[Terminé] Welcome in New-York - how strange at the corner ft. Dr Strange

Bronx, 06:48. 18 août 2024. Les bruits de la ville qui s'éveille couvrent le clapotement des pas rythmés sur le bitume. Une pluie fine nappée de brume dilue le paysage de couleurs maussades, dans lesquelles les phares et les néons se détachent en une myriade de sources crépitantes. Malgré quelques passants pressés, le trottoir est désert. Le coeur de l'activité s'éloigne avec ses bruits et ses gens.



Une note de lui-même. Les réflexes qui reviennent. Nathaniel remontait la 163e Est. Manteau sombre, regard anxieux vif et froid, le claquement de sa canne qui précède son avancée. Les arcades du centre étaient maintenant à quelques rues d'ici. Il s'arrêta un instant sous un porche pour se retourner. Derrière lui, une silhouette lointaine s'approchant - homme, la quarantaine, un mètre quatre-vingt, épaules frêles, costume deux pièces attaché-case et parapluie noir. RAS. Devant lui deux individus qui s'éloignent - femme, la trentaine, un mètre soixante-quinze dont six à sept de talons, énergique malgré sa démarche (problème de dos ?), manteau taupe et parapluie noir - homme, la trentaine aussi, un mètre soixante, trapu, démarche traînante, manteau brun et jeans passé. RAS. Un individu qui s'approche - homme, la vingtaine, démarche énergique, sportwear casque audio tatouages aux bras et dans la nuque. Vacillement en rouge et lumière. Motifs illisibles d'ici. Une démarche familière. Mais laquelle...

C'est à sa hauteur qu'il vit le Masque, marqué dans la chair de son cou, riant de tout son saoul sa plaisanterie morbide. Son dos s'écrasa contre le porche dans un réflexe brusque, aussi atterré que l'était son regard. Sa main se raidit sur la canne. La lumière des phares dessina le contour rouge du masque qui dansait, et auréolait le visage de l'homme, alors que les bruits s'étouffaient dans un silence aux tons familiers.


Il dû avoir un geste violent et marqué, car le jeune homme sursauta dans un cri de surprise, et s'éloigna en accélérant le pas, non sans regarder hâtivement dans son dos à maintes reprises. Ce n'est qu'une fois l'individu à plusieurs mètres que Nathaniel vit que le crâne tatoué n'avait en rien à voir avec le masque. Deux motifs très distincts. Similarités : deux têtes blafardes et morbides ? Nathaniel s'assit sur les quelques marches et prit sa tête entre ses mains.


Toujours prostré, il extirpa un petit carnet à la couverture brune de sa poche et l'ouvrit à la première page. Quelques notes parsemaient le papier, tandis que sur la couverture intérieure, était presque gravé "Après. 01". Au bas des dernières lettres, il ajouta à l'encre sombre les mots suivants :

J’ai plusieurs fois été sarcastique du paradoxe entre les valeurs de détachement matériel des Maîtres des Arts Mystiques et le confort qu’il est possible de trouver dans les différents Sanctum. Cependant, je comprends que l’on recherche un minimum d’aisance après les rudesses de Kamar-Taj. De plus, sans doute fallait-il avoir du cachet pour impressionner lors des rencontres diplomatiques, certes rares puisque l’ordre est secret mais pas inexistantes. Des Avengers ont déjà pénétré le Sanctuaire de New York tandis que des membres de la Loge en ont fait de même de celui de Londres. Maître Hamir, qui a repris le rôle de gardien du lieu après sa reconstruction en 2017, a poursuivi la coopération de feu Maître Sol Rama avec le groupe mutant. Nous avions discuté de cette histoire une première fois après la récupération de Kathleen Hunter sur le sol newyorkais en début d’année, la pyrokinésiste ayant été transportée entre les dimensions suite à la destruction de la Loge par des gens aux visages dissimulés par ces mêmes masques de Guy Fawkes que l’on retrouve désormais partout dans New York. Je pense qu’il y a un lien mais la protection des mutants en revient au SHIELD et aux X-Men ainsi, à part les prévenir et les considérer comme suffisamment compétents pour enquêter sur la chose, je n’ai pas grande raison de m’y intéresser.

