Mieux vaut d’anciennes dettes que de vieilles rancunes
Je suis à côté de Drumm. Je suis prêt à redescendre les escaliers jusqu’à Minoru, qui se trouve dans le petit salon en bas, afin qu’elle laisse son ancien apprenti trouver la paix. Je signale audit ancien apprenti qu’il peut me haïr pour ne pas se haïr lui et qu’il n’est pas obligé de parler. Non seulement il se sent "justement obligé de parler" mais en plus il commence à faire machine arrière. Oralement et physiquement. Donc il va redescendre l’escalier vers Minoru… c’est une manière comme une autre d’encore éviter de faire ce que je lui dis. Lassant.
Quant à ce qu’il dit lui-même… je comprends.
Je suis venu à Kamar-Taj pour mes mains, pas pour être embarqué dans une guerre secrète.
Je suis venu à Kamar-Taj pour retrouver ma vie, pas pour la sacrifier pour celle des autres.
«
Cependant il y a cette notion de devoir comme vous dites… Il a combattu et il a péri par devoir. Alors, j'assumerais le rôle qui est le mien. Pas pour vous, pas pour Minoru et encore moins pour moi. C'est pour lui que j'assumerais ce rôle. »
Ce n’est pas à propos de nous-même. L’ultime leçon que m’a donné l’Ancienne avant de mourir.
Livre en main, je reste immobile à soutenir le regard résolu de Drumm. Il n’y a rien à dire. Je me contente d’acquiescer lentement. Je n’ai aucun souci à ce que motivation et loyauté ne soient pas dirigées envers moi. Elles peuvent aussi bien l’être envers Wong, envers les actions de Kamar-Taj ou envers la mission des Maîtres des Arts Mystiques. Tant qu’elles sont là.
Je me retiens de répondre lorsqu’il est question que Minoru me dise où contacter Drumm. J’ai un Anneau de Téléportation comme des sortilèges amplificateurs si jamais il est dissimulé à la détection. Si je veux le trouver, je peux le trouver. Quant à ce qu’il soit présent pour l’ordre et pour la défense des Sanctuaires… il va donc falloir s’entrainer avec lui. Surtout qu’il ne maitrise pas l’Eldritch. Ses capacités sont différentes et ne cherchent pas forcément l’harmonie ; là où tous pratiquent les katas ensembles à Kamar-Taj.
«
Elle pourra même vous donner mon adresse et mon numéro de téléphone si ça lui chante. »
Je ne dis rien et fais de mon mieux pour ne pas répondre, ni montrer, que tout cela est superflu. Adresse, c’est déjà vu. Téléphone, je n’en ai pas. Je n’aime déjà pas que le SHIELD ait accès à mon ordinateur portable pour m’espionner ainsi me passe-je d’un ordinateur de poche. Et si l’on veut me joindre, on sait où me trouver. Ma présence se mérite et le déplacement décourage ceux qui auraient tendance à appeler au moindre problème.
Sans un son ni un mouvement, je laisse Jericho Drumm partir. Je n’ai rien à ajouter et pas l’intention de me mêler du second round avec Tina Minoru. Qu’elle fasse le taxi et parte d’ici, elle aussi. Tant qu’elle ne gâche pas les progrès faits présentement, cela me va. A-t-elle entendu ce qui s’est dit ? Je l’ignore et je m’en moque. Dès que Drumm disparait de l’escalier dans le petit salon, je m’en retourne m’assoir avec mon livre. J’hésite à téléporter Dominique pour le pourrir de ne pas s’être joint à nous mais j’anticipe qu’il soit dans une tenue guère présentable spécifiquement dans l’optique où j’aurais cette réaction. Il est bon pour faire tous les accueils de tous les Maîtres des Arts Mystiques qui passeront par ici à partir d’aujourd’hui, s’il considère qu’ils n’ont pas l’importance pour mériter son déplacement !
Je soupire par le nez et ouvre ma lecture.