Jour enfin un peu tranquille depuis longtemps, les choses n'avaient pas arrêté de bouger et étaient pleines de rebondissements. Ce qui ne me déplaisait pas tout le temps car même si j’ai eu quelques soucis comme avec le WRH, j’avais pu faire pas mal de choses amusantes comme ce que j’ai fait au téléporteur ou à l'espèce de fouineuse pyromane. J’avais vraiment pu m’amuser pendant ces moments là et j’étais un peu déçu que ces moments soient si courts. Je n’avais qu’une envie que d’autre moments comme ceux ci se proposent pour que je puisse en profiter un maximum.
Me préparant dans mon appartement, j’étais dans celui du même immeuble que Gabriela car je n’avais pas eu la détermination d’aller plus loins pour rejoindre une des planques d’Hydra mais je ne comptais pas rester longtemps ici alors je ne m'inquiétais pas trop de croiser Gabriela. Je me dirigeais pour aller chercher ma veste quand je passa devant le mirroir, je m’arrêta net et recula un peu voyant mon reflet restant de marbre sans me suivre. Je me posa devant le miroir habillé d’une chemise et d’un pantalon à regarder avec un certain sourire ce reflet qui n’était pas le mien.
“Salut, suis je assez fou pour parler avec moi même ou est tu réel?”
To make suffer is an art that only some know how to handle
Pour Carl Jung, l’Ombre représente ce que nous avons refoulé dans l’inconscient. "L’Ombre est quelque chose d’inférieur, de primitif, d’inadapté et de malencontreux, mais non d’absolument mauvais". C’est encore plus vrai pour vous, Charlie. D’avoir été créé dans le cadre d’un projet vous a amené à vous adapter à celui-ci et à refouler ce qui n’avait pas sa place dans votre utilité. C’est d’autant plus fascinant que c’est tout un pan de vos pouvoirs, en plus de l’habituelle ombre psychologique, qui se retrouve ainsi déposé en offrande. Un pan de vos pouvoirs impactant votre physique. Votre ombre, votre partie obscure, le pôle complémentaire mais négatif de votre complexe du Moi, est fait de lumière, de votre partie lumineuse, de votre positivité. Pour la plupart des gens, l’Ombre et l’inconscient peuvent paraitre être le Mal absolu puisque lesdits gens y refoulent leurs sentiments négatifs et leurs "pires" parties. D’un point de vue manichéen, vous faites exactement l’inverse.
Comme tous, votre Ombre vous est inférieure car elle se situe sous vous, dans vos secrets. Comme tous, votre Ombre est primitive car vous ne la développez pas, vous la refoulez. Comme tous, votre Ombre contient ce qui est inadapté à votre vie, ce qui est malencontreux dans votre existence. Comme une minorité, votre ombre peut être jugée comme meilleure que vous.
Les ailes d’un ange, ensevelies sous le visage d’un diable.
Je peux avoir le visage d’un diable, moi aussi, mais ses yeux sont jaunes là où les vôtres sont rouges. Ainsi, je me permets de vous les emprunter. D’ordinaire, je me pars de l’Ombre car j’en suis le roi et que c’est entre elles et vous que je tente d’établir le dialogue afin que vous puissiez devenir meilleur. Aujourd’hui, si ma thèse n’a en rien changé, vous faire face avec votre Ombre serait un inutile risque d’aller au conflit. Cela arrivera, évidemment. Le conflit comme le fait que vous deviez faire face à votre Ombre. Vous êtes pur, Charlie. Cependant, cette pureté vous limite. Si vous n’apprenez pas la nuance, si vous n’êtes capable de vous comprendre pleinement afin de pleinement comprendre les autres, vous échouerez à exploiter votre plein potentiel. Tout comme l’Hydra échoue, encore et toujours, à exprimer le sien.