Néanmoins, la même signature dimensionnelle qui a amené Hunter à New York s’est à nouveau faite ressentir aujourd’hui et, comme précédemment, je me dois d’intervenir. Il m’est possible de faire beaucoup de suppositions sur ce qui est en train de se jouer dans les coulisses, cependant j’ai mes propres affaires à gérer. Il s’agit donc d’une vérification et non d’une implication, j’espère.

Je ferme la dernière des sept ceintures de cuir et de tissage aux boucles cuivrées qui maintiennent ma robe sans manches d’un bleu royal contre ma tunique en denim sombre et aux avant-bras sanglés d’un tissu de cette même couleur accompagné de ce même cuir. La couleur se retrouve également sur mon pantalon de toile qui dépasse de la robe, celle-ci ne descendant qu’aux genoux, et sur mes bottes sanglées qui se trouvent encore au-dessous. Ainsi apprêté, je n’ai besoin que d’un signe de main couturée de cicatrices pour que la Cape de Lévitation d’un rouge profond aux bords brodés ne vienne poser ses deux fermoirs en or avec incrustation de rubis sur mes épaules. L’or se retrouve également sur l’Œil d’Agamotto, qui me pend sur le torse.

Une fois l’Anneau de Téléportation de bronze passé sur mes index et majeur, je prends la position pour ouvrir un portail étincelant de jaune et d’orange. Celui-ci invite au Sanctum Sanctorum un peu du temps maussade de l’extérieur. Le climat est gris sur une ville encore grise, les taches de couleur s’amenuisant pour se laisser aller à cet achrome, et je jure totalement avec mon accoutrement. Crachin et brouillard et provenance de l’océan s’allient pour m’assaillir à la faveur d’un vent qui ajoute au trajet précédent l’embouchure d’une station de métro.

Dans l’escalier de celle-ci descend un homme plus petit que moi et enfermé dans un manteau parfaitement adapté à son environnement ; physique comme symbolique. La canne qui accompagne ses pieds est un appui nécessaire à marcher, témoignant d’une faiblesse peut-être pas due à l’âge mais à quelconques blessures dissimulées. L’âge sera plus aisé à vérifier que les blessures, moyennant que je puisse voir le visage.

« Loge de Londres, interroge-je simplement après que l’homme se soit arrêté, histoire de le faire se retourner vers moi et mon halo étincelant donnant sur un musée cossu. Docteur Strange, Sanctuaire de New York. Peut-être puis-je vous aider ? »

Je suis aussi subtile que discret mais je n’ai de temps à perdre ni avec l’un ni avec l’autre. Et puis c’est devenu une habitude de faire ce genre d'entrée.

La voix aussi affirmee qu'inattendue interrompit brutalement le rythme presse de sa marche, un leger mouvement tendu le ramenant en arriere, avant qu'il ne se retourne dans le meme elan perturbe. Sa canne glissa legerement, et son pied s'ecrasa lourdement une marche plus bas. Si Nathaniel put reprimer un cri douleur, un rictus traversa un instant son visage.  L'homme qui se tenait devant lui portait un costume si etrange qu'il ne pouvait que resonner avec le mot de Sanctuaire. Le calme apparant de l'individu - un certain Docteur Strange visiblement - apose a son costume detonnant etait probablement le plus troublant. Il marqua un silence avant de repondre. Un silence accompagne d'un long regard transpercant, froid, sondant l'homme a la recherche de ses intentions. Aucun sourire. Suelement une tension, et une etude, le coin de l'oeil plisse.

