai la gorge. Il me faudrait être convaincante sur ce coup-ci, au risque de me placer dans une position plus que délicate. Prenant une profonde inspiration, je commençais alors doucement mon récit :

« Remy m’a hébergé parce que j’ai eu des soucis et que je n’avais pas d’endroits où aller… Je dois me cacher… Je suis poursuivie… »

Je me rendis alors compte que j’en avais peut-être trop dit et je me stoppais alors de parler pendant quelques secondes tout en baissant les yeux, avant de penser à peut-être protéger Remy de mes paroles :

« Je lui avais demandé de me cacher mais surtout de ne pas en parler… Je suis désolée mais… »

Nouveau silence car je cherche à nouveau mes mots avant de reprendre la parole en joignant mes mains telle une prière solennelle de me croire sur parole :

« Je vous prie de me croire. Il ne s’est rien passé entre Remy et moi, nous sommes amis. »

La situation avait tout de suite eut le don de me mettre mal à l’aise. Déjà que je l’étais rarement en société, il a fallu que lorsque je m’accorde quelques instants de liberté, quelqu’un me voit d’une part et qu’en plus il s’agisse de la femme de Remy alors que je suis toute seule chez lui. Je la savais mutante puisqu’elle avait fréquenté le WRH mais j’ignorais à quel point elle était puissante et en réalité, je n’avais pas vraiment envie de le savoir puisque cela signifierait qu’elle s’en prendrait surement à moi. Sans que je ne puisse la stopper ou même éventuellement la retenir, elle se met à tourner autour de ma personne. Sans doute qu’elle désire me mettre mal à l’aise encore plus que je ne le suis déjà et le pire c’est que cela fonctionne parfaitement bien. Je déglutis lorsqu’elle me dit que je pourrais être au gout de Remy. Je songe alors aux fois ou monsieur LeBeau est venu me draguer et que même si je lui répondais en souriant, je l’avais toujours recalé. Non pas que je ne le trouvais pas à mon goût mais sur l’instant, je ne pensais pas vraiment à lui de cette manière. Avant de connaître mon Gardien, le seul qui aurait pu faire battre mon cœur c’était Ezekiel. Mais maintenant que je retrouve la mémoire, Rocket prends de plus en plus de place dans mon esprit. Je reviens malgré tout sur Terre en évoquant ma cavale à la femme de Remy par justification de ma présence ici.

« Disons que je tente de me faire oublier même si l’idée de quitter la ville ne me tente pas… »

Je n’ai quasiment connu que New-York en dehors des bases de l’hydre. Et dans le fond, c’est ma ville, je ne me verrais pas ailleurs même si la conversation que j’avais eu avec Bucky en début de moi commençait à me faire réfléchir. Alors qu’elle me parle en terminant de tournoyer autour de moi, je la regarde, partagée entre l’inquiétude et le malaise. Comme si elle tentait de me séduire… Mais… Mais... Je pourrais presque me sentir rougir si par réflexe j’avais l’habitude de cacher ce genre de chose. Naturellement je vais m’assoir mais à l’autre bout du canapé, le plus loin possible

« Je… Merci à vous, mais vu la situation, je ne vais pas vous déranger plus longtemps et dès qu’il reviendra, je partirais comme ça je vous laisserais entre mari et femme. »

Parce qu’ils sont mariés tout de même et même si le couple semble largement plus libertin que la plupart des amoureux, je dois avouer que me retrouver prise en sandwich entre les deux ne me tente pas trop…. Bon sang Remy… reviens vite… Bougeant la jambe par réflexe, je n’ose pas regarder cette femme au visage qui pourrait être sublime s’il ne me fixait pas sans cesse… Je me dis qu’il serait peut-être mieux de lui faire la conversation même si c’est loin d’être mon fort, le temps que son époux ne revienne.

« Vous …. Vous étiez partie en voyage ? »

La situation devenait étrange et surtout particulièrement malaisante pour moi, je ne savais pas trop où me mettre et surtout je ne voulais pas offenser la femme de Remy. Si j’avais apprécié son aide, je doute qu’il apprécie de me voir proche de sa femme à ce point d’autant plus qu’elle n’est pas particulièrement mon genre. C’est une belle femme mais ce n’est pas au physique que je m’arrête. Et puis ces derniers temps j’ai au largement d’autres soucis à gérer que les potentielles histoires de cœur… Même si ces dernières nuits, mes rêves concernant Rocket se font de plus en plus présents, m’imposant nos souvenirs en pleine face et me faisant prendre conscience de l’intérêt que j’avais pour lui-même si toute relation intime n’était pas possible entre nous.

Je précise alors à Bella Donna que je ne veux pas m’imposer entre elle et Remy mais sa réponse me donne un frisson… Je me sens perdre mes moyens face à cette femme entreprenante :

« Mais… vous ne comprenez pas… »

Ou alors elle a parfaitement compris et elle joue avec mes nerfs et cela fonctionne à merveille. Je tente de changer de sujet en lui demandant si elle était en voyage et elle m’avoue avoir voulu se faire oublier également. Dans les îles ? C’est peut-être ma solution, mon échappatoire… Même si Bucky et sa proposition pour le Wakanda me font également réfléchir. Là-bas je pourrais trouver la sérénité mais je n’ai pas encore envie de partir… J’ai trop d’attaches dans cette ville, y compris mon petit gardien.

Ce sont les lèvres de Bella Donna se posant sur les miennes qui ont le mérite de me faire me sortir de mes pensées avant que je ne la repousse en douceur :

« Attendez… Je… »

Et c’est la voix de Remy qui est dans l’entrée de l’appartement et qui nous regarde qui me fait aussitôt réagir. Je m’éloigne de Bella Donna en glissant sur le canapé afin de mettre de la distance entre nous tout en gardant mon regard désolée et surpris sur Remy :

« Remy… Je … Ce n’est pas du tout ce que tu penses… Je ne voulais pas enfin… »

Je me perds dans mes pensées et dans mes idées, légèrement déconfites, je regarde Bella Donna et ajoute :

« Enfin, vous êtes magnifique mais je ne me sens pas attirée par vous, je suis désolée… »

Songeant que peut-être je suis de trop et que j’en ai visiblement trop dit, lorsque Remy s’approche et me fait remarquer le port de sa chemise, je me sens encore plus mal à l’aise. Aussitôt je me lève et m’écarte des deux mariés tout en reculant vers l’entrée :

« Je suis navrée, je vais aller préparer mes affaires et … Merci Remy pour les emplettes… tu me sauves… Je … vais … vous laisser et préparer mon sac… »

Aussitôt je me retourne attrape le sac de vêtements achetés par Remy et file dans ma chambre afin prendre à nouveau mon sac, de changer de vêtements et de contacter une personne de confiance : Rocket.