Lorsque Luke Hunt m’invite à m’assoir, je me retiens de lui répondre qu’avec la crispation anale que je manifeste présentement j’aurais peur de m’empaler sur le proverbial balais si j’acceptais. Traduction : j’ai l’impression de m’être faite enculer et m’assoir dessus fera remonter le balai au-delà du cul ! La bienséance et la maîtrise de moi-même, SIIII j’en ai, m’évitent de devenir grossière. Ou de dire quoi que ce soit. Cela étant, le fait que je ne sois pas la seule à ne pas comprendre à quelque chose de rassurant. C’est bête mais c’est comme ça. Après, moi je ne suppose pas grand-chose, contrairement à Luke Hunt : les oreilles attentives ont déjà été détournées par l’une de ses déclarations précédentes.

Sachant que Luke Hut se permet d’exprimer ses reproches, lui. Ne pas attirer l’attention, alors oui et non mais c’est compliqué, quant à ce que l’agent Carthew ressemble à une policière sous couverture… vraiment ? Je suis sans doute mal placée pour juger parce que j’y ai vu que du feu mais du coup faut que je croie sur parole, en effet. Le moment où c’est la flic qui est suspecte… dommage que je sois tendue comme le string que je n’ai pas, c’est une belle ironie.

Une ironie ignorée par une agente tout aussi debout que le reste des protagonistes et qu’on agace visiblement.

« Le plan initial était de vous faire sortir de votre bâtiment sans prendre de risque, effectivement, reconnait-elle sans pour autant me tranquilliser, puisque d’une part c’est foiré et que d’autre part ça a évolué entre l’approbation à l’entrée et le franchissement du seuil. Cependant, mes supérieurs pensent qu’il y aurait eu des vagues lors de votre interpellation. Déjà que les gens nous regardaient avec de grands yeux. »

Cheffe, cheffe, les grands yeux c’était le moyen d’éviter les vagues, non ? Et si Luke Hunt en faisait malgré tout, il y a mon arsenal pour faire du contrôle de terrain et le ralentir le temps que votre équipe n’intervienne. Pour que les grands yeux se fassent pas aveugler par l’action. Et…

Et vous vous tournez vers moi pour me faire les reproches directement. Sur le terrain et devant la cible. Je ne me pense pas en danger avec vous. Enfin si. Mais je me sens en danger tout court ! C’est difficile de faire cette nuance sur mon visage, surtout à partir du moment où je suis acculée et donc prête à tout pour m’en sortir. La suite me fait me durcir, non me soumettre : si je ne voulais pas de vos méthodes, j’avais qu’à choisir quelqu’un d’autre ? Comme si j’avais le choix. De plus, de ce que j’en ai vu, vos méthodes c’est être à l’écoute et conciliante dans un restaurant. Quand à mettre fin à notre collaboration… voilà donc votre vrai visage, Emy ? Vous ne travaillez qu’avec des gens qui vous plaisent sans considération pour les personnes à qui s’adressent vos actions ? Je bosse avec vous parce que l’on nous a introduit, parce que notre projet peut aider autrui et améliorer les choses. Ou à vous fournir des informations sur des organisations qui sont dangereuses, comme les Masques, alors que vous ne semblez rien en savoir. Si vous êtes prête à jeter cela parce que je vous déplais et que vous n’avez pas la patience de me foutre sur la gueule une fois la mission finie, vous êtes simplement incompétente.

Pendant que vous levez les mains, je ramène les miennes entre mes fesses et ma veste pour les joindre et les serrer aussi discrètement que possible, histoire de résister à l’envie de croiser les bras. Face au fait que j’étais acculée, j’ai déclaré une position de subordination face à vous. Mon visage trahissait ma peur ? Excusez-moi d’être humaine. Mes mots ont signifié que j’attendais les ordres, VOS ordres, et vous avez choisi de tuer votre professionnalisme en faisant mon procès au lieu de les donner. Oui, je suis mortifiée à l’intérieur et je veux que vous assumiez vos conneries, puisque vous êtes sensées être la professionnelle du lot. Mes rôles à moi sont d’être la facilitatrice, et j’ai dit comment je comptais le faire avant d’entrer afin d’obtenir votre aval, et de défoncer toute menace si ça se passe mal. Vous avez oublié ?