La reputation des membres d'un Sanctuaire pretait a ses membres un role qui n'aurait jamais du le poser sur sa route. Leurs prerogatives et domaines d'influence etaient fortement detachees de celles du commun des mortels, pour reprendre les mots qu'un des acolytes du Sanctuaire de Londres avait prononces plusieurs annees auparavant. Cette homme donc, n'aurait jamais du interagir avec lui. A supposer a nouveau qu'il s'agisse d'un Sanctuaire tel qu'il s'en souvienne et non d'une secte ou organisation quelconque utilisant le meme nom, mais l'accoutrement extravagant de ce Strange et le collier massif qui pendait a son cou tendaient a le prouver. Quatre possibilites. Un, une interaction inopinee et non resolue avec les affaires du Sanctuaire par le passe. Ce qui devrait etre aberrant, si la brume angoissante de mes souvenirs se dechirait ne serait-ce qu'un instant. De memoire les quelques contacts avec le Sanctuaire de Londres ont ete brefs et ne laissent pas planer ce doute. Deux, le Sanctuaire de Londres suit ma trace depuis leur rencontre. Que me veulent-ils, je l'ignore. Mais cet homme se presente sous l'egide du Santuaire de New-York. Etant donne le rapport de force, aucune raison de ruser de la sorte. Trois. Les Sanctuaires ont a voir avec les Masques. Un eclair pourpre passa dans son esprit. Peu probable, je ne les vois pas se faire aider par des mercenaires. Peut probable. Et pour autant il l'avait nomme "Loge de Londres". Quatre. Cette homme n'est pas ce qu'il pretend etre. Cette derniere solution restant la plus plausible. Pour autant, cela n'inversait pas la situation : il se savait faible, un affrontement tournerait en sa defaveur. Etait-ce de l'agacement qu'on pouvait lire dans les yeux du Docteur ?

- A moins d'aider un homme portant une canne a descendre un escalier, j'en doute fortement. Je vous proposerais plutot mon aide, si ca ne tenait qu'a moi. Je ne connais pas votre nom, ni votre... Sanctuaire, d'ailleurs. Vous avez ete prompt a vous presenter, vous y attachez une certaine improtance.

Gagner du temps. Reagir impulsivement a de l'apparent agacement, nier l'evidence et gagner du temps. Etait-ce la son idee ? Damn, le coma avait-il ronge ses instincts ? Peu importe, la partie etait lancee. Il degagea le menton et se permit un sourire qui se voulait avenant.

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J’observe le visage comme prévu, suite à mon interpellation. Entre les cheveux noirs mi-longs se trouvent une peau banche parcourue d’une moustache et d’une barbe de trois jours. La mâchoire ne saurait être plus impressionnante que les yeux, grands, verts, ou que le front légèrement ridé de ceux qui s’éloignent de la trentaine. Guère le temps de s’attarder plus que l’inconnu fait un faux pas. Ou équivalent avec une canne. Dans tous les cas, cela lui fait visiblement mal. De quoi déformer la perturbation causée par mon entrée, laquelle revient en force cependant. Laquelle s’étend dans le temps. Dans le silence.

Ses yeux verts sont froids et m’analysent. Je me laisse faire, ce genre de chose ne prend généralement guère de temps et je suis en paix avec moi-même. Physiquement parlant.

Les miens, hétérochromes de bleus et de verts, le regardent en attendant que cela passe. Le temps ni le lieu ne sont agréables mais je sais en faire fit. Néanmoins, l’histoire des masques me travaille et, si je n’ai pas recroisé Hunter depuis notre rencontre il y a quelque mois, je reste suffisamment occupé pour n’avoir de temps à perdre.

« A moins d'aider un homme portant une canne à descendre un escalier, j'en doute fortement, me répond l’inconnu une fois son analyse terminée, m’amenant à lever les sourcils d’un air blasé, même si la suite me laisse plus perplexe. Je vous proposerais plutôt mon aide, si ça ne tenait qu'à moi. Je ne connais pas votre nom, ni votre… Sanctuaire, d'ailleurs. Vous avez été prompt à vous présenter, vous y attachez une certaine importance. »

Je regarde l’effort fait par l’inconnu pour me sourire et essayer de faire passer la pilule du fait qu’il me prenne pour un con. J’étais célèbre durant ma première vie dans les milieux intéressés par la chirurgie, ce qui en fait quelques-uns, et je suis célèbre pendant celle-ci dans les milieux intéressés par les super-héros, ce qui en fait beaucoup plus. Être reconnu dans la rue est désagréable, ne pas l’être est insultant. Cependant, si j’arrête d’écouter le monolithe qui me sert d’égo pour me concentrer sur la situation, je n’ai aucun souci avec les déductions faites par l’inconnu et j’ai l’habitude de l’ignorance d’autrui.

« Parfait alors, acquiesce-je. La dernière fois que j’ai localisé un portail comme celui qui vous a amené ici, je suis tombé sur une gamine blessée avec des carnets. Eclairez-moi sur ça. »

J’omet volontairement la partie sur les gens masqués dont le symbole se retrouve désormais dans tout New York, trahissant des secrets qui n’en sont pas vraiment et me feignant ignorant de détails plus importants ; comme le fait qu’elle déclarait être la seule survivante. Je vais déjà devoir élucider le fait si l’anonyme est à sa recherche ou non, puisque c’est une hypothèse importante.

« La version courte, si possible, précise-je avec concision. Je n’apprécie pas mouiller l’intérieur de ma demeure. »

Le visage de Kath', alors que s'ouvre le portail sous son dos et qu'elle s'effondre dans la rue. Murmure. Pardonne-moi petite flamme. Lumière vive. Sa main, ensanglantée, un trou béant en son sein. Les carnets glissés dans ses poings. Ecarlate. Ses yeux, la colère dansant en flammes ardentes de ses prunelles à ses bras. Noir. Le portail, la pluie, son visage, les carnets, la flèche. Les mots et images se répètent en flash de lumières et de sons. Hurlement. NATHANIEL.

La vision s'estompa. A en juger par l'attitude du Docteur, bien que probablement brève elle avait dû être intense. Son souffle était rapide, comme devait l'être son coeur, et il se tenait prostré sur sa canne. Le syndrome ? Pas seulement. Plus grave : cet homme l'avait rencontrée. Avait surpris les carnets. Etait-il à sa recherche, lui Nathaniel ? Probablement pas, il ne devait pas être difficile de se procurer son portrait. Qu'avait-il fait de Kath' ?



Une lueur dansa dans son regard. Une lueur de colère. Une lueur de vengeance. Une lueur de prédation. Cet homme le narguait, n'est-ce pas ? Cet homme savait qui il était, avait traqué le portail, retrouvé Kath, l'avait forcée à lui remettre ses carnets, à révéler son identité, son passé. Il sait ce qui est arrivé à Kath une fois qu'elle a mis le pied à New York, n'est-ce pas ? Le sourire narquois sur ses lèvres, le halo pourpre autour de lui c'était cela ? S'il est des leurs, Nath', il a peut-être son sang sur les mains...

Un battement d'ailes vivaces le fit dresser la tête. Il brandit sa canne, pour voir ce pigeon voler par-delà les toits. Il la tenait à deux mains. Le Docteur n'affichait pas de rictus mauvais. L'atmosphère était toujours aussi brumeuse, grise et humide ; aucun reflet rouge n'y dansait, pas même le soleil. Damned, Nathaniel, reprends-toi. Lorsqu'il s'adressa à Strange, sa voix était tendue de nervosité, mais elle était ferme :

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Qu’est-ce qu’il me fait ?

Je plisse les yeux face aux indéchiffrables expressions de l’inconnu durant une seconde ou deux. Après cela, c’est la peur voire la panique qui étreint l’autre. Moi qui voulais provoquer une réaction, je ne suis que légèrement déçu. La déception n’en était pas à la réaction elle-même mais à ma difficulté de l’interpréter. Heureusement, les secondes s’écoulent et les émotions évoluent chez l’inconnu.

Je prends note de l’agressivité naissance en me tendant légèrement du buste et des appuis. Sans considérer avoir grand-chose à craindre d’un éclopé alors même que j’ai un portail de téléportation d’ouvert, et ces choses sont dangereuses, je sais aussi que j’ai le défaut d’être beaucoup trop sûr de moi. De plus, l’autre reste un téléporteur également ainsi la dangerosité de mon portail n’est peut-être guère différente des siens. Inspirant, je commence à canaliser la lumière au sein de mon corps.

Un pas sur le coté me fait m’écarter de la direction vers laquelle il tend sa canne et je joins les mains. Son geste n’abouti à rien de plus que désigner un oiseau changeant d’abri et je garde donc les mains l’une contre l’autre, sans plus agir. Néanmoins, je commence à me douter des traumas de l’inconnu. La canne suggère des blessures et le comportement suggère qu’elles ont été infligées d’une manière également capable de heurter sa psyché. Il pourrait être l’un des survivants de la Loge ? Hunter était persuadée qu’il n’y en avait aucun et je ne suis pas particulièrement allé vers Hamir pour connaitre sa version des faits.

« Une gamine avec des carnets, cela est vague, répond finalement l’inconnu, tâchant de se contrôler malgré son stress palpable. Mais j'en connais une qui a peut-être à voir avec celle que vous avez croisée. »

Si ses deux premières phrases m’ont laissé blaser, celle qui les suit me fait me méfier. De mémoire, la personne à avoir envoyé Hunter à New York est morte sous les yeux de celle-ci ; chose qui l’a profondément affectée. A moins qu’Hunter ne soit pas un témoin fiable, ce qui est plus probable qu’une tentative d’apitoyer considérant son caractère, celui qui me fait face n’est pas ce qu’il prétend être. Chose impressionnante pour quelqu’un qui ne s’est pas présenté.

Son portail, "comme je l’appelle", est bien différent du mien. Voilà qui commence à m’agacer dans ses faux-semblants et ses manières de ne pas répondre à mes questions.

En revanche, lui veut des réponses. Il les enrobe de miel mais cela n’accroit que mon agacement.

« Vous m'aideriez certainement je suppose ?

- Comme vous l’avez fait, réponds-je avec sarcasme. Ce qui, soignons franc, ne vous avancera pas. Je ne l’ai pas récupérée, hébergée, soignée et supportée pour la donner au premier suspect venu. »

Marquant une pause, j’entreprends de me retourner vers mon propre portail de téléportation. Je le franchis d’un pied, mains toujours jointes au niveau du ventre.

« Surtout maintenant que les Masques sont dans la ville. »

J’y passe le second et me retrouve à l’abris du Sanctuaire. Immobile un instant, je me retourne d’un quart pour toiser l’inconnu et voir sa réaction.

« Vous n’avez toujours pas envie de me donner un nom, histoire que je lui transmette vos salutations ? »

Trouver Hunter ne me prendrait que quelques secondes et lui parler de cette histoire quelques minutes. Néanmoins, ce qui m’intéresse le plus est de comprendre les tenants et les aboutissants, notamment vis-à-vis des Guy Fawkes. Je n’ai pas décidé de prendre en charge Hunter plus que cette quête la première fois et je n’ai pas le souhait de le faire. Néanmoins, je peux toujours l’interroger et n’ai pas l’intention de la mettre en danger.

Le Docteur avait répondu avec immédiateté, une inflexion sarcastique non camouflée dans sa voix. Nathaniel ne pouvait le lui retirer : tous deux parlaient avec une position défensive et refusaient de révéler un quelconque fait. Quant à sa crise... Elle n'avait pas participé au dialogue.




Le regard de Nathaniel se figea, alors que son cœur s'emballait dans une réaction inverse. L'espoir. C'est ce que Strange lui apportait. La méfiance. C'est ce que la réalité lui rappelait. L'espoir dépassait ses attentes, mais la quête était trop belle. L'apparition de Strange trop bien appointée. Un piège. Ce devait être logiquement un piège. Pour autant, Nathaniel ne saisissait pas l'objet de ce piège. Pourquoi se donner cette peine d'attirer plutôt que de prendre ? Il était faible, visiblement faible. Malgré sa volonté il manquait d'aisance dans sa démarche et ses gestes. Ses idées étaient trop joués. Strange en revanche se tenait avec assurance face à lui, une fenêtre dorée entre le l'escalier humide et ce suis emblait être ses appartements. Il devait posséder une puissance démesurée comparée à la sienne. Strange pouvait faire de lui ce qu'il souhaitait.


Le Docteur se tourna et esquissa un pas à l'intérieur de sa demeure. Ainsi devait se clore la conversation alors ? La question s'imposa avec force : laissait-il passer la chance de retrouver Kath' ?






Nathaniel chancela, mais parvint à chasser la pensée. Le danger. Si Kath' était bien en vie - et elle l'était vraisemblablement - elle était en danger. Lui aussi. Les mutants de cette ville aussi. Strange se tourna légèrement.




Il partait. L'espoir de proteger Kath' aussi. Ne pas révéler son propre nom. Ni compromettre Kath. Néanmoins, la trouver. La proteger. Il le devait - le lui devait.




Si l'homme voulait du mal : ne rien lui dire qu'il puisse comprendre. Mais il doutait de cette option. Si l'homme l'avait vraiment aidée : il devait pouvoir la trouver. À moi's que Kath aie fui... La réalité était que Nathaniel ne pouvait considérer l'idée d'un chemin sans suite, la piste fraîche de Kath qui s'arrête brutalement. Aussi, bien que la logique l'appelait à la prudence, son instinct l'amena à ces mots :




Son regard vagua un instant, hésitant. Il pencha la tête légèrement sur le côté et esquissa un sourire amical.




Le visage de Nathaniel était relâché et affichait une expression sociable, mais ses nerfs s'étaient tendus. Il laissa l'image de la rue, à l'intersection quelques dizaines de mètres derrières Strange, peu à peu envahir son esprit. Il canalisa l'énergie qu'il lui restait et se prépara à éventuellement Passer le Pas. Ses yeux ne quittaient plus ceux de Strange, à l'affut de la moindre réaction.

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L’inconnu mord à l’hameçon d’informations que je lui donne, étant partagé sur son ressenti. L’expression de méfiance, je commence à la connaitre sur son visage. Celle dérivée de la joie, en revanche… Après, elle ne survit pas bien longtemps. Le second hameçon fait réagir d’une manière bien plus visible.

L’autre a vacillé.

Sa position n’est plus la même que lorsque je l’ai laissé et la déclaration choquante, lancée comme si de rien était, a fait mouche. Cependant, alors que je regarde l’inconnu, c’est de la honte ou une autre variation de ce sentiment qui se manifeste sur lui. S’en veut-il ?

Il parle du massacre de la Loge de Londres, en contact avec le Sanctuaire de Londres d’après mes informations. Il parle de l’adolescente à s’en être échappée, Hunter. Il parle de façon cryptée. L’homme des carnets et du portail de téléportation, l’homme qui avait la charge de la Loge et qui s’est sacrifié pour permettre à Hunter de survive.

Je plisse les paupières et fronce les sourcils.

« Si vous la connaissez, dites-lui que cet homme n'aura pas oublié la petite flamme qu'il a connue, dans la vie ou dans la mort. »

A la prochaine personne qui trouve que les magiciens parlent par énigmes, je les enverrais à la rencontre de ce type. Type qui, s’il est celui qu’il prétend être, est autant en danger que Hunter. Voire plus, puisqu’il n’a pas ses capacités physiques à elle.

« Mon nom n'a pas beaucoup d'importance. Si cela lui importe, décrivez-moi à elle et elle saura me reconnaître.

- Je lui dirais donc que Nathaniel lui transmet ses salutations, dis-je en déridant mon visage, l’affaire étant réglée, avant de m’interrompre d’un doute surjoué. Remarquez, à moins de voir les cicatrices de la flèche sur votre poitrine, je peux difficilement être certain que vous êtes celui que vous ne dites pas être. Or, je ne vais pas vous demander de vous déshabiller dans une bouche de métro. »

Après un soupir, je me retourne et commence à avancer dans le Sanctum Sanctorum ; le Saint des Saints. La Chambre des Reliques est digne d’un musée avec ses armoires vitrées et je me dirige vers le coffre qui précèdent l’escalier descendant, face au symbole des Maîtres des Arts Mystiques. Symbole tout aussi présent sur la façade du manoir de Londres.

Quelques pas plus tard, je m’immobilise en redressant la tête mais sans pour autant détourner les yeux du symbole de ma charge.

« Vous comptez entrer ? »

Si oui, mes hameçons ont fonctionné comme je le voulais. Si non, mon portail se refermera et je passerai à autre chose. Néanmoins, j’aimerai bien envoyer un second témoin du massacre de la Loge de Londres aux X-Men, histoire qu’ils prennent mon avertissement sur les masques de Guy Fawkes au sérieux.

Strange avait répondu sans la moindre hésitation. L'évocation de son nom aurait pu le faire tressaillir, mais ce ne fut pas la pensée à laquelle son esprit s'arrêta. Le magicien connaissait son passé. Il cherchait une confirmation plus qu'il ne questionnait. Ami ou ennemi ? Une part de lui penchait en faveur du premier, une autre l'espérait. Mais ce fut cette question qui s'imposa. Comme imposée par une force externe, latente, supérieure à sa volonté. Le léger sourire apparu sur son visage, est-il franc ? Ou est-ce un masque ?

Sueur froide.

Ces pensées n'avaient pas du durer plus d'un instant puisque Strange poursuivait sans se troubler :




Nathaniel ne retint sa surprise que par la chaîne de sa méfiance. Il plissa néanmoins les yeux. Un voile sombre couvrit son regard.


Rupture.


Elles s'imposèrent tour à tour à sa vue. L'image de Kriss flotta la première. Aurait il parlé ? Impossible. Kriss avait veillé sur lui le temps de sa convalescence dans un lieu tenu secret. Dans le cas contraire les Masques auraient jubilé sur son cadavre, et n'auraient pas épargné son ami. Calme ? Un doute se glissait. Tu ne m'aurais pas trahi, n'est ce pas ? La logique dit que non, l'instinct dit que non, la phrase, qui se répétait en échos, forçait le oui.

Peur.

Kriss s'effaca, remplacé par un masque noir barré d'un sourire macabre.

Haine.

La dernière vision avant l'inconscience. Nathaniel aurait pu en décrire les moindres détails. L'Archer. L'Archer se serait souvenu de lui comme le dernier mutant qu'il aurait abattu. Nathaniel l'entendait de vanter avec la fierté du meurtrier avide au centre de son clan de psychopathes. Logiquement les Masques l'auraient traqué. D'ailleurs, Nathaniel, n'est-ce pas là le danger qui se présente ? Tu doutes toujours de l'allegeance de Strange ? Ridicule, pensa t il. Mais la voix ne voulait pas le lâcher.




Strange lui tournait à présent le dos, quelque peu avancé dans sa demeure. L'inviter à entrer ? Vraiment ? Est il si vaniteux pour croire que personne - personne - ne verrait le piège tendu ? Que la mort ne le cueillera pas tôt ou tard une fois le pied posé de l'autre côté du portail ?

Dans un coin de son champ de vue, le masque souriait. Une lueur étrange passa brièvement devant son regard. Était ce l'instinct ? Une émotion salvatrice ? Le masque s'estompa dans les traits naissants de Kath, apparue à son tour. Dans sa main était plantée Une flèche enflammée. Une larme coulait sur sa joue. La flèche rougeoyait mais ses yeux l'appelaient.

Peine.

Son coeur se serra. Une fraction de seconde, l'image se maintint avant de s'estomper. Une tristesse apaisante l'envahit. Bien que le précédent scénario soit plausible, le fait que Strange aie rencontré Kath, et que se soit confiée, était le plus logique, autant que le plus évident.