Sans dénigrer le génie de son parasitisme du SHIELD, c’est l’œuvre d’Arnim Zola plus que des dirigeants de l’Hydra comme Wolfgang von Strucker ; lequel avait néanmoins compris l’importance d’une réelle bienveillance dans le fait de pouvoir accomplir le pire. Sans cette bienveillance, jamais il n’aurait pu convaincre des civils de devenir cobayes de ses expérimentations avec le Sceptre de l’Esprit en Sokovie… et pourtant cela lui a permis de créer Wanda Maximoff, probablement l’être le plus puissant de notre planète. S’il avait eu plus de temps, peut-être aurait-il pu faire naitre plus de loyauté chez les jumeaux Maximoff. Ou peut-être aurait-il autant raté leur éducation que cela a été le cas avec la vôtre, Charlie. Ils vous ont appris à mentir et à manipuler, certes. Ils vous ont appris à inspirer confiance et à feindre la gentillesse, en effet. Cependant, jamais ils ne vous ont appris qu’on peut mentir et manipuler pour le bien d’autrui et qu’on peut ainsi, plus qu’inspirer, créer une confiance et être sincère dans sa gentillesse. Lorsque c’est ainsi, nos outils et nous-mêmes devenons ambigües et la gentillesse comme la confiance ne sont plus un mensonge ou une manipulation. La personne qui en bénéficiait se demande alors "Et Si ?". Même lorsque la tromperie est découverte, son étendue reste floue. Vous n’avez pas réellement cette nuance, n’est-ce pas ? Vous n’avez pas cette ambivalence, n’est-ce pas ? Si vous êtes découvert, seule la naïveté de votre interlocuteur peut l’amener à douter que vous soyez vraiment si malfaisant. C’est peut-être cela votre ultime problème : vous êtes malveillant. Malveillant et malfaisant sera découvert et condamné comme tel. Bienveillant et malfaisant sera découvert et interrogé comme tel. Bienveillant et bienfaisant sera découvert et vaincu comme tel. Quant à malveillant et bienfaisant, permettez-moi un soupire.
Ce même soupire que face à votre malveillance et malfaisance. Précédant ma curiosité vous concernant, Charlie, la prise de connaissance de votre existence m’est venue par la menace que l’Hydra pose au Baron Helmut Zemo. Amusant de savoir que vos maitres ont perdu deux équipes d’agents pour essayer de capturer et d’abattre celui qu’ils ont libéré. Cependant, c’est encore plus amusant de connaitre le fait qu’ils l’aient poursuivi jusqu’à votre quartier après l’avoir blessé la première fois et qu’il a trouvé refuge chez Gabriela Alvarez pendant plusieurs jours. La cible de vos maitres juste sous votre nez et vous n’en avez jamais entendu parler. Si je comprends le besoin pour les différentes équipes d’agir en indépendant et de limiter leur connaissance du reste du réseau, afin d’éviter que la compromission de l’une d’elle ne détruise beaucoup plus, cela signifie aussi que vous êtes incapables, dans l’Hydra, de vous coordonner correctement. Cela fait parti de pourquoi je ne me suis pas éternisé à vos côtés lors de mon adolescence, en plus de votre absence de bienveillance et d’une histoire d’amour toute aussi adolescente. Quant à Gabriela Alvarez, au téléporteur et à la "fouineuse pyromane", je les visiterai en leur temps.
Aujourd’hui, je suis en vous Charlie.
Aujourd’hui, à défaut d’être votre Ombre, je me présente comme votre reflet.
Emprunter l’apparence d’un hôte réclame généralement une certaine familiarité avec celui-ci. Bien souvent, il sera plus dérangé par la compréhension que je suis en lui si je passe d’une simple petite voix dans sa tête ou d’un élément extérieur qu’il ne contrôle pas, comme son ombre, à son reflet. Cependant, vous vous arrêtez avec un plaisir narcissique. Est-ce cela que l’Hydra a fait de vous ? Un pervers narcissique ?
« Salut, suis-je assez fou pour parler avec moi-même ou es-tu réel ? »
Votre reflet se fend d’un sourire que j’observe à travers vos yeux. Je ne saurais vous en vouloir de l’irrespect de votre salutation, considérant que vous pensez vous parler à vous-même. Néanmoins, j’apprécie les considérations sur la réalité. Les télépathes sont des dieux car ils contrôlent la réalité. Qu’est-ce que la réalité ? Qu’est-ce qui y appartient et n’y appartient pas ? Est-ce qu’une théorie possible sur le fonctionnement de l’univers est réellement plus réelle qu’un trompe-l’œil ? De plus, chaque objet de cette pièce n’a-t-il pas commencé son existence en tant qu’idée dans la tête d’un individu qui l’a rendu réel par la suite ? Chacun se construit donc sa propre réalité et les télépathes ont accès à celles des autres ; tout comme ils peuvent la remodeler. C’est ce que je fais présentement.
