[Terminé] Toujours présent pour toi, mon frère

Je n’avais presque pas quitté la chambre où Samuel était encore alité. Il s’était évanoui dans mes bras alors même que je venais de le tirer d’une agression que je ne comprenais pas encore. Enfin, petit à petit les pièces du puzzle se mettent en place. J’avais bien eu des échos comme quoi il y avait eu des attaques dans tout New-York durant la journée mais je ne voulais pas laisser mon ami. Après avoir pris soin de prendre contact avec mes proches pour savoir s’ils allaient bien, j’avais posé mes fesses sur ce maudit fauteuil en attendant que Sam daigne ouvrir les yeux.

Le caisson lui avait fait du bien et avait guérit ses blessures physiques, effaçant même la marque faite sur son corps après en avoir pris quelques photos en guise de pièces à conviction. Des prélèvements ont également été effectués sur Samuel puisqu’il a tout de même eu le temps de donner une information importante, son agresseur lui avait craché du sang au visage. Désormais les seuls indices que nous pouvions avoir étaient dans l’esprit de mon frère de cœur puisque son appartement n’était plus qu’un tas de cendres. J’avais tout de même prévenu sa brigade qu’il était avec moi et en sécurité afin que ses collègues ne s’inquiètent pas en intervenant sur l’incendie de son logement.

Pour l’heure, il dormait encore et son réveil ne devrait plus tarder mais je comptais bien avoir des informations, le plus possible pour les transmettre à mes collègues dans les plus brefs délais. Soupirant en rangeant mon téléphone dans ma poche, je passe ma main sur mon visage essuyant la fatigue invisible de mon visage. Puis mes yeux se reposent alors sur mon frère de coeur qui, enfin, ouvre doucement les yeux.

Enfin il ouvrait les yeux et même si je le savais hors de danger, je soupirais de soulagement à l’idée qu’il soit toujours là, en vie. Rapidement, en le voyant commencer à se mouvoir avec un peu trop de vivacité, je posais une main sur son épaule en le regardant avec bienveillance.

« J’suis là mon pote, tu ne risques plus rien. »

Il m’avait une belle frayeur mais je savais qu’au sein du S.H.I.E.L.D. il serait vite remis sur pied. Déjà il avait bénéficié du caisson pour ses plaies mais la fatigue serait toujours présente pour quelques heures ainsi que les séquelles psychologiques dues à son agression. Personnellement j’étais entraîné pour ce genre de situation mais Samuel lui était pompier, pas agent spécial.

« Comment tu te sens ? »

Ma voix est grave mais assurée, je me doute qu’il a bien morflé mais je vais devoir poser des questions et je vais devoir lui annoncer des mauvaises nouvelles le concernant. En espérant qu’il accepte les premiers mots que je me devais de lui présenter.

« J’suis tellement désolé de ne pas être intervenu plus tôt. La protection te concernant a été réduite au minimum afin de ne pas être intrusif et si ton voisin n’avait pas appelé les secours, je ne serais jamais arrivé à temps…. Bref… J’suis désolé Sam. »

Mes excuses étaient sincères et la culpabilité qui me rongeait était très présente. Je savais qu’il ne voulait pas être sous protection mais j’avais tenu à garder un service minimum afin de le savoir en sureté en cas de problème de mon côté mais je n’aurais jamais pensé que quelqu’un de l’extérieur s’en prenne à lui comme ça, sans que cela ait un rapport avec mon travail. Comme quoi il y a des cinglés partout.

J’étais à la fois soulagé et inquiet. Etrange sensation qui faisait de mon estomac un vrai tord boyaux. D’un côté je sais que la plupart de mes proches allaient bien dont Samuel et Gabriela et de l’autre j’avais des collègues partis en mission qui m’inquiétaient énormément comme Emy, Aemon et Luthien… Pour l’heure, j’étais aux côtés de mon frère et je songeais au fait que j’avais bien faillit le perdre ce soir. Mon dieu, s’il lui arrivait quelque chose, je crois que je ne m’en relèverais pas après la perte de Clara et le fait qu’Elena ne soit plus dans ma vie.

Je lui demandais comment il se sentait même si j’en avais une petite idée. Se faire torturée n’est jamais une partie de plaisir et j’en sais quelque chose même si Sam ne sait pas tout de mes missions. Mais là, il ne s’agit pas de moi bien au contraire, il s’agit de lui et d’uniquement lui, un pompier sans histoire qui s’est retrouvé séquestré et torturé par un fou du bistouri.