« Ces quelques minutes dans votre bureau permettront de faire en sorte que les gens pensent que nous avons un truc d’importants à discuter, dites-vous à Luke Hunt, me faisant inspirer car j’aurai vraiment apprécié avoir l’information avant ; genre quand je demandais l’approbation pour le plan rapide. Une couverture, continue-t-elle, me faisant réaliser qu’elle réfléchit effectivement comme une flic sous couverture et comprendre comment Luke Hunt peut la trouver suspecte même si je n’aurais rien vu de mon côté. Mais si vous voulez une émeute pour le départ de Monsieur Hunt, pas de soucis Mademoiselle Orchent, je vous laisse prendre les commandes de cette mission. »

Je lève les sourcils de surprise et d’incrédulité. Une émeute de quoi ? D’enfants en sortie scolaire, de personnes du troisième âge et de clients venus dépenser un an de salaire d’Agent du SHIELD dans de la décoration ? Même si c’était le genre à essayer de nous tuer pour protéger le chef du magasin, ce dont je doute, ben… je suis là. Les @robeez sont là. Ou alors sont-elles si bien camouflées que personne n’a remarqué que ma veste blanche portée en cape grouille d’un essaim de plusieurs centaines d’abeilles blanches ? Certes, elles essaient de se faire discrètes mais quand même…

Pas la peine de vous regarder comme ça, Emy ? Je me doute. Je ne changerai rien à vos aboiements. Cependant, ce n’était pas de la colère. C’était de la peur. Des tentatives de résister à la panique. Oui, la froideur de l’instinct de survie a fini par prendre les choses en main et l’incrédulité face à vos propos alimente l’intelligence qui tâche de cogérer le tout… cependant j’ai peur. Vous me faites peur, en m’emmenant de force dans le lieu que j’évite. En m’enfermant avec la personne qui m’a motivé à contacter le SHIELD et dont vous sapez les efforts pour me rassurer. Oui, je sais qu’intellectuellement je peux neutraliser tout le monde ici avec un mot et quelques gestes de main. Cependant je suis pas prête à ça. Vous devriez le savoir si vous êtes vraiment une télépathe en train de me violer l’esprit comme vous le sous-entendez ! Il faut vraiment que je termine de créer l’anti-télépathie.

J’adore que vous disiez à Luke Hunt, celui que l’on est sensées venir arrêter, que "sa mission reste la même". WHAT THE FUKING FUCK ?! C’est quoi ce délire ? Il a une mission, lui ? Je n’y comprends plus rien. Si, je comprends le sentiment : vous seriez prête à tuer des clients et des gens qui jouent les héros face à deux nanas, dont une qui ressemblent à une flic, qui emmènent sans la moindre violence un mec qui fait une tête de plus qu’elles. Déjà, c’est pas des héros, c’est des criminels : attaquer un agent assermenté des forces de l’ordre, c’est un crime. Ensuite, c’est des fous : si on semble juste partir avec lui, pourquoi emploieraient-ils la violence ? Ils auraient aussi pu juste demander si tout allait bien… le pire c’est que je pense que Luke Hunt aurait confirmé, vu qu’il a été plus que coopératif jusqu’ici.

Emy, quand vous dites que "le plan reste le même à partir de maintenant", j’ai l’impression que vous me dites "j’ai approuvé votre plan avant de le foutre en l’air donc vous avez intérêt de ne rien faire de tel vis-à-vis du mien". Si c’est le moyen de sortir d’ici, je vous suis. Je veux partir. Je ne veux plus être enfermée. Je ne veux plus être piégée.

Lorsque vous ouvrez la porte, je suis la première à sortir. A redescendre les escaliers. Mon malaise aussi peu affolé que j’y arrive, et je pense y arriver plutôt bien pour le coup, doit attirer plusieurs attentions sur moi. Les réflexes viennent et je souris aux gens, au public. The show must go on. Je me retourne donc pour attendre et voir, pour suivre comme cela l’a été ordonné. Rien de tel qu’une flic sous couverture, une starlette faisant un malaise et le patron du lieu emportant sa valise pour passer inaperçu !

Lorsqu’on ressort d’Hunt Exposition, je regarde Nathan et Enzo à côté de la Lucky Mobile. Le premier a les bras croisés au niveau de son ventre, prêt à aller chercher quelque chose au holster de ceinture, et le second a une tablette en main, sans doute ouverte sur le logiciel de guidage tactique de Queenie. S’ils avaient dû intervenir, ils l’auraient fait.

Je ne peux retourner vers eux de suite, malheureusement. L’agent Carthew nous mène ailleurs. Une voiture. Où sont les renforts du SHIELD ? Elle ouvre la porte pour Luke Hunt. Puis elle l’ouvre pour ma poire.

« Et maintenant Mademoiselle Orchent, me demande-t-elle, me surprenant tout autant que l’impression d’effluve mouillée que j’associe à ma transpiration. Prochaine destination ? Le S.H.I.E.L.D ou un labo de votre cru ? »

Je ne sais pas quoi dire. Vraiment. Je veux bien qu’on ait pas lu ses droits à Luke Hunt mais les supérieurs de l’agente, probablement présents dans sa tête pour avoir changés les ordres entre l’entrée et la discussion avec Luke, me laissent vraiment mon mot à dire ? Heureusement qu’il y a la réplique d’après pour me faire retrouver l’agente de terrain n’ayant pas envie d’être diplomate et préférant me remettre en cause pour mes sentiments. Quant à la conclusion…

Le fou-rire commence à me prendre. Je presse mes doigts sur mes lèvres pour tâcher de le ravaler. Si j’avais lu son dossier au SHIELD… sérieusement ? Un citoyen, un sous-traitant extérieur, a le droit de lire les dossiers des agents ? Alors même que l’agent qui sous-traite n’a pas le droit d’accéder aux écoutes de la personne qu’il emploie ? Peut-être que j’aurai pu comprendre… Je vais pas réussir à me retenir. Je plisse les yeux, presque larmoyante.

Redresser le dos. Inspirer par le nez et expirer par la bouche. Gérer les contractions. La mission est passée, c’est pas le moment de craquer. I'm the Lucky One.

Redresser le dos. Inspirer par le nez et expirer par la bouche. Gérer les contractions. La mission est passée, c’est pas le moment de craquer.

J’estime être habituée au stress. Je suis capable de parler, chanter, pianoter et danser devant plus de deux mille personnes… moyennant le défonçage de main de Mike lorsque vient le face à face final avec le public. Je suis capable de presque gérer la situation d’une demie-tonne de Slime s’invitant dans mon bus de transport en mode "je-coule-par-tous-les-trous-incluant-ceux-que-j’y-fais". Oui, bon, j’ai crisé cette fois-là. J’ai été capable de ne pas partir en courant ni m’uriner dessus lorsqu’un Luke Hunt en crise a failli déchiqueter la main d’un Enzo voulant lui donner une bouteille d’eau pour l’aider à se calmer puis de négocier avec ce même Luke Hunt qu’il se rende au SHIELD pour ne plus être un danger pour les autres. J’ai réussi à passer de totalement paniquée face à une Raven Darkhölme entrant dans les toilettes des filles en chauve à roulette pour se transformer en elle-même à boa à plumes avant de me parler de statistiques sexuelles tout en étant à moitié transformée en chat… à l’envoyer chier en lui expliquant le principe de destruction mutuelle quand elle est venue me faire de l’intimidation la fois suivante. J’ai été capable de garder mon calme lorsque Jean m’a violée mentalement pour me montrer ses pouvoirs d’analogue manière à ce que vous me faites, Emy, actuellement.

J’estime être habituée au stress. Sauf que là, par ma Chance, notre trio me tue !

Luke ne veut pas "paraitre outrageant ou quelque chose dans le genre" ; j’adore. C’est l’élève qui lève la main face à la prof : "madame, madame, y’a une faute d’orthographe sur votre énoncé de français". Est-ce que monsieur Hunt est le seul mec à ne pas être dépassé par son arrestation ? Gé-Ni-Al. My-Thi-Que. Je suis désolée Emy mais il marque les points que j’ose pas dire même si vous savez que je pense similairement. D’un autre côté, vous êtes dans ma tête sans mandat, sans motif légitime même si ce point est peut-être discutable et surtout sans avoir prévenu en amont. J’aime pas les télépathes, que ça vous fasse ramasser doublement me convient. Désolée…

« Et aux dernières nouvelles vous êtes censée être la professionnelle de la capture de gens comme moi alors faire ce genre de remarque à Madame Orchent me semble déplacé. »

De deux choses l’une sachant que je ne suis en état de dire aucune :
1) Je suis une demoiselle en détresse. POINT. Même quand j’ai un arsenal à près d’un million sur moi, je reste une demoiselle en détresse.
2) M’engueuler oui, mais au débriefing. Pas devant le client !

« Autant se mettre d’accord sur quelque chose, reprend Luke Hunt une fois arrivé à la voiture et à ma crise de rire, si Madame Orchent n’est plus de la partie alors l’accord ne tient plus. »

Chef, Cheffe, ça fait un moment que je suis plus de la partie. Là je vais plutôt être d’une bonne grosse crise de nerf parce que je suis pas la seule à pas avoir lu le dossier de l’autre et que ça nous pose un petit problème d’environ quatre ou cinq mille kilomètres.

Redresser le dos. Inspirer par le nez et expirer par la bouche. Gérer les contractions. La mission est presque passée, c’est pas le moment de craquer.

Luke, chou, est-ce que je peux te remercier de ta confiance dans les deux sens du terme ? Que j’ai réussi à la gagner est, et bien, miraculeux. Du coup, merci de me faire confiance malgré tout. Par contre, si tu pouvais éviter de nous mettre tous les deux dans une litière qui n’a pas été changée depuis deux semaines en forçant la main d’Emy à me forcer la main à venir avec vous, s’eut été cool. Bisou.

« Alors si Lucy rentre dans son labo, je partirais avec elle même si pour cela, elle veut m’endormir ou m’immobiliser ou les deux. »

Voilà, exactement comme ça.

Redresser le dos. Inspirer par le nez et expirer par la bouche. Gérer les contractions. La mission est foutue, c’est le moment de craquer.

Ça y est, je ris de nervosité.

Mymy, j’en suis plus à m’inquiéter là. J’en suis à inquiéter les autres je pense. Merci d’essayer de me rassurer par rapport à vos renforts m’enfin je crains que la situation doive les laisser dubitatifs. "Attendez les mecs, pourquoi la civile elle se tape des barres de rire, l’agente elle semble être prête à se taper la tête contre les murs et le mec dangereux en état d’arrestation est le plus zen des trois ? Ne devrait-on pas se mettre la rate au court-bouillon ?"… Oui, je me doute, c’est pas comme ça que parlent les Agents du SHIELD. Mais je suis cuite et dépassée alors je fais des associations d’idées cuisinières et d’une autre époque.

« Monsieur Hunt, je ne vous permets pas d’insulter mes employeurs quand ces derniers ne sont au courant que de la moitié des choses. »

C’est définitivement mort, j’explose de rire aussi discrètement que j’y arrive. Du coup Mymy, si tu les tiens au courant qu’à moitié avec tes pouvoirs télépathiques, c’est que t’es une demi-télépathe ? Ça fait de toi quoi, une empathe ? Et ils changent tes ordres sans avoir la moitié des informations pour comprendre ce qu’ils te demandent ? Si je puis me permettre à défaut d’y arriver, Mymy, la mission n’est pas un échec : Luke est arrêté. Certes, il y a cette histoire de labo qui va poser un chouilla problème mais je vais trouver un truc dès que j’ai fini ma crise de nerf, promis. Ça sera sans doute votre pire extraction mais elle sera aussi réussie que possible ! D’ailleurs, je sais que je n’ai pas à me permettre mais vous êtes dans ma tête du coup je fais qu’est-ce-que-je-veux : est-ce-que-vous-pourriez-demander-à-vos-supérieurs-d’arrêter-de-vous-faire-faire-des-jobs-pour-lesquels-vous-êtes-pas-formée-s’il-vous-plait-et-même-s’il-leur-plait-pas-à-eux ? Me doute que vous êtes proche de la promotion vu les responsabilités qu’ils vous font prendre mais, autant au resto c’était nickel, autant ici on est très loin de l’élément chimique ; ce qui m’évite de dire un gros mot. Oui, même maintenant, le respect créatif des interdictions reste. J’ai un problème en plus d’être un problème, c’est beau. En parlant de problème et de beau : La-Bo.

« Mademoiselle Orchent, vous pouvez monter aussi en maintenant le contact avec vos associés. Nous nous rendons dans votre labo. »

Voi-là. Voi-là-bo. Labo.

Redresser le dos. Inspirer par le nez et expirer par la bouche. Gérer les contractions. La mission est en cours, c’est pas le moment de craquer sinon tu vas tout faire foirer.

Tête dans les mains, j’appuis aussi fort que je peux pour me redresser. Cela me contracte comme il ne faut pas, ce qu’il ne faut pas, mais j’ai aussi les mains pour filtrer la quantité d’air qui me vient au nez ou essayer de repartir par la bouche.

Aller, on va rester dans l’absurde en précisant que les labos avec lesquels tu travailles se trouvent à Florence, Italie, et donc que la voiture a intérêt d’être volante et avec un réservoir de carburant d’avion de ligne ou d’être électrique avec un réacteur Arc ? Naaaaan, ça va pas le faire. Jusqu’au bout j’ai été dépassée avec cette histoire. C’est juste pas possible. Des retours de Chance comme ça, il faut que ça arrive pour égaliser le score avec la Chance dont je fais preuve tout le reste du temps mais c’est juste improbable quand c’est le cas. Et j’ai raté trois fois le test de détection du Gène X. Deux fois avec la méthode Trask et une fois avec le séquençage génétique. Je suis sûre que je suis pas mutante… ce qui signifie que ce retour de Chance est NORMAL. Proportionnel et proportionné à ma Chance, oui, mais NORMAL.

I’m the Lucky One.

Aller Lucky, t’as déjà été plus dans la litière que ça. Pense à Raven. Pense à la Slime. Pense à Luke. Nan, Luke c’est pas à ce niveau, il a battu le record là ; travail d’équipe !

Chien, des deux chiffres "mythiques" que sont les 13 et le 23, il a fallu qu’on tombe sur un 23 alors que le dernier vendredi 13 était un pur coup de Chance. Par ma Chance, OUI !

I’M THE LUCKY ONE !

Une grande inspiration étouffée puis une toute aussi longue apnée et je détache mes mains de mon visage. Ne me parlez pas de mon maquillage, merci ma Chance je ne pleurs pas quand c’est purement nerveux. Mes bras et mon dos me font mal de crispation, j’ai l’impression d’avoir transpirée un plein lac et j’ai la tête qui tourne mais je suis Chanceuse.

« Le vent se lève, déclare-je avec autant de sérieux que je peux, chose qui va croissante, avant d’attendre un instant que l’essaim d’abeilles ne quitte ma veste pour s’en retourner à la Lucky Mobile. Je monte à l’avant, j’ai besoin du GPS. »

Je sais où l’on va. Vendredi dernier, le fameux vendredi 13, Joseph Rowles m’a invitée au restaurant à côté celui où je vous ai invitée, Agent Carthew, pour discuter avec moi de plein-de-trucs ; à commencer par le fait que j’avais faite une bêtise avec mon TEDx. N’ayant pas réussi à me concentrer jusqu’à la fin, je suis partie en live et ça a inclus un refus de mentorat de sa part mais l’accession à ses laboratoires spécialisés dans l’études des Supers. That’s why I’m the Lucky One.

Est-ce que je vais débarquer à l’accueil du labo avec le sourire pour expliquer à l’hôtesse que je suis Lucy Orchent, que je souhaite ma carte d’accès ainsi que des badges invités pour l’agent Emy Carthew du SHIELD, chose signifiant que me les refuser pour quelque raison que ce soit peut s’argumenter comme de l’obstruction à la justice sachant qu’on a un MANDAT (oui, c’est pas le mandat qui correspond mais si je dis ça c’est pour les coups de pression : l’obstruction à la justice tiendrait pas non plus si un avocat est présent), et du patient (double sens) Luke Hunt afin de rencontrer une équipe composée au moins d’un généticien, d’un biophysicien, d’un biologiste cellulaire, d’un anesthésiste, d’une infirmière et de l’assistance qui fait le mieux le café (et le thé) parce que je suppose que l’anesthésiste ne va pas vouloir me donner de tranquillisants (enfin, vouloir si mais il n’aura pas le droit) afin de faire des prélèvements sanguins et des biopsies cutanées comme musculaires puis de les analyser pour rétro-ingénierie ? Un peu mon nerveux. Est-ce que lorsque Joseph va découvrir ça il va avoir ses derniers cheveux gris virer au blanc ? Et encore, je ne sais pas qu’il connait déjà Emy et Luke…

La parfaite conclusion à cette arrestation épique : la chieuse dont tu as réussi à te débarrasser en la refourguant à tes sous-fifres se pointe chez tes sous-fifres dix jours plus tard accompagnée d’une de tes patientes, qui tente de faire son boulot, et d’un ancien sous-traitant, que tu ne veux pas réembaucher car il est trop violent, tout en disant "coucou, vous m’avez autorisé un stage d’observation du coup me voilà avec le sujet et la chaperonne en mission plus ou moins officielle pour l’organisation de contre-terrorisme la plus puissante du monde".

Emy, Luke, Joseph, je pense que quand vous vous êtes levés ce matin, et tous les autres matins d’ailleurs, vous ne vous y attendiez pas à celle-là. Ben moi non plus. Mais c’est l’un des principes de la similarité des opposés : trop de chance peut ressembler à de la malchance. Je suis Chanceuse : tout est allé de travers avec cette histoire MAIS tout est bien qui fini bien et on retombe tous sur nos pattes sans s’en casser une !

C’est qui la meilleure des porte-bonheurs ?