« Qu’est-ce qui serait le plus fou, vous interroge votre reflet avec votre voix, levant légèrement les épaules et les sourcils avec un amusement nonchalant, que tu parles avec toi-même et que tu te répondes ou que ton reflet ne soit pas tien ? »
Je ne vais pas répondre immédiatement, même si, en effet, un dieu a exhaussé ton souhait.
Je regardais mon reflet qui ne me suivait pas, avec un sourire à la fois malsain et heureux. Je ne savais pas ce qu'allait donner cette journée mais ça commençait déjà assez bien même si cela restait trop bizarre de voir cela. Mais malgré la bizarrerie de la situation, je restais à regarder ce reflet dans l’espoir d'une réponse. Il décida de parler en me demandant ce qui serait le plus fou, que je parle avec moi-même ou avec un reflet qui n’est pas le mien.
“Je dois avouer que les deux sont aussi fous mais ça ne m'étonnerait pas non plus. Tu m’intrigue beaucoup, tu peux être un élément de ma tête signifiant que je ne vais plus aussi bien que je pensais ou une technique de mes supérieurs ou d’un ennemi pour me nuire. Ou alors c’est totalement autre chose et ça va devenir encore plus intéressant.”
Je me tourne un peu pour voir s' il me suit ou s' il fait des gestes différents, il imitait parfaitement mon reflet mais malgré ça ne suivait pas mes gestes comme tout bon reflet devrait le faire. C’est alors qu’une idée m’est venue, il imitait mon apparence mais imitait-il aussi mon apparence plus secrète. Je m'approchai et le regarda dans les yeux avant de me reculer de quelques pas.
“Tu n’a toujours pas répondu à la question mais j’ai peut être une réponse à cette question, voyons ça.”
Je fit briller mes yeux et mon visage commença a brûler peu de temps après le regard toujours concentré sur le reflet qui n’en était peut être pas un.
To make suffer is an art that only some know how to handle
La thèse du pervers narcissique est envisageable considérant l’expression avec laquelle vous vous souriez, Charlie. Néanmoins, je ne suis pas diplômé pour poser un diagnostique et ne suis pas non plus là pour vous juger. Vous êtes ce que votre histoire a fait de vous. Histoire marquée par l’Hydra et par le projet inhumain qui vous rend, du fait, inhumain. Inhumain dans vos valeurs. Inhumains dans vos considérations du monde.
Avouer l’égalité de folie entre l’hypothèse que vous vous parliez à vous-mêmes et vous vous répondiez et celle que votre reflet ne soit pas votre, ce n’est pas forcément un aveu. Peut-être un constat. Quid de si les deux hypothèses étaient vraies ? Seriez-vous deux fois plus fou ? Face à cela, la technique de vos supérieurs ou d’un ennemi pour vous nuire ne serait-elle par rassurante ? Beaucoup plus rassurante que la vérité ?
« Ou alors c’est totalement autre chose et ça va devenir encore plus intéressant.
- Ou alors c’est un peu de tout cela à la fois. »
Ton reflet te rend ce même sourire malsain et heureux, bien plus que je ne le suis d’ainsi déformer les échos de tes paroles pour y trouver l’étincelle de vérité que j’énoncerai peut-être tout à l’heure. Pour l’instant, je me contente de manipuler ton reflet pour qu’il diffère de toi, qu’il ne suive pas tes gestes mais te regarde les faire avec les mains dans les poches et un sourire désormais amusé voire légèrement hautain.
Ton idée est amusante et me fait réfléchir à une considération précédente. Pour tenir mon rôle d’Ombre, il va me falloir répondre par l’autre face du miroir de ton être pour répondre à ton test. Cela ne répondra pas à ta question, non, mais j’ignore si je serais capable de le faire sans les mots. Ce que je découvre, cependant, ce son les sensations qu’il y a à faire volontairement calciner son visage. Incinération et noyade sont les pires morts, selon moi, mais il n’y a pas réellement de la douleur de se faire consumer les chairs lorsque vous le faites. Heureusement, sans quoi vous ne le feriez pas pour le plaisir ; ou alors, justement, vous le feriez pour un plaisir masochiste le plus total. Nonobstant ces considérations, que pourrait bien répondre votre Ombre à cette déclaration aphone ?
Le risque de conflit.
