Il est vrai qu'il aurait peut-être été plus intelligent de vider la bibliothèque avant d'essayer de récupérer le bout de papier coincé derrière. Mais cette solution était tellement plus rapide !
Sauf qu'avec mes gros doigts maladroits, elle a légèrement vacillé et maintenant je me retrouve avec une feuille dans la main gauche et le livre qui vient à moitié de m'assommer dans la droite. Après quelques grommellements saupoudrés d'injures envers ma personne, je me dirige en direction du bureau de maman pour ouvrir la fameuse lettre.
Il faut dire que je suis tombé dessus totalement par hasard. C'est en faisant un peu le ménage au refuge que je me suis rendu compte que la personne qui avait fait la bibliothèque avait jusque là totalement ignoré l'arrière de cette dernière. Et c'est probablement moi. Mais euh... il faut dire que l'espace est tout petit aussi.
C'est en utilisant le flash de mon portable pour vérifier qu'une araignée n'allait pas décider de me tomber dessus que je me suis rendu compte qu'une lettre était coincée derrière, suffisamment loin pour qu'elle ne puisse pas être enlevée accidentellement.
Et maintenant j'ai ladite lettre entre les mains. Il n'y a pas d'enveloppe, la feuille est simplement pliée en deux. On dirait d'ailleurs du papier d'imprimante, mais bizarrement plus épais et un peu jauni. L'extérieur est - plus ou moins - blanc, avec pour seul signe distinctif un cercle rouge avec des trucs écrits sur le dessus. L'intérieur est... illisible. La calligraphie est très jolie, similaire aux enluminures médiévales mais dans un style résolument plus moderne. Par contre, je suis fichtrement incapable de comprendre les lettres représentées. Un détail attire simplement mon attention - les lettres semblent pulser. Non, ce n'est pas le bon mot. Bouger au gré d'un vent imaginaire ? C'est pas un mot mais ça fera l'affaire.
On dirait une de ces cartes dont l'image change quand on la bouge, mais à trois différences majeures près. Je ne bouge pas. C'est fluide, très fluide. Et surtout, le papier ne ressemble en rien à celui qui est utilisé pour ce genre de cartes. Je crierais volontiers à la magie mais... mais rien en fait, il est fortement probable que ça en soit, vu le bazar qu'un certain artéfact a mis il n'y a pas si longtemps que ça.
Je fouille rapidement dans les affaires de maman - c'est pour la bonne cause, elle me pardonnera - avant de retrouver ce que je cherche. Le numéro que l'enquêteur de la dernière fois avait laissé. Un bref coup de fil et un sursaut monumental plus tard, c'est l'enquêteur qui passe à travers un portail magique pour récupérer la lettre. Devant quelque chose d'aussi cool aussi près de moi, je sens mon cerveau fondre un peu et j'explique les circonstances de ma découverte en butant presque sur chaque mot.
Une fois que ce dernier est reparti, lettre en main, je fouille cette fois-ci l'armoire de maman à la recherche d'un dossier en particulier. Je sais que j'ai reconnu cette écriture. Le voilà.
Et le voilà aussi. Lui. Stephen Strange. Devant moi en chair et en os. Maman m'a beaucoup parlé de lui. Des fois même sans l'insulter. Alors, en tentant de réprimer au maximum ma fascination pour l'homme devant moi, je vais droit au but. - Bonjour, Docteur Strange. Jessy Wilde, je suis la fille de Lynda.
Aaaaaah, il est devant moi, aaaaaaaah. Non respire, Jessy, respire. - J'ai trouvé l'enveloppe dans le refuge et je pense qu'elle appartenait à quelqu'un qui y a vécu.
Devant moi, un dossier est ouvert - celui de Gregor McCormick, un vétéran.
Il y a deux raisons pour lesquelles je ne me suis pas inquiété de l’investigation au Jack’s Refuge de Lynda Mac Taggert. D’une part, j’ai refilé les interrogatoires et les dépositions à Grem. D’autre part, le Fléau de Merna est bien plus pressant. Chacun analyse ses échantillons de son côté et compare ses résultats ensuite, histoire de ne pas influencer les recherches d’autrui et de pouvoir essayer d’avoir raison sur lui à la fin. Wong fait ses études à Kamar-Taj, Minoru à Hong Kong, Hamir à Londres et moi à New York. Je suis, évidemment, le premier à les avoir terminées et je pense détenir la solution ; reste à savoir s’ils auront le même diagnostique que moi. On pourra présenter les résultats au SHIELD ensuite, en espérant que Barton et Carthew soient toujours sur l’affaire. De leur côté, ils doivent avoir remonté les circuits de distribution et intercepté les cargaisons infectées. S’ils échouent, de nouvelles contaminations seront détectées par les observateurs du Sanctum Narthex. Sachant que nous n’avons pas de traitement, actuellement.
Actuellement également, j’ai eu Grem qui m’a recontacté via portail de téléportation pour me dire qu’une nouvelle bizarrerie a été trouvée. Je n’ai pas de téléphone et n’aime pas qu’on en emmène au Sanctuaire de New York, pour des raisons évidentes d’espionnage. Peut-être également de mes doigts. C’est secondaire. Surtout face à ce qu’il me ramène.
Des Runes.
Si l’apparition d’une Macchina di Kadavus contenant une créature extérieure est déjà problématique, l’implication des arts runiques l’est beaucoup plus. Odin était surement le plus grand expert de la discipline, lui ayant peut-être permis de synthétiser l’Odinforce d’ailleurs, mais il y a beaucoup d’êtres pour tenter de créer des lexiques runiques afin de pouvoir réécrire la réalité comme le fait Maximoff. Sans forcément que l’on soit dans ce cas, les réécritures ponctuelles permises par les sortilèges peuvent être extrêmement problématiques. Surtout que, s’il s’agit de la même personne, on implique là de l’invocation.