« T’en fais pas, t’es sur l’héliporteur du S.H.I.E.L.D…. Quand j’ai vu ton état, je nous aie téléportés directement ici pour que tu reçoives les meilleurs soins. Tu as été dans ce qu’on appelle un caisson de régénération, tu as été totalement guérit de tes blessures. T’en auras aucune trace, physique j’veux dire… »

Et puis la peur de l’avoir cru perdu m’envahit alors et je ne peux retenir de m’excuser pour l’état dans lequel il est. Ce n’est pas vraiment de ma faute mais j’avais réduit la surveillance pour lui afin qu’il ne se sente pas espionné. Pourtant les mots de Sam me font relever la tête vers lui. Il ne m’en veut pas et cela me soulage d’une certaine manière, même s’il a du mal à avouer la suite. Je me redresse et pose ma main sur la sienne. On est pas des démonstratifs d’affection de manière générale mais là, cela me semble nécessaire :

« Heeyy mon frère, tu vas bien, tu t’en es très bien sorti et cette ordure ne va pas faire long feu, j’ai des coéquipiers qui sont partis en mission et ils vont l’avoir… »

Mon téléphone vibre dans ma poche me faisant soudainement basculer pour le prendre et en lire le message :

« C’est Gaby… »

Je lis rapidement son sms. Elle s’inquiète pour Sam, ce que je peux comprendre mais je pianote rapidement d’une main sur le téléphone pour lui répondre en faisant un rapport à Samuel :

« Elle s’inquiète pour toi, je lui dis que tu vas bien. J’ai prévenu ta brigade également que personne ne s’inquiète après… »

Je relève les yeux vers lui. Je ne vais pas lui annoncer cela comme ça, si ? Comment dire qu’il n’a  plus de chez lui, plus d’endroits où aller même si je savais très bien où il irait … Chez moi ou ailleurs mais j’avais bien une idée derrière la tête. Pour l’heure, je rangeais mon téléphone tout en conservant mon regard sur mon frère de cœur.

« Sam, je … J’ai un truc à te dire qui va pas être simple à entendre… et j’aurais des questions à te poser… Tu te sens d’attaque ? »

Samuel était mon p’tit frère, l’homme pour lequel j’avais le plus d’affection dans ce monde de cinglés. Il était aussi l’homme grâce auquel j’avais encore un lien avec la vie normale. Il était ma famille, celle qu’il me reste après la perte de mes proches les uns après les autres. Il était tellement important dans ma vie que l’espace de quelques minutes j’avais cru le perdre alors que je l’avais vu couvert de sang entre les griffes d’un taré psychopathe.

Heureusement maintenant il était en vie, réveillé et j’avais bien l’intention de rester à ses côtés pour le reste de la nuit. J’aurais très bien pu partir en mission avec les autres mais mon esprit n’aurait pas été entièrement tourné vers la mission et c’est pour cette raison que j’ai décliné mon affectation. Je connais mes capacités mais je connais également mes limites. Ce soir, je devais être avec Samuel et personne d’autre.

Alors qu’il s’inquiète de la dangerosité de son agresseur, je pose à nouveau ma main sur son épaule pour le rassurer en lui répondant doucement pour l’aider à se calmer :

« T’en fais pas, ils sont tous au courant, ils vont faire attention… Ce qui m’importe pour l’instant c’est toi. »

Je savais qu’il était hors de danger, physiquement parlant, et même s’il était entraîné pour être un parfait soldat du feu, il était loin d’être un soldat tout court. Et ces derniers mois, il avait clairement morflé de ce point de vue-là. Mon téléphone vibra et je lus alors un message de Gaby qui m’avait demandé des nouvelles de mon frère de cœur tout en me rassurant sur son état. Elle n’utiliserait pas ses pouvoirs et c’était une bonne chose. Je souris lentement en entendant la réflexion de Sam avant de terminer gentiment mon message pour lui répondre avec un brin de malice :

« Samuel ? Tu ne te souviens pas qu’on est de bons amis, elle et moi… Plus sérieusement, je suis son référent au S.H.I.E.L.D. depuis l’apparition de ses pouvoirs… On s’écrit souvent. Et je voulais la prévenir pour toi et avoir de ses nouvelles car il y a plusieurs attentats dans tout New-York ce soir. »