Le monde alentour se dessina à nouveau, sa pluie fine matinale, ses bâtiments aux contours brumeux. Sa main droite était endolorie à force de serrer sa canne. Face à lui, Strange attendait, tourné vers l'intérieur de ce qui semblait être, aux quelques colonnes d'ouvrages et d'objets qu'il entr'apercevait, une bibliothèque plutôt fournie. L'invitation n'était certainement pas sans but mais peut-être celui-ci n'était il pas aussi sombre que sa paranoïa lui suggérerait. Pour autant, l'idée de suivre cet inconnu lui était malaisante. Si le magicien lui apparaissait maintenant comme sympathique, et malgré la confiance qu'il portait en les Membres du Sanctuaire de Londres, la mefiance maladive qui l'etraignait l'empêchait d'accepter. De faire confiance. Il redressa sa posture et à son tour afficha un sourire qui se voulait cordial, dicté par la bienséance.


"Je vous remercie de votre sollicitude mais je me dois de décliner. Pour si peu qui me sépare de mon train, je ne peux abuser de votre sollicitude. Je vous laisse transmettre mes salutations à Kath, Mr Strange."



Il inclina la tête, et bien que par un reflexe dicte, il rassembla le peu de ses forcer pour Passer le Pas, il attendit respectueusement pour prendre congé.

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« Je vous remercie de votre sollicitude mais je me dois de décliner, est la seule réponse que je perçois, ayant le dos tourné et le visage désormais crispé à la constatation que mes hameçons n’ont pas marché. Pour si peu qui me sépare de mon train, je ne peux abuser de votre sollicitude. Je vous laisse transmettre mes salutations à Kath, Mr Strange.

- C’est Docteur, réponds-je en énonçant un fait, me tournant d’un quart pour regarder une dernière fois l’inconnu. Et je vous laisse trouver des alliés de confiance. »

Le portail se referme comme prévu. Je continue à fixer l’inconnu jusqu’à ce que le cercle d’étincelles le soustraie à mon regard. Puis je croise les bras, mains dissimulées entre mes bras et mes flancs, afin d’exprimer ma contrariété de façon contrôlée.

Comme avec les Masques, cette situation ne me concerne pas. La menace n’est ni planétaire ni extradimensionnelle. J’ai juste à faire suivre l’information et à les laisser faire leur boulot. S’ils le font correctement, tout se passera bien. "Ils" étant, présentement, les X-Men. Ils savent pour les Masques, ils savent pour Hunter, l’élément d’un Nathaniel potentiel est-il une plus-value ou une fausse piste ?

Parallèlement, il me faut considérer Hunter également. La retrouver, où qu’elle soit, ne me prendrait que quelques secondes. Il n’y a pas de protection magique pour désorienter l’Anneau de Téléportation. Néanmoins, est-ce que la possibilité de survie d’un Nathaniel ne risque pas d’être un piège à son encontre ? Même si ce n’est pas le cas, l’ignorance n’est-elle pas préférable pour la stabilité de l’adolescente ?

Ils me fatiguent, tous autant qu’ils sont.

J’en discuterai avec Xavier lorsqu’il sera disponible. A lui de voir s’il en parlera ou non avec Hunter. J’ai croisé celle-ci, lui l’a accueilli dans son refuge pour mutants. Le rapport n’est pas le même. De plus, le Professeur aura tout autant de facilité que moi à retrouver le supposé Nathaniel et encore plus d’aisance à vérifier son identité. Putain de télépathe. Un sujet supplémentaire à aborder lorsque je pourrais enfin avancer qu’il faut de la communication entre les différents groupes sécuritaires, même en l’absence de menace immédiate, et ceux autrement que par les affinités personnelles des uns et des autres.

Je me demande s’il ne serait pas mieux de miser sur Darkhölme pour représenter les X-Men et sur Barton pour les Avengers et le SHIELD, même si je doute de l’intérêt du second et suis certain de mon biais quant à la première. Rien n’avance et c’est bien pour cela que les Avengers comme les X-Men ne font que réagir plutôt qu’être dans la prévention. On verra ce que cela donnera.

Est-ce que je demande à Maître Hamir de reprendre contact avec Nathaniel ? Je ne pense pas. Le gardien du Sanctuaire de Londres doit avoir mieux à faire. Quant à demander à un Disciple de suivre le suspect depuis la Dimension Miroir… Ça me fera des vacances de Dominique, même s’il n’est qu’Apprenti !