Dans le dos de votre reflet, de grandes ailes blanches se déplient pour se perdent dans l’espace au-delà du miroir. Sortant ses mains de ses poches, votre reflet avance le buste vers vous pour vous faire face dans ces mêmes yeux inhumain que vous faites briller à son encontre.
« Et si tu étais en train de parler avec la version opposée de toi-même, que tu refoules au point de ne pas la considérer comme t’appartenant, et que sa présence signifie à la fois que tu n’ailles plus aussi bien que tu ne le penses et qu’une créature, au service de tes supérieurs ou d’un ennemi pour peu que cela soit des entités différentes, n’en soit responsable ? »
Un instant de pause alors que c’est l’amusement qui s’en vient sur le visage de votre reflet. Bref, cependant.
« Je suis ton autre moitié, Charlie, assure votre reflet en redevenant sérieux. Et je suis réel. »
Le reflet me rendit mon sourire malsain et me répondit que c’était un peut être un peu de tout ça à la fois. J’avouais que ça réponse m’excita un peu et me donna envie d’en apprendre plus sur lui. En faisant cramer mon visage, je regardai mon reflet me montrer mes grandes ailes blanches apparaître dans mon dos. Ce même reflet s’avança plus de moi alors que moi je n’avais pas bougé. Je ne savais pas qui ou quoi j’étais en train de regarder mais j’étais maintenant sûr et certain que ce n’était pas mon cerveau fracassé qui me jouait un tour.
Il me dit qu’il était la version opposée de moi même, supposant que je refoulais cette version de moi en ne la considérant pas comme moi. Il ajouta que sa présence pouvait signifier que je n’aille plus aussi bien que je pensais ou qu’il soit aux services de mes supérieurs ou d’un ennemi. Avant que je n’ai le temps de parler, il ajouta qu’il était ma moitié et qu’il était réel.
“Malgré que vous soyez réel et que vous ayez pris la forme de mon reflet ne me fait pas peur, ne croyez pas qu’un petit tour de magie comme ça va m'effrayer. Vous me faites plus rire qu’autre chose a vrai dire et vous m’intéresser grandement à savoir quelles sont vos intentions pour faire ça.”
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L’excitation et la curiosité. Voilà une réaction peu surprenante. Quand aux considérations que ce ne soit pas votre cerveau "fracassé" qui vous joue un tour… vous refroidissez, Charlie. C’est votre cerveau qui vous fait illusionner tout cela, qui modèle votre réalité selon mes désirs. C’est ce qui fait de mon un dieu, au sens philosophique du terme : un être intelligible mais imperceptible capable de créer la réalité selon son souhait. Ainsi donc, les choses que vous percevez réelles le sont par ma décision ; votre reflet l’est donc, réel.
Malgré qu’il soit réel et qu’il ait pris cette forme, votre reflet ne vous fait pas peur. Je ne vous fais pas peur, quoi que je sois. Heureusement. La peur est une réaction défensive destinée à nous préserver d’un danger appartenant à notre réalité. Tant que vous ne me craignez pas, votre instinct de survie ne vous préservera pas de moi. Evidemment, il ne peut pas réellement le faire. Néanmoins, sachez que cette absence de réaction de préservation est entièrement vôtre : je n’utilise en rien votre cerveau "fracassé" pour vous empêcher d’avoir peur de moi. Vous vous faites cela tout seul. Cela m’est plus agréable que d’avoir à vous rassurer sur ce que je suis, chose généralement délicate considérant ce que je suis. Ce que je suis dans votre réalité.
Mains dans les poches, ailes dans le dos, votre reflet vous regarde alors que son sourire diminue jusqu’à n’être plus qu’en coin. Vos paroles le laissent tranquille, d’un amusement entre la tendresse et le mépris. Vous le faites rire comme il vous fait rire, après tout il s’agit de vous.
« Tu es celui qui considère notre cerveau comme "fracassé", souligne votre reflet avec nonchalance. Même si tu n’as pas totalement tort, tes supérieurs l’ont modelé à leur volonté pour faire de toi leur outil. Comme tu transformes les autres en tes outils. C’est… »
Le regard de votre reflet vous quitte un instant alors que ses épaules se haussent. Lorsqu’elles redescendent, il soupire.
« Ce qu’ils ont fait de toi. Ce que tu fais aux autres. Ce que les autres te font. Ce que tu te fais à toi-même. Tes reflets. »
Il y a une grave tristesse à l’énoncer ainsi. Le regret de rêves scellés ou brisés par une éducation destinée à faire de vous non-pas la meilleure version de vous-mêmes, ni même une version équilibrée, mais la meilleure version d’un outil, dépendant d’autrui pour son emploi avec équilibre.
« Je me permets de m’installer, ce n’est pas tout les jours qu’on a l’occasion de dialoguer. »
Lorsqu’il sort sa main droite de sa poche, votre reflet en extirpe également un verre de whisky. Verre qui se retrouve également dans votre main droite, une illusion de plus construite à partir d’un de vos souvenirs. Tous vos sens sont mis à contribution : toucher, vue, odorat, gout… tous là pour faire revivre les sensations du meilleur whisky que vous ayez goûté. Je m’en vais le faire à travers vous.
« Voilà un tour de magie qui est tout aussi intéressant, non, demande votre reflet alors que son sourire redevient le vôtre, malsain et satisfait. Je t’inviterai bien à être confortable mais tu l’es déjà. »
La pointe de connivence s’accompagne d’un détournement alors que, au sein du miroir, votre reflet cherche de quoi s’assoir. Chose, vous en conviendrez, que devient vite compliquée lorsque l’on possède des ailes. Ainsi les rétracte-t-il.
« Qu’est-ce que tu considères comme ton vrai visage ? Le masque humain ou sa version "fracassée" ci-présente ? »
La nonchalante voix s’éloigne légèrement du fait de l’éloignement du reflet, parcourant la pièce pour se trouver un siège, un lit, un endroit où s’installer.
« Qu’est-ce que tu penses être mes intentions ? Au-delà du dialogue, s’entend. »
Le dialogue est un moyen, généralement, pas une fin. Oh, vous rendre capable de dialoguer avec votre Ombre est une fin en soi, celle qui motive que je reste, mais cela ne peut pas être ma seule volonté n’est-ce pas ? Après, il est vrai que je peux sembler jouer avec vous ; je le fais, incontestablement. Cependant, ne fais-je que cela ? Je suis dans le plus intime de votre corps et de votre esprit et vous ne vous sentez pas en danger face à cela mais bel et bien intrigué. Intéressé. Cela vous permettra surement d’en retirer quelque chose. Pour ma part, j’ai déjà obtenu tout ce que j’étais venu chercher avant même que vous ne m’aperceviez.
Je vis mon reflet , mains dans les poche, ailes dans le dos et un sourire qui s’affaisse pour n’être qu’un sourire en coin. Il se mit à parler, blablatant que je suis celui qui considère mon cerveau comme fracassé, que mes supérieurs m’ont modelé à leur volontés pour faire de moi leurs outils continuant en disant que je transforme les autres en outils . Il s’arrête un instant pour soupirer, moi aussi je profite de cet instant, je ne l’entend pas déblatérer des conneries. Il reprend pour dire que c’est ce qu’il ont fait de moi, que c’est ce que je fais et ce que les autres me font. Également ce que je me fais moi-même, qualifiant ça de reflet.
C’est à ce moment que je comprend que ce n’est pas mon esprit ravagé qui me dit ça car ça voudrait dire que j’arrive a me souler tout seul et ce serait triste une telle chose. Je ne sais pas s' il le fait exprès ou s' il s’en rend seulement compte mais je me fais un peu chier pendant qu’il parle. Et le voilà qu’il s’y remet pour dire qu’il se permet de s’installer en sortant sa main droite de sa poche , main qui contient un whisky qui se retrouve également dans ma main.
“Faites vous plaisir”
Alors qu’il me dit que c’est un tour de magie intéressant, j’amène le verre a mes lèvres et en boit une gorgée. Je me rappelle ce whisky et tout y est, odeur, toucher et même goût. Ce con est fort il faut l’avouer, je ne sais pas si c’est réel ou juste un illusion mais à cet instant je m’en fiche un peu et profite de la boisson. Je le vois chercher ou s'asseoir et réaliser que les ailes dérangent avant de les rétracter.
“Ouais ils sont utiles mais relou quand il s’agit de s'asseoir ou même de bouger dans un petit espace.”
Il continue sa philosophie en me demandant ce que je considère comme mon vrai visage, parlant de mon masque humain ou de ma version fracassée. Je reprends mon visage humain et l’observe parcourir la pièce pour trouver un siège ou poser son cul. Il me demande si j’aurais une idée de ses intentions.
“Si je peux être honnête, je m’en balance. Tu veux savoir je sais que tu n’est pas moi car tu parle beaucoup trop. J’ai travaillé avec beaucoup de monde et on n'a pas hésité plusieurs fois à me dire que j’étais narcissique et j’en suis un peu conscient même si je ne l’avoue mais toi mon pote tu me dépasse largement sur ce point. Tu apprécie de t'entendre parler et ça se voit mais moi je me fais chier actuellement.”
Buvant une autre gorgée de ce délicieux whisky.
“Au début c’était drôle et intéressant mais si je dois parler avec moi même, je ne vois pas pourquoi je me ferai chier à parler de ça. Après honnêtement le coup du verre est un jolie et je le déguste bien peu importe qu’il soit réel ou non. Alors mon pote dis moi ce que tu veux et sois un plus intéressant s’il te plait.”
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Ah, qu’il est frustrant d’en arriver aux limites de votre intelligence, Charlie. Je ne vous blâme pas pour cela : les connexions neuronales qui en sont la base se multiplient suite aux expositions du nourrisson à des stimuli nouveaux. Dans un laboratoire, vos créateurs ont rapidement fait le tour de ce dont ils pouvaient nourrir votre intelligence future. En compagnie de cela se tient également le déni mais je ne pense pas que ce soit ce dont vous souffriez : vous savez être un serviteur et avoir été créé ainsi.
Néanmoins, si votre intelligence est limitée, cela ne signifie pas que vous soyez stupide. Déduire que je ne suis pas vous parce que je philosophe sur le monde et les êtres qui y errent en est une preuve. Cependant, réussir à se saouler tout seul n’est pas triste : c’est courant. C’est la conséquence, bien souvent, d’une lassitude face à des défauts que l’on connait et que l’on n’arrive pas à corriger. Difficile à comprendre pour un narcissique mais personne n’est parfait et certaines imperfections sont fatigantes pour la personne qui en est affligée. Inutile de vous en faire part, évidemment : cela ne ferait que vous saouler un peu plus. Tout comme une réflexion que je trouve intéressante…
Pourquoi parler de se "saouler" ou d’être "saoulé" pour des choses qui nous gonflent alors que l’acte de se "saouler" ou d’être "saoulé", de s’enivrer ou d’être enivré par un alcool, permet alternativement de prendre du plaisir ou d’oublier des déplaisirs de la vie ?
Les mots sont importants. La capacité à les connaitre et à les employer permet de manipuler et d’élargir sa réalité. La cognition humaine passe par un langage articulé complet. Limiter ce langage c’est limiter cette cognition, également. Oui, les néologismes permettent de compenser le manque de vocabulaire mais, néanmoins, s’ils ne sont pas partagés, s’ils ne cessent pas d’être des néologismes en étant adoptés par la langue, ils n’ont guère de valeur communicative.
Regardez notre situation, Charlie. Si vous ne savez pas quoi dire de moi, vous ne savez pas quoi penser. Pompeux et chiant ? Oui, c’est déjà quelque chose. Néanmoins, si je ne suis pas vous, que suis-je ? Quels termes pouvez-vous employer pour me désigner, me classifier et m’appréhender ? "Ce con" ? Voilà qui est pleinement dans le thème de l’incompréhension des mots. Con provient du latin cunnus ; « gaine, fourreau », par analogie le sexe de la femme. Le terme n’est pas vulgaire, au contraire, même s’il est clairement sexuel. Au moyen-âge, il devient utilisé comme insulte par évolution de la langue romaine. Traiter quelqu’un de con, c’est le traiter de vulve. C’est attenter à sa virilité. C’est avec les contestations sociales des années 60 et 70 que l’insulte s’est popularisée dans la langue française. Il est également fort intéressant de se rendre compte que sa version anglaise, cunt, suit non seulement la même signification originelle, la vulve, mais connait également la même évolution, tant au moyen-âge qu’à l’époque moderne. Tout cela étant considéré, il faut noter que vous ne me traitez de con pour attenter ni à ma masculinité ni à mon intelligence. Vous faites donc un abus de langage d’un abus de langage ! Sans en avoir la moindre idée, d’ailleurs.
Quand au fait de parler des ailes au masculin…
« Me me dit pas que tu appliques les théories de genre aux ailes… »
A l’exception de cette partie, je suis en accord avec votre déclaration : pareils appendices ne sont pas faits pour l’intérieur, pas plus que les oiseaux pour des cages. Pourtant, vous avez grandi dans une cage, Charlie. C’est cela qui a fait disparaitre vos ailes, n’est-ce pas ? Cette question est, bien évidemment, posée sur plusieurs niveaux. Physiquement mais également psychologiquement et philosophiquement.
Je continue ma philosophie, oui. Toujours ! Je suis une créature de l’esprit, de l’intelligible. C’est ma nature, mon échelle d’existence. Sans doute vous en balancez-vous autant que de mes intentions, chose me facilitant encore la tâche. Je comprends l’appréciation que peuvent avoir vos supérieurs d’un outil comme vous. Pour ma part, cela m’attriste. Impossible néanmoins d’aider quelqu’un qui ne veut pas l’être et je n’ai nulle motivation à modeler vos souvenirs pour créer les effets papillons nécessaires à altérer votre personnalité. Personnalité que j’explore, néanmoins, et vous m’y aidez volontairement en répondant à ma question sur votre vrai visage par l’action : vous reprenez le visage humain.
C’est amusant de vous voir m’expliquer ce que je sais déjà, notamment car cela trahit ce que vous savez vous. C’est également intéressant de vous écouter parler du fait que vous avez travaillé avec beaucoup de monde, non pour beaucoup de monde ; nuance aussi subtile que savoureuse. La tournure du milieu de cette interminable phrase est néanmoins la plus alambiquée et traitresse, pour vous. Beaucoup vous ont dit que vous étiez narcissique. "Vous en êtes un peu conscient même si vous ne l’avouez pas"… me le dire ainsi n’est-il pas, pourtant, un aveu ? Et n’en êtes-vous pas pleinement conscient puisque vous en parler ainsi ? Malgré l’euphémisme et le déni, nous faisons des progrès. Si je jouais les philosophes psychiatres avec vous comme je le fais avec d’autres, nous pourrions arriver à de belles choses je pense.
Cependant, vous vous faites actuellement chier.
L’amusement et l’intérêt de la nouveauté a disparu. La caresse d’égo narcissique de se parler à soi-même a perdu son charme puisque je ne suis pas réellement vous. L’illusion reste qualitative mais c’est bien la seule chose qui vous est agréable.
« Alors mon pote dis-moi ce que tu veux et sois un plus intéressant s’il te plait. »
Imaginez une table en extérieur. N’importe quelle table. Vous y êtes assis. Vous piqueniquez. Une fourmi s’en vient à votre table et tente de se montrer irrespectueuse. Que faites-vous ? Pour ma part, tant qu’elle ne s’attaque pas à ma pitance, je l’ignore.
Nous sommes dans cette exacte configuration.
Je souhaitais savoir si vous étiez un danger pour mes protégés, Charlie. Pour Helmut et Azilys. Vous ne l’êtes pas. Quand bien même votre organisation a sacrifié une quinzaine d’hommes dans sa volonté d’éliminer le premier, vous n’avez pas vu qu’il a passé plusieurs jours dans l’appartement d’en face du vôtre, chez Gabriela Alvarez. Comment pourriez-vous le retrouver maintenant qu’il n’y est plus ? Surtout, comment pourriez-vous lui nuire maintenant qu’il utilise la Guilde des Assassins et le Roi d’Ombre pour assurer sa sécurité ? Le Baron n’a peut-être aucun pouvoir surhumain mais il a compris ce qu’est le vrai pouvoir : non pas pouvoir faire quelque chose mais pouvoir mettre en place des systèmes qui font à notre place, nous permettant d’agir à des échelles qui dépassent totalement celle de l’individu que nous sommes. L’influence, c’est le véritable pouvoir.
« Je veux cesser d’être un agacement pour toi, répond tranquillement votre reflet, posé. Parle donc des sujets qui t’intéressent… après tout, tu ne saurais te saouler comme je le fais. »
Si mes initiatives ne vous intéressent pas, pourquoi ne pas en prendre de votre côté ? J’essaie de vous y amener et, si vous parlez plus et me donnez plus à analyser, cela ne vous avance probablement pas d’un pouce. Si les pistes que je vous lance vous emmerdent, voyons celles que vous allez lancer vous-mêmes.
Mon reflet ne dit rien jusqu'à me faire chier en disant que j’appliquais les théorie de genre a mes ailes et cette seule phrase réussit a me souler encore plus que les autres. Il est très chiant et je pense même à m'envoler par une fenêtre pour être enfin tranquille. Si je ne sais pas qui il est ou ce qu’il est, je sais qu’il est assez puissant pour prendre mon apparence et me faire croire que je bois un whisky mais il n’en reste pas moins chiant. Il finit par me dire qu’il veut cesser d’être un agacement pour moi et que l’on pouvait parler des sujets que je voulais.
“Les sujets qui m'intéressent je n’ai pas très envie de les partager avec toi ni d’en parler mais j’aurais une question et je veux une réponse claire et précise. Qu’est ce que tu est? Je sais que tu n’a pas comme but de me tuer a part si tu compte me tuer d’ennuie continue comme ça, tu va peut être réussir. Je sais par le petit tour de passe passe que tu fais depuis tout à l'heure que tu es puissant mais bizarrement tu ne fais que parler.”
Je ne savais pas ce qu’il voulait et tourner autour du pot commençait à réellement me casser les couilles alors j’espérais qu’il me réponde avec précision sinon j’allais vraiment finir par me barrer et laisser cet abruti dans le miroir. Il pouvait sûrement sortir mais je m’en fichais un peu.
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J’ai déjà discouru sur la peur et son absence comme sur la chiantise et sa présence, ainsi ne le refais-je pas.
De votre côté, Charlie, vous vous revendiquez de ne pas avoir envie de choisir des sujets vous intéressant. A mon tour d’être ennuyé, dans deux sens du terme.
Vous avez une question et voulez une réponse claire… Comme si, dans votre infinie impuissance, vous ne pouviez vous permettre vos impolitesses et vos exigences autrement que par ma déconsidération de votre dangerosité.
Qu’est-ce que je suis… êtes-vous seulement en capacité de le comprendre ?
Non, je n’ai pas pour but de vous tuer ; pas même d’ennui, malgré cette possibilité que vous envisagez par provocation. Nouveau sujet sur lequel j’ai déjà réfléchi.
« Je sais par le petit tour de passe-passe que tu fais depuis tout à l'heure que tu es puissant mais bizarrement tu ne fais que parler.
- En effet, confirme votre reflet en une levée de verre et un sourire amical. Ce qui t’ennuie, d’ailleurs. »
Après s’être relevé, votre reflet s’approche de vous en vous toisant du regard.
« Je suis ton Ombre, au sens Jungien. Ton opposé, constitué de tout ce que tu refoules ; la politesse… les jeux d’esprits… pour ne citer qu’eux. »
Reprenant l’exacte position en miroir, votre reflet s’apprête à réellement redevenir votre.
« Je suis venu car, par le dialogue et l’intégration, tu auras pu devenir meilleur. Cependant… je m’ennui aussi. Ainsi arrête-t-on ici. »
Un clignement d’yeux et le verre de whisky a disparu. Votre reflet est pleinement vôtre, Charlie. Personnellement, j’attends de voir votre réaction avant de m’en aller vers vos supérieurs. C’est ainsi que les choses fonctionnent : chacun utilise les autres. Vous utilisez vos victimes, l’Hydra vous utilise et j’utiliserai l’Hydra. En plus de m’être assuré que vous n’étiez pas un danger pour mes protégés, ceux que j’autorise à m’utiliser afin que l’on en tire des bénéficies mutuels, je vais désormais visiter ceux qui me permettront de vous utiliser sans même que vous, ou eux, ne le sachiez jamais. Vous aurez un avantage sur eux : connaitre l’existence de l’Ombre peut éviter d’en être totalement le pion. Cependant, vous êtes leur pion à eux. Vous n’avez ni ma bienveillance ni ma malveillance, Charlie, mais mon indifférence ne m’empêchera pas de vous employer ou de vous neutraliser au besoin.
Vous vouliez savoir ce que je suis, Charlie. Je suis l’homme qui manipule l’homme qui manipule l’homme. Je suis un dieu, capable de manipuler votre réalité pour y ajouter ou y retirer des éléments. Je suis un dieu, appréhendable par l’intellect et la spiritualité car existant sur ces plans.
Vous vouliez que je sois réel. Vous m’avez prié, supplié, pour que je sois réel. Je l’ai été, brièvement. Comme le pense si bien Azilys "Méfie-toi de tes souhaits, ils pourraient se réaliser".
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