Et puis il fallait alors discuter de ce qu’il était advenu de son chez lui alors que je l’avais évacué en urgence sans prendre la peine de neutraliser son agresseur. Aurais-je pu seulement le neutraliser ? Rien n’était moins certains d’après ce que j’avais entendu sur lui… Bref, Samuel semblait alors prêt à m’écouter et je relevais alors doucement les yeux sur lui avec un profond soutien :

« Ton appartement a été totalement détruit. L’homme qui s’en est pris à toi a mis le feu avant de partir. Ta brigade est arrivée trop tard, tout est parti en fumée… … Mais tu vas venir vivre chez moi. L’on n’habite pas très loin l’un de l’autre et je serais content de t’avoir pour colocataire mon frère. Si cela te tente de me supporter bien entendu ? »

J’avais encore plusieurs questions à lui poser sur son agresseur et sur ce qu’il lui voulait. Samuel était un homme sans histoires, s’en prendre à lui sans raison, cela ne tenait pas debout. Mais avant d’enchaîner sur la suite, je lui laissais un peu de temps pour digérer le fait qu’il venait de perdre beaucoup. Son chez lui, ses affaires, une bonne partie de sa vie en somme. En tant qu’enfant issu des services sociaux, on avait toujours en nous cette habitude à repartir de zéro mais bon cela restait tout de même une épreuve de la vie pas si évidente à encaisser.

Voir ainsi Samuel m’avait grandement fait réfléchir. Et s’il avait été mis en danger par ma faute, je n’aurais pas pu me le pardonner. Cependant, cette fois-ci ce n’était pas ma relation avec lui qui était en cause même s’il ne tarda pas à s’inquiéter tout de même pour moi et mes collègues. Je le rassurais aussitôt car je n’avais pas l’intention de le quitter aujourd’hui. Depuis toujours, nous avons été là l’un pour l’autre et cela ne changerait pas de sitôt.

Alors que mon téléphone vibre, je parle de Gabriela à Samuel qui semble ne pas se souvenir que nous sommes en contact. Je souris en lui répondant et en lui donnant des précisions.

« Ouais je me doute que ça doit pas être évident à intégrer. Mais rassures-toi, elle est en sécurité et puis avec le bracelet qu’elle porte, elle peut me joindre sans soucis. »

Samuel semble soudainement perdu dans ses pensées. Il parle de ce que l’homme lui demandait mais en vrai, Hill m’avait envoyé un sms quelques instant plus tôt pour me signaler qu’ils avaient déjà beaucoup d’informations et donc pas nécessairement le besoin de l’interroger. Cela m’arrange en un sens car je me voyais mal forcer mon frère de cœur à farfouiller dans sa mémoire pour me donner des infos.

« T’en fais pas pour ça maintenant, ce qui compte c’est toi et c’est tout. J’veux que tu te reposes d’accord. Si tu ressens le besoin d’en parler on peut mais je ne forcerais pas.  »

J’avais tout de même besoin de lui parler de son appartement. Après lui avoir demandé s’il était capable d’encaisser une mauvaise nouvelle, je lui expliquais que son logement n’était plus en état, détruit par les flammes. Je le vois tourner la tête en encaissant la nouvelle comme il peut. Naturellement, je pose ma main sur son épaule en guise de soutien et dans la foulée, je lui propose de venir chez moi. Nous n'habitons pas très loin l’un de l’autre et je pense qu’après ce qu’il a vécu, il aurait bien besoin d’un peu de compagnie.

Après quelques secondes de silence ou je lui laisse le temps de me répondre, il retourne finalement les yeux vers moi et accepte ma proposition. J’ai alors un triste sourire pour lui mais en même temps, je suis soulagé qu’il accepte.

« C’est normal Samuel. T’es mon frère et je t’interdis de me refaire un coup pareil hein… J’ai eu peur de te perdre bordel. »

Je suis partagé entre la plaisanterie et l’angoisse de l’image de l’avoir trouvé dans un piteux état. J’aurais pu le perdre ce soir… Je ne devrais pas penser ainsi mais entre la fois où il était allongé aux côtés de Gabriela en plein milieu d’un immeuble en ruine et ce soir l’avoir trouvé agonisant dans son sang, j’avais peur qu’il ne me quitte de la pire des manières, comme l’avait fait Clara.

Après cette séquence émotion, je me racle alors la gorge pour reprendre de l’énergie et un peu de contenance. Je me redresse dans le même temps en demandant :

« Tu veux manger ou boire quelque chose ? Ou tu veux parler d’un truc en particulier ? »

HRP: