[Terminé] C'est arrivé

C’est arrivé.

Quinze jours que je me suis rendue compte à quel point j’avais raison sur mon interprétation du tag. Du symbole. De la menace. Rocket m’a fait parvenir les informations au jour le jour et, dès qu’il a été question de lance-flammes et de tentatives d’homicide, j’ai fait suivre cela au SHIELD. Puis à la NYPD et au FBI, comme demandé par l’Agent Carthew. Photographie d’un Masque, de leur cheffe supposée et de la chevalière de leur organisation dès le 14 septembre. Photographie d’une carte avec les emplacements déjà tagués et ceux à venir dès le 15. J’ai fait de mon mieux pour avertir tout en craignant le pire.

C’est arrivé.

J’en ai le cœur qui s’affole, comme lors qu’une panique ou d’un effort intense. J’en ai la gorge sèche, respirant trop vite par la bouche. Ce n’est rien comparé à ce que les gens ont subi. La ville qui ne dort jamais va garder les yeux ouverts sur de nouvelles attaques terroristes, comme l’Invasion Shitauri de 2012 ou le World Trader Center de 2001, et je vais en faire de même. J’enchaine les coups de téléphone dans le taxi qui me mène d’hôpital en hôpital tandis que, à mon côté, Enzo en fait de même avec l’OBIF pour faire rédiger des lettres de crédit nominative à chaque institution.

C’est arrivé.

J’étais sur Skillshare lorsque j’ai eu la notification Twitter. Etant donatrice depuis mai dernier pour l’association Mutant Care, je suis abonnée à leur fil d’actualité et j’avais un stress particulier puisque le Juniper Park était l’un des endroits tagués… SHIELD et NYPD étaient sur place, il n’y avait rien que je puisse faire de plus. Jusqu’à 16h, j’ai stressé qu’il se passe quelque chose ; c’était le pic, la balade de fin d’après-midi. Puis après, j’ai tâché de me changer les idées et d’user de mon temps plus utilement. Jusqu’à la notification fatidique.

C’est arrivé.

Attaque à la bombe en début de soirée. Panique de mutants relayant le carnage. Personne réellement capable de comprendre à part l’ampleur des pertes humaines. Peut-être quatre cent personnes. Je ne sais pas ce qu’en disent les médias, je ne sais pas ce qu’est la version officielle. J’ai gueule à Enzo de venir et d’appeler mon père pour qu’il convoque une réunion en vision du conseil d’administration du Club de Londres ; le trust gérant les dividendes familiaux. Ils me valent dix millions à placer par an et nous sommes fin septembre, cela me fait donc sept millions et demi de théorique. Même en retranchant les remboursements de prêts, je dois pouvoir débloquer jusqu’à cinq millions sur mon compte de l’OBIF de New York. Tant pis pour les investissements annuels, c’est l’une des deux choses que je peux faire.

C’est arrivé.

J’espère que l’Agent Carthew n’a pas été blessée. Parallèlement, je sais qu’il y a eu des blessés. Des survivants, plus exactement. Mon premier coup de fil a été pour le Queens Hospital Center, lieu le plus probable de leur acheminement. Qu’ils accueillent tout le monde, pas de laissés pour compte par absence de revenus ou d’assurance. Je viens payer. Chaque lettre de crédit prouve que ma banque s’engage à payer les dépenses en mon nom, dès que l’hôpital leur aura transmis les documents liés aux soins, si je ne les règle pas moi-même. Chacune doit être rédigée une fois le contrat de paiement entre l’hôpital et moi-même établi, chose qui m’oblige à enchaîner les visites pour signer. Normalement, j’aurai dû créer un organisme à but non-lucratif pour faire cela et utiliser les déductions fiscales liée à la philanthropie mais je n’ai pas le temps.

C’est arrivé.

L’attentat à Juniper Park n’était que le premier et d’autres ont lieu. Dès que je reçois la notification, mon enchainement d’actions est toujours le même. Chercher les hôpitaux les plus proches. Téléphoner pour demander si les urgences sont impliquées dans la gestion des blessés. Expliquer que je demande ça car je souhaite payer pour les soins afin que personne ne se retrouve à la rue donc que je suis effectivement concernée. Parler à un manager capable de prendre la décision. Parler au directeur de l’hôpital pour négocier les termes. En parallèle, Enzo note tout avant de faire suivre à Vincent van Saar, directeur de l’OBIF de New York, qui doit commencer à sérieusement me détester pour mon interventionnisme dans ses affaires. Cependant, ce n’est pas lui qui alterne entre un taxi et des bureaux à lire des documents pour les signer ; même s’il fait effectivement des heures supplémentaires au sien, de bureau, auquel je l’ai forcé à revenir après ses horaires. Pas de "on verra demain".

C’est arrivé.

La dernière attaque à ma connaissance, pour l’heure, a fait peut-être une centaine de morts et s’est déroulée dans une boite de nuit ouvertement pro-mutante. Le White Rabbit Hole. J’y aurai jamais mis les pieds mais je découvre le BronxCare Hospital avec le même empressement que les précédents. Guidée jusqu’au bureau du directeur, je m’attends à trouver le contrat imprimé afin de le signer après vérification ; merci les trois exemplaires, mon avocat peut donc lire en même temps que moi. Il ne manque que Nathan pour que notre trio soit au complet mais il a sa propre mission, de son côté. Appeler Diego Valori, PDG de Tec-Novita, et lui secouer les puces en mon nom car je veux que la phase de test sur les humains du Facteur Guérisseur Synthétique commence dès demain. Je me doute que la seconde version n’est pas prête mais je la veux terminée pour hier. Si cela arrive trop tard pour sauver des vies de la mort, peut-être que cela permettra d’en sauver de séquelles et d’handicap. Tout le monde n’acceptera pas d’être ainsi sujet de test, peut-être que certains penseront même que je profite de leur état pour faire lesdits tests, mais je préfère me concentrer sur ceux que cela pourra aider.

C’est arrivé.

Nous n’avons pas réussi à le prévenir alors il faut guérir à présent.