Je ne suis pas capable de comprendre les runes inscrites sur le papier sans faire des recherches. J’apprécierai de pouvoir faire celles-ci mais Grem se propose de le faire pendant que je retourne sur le terrain. Je suis blasé. S’il y a réellement une menace runique, c’est le devoir du Sorcier Suprême que de s’en occuper. Ben tien, je suis Sorcier Suprême quand ça les arrange et c’est Wong le reste du temps. Néanmoins, le point est là. J’y vais donc pendant qu’il part à Kamar-Taj, ravis de la situation.
Un portail étincelant plus tard et je me retrouve avec la femme de ménage qui doit faire cela pour compléter son argent de poche, vu son âge. Un refuge plein de militaires et c’est une gamine qui fait le ménage… allons-bon. Plus important encore, c’est dans le bureau de Mac Taggert qu’elle a trouvé les runes ; c’est donc effectivement destiné à la compagne de Xavier. Reste à déterminer ce que c’est, si c’est pour la protéger, l’espionner ou la maudire, et donc à trouver l’étape suivante qu’est le motif.
« Bonjour, Docteur Strange. Jessy Wilde, je suis la fille de Lynda. »
Piston ou exploitation, ça va dépendre de si elle est bénévole ou non. Je la regarde de haut, surtout parce qu’on a une vingtaine de centimètres de différence en taille, et j’acquiesce alors qu’elle hâlette.
« Bonjour, acquiesce-je sobrement, puisqu’elle a eu la prévenance de me faciliter les présentations et que j’appréhende quelques élans d’admiration dont je ne dois pas trop me satisfaire ; ou en tout cas pas le montrer.
- J'ai trouvé l'enveloppe dans le refuge et je pense qu'elle appartenait à quelqu'un qui y a vécu, continue-t-elle avec son élan et un dossier.
- C’est lui, interroge-je, prêt à récupérer les feuilles de papier de ma main couturée de cicatrices alors que le portail se ferme derrière moi. Le connaissez-vous et, si oui, que pouvez-vous me dire de lui ? »
Je lis et j’écoute tout en me disant que, si Wilde n’a pas finie de parler quand j’ai fini de lire la synthèse, je vais l'interrompre encore une fois.
Okay ça se passe bien, je gère. Alors oui, on vient juste de commencer mais euh, chaque chose en son temps. Bref.
D'un hochement de tête, je confirme que c'est bien lui - son écriture est tout simplement inimitable. Tout comme sa tête d'ailleurs. D'un blond parsemé de gris, il entretenait une barbe perpétuellement mal taillée, qui cachait à peine des larges brûlures sur ses joues et des yeux d'un bleu si clair qu'ils semblaient presque transparents.
- Et bien euh, il s'appelle Gregor McCormick, c'est un vétéran de la guerre de Syrie. Il était du genre très renfermé et passait le plus clair de son temps à alterner entre sa chambre et un bureau sur lequel il écrivait beaucoup. Il avait tendance à murmurer des trucs dans une langue que je ne connais pas en se déplaçant et à regarder à droite à gauche comme si un ennemi allait sortir de derrière une étagère. Il a totalement disparu dix mois après son arrivée, sans laisser un mot.
Une lumière bleue dans ma vision périphérique attire mon regard jusque là concentré sur le dossier en face de moi. Pourtant, lorsque je regarde en direction du Sorcier Suprême, rien. Bizarre. - Et euh, son dossier dit qu'il a fait plusieurs guerres, principalement au moyen-orient et n'avait pas ou plus de famille à contacter. Et il était plutôt gentil quand il n'était pas sur ses gardes. Euh ça c'est moi, pas le dossier.
C'est quoi l'intérêt de lui dire quelque chose qu'il peut lire de lui-même ? Bonne question. Inexistante réponse. Que dire d'intéressant, d'important ? AH. OUI. - Et il avait un tatouage ! On le voit pas bien sur la photo de son dossier, mais c'était quelque chose comme ça. Et c'était au niveau de son cou.
Et sur ce, je fais un magnifique dessin - une approximation de ce dont je me souviens, plutôt. C'est plutôt brut de coffre, mais assez ressemblant - on dirait un croisement étrange entre un pentacle et un soleil*.
J'espère franchement avoir été utile. C'est pas tous les jours qu'on rencontre quelqu'un d'aussi cool et j'aimerais faire bonne impression. Pourquoi ? Je ne sais pas, c'est pas comme si je voulais devenir une Avenger. Mon seul super-pouvoir c'est de me casser la cheville plus vite que mon ombre...
La lumière interrompt de nouveau mes pensées.
Cette fois je la vois, pulsant sur le sol du bureau. Elle est faible, mais dans mon champ de vision, contrairement à celui du Docteur qui ne semble pas l'avoir remarqué. C'est étrange, on dirait quelqu'un qui tente d'allumer le gaz, avec des petites flammes bleues qui clignotent. - Euh Doctor Strange, je ne veux pas vous alarmer, mais il y a une lumière sur le sol derrière vous.
Et pile au moment où je dis ça, les flammes semblent s'intensifier progressivement. Néanmoins ce qui est vraiment curieux, c'est qu'on ne dirait pas qu'elles abiment le sol qu'elles lèchent. Après c'est de la magie aussi, qui sait ce que ça peut faire. * Le symbole représente un rang, celui d'invocateur. Bien que totalement dénué de sens pour une non-initiée comme Jessy, c'est le genre de symbole que n'importe quel Sorcier un brin érudit pourrait reconnaitre.
La fille de Lynda me confirme d’un signe de tête que le dossier qu’elle tient est pertinent. Ainsi le récupère-je pour faire face à un blond aux yeux bleus dont les cheveux pâlissent là où les yeux pourraient difficilement le faire. Plus important encore, il tente de cacher des brûlures faciales à l’aide de sa barbe. Les origines de celles-ci sont probablement militaires mais je n’exclurais pas l’apprentissage des runes. Gregor McCormick. Vétéran de la guerre de Syrie. "Du genre très renfermé". "Passait le plus clair de son temps à alterner entre sa chambre et un bureau sur lequel il écrivait beaucoup". "Tendance à murmurer des trucs dans une langue inconnue de l’adolescente" ; ce qui peut vouloir dire occulte mais aussi étrangère. "Se déplaçant et à regarder à droite à gauche comme si un ennemi allait sortir" ; troubles paranoïaques ou de stress post-traumatique voire réalité selon la source de ses connaissances runiques. "Totalement disparu dix mois après son arrivée, sans laisser un mot" ; évidemment.
J’enregistre les informations à mesure que Wilde parle et que je lis. J’ai fini de lire avant qu’elle ait fini de parler. Surtout qu’elle rajoute des informations subjectives. Certaines sont heureusement utiles.
Pour la culture populaire, un pentacle fait le plus généralement référence à un pentagramme inscrit dans un cercle. Il est utilisé dans les invocations magiques et peut prendre la forme d’une amulette portée autour du cou. Le Livre des Esperitz, le Livre des Ombres et surtout la Petite Clé de Salomon traitent tous des pentacles tandis que le Livre des Noms Morts les lie avec des rituels d’invocation plus anciens encore et que le Livre d’Yggdrasil offre des alternatives comme la Triquetra d’Odin, également présente dans le Livre des Ombres, où l’incroyablement plus complexe Bifröst. Cela n’est cependant pas le plus important.
« Le pentagramme du pentacle était droit ou inversé, demande-je avant de me dire que je devrais simplifier la question. Vous tenez le dessin dans le bon sens ? »
Entre autres liens avec les Dieux Primordiaux et l’équilibre androgynique, le pentagramme régulier en étoile signifie l’Homme initié mais il peut avoir deux significations supplémentaires. Le pentagramme droit, avec la pointe de l’étoile en haut, est lié à l’Homme positif. Le pentagramme inversé, avec la pointe de l’étoile en bas, est lié à l’Homme négatif. Le premier signale une entité bienveillante, le second une malveillante. D’où que le Diable soit lié au pentagramme inversé, dans lequel on peut dessiner la tête de chèvre de Baphomet. Si l’hexagramme interdit, le pentagramme invite. Quant à ce qu’il invite, ce sont les symboles et le rituel qui permettent de le déterminer. Présentement, le "soleil" dont se souvient Wilde ainsi que toutes les inscriptions dont elle ne se souvient pas.
« Euh Doctor Strange, je ne veux pas vous alarmer, mais il y a une lumière sur le sol derrière vous, me signale une Wilde perturbée.
- Je sais. »
J’énonce simplement un fait et l’accompagne d’un renfermement du dossier de McCormick. Je me tourne d’un quart vers l’invocation flamboyante dont la perturbation énergétique m’a averti de son existence et je tends une main vers l’énergie qui provient d’un autre point de notre réalité. Au-dessus des flammes, l’espace commence à changer pour devenir comme une vitre ou un miroir brisé alors que je canalise l’énergie de la Dimension Miroir pour y former un nexus et laisser ce qui va apparaitre s’en aller directement dans l’autre dimension.
« Or donc, reprends-je avec une tranquillité blasée puisque ce qui vient d’arriver ici n’est en rien exceptionnel pour moi, comment définiriez-vous les relations entre McCormick et votre mère ? »
J’ai Grem qui s’occupe de rechercher ce que les runes précédemment trouvées font et j’ai un piège d’invocation qui a été installé ici depuis ma dernière visite pour s’activer si je revenais ; car, si les runes ne se sont pas activées avant mon arrivée, c’est qu’elles m’attendaient moi. Pas un Maître des Arts Mystiques, puisque Grem est passé récupérer l’inscription précédente, mais bien moi. Puisque les choses arrivent ici, il est probable que Mac Taggert soit visée ; ou, moindrement, McCormick. Peut-être une question de leurs origines écossaises ? Ou irlandaise ? Je ne sais pas faire la différence géo-étymologique entre Mac et Mc, principalement car je m’en moque complètement.
« Quoi que j’ai capturé, c’est probablement dirigé contre elle, possiblement de sa part à lui, ou contre lui, dis-je sans prendre la peine d’énoncer l’évidence que ça ne pourrait être de sa part à elle. S’il a depuis longtemps disparu, c’est plus certainement la première option. »
Est-ce que je m’attends à une nouvelle créature étrange ? Oui. Néanmoins, je ne pense pas qu’il s’agisse d’une bestiole de phase comme la précédente. Celle-ci n’avait rien à nous apprendre sur son précédent propriétaire : outre la barrière de la langue, tous les humains se ressemblaient à ses yeux. Ou presque : elle faisait la différence entre mâle et femelle. Personnellement, j’ignore toujours si Xrtz est un mâle ou une femelle. Il faut dire que, là aussi, cela m’indiffère. Trouver son monde d’origine et l’y laisser était plus important, même s’il ne serait pas libéré avant que celui ayant le moyen de le faire voyager jusqu’à notre monde ne soit trouvé. Inutile de faire faire des aller-retours à la bestiole.
Tout en écoutant la réponse de Wilde, je lui tends le dossier pour qu’elle le récupère. Cela fait, je me détourne d’elle sans faire cas qu’elle ait fini ou non de parler et viens me positionner devant le nexus dimensionnel.
La Cape de Lévitation me maintient au-dessus du sol alors que je me positionne en tailleur, mains sur les genoux. Cette fois, j’attends que Wilde ait fini de dire des choses pertinentes avant de moi-même lui expliquer avec une certaine indifférence ce que je m’apprête à faire.
« Voyons-voir notre invité. »
Je ferme les yeux puis détache mon corps astral, ce qui s’apparente à un unique spasme pour un observateur extérieur. La Dimension Miroir étant une duplication des trois dimensions physiques visibles ainsi que de la dimension temporelle et de la dimension astrale, il est possible de s’y rendre sans interrompre une connexion télépathique, parce que putains de télépathes, ainsi que sous forme psychique. C’est ce que je fais, plongeant vers la copie de cette pièce afin de voir la créature qui y a été invoquée ; tout en restant prêt à instantanément réintégrer mon corps si celle-ci s’avère capable de me percevoir voire d’essayer de me blesser.
La question du bon docteur me laisse perplexe quelques secondes avant que je ne comprenne ce qu'il voulait dire.
- Euh... Droit ! C'est dans le bon sens, oui.
J'ai plutôt une bonne mémoire pour tout ce qui est symboles et images. Pour le reste, on oscille entre la catastrophe et le troisième âge. En étant généreux. Ce qui est sûr en tout cas, c'est que je suis loin d'avoir son sixième sens. Ma tête effectue bien deux bons aller-retours entre les flammes et lui avant de répondre à sa question.
- Il l'aimait beaucoup, c'est avec elle qu'il avait les discussions les plus... normales. Dès qu'il la voyait, il avait l'air de se détendre. Je pense que le fait qu'elle ait fait la guerre mais soit parmi ceux qui semblaient le moins affectés par ce qu'ils ont vu, tout en étant responsable, le rassurait.
Enfin, c'était en partant du principe qu'il avait un stress post-traumatique sévère. Et si il était un sorcier aussi, il y avait de grandes chances que ça ne soit pas nécessairement le cas.
Strange semble penser qu'il est probable que Gregor en veuille à M'man. Merde. 'Fin je veux dire flûte. Non attends, j'ai le droit de jurer dans ma tête. C'est juste que j'aurais jamais pensé qu'il serait capable d'attaquer quelqu'un qu'il avait l'air de vraiment apprécier.
D'un air déconfit, je réplique simplement : - J'espère que ce n'est pas le cas.
Je ne remarque d'ailleurs que maintenant l'étrangeté de l'espace au-dessus des flammes. On dirait que la réalité s'est cassée en plein de morceaux. Dur de ne pas essayer d'y mettre la main. Très dur.
Au premier plan, un mouvement attire mon attention. Je récupère le dossier des mains de Strange et le regarde... s'envoler ? Non, léviter. Cet homme est trop cool, je me demande vraiment pourquoi M'man ne peut pas se le voir. Je le regarde avoir son petit spasme, assis en tailleur et attend avec impatience la suite.
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Les flammes semblèrent diminuer, comme si elles allaient s'éteindre, lorsque un jet de flammes atteignant le plafond - sans pour autant l'abimer - jaillit brusquement du pentacle. Presque aussi brutalement qu'elle était venue, celle-ci se résorba totalement, pour mieux révéler la créature qui était contenue en son sein. Bien que d'une taille humaine - seulement légèrement plus grande que Strange - l'être de feu ressemblait à s'y méprendre à Surtur, Seigneur de Muspelheim. A cela près que la silhouette semblait plus féminine et surtout bien plus calme. Son regard parcourut la dimension dans laquelle elle se trouvait, sans manifester la moindre peur, jusqu'à s'arrêter sur l'être qui flottait non loin d'elle.
Toujours aussi calme et surtout sans trahir la moindre hostilité, la créature s'adressa à lui.
- Sorcier suprême, je présume ?
La voix était elle aussi féminine, mais grave et avec une réverbération qui évoquait une créature infiniment plus grande que celle présente dans le cercle. Les crépitations de sa voix complémentaient parfaitement son apparence, évoquant définitivement un démon de feu ou une créature du même acabit. - Je pense qu'il est plus simple de vous laisser poser vos questions, si vous en avez. Permettez-moi seulement de vous dire que je ne suis pas hostile envers vous ou l'humaine derrière vous.
Elle parlait avec une voix qui, bien que calme, évoquait une figure autoritaire, qui demandait simplement la permission de parler par politesse et n'aurait aucun scrupule à s'exprimer si elle le désirait.
Pentagramme droit. Soit. Pas de quoi me faire prendre moins de précaution : après tout, que l’entité invoquée soit considérée comme bienveillante ne signifie pas qu’elle n’est pas dangereuse ; ni qu’elle soit bienfaisante. Qu’importe que McCormick ou son adversaire ne se méfient pas d’elle, je le fais. J’ai l’habitude du pire et il vaut mieux se préparer à celui-ci puis être déçu que l’inverse. Quant au fait que ledit McCormick aimait beaucoup Mac Taggert, cela réduit les probabilités qu’il tente de lui nuire. Tout comme sa disparition avant l’arrivée de la bestiole de phase et mon intervention : il aurait dû revenir pour poser le "piège" dans lequel nous sommes actuellement. "Piège" qui est destiné à un maître des Arts Mystiques ; voire à moi-même, puisque Grem ne l’a pas déclenché. Mon adversaire sait donc que je suis sur sa piste, en plus de savoir qui je suis et d’avoir un accès insoupçonné à ce lieu. Considérant que j’ai demandé à Grem de faire les interrogatoires, la personne est suffisamment intelligente pour avoir compris qu’il n’est qu’un Disciple. Ou alors Mac Taggert ou Soraya ont parlé de mon intervention, dirigeant l’attention sur moi. Cette possibilité me parait plus probable qu’une connaissance du fonctionnement de l’Ordre. J’en soupire intérieurement.
Wilde espère que McCormick n’est pas derrière tout cela. L’inverse signifierait qu’il est mauvais. Cependant, s’il n’est effectivement pas derrière cela, il est peut-être déjà mort. J’évite de parler de cela à la gamine. Elle ne va voir ni comprendre beaucoup de choses, dans cette affaire. Tout ce qui se passe dans la Dimension Miroir, notamment, lui est inaccessible.
Je regarde la colonne de flammes depuis la sureté de la Dimension Astrale. Le fait qu’il s’agisse d’un feu loyal, capable d’être inoffensif envers son environnement, est noté et corrobore l’histoire d’entité bienveillante. Je suis blasé lorsque la forme humanoïde à la peau noire s’avère composée de lave ou de magma refroidis ; bien que ses yeux, l'intérieur de sa bouche et de son corps possèdent une lueur orange ardente. Il ne s’agit pas d’un Kupua comme ceux que j’ai pu rencontrer à Hawaï après l’affaire de la bibliothèque de Columbia. J’en suis certain car les Kupua ont des cheveux, contrairement à la créature qui me fait face. Les espèces de cornes qui s’échappent de son crâne me laissent comprendre qu’il s’agit d’un Démon de Feu, une autre espèce de l’Yggdrasil qu’Odin a vaincu et privé de l’origine de leur puissance ; comme il l’a fait avec les Géants de Givre. Bien, au moins je ne vais pas avoir à me prendre la tête avec ces histoires de métamorphes… même si cela ne m’empêche pas d’avoir une pensée pour Raven. Je ne l’ai pas revue depuis Hawaï, même si ce n’est pas l’envie qui m’en manque.
La démone regarde son environnement, calme, et peut constater la présence de mon corps lévitant comme de Wilde de l’autre côté du miroir. C’est au premier qu’elle s’adresse, toujours aussi pacifique. Déformant la barrière entre la dimension miroir et l’astrale, j’ouvre un nexus dimensionnel cristallin alors que mes mains puis ma tête et l’entièreté de mon buste apparaissent dans les airs, parés d’un aspect fantomatique.
« Vous présumez correctement, réponds-je simplement. Sur les deux points. Je suis le Docteur Stephen Strange. Votre contracté m’a présenté ou ma réputation s’est répandue dans les Neuf Royaumes ? »
Les deux réponses me vont même si j’aime l’idée d’être connu de façon interplanétaire ; même si cela implique que l’on me prenne pour un Avenger. On ne peut pas corriger la bêtise des gens et il est utile d’être assimilé à ce groupe, pour des raisons de puissance réciproque comme de dissimulation de ma charge. Cela étant, la connaissance de mon rang de Sorcier Suprême implique quelque chose de plus occulte donc il me faut faire taire mon égo. Sans me vexer.
Je connais tant les capacités de gigantisme que pyrurgiques des Muspels mais je n’ai rien à en craindre actuellement. En revanche, il faut considérer un autre point.
« Nous allons faire un marché : vous répondez à mes questions sans mentir ni offrir de demi-vérité et je vous libère lorsque j’en ai terminé. Cela vous convient ? »
Le respect de la parole donné est quelque chose d’important dans beaucoup de cultures et pour beaucoup d’individus, notamment parmi les plus puissants. Même Dormammu, malgré ma disparition lors du Snap, a respecté son retrait de la Terre : aucun culte ne s’y est réinstallé. Quant à l’acceptation… elle me semble relativement forcée.
« Qui êtes-vous, qui est votre contracté et quels sont vos contrats ? »
Un petit sourire s'étira sur ses lèvres brûlantes.
- Ni l'un ni l'autre, hélas. Ce piège devait se déclencher en la présence d'un puissant sorcier, allié ou ennemi et surtout, d'elle.
La démone pointa Jessy d'un geste nonchalant, avant de croiser les bras pour écouter ce que le sorcier avait à lui dire. L'idée d'un marché sembla l'amuser au plus haut point, mais elle se retint de rire et alla même jusqu'à acquiescer.
- Si cela peut vous rassurer, j'accepte.
Ses yeux brillèrent un peu plus et le sourire disparut pour laisser place à une expression sérieuse. Comme l'avait deviné le docteur, tout marché ou simili-contrat avec elle était très important à ses yeux. Elle acquiesça encore une fois pour signifier qu'elle avait bien compris les questions et éleva de nouveau la voix.
- Mon nom est Älskade. Démone de feu anciennement au service de Surtur. Mon contracté est Gregor McCormick est mon contrat est une dette que je lui repaie, m'engageant à défendre l'engeance de McTaggert contre toute créature désirant attenter à sa vie.
Lentement, l'expression de la démone se transforma en une expression narquoise. Le jeu des questions était-il fini ?
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J'avoue que je pensais qu'un moment avec le grand Strange serait un peu plus palpitant. D'un air vaguement attentif, je regarde mes messages. Rien. Okay, Instagram? Nada. Bon, j'ai déjà regardé cinq minutes plus tôt, ce qui n'aide pas aussi.
Les coudes sur le bureau et ma tête dans mes mains, je contemple tour à tour la réalité fracturée et Strange. Quand est-ce qu'on fait un truc ? Ma mère m'a dit qu'elle avait vécu plein de choses la dernière fois, est-ce que je vais vraiment passer MON aventure à le contempler vaguement léviter au-dessus du sol ? Et est-ce que...
Je fais un bond si fort que j'en envoie mon téléphone valser, alors qu'un portail vient juste d'apparaitre à ma droite. LA VACHE. Sortant de celui-ci est un individu que je ne reconnais que trop bien, puisqu'il est celui à qui j'ai confié la lettre trouvée derrière la bibliothèque. - Salut ! Désolé, le docteur est un peu occupé avec euh... ça.
Je désigne d'un geste de la main la réalité en petits morceaux, avant d'aller récupérer mon portable miraculeusement indemne. - Il y a eu une colonne de flammes, il a fait apparaitre ça et il a commencé à léviter pour s'occuper du problème. Vous avez pu trouver ce que la lettre voulait dire ?
Était-ce une déclaration passionnée de McCormick à M'man ? Nope, il faut rester sérieuse. Par contre si c'est vrai, j'imagine même pas la tête que ferait Strange en découvrant son contenu, héhéhé.
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La démone contempla d'un œil curieux le nouvel arrivant. Une personne de plus à ajouter à la liste des poids plume. Au moins, celui-ci semblait pouvoir se protéger si nécessaire.
- Si notre marché est conclu, je vous prierais de bien vouloir me sortir de cette dimension. Mon invocation avait un but précis. Et, vous voyant ainsi réuni avec l'objet de celle-ci, je pense ne pas devoir attendre bien longtemps pour devoir remplir mes fonctions.
Palais divin, le 08/19
Gregor, il me tarde de mettre la main sur votre corps fumant pour conclure cet éternel jeu du chat et de la souris. Mais puisque vous avez décidé de me donner du fil à retordre, je vais prendre un malin plaisir à écraser le peu de famille qu'il vous reste, avant qu'un de mes servants ne vous décime.
[Trois paragraphes entiers sont ensuite dédiés à la grandeur de la personne ayant écrit la lettre avant que celle-ci ne se finisse]
Votre trépas est imminent.
Mes salutations les moins sincères,
[La lettre est signée Zerios sur toute la largeur du bas de la page]
Je n’ai pas déclenché le piège ; bien, c’est reconnu comme un piège. Il fallait un sorcier et Wilde ? Pourquoi n’est-il pas apparu lorsqu’elle a rencontré Grem pour lui donner la note ? Probablement parce que cela a eu lieu ailleurs. Et que Maître Grem n’a pas dû ouvrir de portail dimensionnel comme je l’ai fait. Voire qu’il n’est pas suffisamment puissant, même si je m’intéresserai bien à comment un enchantement mesure la puissance sans passer par la quantité d’énergie que l’individu arrive à canaliser ; là où, effectivement, je suis inégalé sur Terre. Mon égo étant satisfait, j’en retourne à mon intellect qui apprécie la confiance en elle de l’extraterrestre. Cela me rassure d’être pris de haut, à défaut que j’apprécie. Mieux vaut que je sois sous-estimé.
Mieux vaut également que je ne sous-estime pas. Le contrat oral est pris "si cela peut me rassurer". Il est toujours appréciable de pouvoir faire appel à bien plus puissant que moi en cas de rupture de contrat. Même s’il est fait sous la contrainte.
Nom : Älskade. Type : Muspel. Allégeance : "Indépendante". Contracté : Gregor McCormick. Contrat : "Défendre l’engeance de Mac Taggert contre toute créature désirant attenter à sa vie". Par dette…
Ma forme astrale se redresse au fur et à mesure qu’elle parle, même si je n’ai aucun siège dans lequel tâcher de m’adosser. Mon visage reste froncé, cependant, depuis les paupières jusqu’au front et à la mâchoire. Viser Mac Taggert pour faire souffrir McCormick, je veux bien. Viser la fille de Mac Taggert, quel intérêt ?
La démone s’amuse de la situation. Peut-être se moque-t-elle de moi. Elle ignore ce qu’un mensonge pourrait lui apporter présentement.
Tout comme elle, je détourne mes "yeux" lorsqu’un portail de téléportation s’ouvre à nouveau dans le bureau. La robe traditionnelle des Maîtres des Arts Mystiques est brune et ne surplombe nulle veste. Les bras musclés sont couverts d’un brassard fin et de protège-poignets longs, bruns également. Le visage du quarantenaire est noble, encadré d’une pilosité grise de même longueur des cheveux jusqu’à la barbe. Sur sa main gauche, l’Anneau de Téléportation. Alors qu’il franchit le portail, il use de la droite pour récupérer ce qui semble être la lettre.
« Si notre marché est conclu, je vous prierais de bien vouloir me sortir de cette dimension, reprend la Muspel, m’amenant à tourner les yeux vers elle pour essayer de lire son expression. Mon invocation avait un but précis. Et, vous voyant ainsi réuni avec l'objet de celle-ci, je pense ne pas devoir attendre bien longtemps pour devoir remplir mes fonctions.
- "Ce piège devait se déclencher en la présence d'un puissant sorcier, allié ou ennemi et surtout, d'elle", cite-je avec nonchalance. Ça pourrait être moi. J’ai toujours des questions pour vous mais peut-être a-t-il des réponses, je reviens. »
Ma forme astrale réintègre mon corps d’une pulsion. Mes yeux s’ouvrent tandis que mes jambes se décroisent pour toucher à nouveau le sol.
« Muspel, contractée par McCormick d’après ses dires, explique-je avec un parlé rapide tout en tendant la main pour récupérer la lettre. Piège pour un sorcier et la gamine. »
Je me tourne vers ladite gamine tout en baissant mon visage pour lire les mots tenu d’une main alors que l’autre main continue de canaliser un nexus dimensionnel dissimulé au sein du sol.
« Miss Wilde, ayez l’obligeance de nous conduire à l’alarme incendie la plus proche, commence-je tout en lisant, ne m’arrêtant que pour essayer de me rappeler le huitième mois de l’année ; janvier 1, février 2, mars 3, avril 4, mai 5, juin 6, juillet 7, aout 8. J’aimerai ce bâtiment évacué au plus tôt. »
"Palais divin", ne peuvent-ils jamais être plus spécifiques ? Pas comme si l’Humanité avait le divin facile et ignorait l’existence des êtres les plus susceptibles de répondre à la définition. "Corps fumant", voilà qui ne m’incite guère à faire confiance à la Muspel mais cette partie est déjà gérée sur deux coups d’avance. Qu’elle m’ait menti ou dit la vérité, si elle a raison sur le fait que l’assaillant arrive alors j’ai ajouté un degré de piège à son piège que j’ai déclenché trop tôt ; sans aucun trait d’humour volontaire vis-à-vis du degré. "Jeu du chat et de la souris", au moins McCormick est en vie ; sinon la vengeance a du retard. J’ai presqu’autant de question à poser à l’homme qu’à sa démone et je pense avoir plus d’aisance à l’interroger lui.
Quand aux paragraphes suivants… il y a toujours beaucoup à dire de la mégalomanie des gens et celui-là en tient une couche. Tout en lisant, je suis Wilde et Grem jusqu’à une affaire qui fera du bruit jusqu’à chez Mac Taggert et qui pourra se résumer à "Strange était ici".
"Votre trépas est imminent"… écrit le mec le mois dernier pour après s’être décidé à attaquer les proches de McCormick parce qu’il ne trouve pas celui-ci… proches qui sont toujours en vie un mois plus tard. On dit qu’un magicien n’est jamais en avance ni en retard mais arrive toujours à l’heure prévue, celui-ci a un sacré décalage horaire. Possiblement mental. A moins qu’il ne s’agisse pas d’un magicien mais d’une divinité ; sachant que ce n’est pas exclusif et qu’il peut s’autoproclamer comme tel.
« Maître Grem, si les informations que j’ai sont exactes, vous êtes chargé de l’évacuation de Miss Wilde dès qu’elle aura fini de servir d’appât. »
Le plan est simple : si l’inquiétude de la démone est justifiée, le Zerios ne devrait pas tarder à arriver. Je nous balance tous dans la Dimension Miroir, Grem se tire avec Wilde et je vois quel est le du deux contre un : la Muspel et moi contre le mégalo ou la Muspel et Zerios contre le mégalo. Si rien ne se passe, je me dirigerai vers McCormick si l’Anneau arrive à le trouver histoire qu’on regroupe les forces. Dans le cas contraire, il faudra balader un peu plus et j’aurai à libérer la Muspel un peu plus vite que prévu.
Le Docteur est de retour ! Je le regarde sortir de sa lévitation pour rejoindre le commun des mortels - enfin, surtout moi, parce que Grem est trop cool pour rentrer dans cette catégorie. N'étant pas du genre à perdre son temps, il explique rapidement la situation. Ah. Je suis donc visée. Un frisson parcourt mon échine alors que je me demande ce que je viens faire dans l'histoire.
Je me redresse d'un bond lorsque Strange me demande (gentiment !) de le conduire à l'alarme incendie la plus proche. Et ça tombe bien, elle est juste à la sortie du bureau de ma mère. M'exécutant, je lui offre un laconique :
- Très bien.
Faut dire que je suis concentrée sur ma tâche donnée par le Sorcier Suprême en personne. Rien que ça. Après deux trois manipulations, je déclenche l'alarme incendie et donne quelques ordres aux vétérans qui pointent immédiatement le bout de leur nez. Rien de militaire, évidemment, juste "n'oubliez pas de vérifier que tout le monde est bien parti", "oui c'est obligatoire, hop hop hop"... la base quoi.
Une fois ma besogne faite, nous retournons au bureau et je peux observer cinquante nuances de perplexité sur le visage du Sorcier. Un petit sourire en coin de Grem me laisse penser que la lettre doit être gratinée. Je le rejoins dans son amusement, avant de vite déchanter devant les propos de Strange. Pas la partie évacuation, évidemment. Ça, je dirais que c'est presque obligé vu ma capacité à transformer une situation médiocre en quelque chose de bien pire. Sauf que bon. Strange quoi.
J'ouvre une première fois la bouche avant d'inutilement la refermer. Puis, trois mots du même calibre de manque d'intérêt m'échappent :
- Ah... Euh... D'accord.
Loquace, hein ? Après c'est pas ma faute si il a l'air d'être du genre à donner des ordres et que je suis une rebelle uniquement pendant mes heures perdues.
Et puis, alors que je suis toujours en train de digérer mon rôle d'appât, deux, non, trois choses se produisent. D'abord, deux flashs bleus illuminent la pièce et m'amènent à tourner instinctivement la tête. Juste à temps pour voir Grem faire un vol plané d'un bout à l'autre de la pièce, une expression de surprise sur le visage. Et puis, je sens quelque chose contre moi. Une lame au niveau de ma gorge.
Quelqu'un derrière moi.
La situation m'est familière. Trop. Mon coeur se met à battre la chamade. C'est elle ? Non, c'est stupide, elle est redevenue "gentille". Ne bougeant que mes yeux, je tente de mieux voir le bras de mon agresseur.
Bleu. Il est... il est bleu. Et, alors qu'il réajuste sa position, je sens la désagréable sensation d'un frottement d'écailles sur ma peau.
C'est elle.
C'est elle. C'est elle. C'est elle. C'est elle. C'est elle.
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Derrière elle se tenait une créature bleue, aux membres longilignes, dont chaque partie supérieure se finissait par une lame osseuse. Ses yeux jaunes trahissaient une intelligence élevée, tandis que son sourire satisfait exsudait une arrogance certaine.
Il était sûr de lui. Il n'échouerait pas comme Xrtz. Plus fort, plus intelligent et plus sournois, voilà ce qu'il était. Xrtz était un amuse-gueule, lui était le plat de résistance.
D'une voix sifflante, la créature invectiva Strange :
- C'est la fin pour toi et ta petite famille, McCormick. Tu as du culot de te montrer ici après avoir si gravement blessé mon maitre.
Sa lame appuya un peu plus sur la gorge de Jessy, un filet de sang commençant à s'écouler.
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Et, alors que l'attention de tout le monde s'était tournée vers le nouvel arrivant, la démone de feu avait tout simplement disparu de la dimension miroir.
L’alarme incendie est déclenchée avant que je n’aie fini de lire la lettre, la faute à la mégalomanie de son écrivain. Wilde donne des ordres à des hommes qui n’ont pas compris le sens d’évacuation mais se voient donc refiler l’assurance que celle-ci soit bien faite ; pas de quoi me faire lever le nez de l’écrit. Pas plus que sa réaction à l’évidence : elle sert d’appât. Elle est la cible et la cacher ailleurs serait déporter la confrontation sur un autre terrain alors que celui-ci me convient parfaitement. Tendre la main vers le sol afin qu’il dissimule le nexus miroir est bien plus simple et tout aussi sécuritaire. Je n’aime pas le fait que nous soyons retournés dans le bureau plutôt que dans l’espace plus grand de la mezzanine mais je ferais avec.
Quand les flashs bleus se produisent, la Cape de Lévitation me déplace sur le côté alors que Grem se fait avoir par l’attaque téléportée ; laquelle va être un problème. Bien plus que la créature de nature inconnue qui se tient derrière Wilde, dont le travail est parfaitement fait.
« C'est la fin pour toi et ta petite famille, McCormick, commence la créature aux griffes plus grandes que celles qu’on trouve sur Terre, ce qui ne doit pas être pratique pour les placer sous la gorge de quelqu’un, et en me laissant plus concerné par les informations trahies que présentées. Tu as du culot de te montrer ici après avoir si gravement blessé mon maitre. »
Sans un mot, je lève les mains en signe de reddition, ce qui me permet de soulever le nexus miroir pour tous nous emporter dans la dimension liée, et je tourne le poignet droit se faisant. Lorsque l’on se retrouve dans le miroir du bureau, Wilde et moi nous faisons face tandis que la créature se trouve dans un autre reflet ; un miroir du bureau, lié au niveau des fenêtres. A travers celles-ci, j’ai tout loisir de voir que la potentielle alliée de McCormick n’est plus là ; sans doute s’est-elle révoquée, retournant sur Muspelheim et renonçant à son vœu tout en brisant le mien. Ce qui me fait profondément chier.
Je redescends mes bras devant moi pour faire apparaitre entre mes mains une Macchina di Kadavus, prêt à capturer l’entité à l’instar de ce qu’elle a pu faire au précédent envoyé de Zerios. S’il tâche de rester dans la dimension miroir, le fait de franchir l’une ou l’autre des fenêtres mettra l’énergie qui l’amène ici à portée de capture de l’artéfact ; ainsi pourrais-je l’enfermer comme j’ai appris à le faire avec Xrtz. S’il se téléporte, il se retrouvera dans les dimensions physiques et non plus leur miroir. La téléportation est la faiblesse de la dimension miroir mais rien n’interdit de l’utiliser à son avantage, après tout. Cela sera néanmoins moins à celui de Grem.
Nos rôles sont légèrement altérés mais ma tactique tient toujours la route : j’ai le contrôle du terrain et la gamine est en lieu sûr. Certes, pas dans la bonne dimension mais puisque la Muspel en est partie et qu’elle n’a aucune raison de maitriser l’art miroir, donc aucun moyen d’y revenir, c’est probablement le lieu où Wilde est la plus en sécurité. Ce qui me fait me dire qu’elle a peut-être besoin d’être rassurée… je verrais plus tard. Les prochaines secondes sont importantes.
Soit la créature de Zerios attaque par la dimension miroir et j’utilise les goulots d’étranglement que sont les fenêtres pour être certain de réussir à capturer la canalisation d’évocation et donc la créature. Soit la créature de Zerios se téléporte et se retrouve dans les dimensions physiques et je dépose la Macchina di Kadavus sur le bureau miroir avant d’ouvrir rapidement un portail de téléportation au plus prêt d’elle comme de Grem pour défendre celui-ci, qui sera la seule cible à portée, et créer une nouvelle fenêtre vers mon piège.
Quant à une éventuelle apparition d’Älskade dans les dimensions physiques par ré-évocation… elle aura probablement l’occasion de tout faire foirer, que ce soit à dessein ou par incompétence. Voilà ce qui arrive quand on se croit plus malin que moi ou qu’on doute de ma parole.
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